Storm est un logiciel français développé par la société Arturia et basé sur l'utilisation de patterns et de boucles rythmiques. Il s'agit d'un ensemble complet comprenant un séquenceur, des synthétiseurs virtuels, des boîtes à rythmes et des effets.
Arturia Storm se décline en deux versions : stand-alone et plug-in VST.
Les 12 instruments dans Storm se divisent en trois grandes familles, aux doux noms suivants :
- Les boîtes à rythme : Psion, Meteor, Tsunami, Hork, Puma.
- Les synthétiseurs : Arsenic, Equinoxe, Orpheus, et Bass 52, Shadow
- Les samplers (littéralement, « les modules utilisant des échantillons ») : H3O Plus, EZTrack, Scratch
Installation
Tout d’abord, je vous conseille vivement, si vous possédez la version 1.5.0, de mettre à jour le logiciel (gratuitement sur le site) vers la version 1.5.1. Cette version corrige certains bugs et offre de nouvelles possibilités, et non des moindres (comme la gestion de l’ASIO en [def]stand-alone[/def]). J’ai commencé le test avec la version 1.5 qui m’a donné un peu de fil à retordre. Après l’upgrade, Storm tourne impeccablement (j’utilise le driver ASIO à présent, beaucoup plus performant que le driver DirectSound de Windows). Une fois de plus, la solution aux problèmes logiciels est de faire la mise à jour !
Lors de l’installation, nous avons à disposition une fenêtre récapitulant l’ensemble des synthés et des effets inclus dans le logiciel, point de vue plutôt alléchant…
Ensuite, le logiciel tente d’installer DirectX, sans succès sur mon ordinateur. Je décide donc d’installer la dernière version de DirectX (8.1) à partir du site Windows Update de Microsoft.
Pour finir, on est obligé d’installer une machine virtuelle Java (J2RE pour les intimes) pour faire fonctionner Storm. Pour les néophytes du domaine de la programmation, sachez que Java n’est pas, contrairement à ce que l’on peut croire au premier abord, un langage utilisé principalement pour le Web. L’aspect programmation orientée objet de Java le rend particulièrement adapté à la création de synthétiseurs et d’effets virtuels, puisque ceux-ci ne sont autres qu’un ensemble d’objets reliés entre eux, remodélisés sous forme d’objets. J2RE est donc visiblement nécessaire pour faire fonctionner le logiciel, et j’accepte donc l’installation.
L’enregistrement sur le site d’Arturia est obligatoire pour utiliser le logiciel. S’offrent à vous deux possibilités : soit vous vous connectez à Internet sur le site d’Arturia pour recevoir la clef de débridage, soit vous imprimez le formulaire et l’envoyez par courrier pour recevoir la clef de débridage par la poste. Rassurez-vous, si vous n’avez pas Internet sous la main, vous pourrez quand même profiter immédiatement de Storm et l’utiliser 20 fois avant de devoir entrer la clef de débridage. Aussi fastidieuse puisse paraître la procédure d’enregistrement, elle semble nécessaire pour éviter au maximum la piraterie des logiciels.
Tutoriel et prise en main
Une fois tout ce « bazard » installé, une bonne surprise : après avoir fait le choix de la langue, un tutoriel se lance automatiquement (en Flash; il vous faudra donc posséder ce plug-in), qui présente comment utiliser le logiciel. Sur un fond de trance, un monsieur sympathique nous explique donc toutes les étapes d’élaboration d’un morceau. Bravo M. Arturia, vous savez que les français prennent rarement le temps de lire les manuels, une bonne alternative s’offre à nous et je ne doute pas que cette formule ait un succès non négligeable ! On y apprendra donc :
- Comment créer son studio virtuel (à l’aide du « studio builder »)
- Comment utiliser le séquenceur, les instruments virtuels, la table de mixage, les effets et le « module Kepler », qui sert à transposer facilement l’ensemble des pistes d’un pattern.
La prise en main est par la suite assez intuitive. Le routage est facile à maîtriser, les instruments possèdent boutons et interrupteurs qu’il suffit d’activer pour se rendre compte du résultat. Vous avez en outre accès à tous les paramètres de configuration MIDI et audio dans « paramètres ». Bref, après avoir visualisé le tutoriel, vous devriez être rapidement opérationnel, d’autant plus que tous les instruments possèdent des patterns prédéfinis. Vous pouvez ainsi écouter rapidement les possibilités de chaque module.
