Faisons un petit bilan. La superposition de votre vision première du mix avec la réalité actuelle du morceau devrait vous avoir donné une "image" cohérente de votre puzzle sonore, conforme à l'intention de la musique et en adéquation avec votre ressenti. D'autre part, vous devriez également avoir à ce stade un début de plan pour attaquer l'assemblage. Attelons-nous donc à la tâche en commençant par le premier point de la méthode décrite la semaine dernière, à savoir la mise à plat.
Pourquoi ?
La mise à plat est un mixage rapide effectué à l’aide des faders de volume et des potards de panoramique de vos pistes, et rien d’autre. Cette étape est loin d’être anodine puisque c’est à partir de cette mise à plat que tous les éléments vont se mettre en place. Il s’agit en quelque sorte d’une trame constituant l’ossature de votre mix/puzzle. Ce n’est qu’une fois cette trame générale construite que votre vision des choses pourra s’affiner un peu plus et s’attarder sur les détails à peaufiner. Mine de rien, à mon sens, la mise à plat représente facilement 50% d’un bon mix ! Et c’est justement dès ce stade-là que les choses se gâtent pour le débutant…
En général, plusieurs phénomènes se superposent. Tout d’abord, le novice s’attarde souvent trop longtemps et intellectualise la chose à outrance alors qu’il vaut mieux laisser parler l’instinct. En effet, les premières impressions sont souvent les bonnes, pourquoi donc se triturer le ciboulot et perdre du temps pour rien. Vous avez un but à atteindre, vous en avez conscience, c’est là, au fond de vous, faites-vous donc confiance !
Le deuxième phénomène est encore plus incompréhensible et contreproductif. Après s’être fait des noeuds au cerveau, l’aspirant ingénieur du son finit immanquablement par agir… par habitude ! Les guitares vont toujours du même côté, les niveaux relatifs de la caisse claire et de la grosse caisse sont identiques au dB près, etc. Qu’importe le titre, il fait ça mécaniquement. C’est bien évidemment un réflexe assassin. Rien de mieux pour flinguer l’intérêt et la personnalité d’un titre. Chaque morceau est différent, il mérite donc un traitement, une attention qui lui sera propre.
Dernier point, et pas des moindres, le novice a tendance à sortir l’artillerie lourde tout de suite. EQ, compresseur, gate, tout y passe pour soi-disant régler des « problèmes » alors que la base n’est pas encore là. C’est malheureusement humain de vouloir tout, tout de suite. Mais ça ne marche pas comme ça dans la réalité. Il faut y aller petit à petit si l’on veut atteindre le but que l’on s’est fixé. Utiliser une armada de plug-ins alors que la mise à plat n’est pas encore faite, c’est se tirer une balle dans le pied, point barre.
Bref, vous l’aurez compris, la mise à plat est essentielle à un bon mixage et si vous arrivez à réfréner vos ardeurs, je vous assure que cette étape ne devrait pas vous prendre plus d’une demi-heure.
Comment ?
Personnellement, je procède d’une façon un peu particulière. Je commence toujours par m’occuper des panoramiques. Pourquoi ? Tout simplement pour que mes choix de panoramiques ne soient pas influencés par la question du niveau sonore relatif des pistes.
Une fois cela fait, je bascule en mono et je m’occupe des faders de volume. Pourquoi en mono ? Eh bien encore une fois, pour ne pas être distrait par les choix de panoramiques que je viens juste de faire.
La semaine prochaine, je vous présenterai en détail une façon ludique et diablement efficace pour régler la question du panoramique de vos pistes en seulement un petit quart d’heure. D’ici là, je vous invite à jeter un oeil à l’un de nos précédents articles concernant les lois de panoramique.