Depuis un an, Access continue à asseoir sa notoriété avec le Virus C. La version 6 de l’OS et la série limitée Redback sont pour nous l’occasion de dresser le bilan d’une machine devenue, au fil du temps, emblématique, pour ne pas dire incontournable. La tuerie !

(Test initialement paru en août 2003)
Depuis 6 ans, Access propage ses Virus dans le monde entier. Lorsqu’on se balade en studio, il n’est pas rare de croiser un Virus, le plus souvent sous forme de console. Mais la concurrence est rude sur le marché des synthétiseurs à modélisation analogique : Clavia a contre-attaqué avec ses Nord 2X et 3, Novation a lancé la série KS et Waldorf a décliné ses Q. Tout comme les Workstations il y a 10 ans, la course a l’armement a repris de plus belle. Les constructeurs semblent tous avoir axé leurs efforts sur une trilogie bien établie : plus de mémoire, plus de polyphonie et plus de modulations. Avec la toute nouvelle version 6 de l’OS, la gamme des Virus C semble avoir atteint une maturité extraordinaire, forte d’un certain nombre d’avantages compétitifs qui enfoncent littéralement le clou.
Petit trapu
L’ergonomie est sans faille : visualisation simultanée de la valeur en cours d’édition et la valeur stockée du paramètre, modes seuil / saut / relatif (en avant ou inversés) des boutons, menus locaux dans chaque section pour trouver rapidement certains paramètres additionnels, touches Store, Undo / Compare, raccourcis clavier. Tout est conçu pour que la machine s’efface devant l’utilisateur. Cela a d’ailleurs toujours été le cas chez Access. Bravo et merci ! Sur le panneau arrière, on n’est pas déçu : alimentation interne (seul le Virus C console conserve cette mauvaise manie de l’alimentation externe), une paire d’entrées audio stéréo, 3 paires de sorties audio stéréo, un trio Midi, une prise casque et 2 prises pédales. Mais pas de connectique numérique en vue ou de port USB.
Panel sonore complet
Toutes les percussions analogiques sont très bien reproduites, des grosses caisses aux hit-hat : le punch des DCO, le générateur de bruit, la qualité du filtre et la vitesse des enveloppes sont parfaitement mises à contribution. Le Virus C s’en tire également remarquablement bien sur le plan des sonorités numériques. Aliser est un son typique de nappe PPG avec reproduction de l’aliasing grâce au réducteur de fréquence ; Choir2 est un son de chœur synthétique assez réussi, créant des formants grâce à un filtre à réjection de bande en série avec un filtre passe-bas. En poussant sur le Phaser, on crée des résonances de Tubular Bell et le son se rapproche d’un PPG. Clockwork utilise la FM différentielle, ce qui ravira les amateurs de DX7.
Moteur musclé
Tout comme sur le Virus B, le DO 3 a un comportement un petit peu moins souple que ses alter ego. Soit il est la copie désaccordable du DO 2, soit on accède aux paramètres de forme d’onde, volume et accord. Cela n’est en définitive pas trop gênant, juste une habitude à prendre. Côté modulations, on dispose de la synchro, de la FM et de la modulation en anneau des 2 premiers DO. La FM agit sur le DO 2, à partir d’une source interne ou d’un signal audio externe. Les sources internes peuvent être le DO 1 ou le générateur de bruit, ce qui permet d’obtenir très facilement des sons de percussions riches en transitoires. La couleur du générateur de bruit est entièrement variable, grâce à des filtres passe-haut ou passe-bas attaquant un bruit blanc. Les DO peuvent être regroupés à l’unisson : le nombre de voix groupées dépend alors de la polyphonie jouée. Des réglages de désaccord, de déphasage de LFO et de séparation stéréo permettent d’obtenir un son monstrueux. On peut également s’appuyer sur la fonction Punch, qui accélère et booste le segment d’attaque de l’enveloppe d’amplitude pour renforcer l’impact du son.
Double filtre résonant
En mode séparation, les signaux du DO 1 et du Sub DO sont envoyés sur le premier filtre et les signaux des DO 2, DO 3 et du générateur de bruit sur le second filtre. Ceci permet d’enrichir le son. Le premier filtre dispose d’un étage de saturation doté de 14 modes d’action : léger, doux, moyen, dur, numérique, Shaper, rectification de signal, réduction de bit, réduction de fréquence d’échantillonnage, passe-bas 1 pôle et passe-haut 1 pôle (avec ou sans suivi de clavier pour les 2 derniers). Lorsqu’on utilise le réducteur de fréquence, il se crée de l’aliasing et des distorsions métalliques assez caractéristiques des machines PPG. Idéal pour simuler la bête. Le seul reproche que l’on peut faire à ces filtres est de ne pas pouvoir entrer en auto-oscillation, effet qu’il faudra simuler avec une forme d’onde sinusoïdale, ce qui n’est tout de même pas la même chose.
