OT cuckoo tutorial

Je réagissais à Tove Lo, que je suis allé écouter sur Youtube. C'est vraiment de la daube commerciale. Après, je dis pas : y'a bien quelques chansons de Lana Del rey que j'ai pu réussir à écouter, mais la démarche bizness, le formatage des titres pour plaire aux radios, tout ça fait que je ne range pas ces production dans le domaine de la musique, mais dans celui de l'industrie culturelle

Tove Lo est dans l'écurie Max Martin, elle pourrait faire bien bien pire vu qu'elle a écrit pour des jennifer lopez, katy perry etc...qu'est ce tu veux j'ai un côté slut et ado par exemple Break the rules de Charli XCX je trouve ça hyper bien écrit/chanté/composé/produit ET ultra commercial. D'ailleurs il se cache des gens underground derrière des hits en apparence basiques.
Je vais même aller plus loin je pense qu'on vit un âge d'or de la musique mainstream en grande partie due à la chute de l'industrie du disque qui a quelques aspects positifs (cf Steve Albini), je me suis amusé à jeter un oeil au classement du billboard sur 30 ans. Jamais il n'y a eu des choses aussi travaillées, différentes, éléctronique/hybrides et à la limité de l'indie. J'ai été surpris de constater que dans les 90's c'était beaucoup plus conservateur et sans relief. C'est comme twitter j'ai une fascination et un dégoût en même temps mais j'y vois quelque chose d'interessant et pas du tout post-moderne/ironique.
Un truc aussi que j'ai réalisé en passant la trentaine, je ne peux pas me passer de certains formes d'expression non-intellectuelles, la musique a aussi une charge libidinale intéressante (et oui, j'ai lu des texte post-68 sur l'économie capitaliste libidinale). On ne peut pas se nourir d'air et on ne peut pas écouter que de la musique cérébrale, masculine, 1er degré, sèche et asexuée. Donc j'avoue apprécier la pop, la deep house, l'electropop en quantité modérée. Par exemple ceque j'aime chez Reznor c'est Prince, quand j'étais gamin c'était plus le trip dark/noise/expé. Le danger dans tout ça c'est le manque de contextualisation et de culture.

J'écoute énormément de choses différentes, et ça va du jazz à la musique contemporaine en passant par le BM, l'indus et le trip-hop. Mais je n'arrive pas à m'intéresser à des musiques faites pour être vendues : ça m'ennuie profondément. J'aime bien les mélodies, et j'en mets toujours dans mes live, mais la focalisation d'une musique sur couplet/refrain et le trip "jolie mélodie sucrée" me sont insupportables. Du coup, je n'écoute jamais de variété, qu'elle soit nationale ou internationale, et j'ai même du mal avec la pop. Le plus "pop" que je puisse écouter, c'est Kraftwerk par exemple, ou le trip hop de Massive Attack, que j'adore. Mais dès que je sens le formatage pour les clubs ou les radios, j'ai comme la nausée, des sueurs me viennent, je verdis et je deviens agressif.



Ah si, y'a un truc de chanson que j'adore : Victor Jara.

Après, pour poursuivre dans ce hors sujet, je suis d'accord avec toi pour dire que sans une culture musicale étendue, non seulement on ne fait pas de bonne musique, mais on ne comprends même pas musique qu'on écoute. Mais pour aller encore plus loin, à mon avis, la culture musicale ne peut pas se résumer à une érudition des formes : ça, n'importe quel esthète peut l'acquérir en accumulant les écoutes. Ce qui compte à la limite autant, pour moi, c'est une compréhension des enjeux politiques de la musique qu'on crée/écoute. (Évidemment, je prends ici le terme de "politique" dans son sens noble, lié à l'investissement que chacun.e peut mettre dans une pensée nécessairement normative de "l'être ensemble", et pas au sens des partis politiques qui en dévoient la nature...).

Citation de dröne :

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Hors sujet :

Après, pour poursuivre dans ce hors sujet, je suis d'accord avec toi pour dire que sans une culture musicale étendue, non seulement on ne fait pas de bonne musique, mais on ne comprends même pas musique qu'on écoute. Mais pour aller encore plus loin, à mon avis, la culture musicale ne peut pas se résumer à une érudition des formes : ça, n'importe quel esthète peut l'acquérir en accumulant les écoutes. Ce qui compte à la limite autant, pour moi, c'est une compréhension des enjeux politiques de la musique qu'on crée/écoute. (Évidemment, je prends ici le terme de "politique" dans son sens noble, lié à l'investissement que chacun.e peut mettre dans une pensée nécessairement normative de "l'être ensemble", et pas au sens des partis politiques qui en dévoient la nature...).