Boîtes à rythmes
On compte cinq boîtes à rythmes dans Storm, chacune étant spécialisée dans un domaine particulier :
- Meteor, aux sonorités type TR909 (il utilise des échantillons de ce dernier), dont le fonctionnement suit des patterns à l’instar de cette mythique boîte à rythmes : tout comme dans les légendaires TR808 et 909, on peut changer dans les sonorités le pitch et le relâchement de chaque percussion. Comme l’enregistrement de l’évolution des paramètres se fait à l’intérieur d’un pattern, on peut librement créer un pattern « évolutif » !
- Psion : cette boîte à rythmes suit de près le fonctionnement du Meteor, à la différence qu’il est plus orienté vers les sons de TR808. Un classique qui ne requiert pas de commentaire particulier.
- Tsunami : fonctionne également sous forme de patterns, mais plutôt que d’utiliser des samples, génère les sonorités « à la façon analogique », c’est à dire à partir d’oscillateurs et de générateurs de bruit. Le résultat est [mp3=70]spécial et plutôt sympatique[/mp3], et me fait un peu penser aux sonorités un « sales » des rave-o-lution 309. Avis aux amateurs de sons purement technoïdaux !
- Puma : la spécialité de cette boîte à rythme est plutôt orienté percussions acoustiques « ou exotiques » (je cite!) comme les congas, cabasa etc, qui sont [mp3=72]assez réussies et possède une large image stéréophonique[/mp3]. Une fois encore, on peut faire varier la hauteur de chaque percussion et son relâchement afin de donner plus de vie et de nuances aux patterns rythmiques (les patterns sont à cet effet assez démonstratifs).
- Hork : contient des sonorités de batterie acoustique assez classiques.
Synthés virtuels
Dans sa version 1.5.1, Storm dispose de cinq synthétiseurs virtuels, chacun ayant son mode propre de fonctionnement ou des spécificités sonores particulières.
- Arsenic est un synthé vintage dont le fonctionnement ressemble étrangement à celui d’une TB303. Ses sonorités s’en approchent également ! Etant un amoureux de ce genre de sonorités, je n’ai pas pu m’empêcher de vous faire une petite [mp3=71]une petite démonstration[/mp3] mettant en scène cet instrument, à la fois en tant que basse et en tant que lead (il est possible de cumuler x fois les mêmes instruments)
- Equinoxe est un séquenceur d’accords qui permet de générer des accords de trois notes
- Bass 52 est un synthé simulant une basse électrique en utilisant la modélisation physique pour recréer les caractéristiques d’une basse électrique réelle. Les effets de slide et de vibrato sont possibles
- Orpheus est certainement le synthé le plus évolué des instruments de Storm, pusqu’il possède de nombreux filtres, deux oscillateurs, …
- Shadow : ajouté après la version 1.5 (et en téléchargement gratuit pour les utilisateurs enregistrés), ce synthé évolué est spécialisé dans les nappes.
Samplers
Storm contient trois sampleurs. Vous pouvez, à l’aide d’EZTrack, enregistrer n’importe quelle source sonore : une source externe, mais aussi la sortie de l’un des autres instruments. Il vous est ainsi possible de vous créer une bibliothèque de samples. Ensuite, vous pourrez insérer ces samples à tout moment dans l’un de vos sampleurs virtuels.
- H3Oplus : il s’agit d’un lecteur d’échantillons dont il est possible de changer la vitesse de lecture ainsi que le pitch (time stretching et pitch shifting). On peut cumuler jusqu’à quatre samples simultanément
- EZTrack : la particularité de ce module est de pouvoir enregistrer des sources audio (il est donc plus proche d’un échantilloneur que son confrère H30Plus qui s’apparente plus à un lecteur de boucles). Il est entre autres possible, avec le module EZTrack, d’enregistrer une source audio externe (microphone, instrument branché sur les entrées de la carte son), ou bien la sortie d’un autre instrument virtuel comme le H3OPlus.
