Cette semaine, nous allons attaquer le traitement de la dynamique en situation de mixage, question épineuse s’il en est…
Dynamic story
Dans le monde de l’audio, on parle de dynamique pour désigner les changements de niveaux d’un signal au cours du temps. Ce concept pourtant simple à première vue est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît. En effet, si l’on pousse un peu plus loin le raisonnement, il faut faire la distinction entre macrodynamique et microdynamique.
La macrodynamique, comme son nom l’indique, concerne les variations de niveaux sur une période de temps relativement longue. Cela peut être, par exemple, les changements entre le couplet et le refrain, entre deux phrases chantées, ou encore entre les coups de grosse caisse. La macrodynamique est en lien direct avec l’aspect vivant de la source sonore. C’est d’ailleurs l’absence de macrodynamique qui est en grande partie responsable du côté robotique des rythmiques programmées à l’aide de boîte à rythmes électroniques. Pensez par exemple au fameux effet « mitraillette » des roulements de caisse claire réalisées à la va-vite avec les BAR des années 80.
La microdynamique, quant à elle, s’intéresse aux variations de niveaux au cœur même de chaque note. En fait, nous nous penchons cette fois-ci sur ce que l’on nomme l’enveloppe dynamique du signal, c’est-à-dire l’attaque et le déclin constituant chacune des notes. Mine de rien, cette enveloppe dynamique est une composante essentielle du timbre d’un instrument. Lorsque l’on travaille d’un point de vue microdynamique, nous cherchons à contrôler cette enveloppe, voire à la modifier complètement afin de transfigurer le timbre de l’instrument.
Pour traiter un signal audio quel qu’il soit, tant sur le plan macrodynamique que sur le plan microdynamique, l’ingénieur du son dispose de plusieurs outils. Cependant, nous nous concentrerons ici sur l’outil de traitement de la dynamique par excellence, à savoir le compresseur. Si l’on simplifie à l’extrême, ce dernier permet à l’utilisateur de gérer les variations de niveaux d’un signal audio en donnant la possibilité de réduire ou d’accentuer l’écart entre les niveaux les plus faibles et les niveaux les plus forts. Et cela implique beaucoup plus de choses qu’il n’y paraît…
Antibiotique
C’est un réflexe fort répandu chez l’apprenti ingénieur du son que d’insérer un compresseur de façon systématique sur chacune des tranches de la console de mix… Et c’est là que les ennuis commencent ! L’emploi à tort et à travers de cet outil surpuissant sur tout et n’importe quoi a une fâcheuse tendance à ruiner une composition, aussi bonne soit-elle à la base. C’est pourquoi le premier conseil que je peux vous donner est le suivant : les compresseurs, c’est comme les antibiotiques, ce n’est pas automatique ! Par exemple, il n’y a que très peu d’intérêt à compresser une nappe de synthé destinée à être en fond de mix. Et je ne parle même pas des guitares ultra-saturées dont la distorsion a déjà oblitéré la moindre trace de dynamique. Cette analogie avec les antibiotiques est vraiment à prendre au sérieux tant vous pouvez retirer toute trace de vie d’un instrument d’un point de vue macrodynamique, voire également dénaturer complètement son timbre sur le plan microdynamique. L’abus de compression est excessivement nocif à la santé de votre morceau, tenez-vous le pour dit.
La mauvaise utilisation de la compression vient, à mon avis, essentiellement d’une incompréhension profonde de ce qu’un compresseur est capable de réaliser. C’est pourquoi, dans le prochain article, nous dénombrerons les usages possibles de cet engin afin que vous sachiez quand il est nécessaire de dégainer l’artillerie lourde…