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pour le côté verse/chorus/verse de la pop. Oui y a un formatage par définition issu de la commercialisation radiophonique. Maintenant dans l'art, les cadres contraignants sont intéressants (perso le prog me gave) et quand on se penche sur la pop,
1. il y a beaucoup de variations malgré la "rigidité" du format
2. au delà des moyens marketing, il y a un mystère sur ce qui va devenir ou pas un hit "universel" qui transcende les genres, les classes sociales et rester pour certains une référence générationnelle
3. c'est très très dur d'écrire un tube. Ca parait simple mais c'est complexe en terme de songwriting.
4.Le hook, le truc ultra primaire, simple, le truc qui accroche l'oreille et qui donne envie d'écouter jusqu'au bout ou d'éteindre sa radio, ça a quelquechose de plus "authentique" que n'importe quel morceau d'autechre (et j'adore Ae). Dans la vie, la vraie avec des vrais gens ont est attiré par des personnalités, des manies, un façon de parler, des corps, des sourires. On est pas attiré par des concepts, des idées, des monologues qui ne parlent qu'au cerveau gauche. Sans hook pas de bowie, shellac, velvet, de led zep non plus, pas de nirvana, pas de slayer, même dans la techno on a des trucs qui accrochent l'oreille. Si t'as juste un kick générique avec du bruit tu vas vite zapper. C'est un gros soucis dans la musique contemporaine, la techno et le death justement ça manque souvent d'identité. La nuance est que le hook peut être bizarre ou bruyant, c'est vrai que dans la pop ça existe moins.

<mode consensus mou ON>En gros on est d'accord à quelques nuances près.<monde consensus mou OFF>

Mais quand même, tout ceci étant dit au plan théorique, au plan pratique, la variété je peux tout simplement pas : c'est plus fort que moi, j’exècre. J'ai beau adhérer à tous les arguments pragmatiques que tu développes, jamais je ne pourrai me forcer à aimer les artistes que tu as cités plus haut. Ce qui ne m'empêche pas de trouver mon type de simplicité pop ailleurs : c'est juste une question de curseur. Quand j'écoute Dead Can Dance, ou Massive Attack je me vois écoutant de la pop. Pour le reste, Yes et Genesis me gonflent autant que les derniers AE, donc la question ne se situe pas, en ce qui me concerne, dans le fait d'apprécier la technicité en soi. Et d'ailleurs, en tant que rejeton bâtard du punk, j'aurais du mal à me situer simplement sur l'axe technique /pas technique qui ne comporte aucune valeur a priori pour moi. C'est plus l'axe sombre/souriant qui focalise mon attention : la musique festive m'emmerde au plus haut point en fait. Je crois qu'il n'y a d'art musical que là où ça fait mal, que dans un certain rapport à la mort. Ce qui ne signifie pas que la bonne musique serait 100% glauque : si tu écoutes un truc 100% glauque, c'est l'ennui mortel. Ce que j'apprécie, par exemple, avec les vieux Residents, ou d'autres, c'est qu'il y a des éclairs de lumière, voire de joie, pour souligner le sordide. Les bons groupes savent jouer avec ce type de nuances. La variété, à quelques exceptions près, ne sait dire qu'une chose "achetez moi". Ca, ça m'ennuie profondément, ce manque de nuances. Quand je te parlais de Lana Del Rey, que je considère comme une bonne interprète (même si elle est incapable de s'entourer de bons musiciens), c'est parce qu'il y a un côté nostalgique et tristounet dans sa daube pour cagole de banlieue (ou pour maffre, soyons pas macho quoique marseillais dans l'âme ). Mais ça reste quand même de la daube pour cagole. Pareil pour Madonna. Prince, à la rigueur, j'avoue avoir écouté quelques trucs de lui en me disant "tiens, il y a une vraie intelligence dans sa daube pour kakou de salon".

Ce fil est parti loin ^^
ça me fait bien plaisir de voir ici des noms que j'ai pas vu passer depuis longtemps, Venetian Snares, Downliners Sekt, Squarepusher etc. ça fait remonter de bons souvenirs :p Je ne connaissais pas Pete Swanson, merci pour la découverte, ça me plaît bien !
J'ai rencontré pas mal d'artistes quand j'étais journaliste et tous ont une vision différente des choses, c'est dur de généraliser, j'ai rencontré de vrai cons-superstar-je-me-la-pète comme des petits groupes avec un melon énorme. J'ai rencontré des gens simples qui aiment s'amuser, d'autres très sérieux pour qui leur productions sont politiques (au sens noble pour reprendre les mots de Dröne). C'était rarement en rapport avec l'étiquette qu'on leur collait : des cons y en a partout, dans le métal hardcore comme dans la pop, et par extension, des gens bien y'en a partout, dans la jungle comme à l'opéra
Peut-être même que y a des cons qui ont une octatrack ! Non, ça c'est pas possible en fait...