Pour clore définitivement ce chapitre relatif à la gestion de la dynamique, je vous propose cette semaine une petite réflexion quant au bon usage des présets pour ce genre de traitement.
Comme je vous le disais à l’occasion du chapitre consacré à l’égalisation, le problème principal avec les présets, c’est que le créateur de ces pré-réglages ne sait absolument rien du signal que vous souhaitez traiter. De plus, il n’a bien évidemment pas un accès direct à votre caboche et ne connait donc pas sur le bout des doigts votre vision du mix en cours. Cependant, dans le cas des traitements de la dynamique, la chose est beaucoup moins gênante pour peu que vous preniez quelques précautions…
Préset et match
Si personne ne peut prétendre maîtriser parfaitement le contenu spectral d’un signal audio qu’il n’a jamais entendu, la chose est en revanche moins vraie lorsque nous considérons uniquement les variations de la dynamique d’un instrument bien identifié. En effet, si par exemple une guitare électrique est bien enregistrée et correctement jouée, l’impact du jeu du musicien est d’une certaine façon « minime » sur les variations de la micro-dynamique du signal. De fait, son jeu en cocotte ou en « power chord » aura toujours quelque chose de familier avec le même type de jeu effectué par un autre musicien ; la différenciation entre l’attaque du signal et son déclin sera toujours sensiblement la même. Il en découle donc qu’un préset judicieusement nommé « Power Guitar in your Face » aura toutes les chances de présenter des temps d’attaque et de relâchement adaptés pour l’occasion, pour peu qu’il ait été réalisé par un designer digne de ce nom. Sans rentrer dans des détails trop techniques, sachez qu’en ce qui concerne les réglages de ratio et de « knee », c’est à peu près la même tisane et ils devraient convenir. Bien entendu, si cela fonctionne pour une guitare, il en va de même pour tout autre type d’instrument à partir du moment où le préset lui est clairement destiné. Attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : les réglages des constantes temporelles, du ratio et du knee ne seront pas parfaits, mais ils devraient constituer un excellent point de départ et ne nécessiteront pas de grosses retouches afin de vous satisfaire.
Mais alors, quelles sont les précautions à prendre dont je vous parlais en introduction ? Eh bien il y en a plusieurs, mais la plus importante de toutes est sans doute celle concernant le réglage du niveau seuil. En effet, le designer de préset ne peut absolument pas savoir à quel point le signal que vous traitez « attaque » le plug-in. Par conséquent, le niveau seuil des présets est fixé de façon plus ou moins arbitraire et ne conviendra pas dans la majorité des cas. Afin de vous prémunir contre ce désagrément, vous devrez effectuer une manœuvre toute simple avant toute écoute d’un préset : remontez donc le niveau seuil à 0 dB, enclenchez la lecture, puis descendez progressivement le seuil jusqu’à obtenir le résultat désiré. Ça a l’air bête comme chou, mais mine de rien cela change complètement la donne, croyez-moi sur parole !
Une autre chose à surveiller de près : la section filtre du circuit de sidechain. Est-il réellement utile de préciser pourquoi, après ce que nous avons vu à l’occasion du chapitre sur l’égalisation ? Bon d’accord, je le répète : le concepteur des présets n’a absolument aucune idée du contenu spectral de votre signal audio, du coup ces filtres sont réglés au petit bonheur la chance. À vous donc de les adapter à votre source. Enfin, sachez que les présets faisant appel à un potentiomètre de réglage dry/wet nécessiteront certainement un réajustement de ce côté-là.
Pour conclure, je souhaiterais faire deux remarques. La première, c’est que j’ai écrit cet article avec les compresseurs en tête. Cependant, les points soulevés ici sont tout aussi valables lors de l’emploi d’un Gate. La deuxième, c’est que même si les présets des traitements de la dynamique peuvent s’avérer pertinents, je vous encourage tout de même très fortement à chercher par vous-mêmes les réglages qui conviendront au plus près au signal que vous souhaitez traiter. En définitive, c’est en agissant de la sorte que vous progresserez et gagnerez en confiance, ce qui sera plus que bénéfique à vos productions actuelles ainsi qu’à celles à venir.