- Scratch est certainement le « sampleur » le plus original de Storm, puisqu’il se compose de deux platines vinyles virtuelles permettant de faire scratcher des boucles ou autres sons à partir de la souris. Je vous laisse libre juge de l’efficacité de ce module, n’étant pas un scratcheur averti. Je pense néanmoins que le feeling doit être un peu limité avec la souris. Cependant, les démos fournies avec Storm donnent une bonne impression des possibiltiés fournies par ce module.
Effets
Vous disposez de huit effets différents qui peuvent s’appliquer à un ou plusieurs instruments virtuels. Vous pouvez utiliser trois effets simultanément. Les concepteurs d’Arturia ont visiblement voulu faire des effets dont l’utilisation est simple : un nombre de paramètres parfois réduit, ou bien englobés dans des presets (comme dans le cas de la réverb). La conséquence est que l’utilisateur néophyte n’aura aucun mal à utiliser différents altérations de ces effets. Les effets existants dans Storm sont les suivants :
- Un classique chorus
- Une distorsion simple mais efficace
- Deux délais
- Un flanger
- LP Filter, un filtre passe bas, à utiliser par exemple sur des boucles ou sur d’autres sons riches en harmoniques
- Une réverb, dont les paramètres sont rapidement accessibles tout en étant assez précis (type et taille de la pièce)
- Un « ring modulator », en français modulateur en anneau, qui permet des sons originaux et des effets spéciaux. Une fois encore, deux paramètres suffisent à utiliser cet effet
- Seq filter : un filtre sympathique et original puisqu’il peut être réglé de manière différente sur chaque temps de la mesure. On peut ainsi faire varier le filtre en cadence de manière séquentielle. [mp3=xxx]Démo à écouter dans la rubrique « démos en MP3 »[/mp3]
- Vocoder : un vocodeur (qui l’eut cru ?) possédant de nombreux paramètres, mais prenant pas mal de ressources systèmes si l’on utilise trop de notes en même temps
J’ai particulièrement apprécié les possibilités de routing entre les instruments et les effets (il est notamment possible de reboucler plusieurs effets en série sur eux-mêmes). Par contre, il aurait été intéressant de pouvoir appliquer les effets sur seulement une partie des sonorités émanant des boîtes à rythme : soit l’on ne met aucun effet, et dans ce cas, la batterie sonne un peu « sèche », soit on met un effet, et c’est le bazar; parce qu’une grosse caisse avec de la réverb, par exemple, c’est impensable.
A l’utilisation
Les morceaux faits avec Arturia Storm sont basés autour de patterns, petites séquences de notes pouvant se répéter à l’infini. On retourve ce concept dans des synthés comme les Roland TR909 et TB303. Il est possible de créer ses propres patterns, en utilisant la grille de patterns pour les stocker/mémoriser : pour créer ses patterns, on glisse une succession de points représentant des lignes de basse, ou des accords, ou encore des rythmiques… Le module Kepler permet de transposer un pattern simplement, en transposant les patterns des instruments virtuels tout comme les échantillons sonores. Le concept des « colliers de perle » est assez amusant et peu conventionnel : sur le cercle intérieur, vous pouvez choisir les accords mineurs et sur le cercle de perles bleues, les accords majeurs…
Le séquenceur est intuitif, puisqu’il s’agit d’une « frise » chronologique du morceau, à la façon très simplifiée d’une séquence sous Cubase, Cakewalk ou Logic. Petit défaut agaçant : quand on appuie sur « stop » deux fois pour rembobiner au début du morceau, toute la séquence scrolle lentement jusqu’à arriver à la première mesure… Cela peut durer longtemps, si le morceau fait plusieurs dizaines de mesures…
Il est possible d’utiliser un clavier MIDI ou bien un contrôleur MIDI externe pour piloter les synthés virtuels (Arsenic, Bass 52, Orpheus, Equinoxe ainsi que les boîtes à rythme intégrées dans Storm). Vous pouvez assigner librement les contrôleurs MIDI aux paramètres de ces synthés.
Les possibilités de routing sont très poussées, puisque chaque module (instrument ou effet) peut voir sa sortie envoyée sur n’importe quelle entrée d’un autre effet. Cela permet bien sûr de cumuler en série les trois effets disponibles, mais aussi – et c’est là que cela devient amusant – router la sortie de l’effet A sur l’entrée de l’effet B et la sortie de l’effet B sur l’entrée de l’effet A… A utiliser avec précautions puisqu’un gain trop grand déclencherait un larsen ! Les possibilités créatives bidouillesques sont grandement augmentées par ces possibilités de routing !