Matrice de modulation
Mieux, les LFO disposent d’un paramètre de contour, qui permet de modifier les formes d’ondes élémentaires (passage progressif d’une onde triangle à une onde carrée, modification de la largeur d’impulsion de l’onde carrée). Encore mieux, les LFO peuvent être transformés en courbes d’enveloppes, ce qui ouvre de nouveaux horizons sonores, comme sur les modulaires. Enfin, une matrice de modulation permet d’assigner 6 sources à 9 destinations (les sources 2 et 3 ont respectivement 2 et 3 destinations simultanées, les autres étant des liens simples). Dans la liste des 27 sources, on trouve les enveloppes, les LFO, la vélocité, le suivi de clavier et les contrôleurs physiques. Il y a plus de 120 destinations, identiques à celles des LFO. Enfin, un arpégiateur permet de mettre un peu d’agitation, s’il en était encore besoin. Il dispose de 6 modes basiques (dont aléatoire et accord), de 64 patterns en Rom, d’une plage de 1 à 4 octaves, d’une durée de note programmable et d’un mode swing. Pas mal, d’autant qu’en mode multitimbral, on peut avoir 16 arpégiateurs simultanés. Pour ceux qui aiment les jeux de hasard, un mode Random global permet de créer des sons plus ou moins proches de l’original. Dont acte.
Effets complexes
Les effets maîtres sont constitués de différents algorithmes de délai et réverbération. Les réverbérations offrent 4 types de d’ambiances différentes, avec ou sans feedback (2 types), basés sur des halls ou des pièces. On peut en régler la couleur, l’atténuation des hautes fréquences, le pré délai (avec calage au tempo), la durée et l’intensité. Les résultats sont assez métalliques si on ne coupe pas suffisamment les hautes fréquences, ce qui limite un peu l’utilisation. En mode délai, on dispose d’un vingtaine de motifs mono, stéréo ou multitap, d’un temps synchronisable, d’une couleur, d’une régénération et de 5 formes d’onde ; tout à fait complet. En mode multitimbral, les effets maîtres disposent d’un départ séparé par canal. Tous les effets peuvent être copiés vers le mode multitimbral, ce qui facilite bien les choses. Rappelons pour terminer que la plupart des paramètres d’effets sont des cibles de la matrice de modulation, merci encore !
Traitements audio
Ultime traitement audio et rencontre plus ou moins romantique de 2 signaux, le Virus C dispose d’un puissant vocodeur 32 bandes. Il fait appel à (donc mobilise) la section de filtrage. Pour contourner cette restriction, il suffira de passer en Multi. On peut régler le nombre de filtres utilisés (1 à 32) suivant l’intelligibilité attendue et la réduction de polyphonie acceptable (jusqu’à 4 voix, neutralisées 10 secondes de plus que leur temps d’utilisation), la fréquence de coupure globale, le suivi de clavier, la balance entre les fréquences basses et hautes, le décalage des formants, la résonance, l’enveloppe de suivi (attaque et déclin) et la balance entre les signaux. Les LFO peuvent également intervenir (LFO 1 agissant sur la résonance et LFO2 sur la fréquence des filtres d’analyse et de synthèse). Hélas, les fonctions du vocodeur ne sont pas sérigraphiées sur la façade, ce qui en complique l’utilisation. A tel point qu’Access conseille de partir de programmes existants. Mwouais, bon… Heureusement, l’intelligibilité est excellente, l’honneur est donc sauf.
Multitimbralité
En revanche, il est possible d’éditer un programme dans son contexte multitimbral, ce qui est une excellente nouvelle. Pour se faire, il suffit d’appuyer simultanément sur les touches Multi et Single, pour passer en mode Multi Single. Biblique ! On modifie alors tous les paramètres voulus et une simple pression sur « Store » sauvegarde alors le programme. On peut même éditer un paramètre donné en faisant défiler les 16 canaux les uns après les autres. Une palette sonore façon Roland, mais en modèle géant !