Continuons notre exploration du mariage réverbe/compresseur en nous penchant aujourd'hui sur le cas de la compression post-réverbération.
Placer un compresseur juste après un plug-in de réverbération sur le bus auxiliaire lui étant dédié permet d’obtenir différents résultats diamétralement opposés. Commençons par le moins discret d’entre eux qui ravira les fans du son de batterie caractéristique de Led Zeppelin…
Si John Bonham était un batteur hors-normes à la frappe profonde, il n’en demeure pas moins que les techniques de production jouent tout de même énormément dans l’obtention de sa patte sonore. Or, il se trouve qu’il n’y a rien de vraiment sorcier pour reproduire la chose, un simple compresseur réglé à bloc et placé juste après une réverbe de type « Room » fera la blague. Niveau réglage, essayez un ratio aux environs de 8:1 avec une attaque ultra rapide (1 à 2 ms), un relâchement moyen en accord avec le groove grosse caisse / caisse claire ou ultra court pour un effet de pompage plus marqué, et un niveau seuil bas afin de faire travailler le compresseur au maximum. Remontez alors le « make-up gain » jusqu’à obtenir un joli sourire sur votre visage et voilà ! Certes, cette astuce ne conviendra pas à tous les styles musicaux mais l’effet est tout de même intéressant. D’ailleurs, le gigantisme grandiloquent produit par cette technique peut également être intéressant sur d’autres instruments alors n’hésitez pas à expérimenter !
Le deuxième usage que j’aimerais évoquer avec vous joue plutôt du côté subtil de la force. Il arrive parfois que l’on soit content du son d’une réverbe mais que cette dernière nuise tout de même à la précision / définition d’un instrument malgré l’emploi d’une égalisation pour lutter contre les effets de masquage fréquentiel. Que faire alors ? Dans ce cas précis, un compresseur disposant d’un circuit de sidechain externe peut vous sauver la mise.
Prenons l’exemple d’une voix chantée. Si la réverbération qui lui est dédiée nuit à son intelligibilité, placez donc un compresseur post-réverbe sur le bus auxiliaire adéquat, nourrissez le circuit sidechain du compresseur avec le signal du chant « sec » et réglez le compresseur comme suit : ratio modéré (2:1 à 4:1), seuil suffisamment bas pour que la compression ait lieu dès que le chanteur entre en piste, temps d’attaque rapide pour la même raison (mais pas trop non plus pour un effet discret), et surtout « make-up gain » nul. Pourquoi ne pas utiliser le « make-up gain » ? Eh bien tout simplement parce que le but ici est de baisser le niveau sonore de la réverbe lors du chant. Quant au temps de relâchement, tout repose sur lui. En effet, il faut régler ce dernier de façon à ce que le niveau de la réverbération remonte naturellement en fin de phrasé. Ainsi, lorsque le chanteur donne de la voix, le niveau de réverbération baissera automatiquement et ne compromettra donc plus l’intelligibilité, puis, lorsque le chant cesse, la réverbe réapparaitra comme par magie et complétera agréablement la ligne mélodique.
Bien entendu, cette astuce fonctionnera pour tous les types de sources et fera particulièrement merveille sur les instruments solistes. En effet, non content d’assurer une belle définition à l’élément concerné, cette méthode a aussi pour avantage d’accentuer la sensation de relief au sein de notre puzzle sonore. Attention cependant, n’allez pas appliquer cette recette à toutes les pistes du mix sous peine de vous retrouver avec un espace 3D foutraque qui n’aura vraiment rien d’attrayant pour l’auditeur.