L’utilisation de Storm en tant que plug-in VST est possible, mais un peu moins aisée qu’en stand-alone. En toute évidence, Arturia Storm a été conçu pour être utilisé seul (il intègre d’ailleurs tout ce qu’il faut pour : le séquenceur, les instruments, les effets) et non comme plug-in. L’enregistrement des modifications des paramètres se fait en interne de Storm, à l’aide du bouton « record ». Oui, mais si l’on attribue un contrôleur MIDI externe à un paramètre d’un synthé de Storm et qu’on enregistre les variations de ce contrôleur dans Cubase ? C’est Cubase le maître… Oui, mais si certains paramètres ont été enregistrés sur le séquenceur de Storm et que ces mêmes paramètres sont modifiables à partir d’un contrôleur MIDI ? Qui gagne ? En outre, il faut permuter en permanence entre Storm et Cubase pour arrêter le séquenceur. Lorsque l’on enregistre dans le séquenceur de Storm, visiblement, la valeur de tous les paramètres est automatiquement enregistré. Mais alors, pourquoi mes Mute et mes niveaux ne suivent pas cette même règle ? Je me suis un peu énervé… Pour finalement utiliser le Storm en stand-alone.
Si vous possédez une carte son disposant de plusieurs sorties, vous serez certainement content de savoir que Storm gère les sorties Audio selon une matrice très pratique. Idéal pour ajouter des effets externes !
Une fois que vous avez composé un morceau complet, il vous est possible d’exporter le mix en WAV, AIFF ou en MP3. Vous pouvez notamment publier les MP3 des morceaux que vous avez composé avec Storm sur le site d’Arturia. Une bonne initiative de leur part, dont la conséquence première est la création d’une communauté de passionnés autour d’un sujet précis (ça me dit quelque chose, ça !). Malheureusement, l’algorithme utilisé pour encoder les MP3 n’est pas des meilleurs. Je vous conseille d’exporter en WAV puis d’encoder avec un logiciel comme CDEx. Vous pouvez entrer de nombreuses informations concernant vos morceaux, informations qui s’afficheront à chaque chargement de celui-ci. Idéal pour présenter le morceau pendant son chargement (qui prend quelques secondes le temps de créer notamment le studio virtuel utilisé pour ce morceau)
Matière première
Outre les sons générés par chaque synthé virtuel, vous trouverez sur le CD-ROM de nombreux échantillons. Leur utilisation se fait par simple glisser-déposer sur les sampleurs du logiciel.
Le site web d’Arturia regorge de samples qu’il est possible de télécharger gratuitement. Une bonne initiative, là encore ! Encore plus fort, il est possible de télécharger gratuitement, une fois de plus, les futurs nouveaux instruments virtuels ! L’achat d’un tel logiciel peut donc être estimé à un achat à long terme, puisque les nouveaux modules du logiciel sont disponibles gratuitement et régulièrement. Des astuces et un forum sont également disponibles sur le site. Vous n’êtes donc pas laissé tombé une fois le logiciel acquis, loin de là ! Un service à côté des plus exemplaires.
Conclusion et avis personnel
Moi qui suis partisan du « crée tout toi-même à partir de rien » (programmation des sons et composition intégrale de la musique), j’avoue avoir été séduit par le côté ludique de la composition dans Storm. Je me suis rendu compte après une heure que j’étais en train de bidouiller les boutons sur des patterns prédéfinis et que je me régalais.
Je reste cependant encore un peu partagé. Etant ouvert à tout type de création musicale, je n’ai absolument pas bloqué sur l’aspect « patterns tout faits et harmonisés automatiquement, ne nécessitant donc aucun apprentissage musical préalable ». Non, ce qui m’a gêné, c’est plutôt que ce produit aurait pu être parfait s’il n’y avait pas ça et là quelques petites approximations dans sa réalisation. Espérons (Je n’en doute pas !) que la version 2 du soft comblera ces quelques lacunes et en fera l’outil préféré de nombreux musiciens-bidouilleurs.