Dans ce nouvel épisode consacré au traitement de la dynamique en situation de mixage, je vous propose de nous intéresser au pourquoi avant de passer au comment…
Why you wanna trip on me ?
Afin d’employer à bon escient cet outil surpuissant qu’est le compresseur, il est essentiel de s’interroger sur ses multiples possibilités d’utilisation. Si l’on demandait à un néophyte semi-éclairé « À quoi sert un compresseur ? », il y a de fortes chances pour que cette réponse fuse sans autre forme de procès : « Eh bien à sonner plus fort évidemment ! ». Bien que pas tout à fait inexacte, cette assertion est pour le moins réductrice. En effet, la liste des applications possibles dépasse de loin la seule considération du « gros son qui tâche ».
Commençons par aborder la chose d’un point de vue macrodynamique. Un compresseur permet de rendre le son d’un instrument plus dense et consistant tout au long du morceau, ce qui évitera qu’il ne disparaisse lors des passages les plus chargés ou qu’il ne sorte trop du rang lors des passages calmes.
La compression peut également aider à minimiser les « fautes » ou « défauts » de jeu d’un musicien lors de l’enregistrement, par exemple les sauts de niveaux erratiques d’une note à l’autre sur une ligne de basse mal maîtrisée, ou bien encore les mouvements intempestifs de l’instrumentiste face à son micro induisant des variations perceptibles dans la prise.
L’accentuation des détails du jeu d’un musicien est aussi un domaine dans lequel les compresseurs excellent. Pensez par exemple à ce petit soupir qui donne des frissons sur l’intro d’Hallelujah de Jeff Buckley. Ou bien encore au jeu de guitare électrique dans le refrain du morceau Nude de Radiohead, on a littéralement l’impression de sentir physiquement le raclement aride du médiator sur les cordes.
Parallèlement à cela, vous pouvez adoucir ou accentuer la dynamique d’une prise afin de respectivement reculer ou mettre en avant un instrument dans le mix. De même, il est possible de renforcer l’aspect vivant d’une performance ou, au contraire, la rendre mécanique au possible.
Passons maintenant au plan de la microdynamique. Un compresseur est capable de restructurer l’enveloppe dynamique d’un son de manière radicale, à tel point que le timbre même de l’instrument peut s’en retrouver modifié. Cela peut servir entre autres choses à rajouter du punch, reconstruire un mouvement dynamique mollasson, accentuer ou diminuer le sustain, ou bien encore rendre un instrument virtuel programmé plus humain.
Enfin, sachez qu’un compresseur peut également être employé de façon créative. Par exemple, il n’est pas rare d’exploiter de façon esthétique les « effets secondaires » de la compression comme la distorsion ou le pompage. D’autre part, l’usage de la fonction de « sidechain » externe proposée par certains appareils (ou plug-ins) offre une myriade de possibilités, tant sur le plan technique que créatif.
Manifestement, l’usage d’un compresseur permet d’avoir un contrôle sur le son tout à fait remarquable. Bien entendu, nous évoquerons un par un chacun des cas précédemment cités afin de vous permettre de les maîtriser. Ceci étant, nous commencerons par vous sensibiliser à l’usage des principaux paramètres des compresseurs.