Ecrire de la musique dans le but de la faire correspondre aux éléments visuels d'une vidéo, une activité connue sous le nom d'"illustration musicale", exige un certain savoir-faire qui va au-delà de la simple composition. Dans cette série, nous allons vous montrer de quoi il s'agit et vous fournir une base qui vous aidera à mener à bien vos propres projets de composition.
Un autre monde
Lorsque vous composez de la musique pour des images, vous ne jouissez plus d’une totale liberté d’inspiration car vous travaillez selon des contraintes généralement très strictes. Pour commencer, la durée du morceau (ou des morceaux) que vous écrivez doit respecter le temps imparti dans le clip ou le film. Qu’il s’agisse d’une pub pour la télé, qui dépassera rarement les 30 secondes, ou d’une scène de clip ou de film, non seulement il vous faudra composer la musique qui correspondra à l’émotion, l’atmosphère requise, mais cette musique devra aussi être d’une certaine longueur. En deuxième lieu, on vous demandera certainement de souligner ostensiblement par la musique certains évènements visuels (que l’on nommera des « points clés ») ; et dans cette optique vous devrez savoir comment structurer votre musique pour qu’elle puisse le faire. Troisièmement, on vous demandera le plus souvent de rendre votre travail dans des délais très courts ; il vous faudra donc savoir travailler vite.
Le tempo est l’une des variables essentielles d’un projet de composition
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À moins que vous ne soyez vous-même le producteur de la vidéo, vous aurez à faire face à une autre contrainte : faire plaisir à votre client, qu’il s’agisse du réalisateur d’un film ou d’une série télé, ou encore d’un producteur d’agence publicitaire. Si vous intervenez en tant que compositeur freelance sur le projet de quelqu’un d’autre, ce n’est pas vous qui aurez le dernier mot en matière de création. Vous devez être suffisamment souple et savoir encaisser les coups si vous comptez faire carrière comme compositeur pour le cinéma ou la télévision. Mais ne mettons pas la charrue avant les boeufs. Nous allons commencer avec quelques règles de base.
Les variables
Imaginez que vous chargiez un clip vidéo dans votre STAN, puis choisissiez n’importe quel morceau dans vos archives musicales : vous chargez ce morceau dans votre session, et jouez la vidéo et la musique en même temps. Selon toute vraisemblance, il y aura bien des passages où la musique semble synchronisée avec ce qui se déroule à l’image — par exemple, un certain rythme se fait entendre simultanément à la coupure d’un plan à un autre à l’écran (une transition). Cela ferait encore plus d’effet si ce temps-là était le temps frappé d’une mesure.
Le point de démarrage de la musique par rapport à l’image est un autre paramètre essentiel
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Accélérez ou ralentissez le tempo de la musique, vous remarquerez alors que la relation entre musique et image a complètement changé. Les temps et les évènements visuels qui étaient jusqu’alors synchronisés ne le sont plus, et inversement. Vous créerez un effet similaire en déplaçant le point de départ de la musique d’un photogramme ou deux : les temps de la musique apparaissent en regard d’évènements différents à l’image, qui eux sont fixes dans leur relation au temps qui s’écoule.
Cette petite expérience d’imagination met en lumière deux des plus importants paramètres du travail d’illustration musicale : le tempo et le point de départ de la musique. Il en existe d’autres encore, tels que les changements de pulsation qui peuvent également vous être fort utiles lorsque vous voulez que la musique souligne un point clé donné.
Dans la prochaine partie, nous décrirons pas à pas un projet imaginaire d’illustration musicale pour vous donner un aperçu des rouages à l’oeuvre dans un tel projet.