Le partage de pistes grâce à Internet permet aux musiciens de collaborer à distance, où qu’ils soient dans le monde.
Bien que les formats natifs des DAW soient tous différents, les fichiers audio qu’ils génèrent possèdent des formats standards que les musiciens éloignés les uns des autres peuvent partager facilement. Il suffit de préparer ses pistes correctement pour qu’elles restent toujours synchrones, indépendamment du séquenceur et du système d’exploitation (Mac ou PC) utilisés. C’est simple et aucun logiciel supplémentaire n’est nécessaire. Une DAW, votre musique et une connexion Internet rapide suffisent.
Ensemble, mais séparément
La méthode de collaboration que je vais vous décrire ici ne se fait pas en temps réel mais hors ligne. Autrement dit, les participants au projet n’interviennent pas sur le même fichier au même moment. Ils travaillent séparément sur le même morceau puis s’échangent des fichiers. Par exemple, vous enregistrez un morceau, l’envoyez à une chanteuse pour qu’elle pose sa voix dessus, mais aussi à un claviériste. Tous deux vous renvoient des fichiers que vous pouvez déposer simplement dans le projet de votre séquenceur, toutes les pistes restant parfaitement synchrones. Étant donné qu’il s’agit ici d’une coopération hors ligne, la latence, qui est la difficulté principale d’une collaboration en temps réel, ne fera aucun problème.
Un peu d’organisation
Pour travailler à distance avec plusieurs personnes, le plus simple est de désigner un producteur. Les autres participants deviennent alors les collaborateurs. Dans cette organisation, seul le producteur travaille sur le projet multipiste. Les collaborateurs ne disposent que de mixes témoins pour pouvoir enregistrer leurs parties. Cette organisation n’est pas obligatoire mais elle simplifie le travail en réduisant le nombre de fichiers échangés, ce qui permet d’éviter les confusions entre les différentes versions d’un titre passé entre toutes les mains. Il est aussi recommandé d’opter pour un nombre de bits et une fréquence d’échantillonnage donnés, par exemple WAV en 24 bits et 44,1 kHz, puis de s’y tenir pour toutes les pistes à enregistrer. Ainsi, vous éviterez les conversions inutiles.
Étape par étape
Organisation de base : A) Le producteur envoie un mix de travail aux collaborateurs B) Les collaborateurs envoient au producteur les pistes individuelles qu’ils ont enregistrées |
Voici la description étape par étape d’une collaboration à distance, sachant que, dans cet exemple, vous êtes le producteur et travaillez sur un seul titre avec deux collaborateurs, un chanteur et un guitariste lead. Vous avez déjà fait l’essentiel des pistes rythmiques dans votre DAW et, à présent, vous voulez que les autres musiciens vous envoient leurs prises que vous ajouterez au projet avant de mixer.
1. Faites un mix de travail sans les voix témoins ni les pistes d’instruments qui seront remplacées par les musiciens avec lesquels vous travaillez. Vous pouvez envoyer les pistes témoins séparément. Au besoin, les musiciens pourront les ajouter au mix. Vérifiez que vous avez réglé votre séquenceur pour démarrer le mix au tout début de la séquence. Les séquenceurs expriment le temps différemment, donc le chiffrage peut varier. Par exemple, la séquence commence à 1/1/000 dans Pro Tools mais à 1/1/1/1 dans Logic Pro. Peu importe comment le temps est exprimé, votre séquence doit démarrer au début de la première mesure. Même si la musique n’intervient qu’une ou deux mesures plus tard (voire plus), le fichier audio doit commencer sur le premier temps de la première mesure. Et toutes les pistes témoins créées à partir du projet doivent démarrer à cet endroit, sans quoi vous n’arriverez pas à synchroniser les pistes enregistrées par les musiciens.
Les séquenceurs n’expriment pas tous le début d’une séquence de la même façon |
2. Envoyez le mix témoin sous forme de fichier WAV, AIFF ou MP3 à la chanteuse et au guitariste en indiquant le tempo de la séquence dans le nom du fichier. Le tempo est important : pour enregistrer leurs parties dans leur DAW, les collaborateurs régleront le tempo sur l’original pour que le découpage en mesures corresponde à l’audio, bien entendu à condition d’avoir enregistré le projet au clic. Si ce n’est pas le cas, cette remarque est inutile.
3. Après avoir reçu le mix témoin, que vous leur aurez fait parvenir par email, en FTP ou grâce à un service d’échange de données selon la taille des fichiers, les collaborateurs déposent le mix de référence et les éventuelles pistes témoins dans leur DAW après en avoir réglé le tempo correctement (voir étape 2). Ils peuvent alors enregistrer leurs parties sur des pistes vierges.
A) Des clips audio séparés sur une même piste, sélectionnés pour être fusionnés ensemble et avec l’espace vide au début. B) Partie unique résultant de la fusion. Elle est prête à être exportée sous forme de fichier audio. |
4. Dans leur DAW, les collaborateurs exportent les parties qu’ils ont enregistrées sous forme de fichiers WAV ou AIFF. La méthode la plus simple est d’utiliser la fonction d’export de piste sous forme de fichier. Une autre solution est de mettre la piste à exporter en solo puis de faire un bounce du morceau pour l’écrire sur le disque dur. Quoi qu’il en soit, les pistes que les collaborateurs vous renvoient doivent toutes commencer au début de la séquence. Étant donné que leurs parties ne commencent certainement pas exactement au début de la séquence, les collaborateurs devront procéder comme suit : soit ils mettent leur prise en solo puis bouncent le morceau à partir du temps 1 de la mesure 1 (comme le mix de référence), soit ils ajoutent de l’audio (ça peut être du silence) devant leur prise puis fusionnent les clips pour que la partie commence bien au temps 1 de la mesure 1.