Comme je vous l’ai annoncé la semaine dernière, nous allons commencer notre mise à plat par le réglage des panoramiques. Pour ce faire, je vous propose un petit jeu diablement efficace que j’ai découvert il y a quelques années de cela par le biais d’un ami ingénieur du son. Romano, si tu lis ces quelques lignes, encore merci pour cette trouvaille !
Panning game
Le principe de base est ultra simple. Pour commencer, « mutez » toutes les pistes qui resteront à coup sûr au centre par exemple la basse, la voix principale, la grosse caisse, la caisse claire, etc. Ensuite, réglez le fader de volume de chacune des pistes restantes au même niveau. Maintenant, lancez la lecture du morceau et commencez à jouer avec les potards de panoramique. Testez alors différents jeux de panoramiques, remarquez les changements de textures sonores, attardez-vous sur les interactions rythmiques qui se font et se défont. Et surtout, notez en quoi tout cela influence votre ressenti de la musique.
Au bout de quelques minutes de ce jeu, vous constaterez alors certainement qu’un même instrument ne déclenche pas la même émotion lorsqu’il est sur la droite ou sur la gauche. De même, le « groove » du morceau peut changer radicalement selon le placement relatif d’un instrument par rapport aux autres. Mais pourquoi donc ?
Mind game
Les raisons pour lesquelles le panoramique influe tant sur le ressenti que nous pouvons avoir semblent d’ordre psychoacoustique. Je vous avoue que je suis loin de maîtriser ce sujet, mais je vais tout de même vous livrer le fruit mes réflexions sur la question.
Je suppose que vous avez déjà tous entendu parler des histoires d’hémisphères gauche et droit du cerveau. Selon Wikipédia, « Du fait de la décussation des voies nerveuses, chaque hémisphère reçoit des informations sensorielles et commande les réponses motrices de la moitié opposée (dite controlatérale) du corps ». Moralité, notre oreille gauche nourrit notre hémisphère cérébral droit, et versa-vice. Chaque hémisphère ayant ses spécificités (par exemple le langage pour le gauche et la spatialisation pour le droit), il semble alors évident qu’un son ne sera pas interprété tout à fait de la même façon par notre cerveau s’il est entendu principalement par une oreille plutôt que l’autre.
D’autre part, d’un point de vue rythmique, des panoramiques symétriques engendreront un sentiment de puissance alors qu’une configuration asymétrique sera ressentie comme plus « groovy ». Pour prendre un exemple plus concret, imaginons que vous ayez deux lignes rythmiques complémentaires A (sur le temps) et B (sur le contretemps), chacune étant doublée, soit au total 4 instruments à répartir sur la stéréo. Si vous utilisez un panoramique de type AA/BB, c’est-à-dire la rythmique A et son double d’un côté, la B et son double de l’autre, vous obtiendrez quelque chose de clair et dansant. À l’inverse, si vous optez pour un panoramique de type AB/AB, vous aurez alors quelque chose de massif et puissant. Pour vous convaincre de la réalité du phénomène, je vous invite à faire le test vous-même sur des rythmes simples. La première fois que l’on se rend compte de ça, l’effet est assez surprenant !
Your game
Fort de ces constatations, libre à vous maintenant de tirer les conclusions qui s’imposent et d’opter pour les solutions qui conviennent le mieux au titre/puzzle sur lequel vous travaillez. Pour information, ce petit jeu avec le panoramique ne devrait par vous prendre plus d’un quart d’heure. En effet, il est inutile de trop prendre son temps à ce stade puisqu’ici ce n’est pas l’intellect qui parle, juste l’émotion, et la première est souvent la bonne.
Dans le prochain épisode, nous terminerons cette étape de mise à plat en établissant le volume de base de chaque instrument.