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melodeast
« TRAVERSE LES EPOQUES »
Publié le 19/08/20 à 13:41
Rapport qualité/prix :
Excellent
Cible :
Tout public
Ce Tascam occupera toujours une place particulière, car il m’a permis de faire mes premiers pas dans l’audio. Un grand nombre de musiciens enregistré dans cette machine, ce fut l’occasion de réaliser les premiers mixages, les premières reverbs, écho, chorus, les premiers backs, les premiers drops et j’en passe. En travaillant ainsi, il faut être stratégique pour ne pas effacer ce qui ne sera plus ré-enregistrable, pour ne pas dégrader le son, ne pas trop ajouter de souffle, gérer la synchro, faire des bounces (souvent en mono) sans se planter sur les automations, surtout en fin de chanson… en s’y replongeant, on se rend compte à quel point le métier d’ingé son a évolué. Imaginez-vous aux commandes d’une table de mixage de plus de 48 pistes avec 24 retour magnétos à gérer, sans se planter la moindre fois, sous peine de crisper tout le monde….
J’ai ressorti mon 4 pistes de la cave, poussièreuse, humide et mal isolée. Il trainait là depuis l’arrivée du numérique, malmené, enfoui sous une pile de vêtements. Il aura fallu un bon nettoyage en profondeur, de la bombe de contact, changer la courroie moteur, débloquer le mécanisme d’armement, le mécanisme des touches de transport pour que cette machine rescucite. Quel bonheur de retrouver ses premières maquettes et ses albums préférés de l’époque. Cette retrouvaille avec le portastudio m’a permis de prendre du recul, de me replonger dans le passé, dans l’univers du tout analogique.
Produit au début des années 80, ce Portastudio est à considérer comme deux machines en une : une table de mixage 12 canaux (4 pistes mono et 4 pistes stéréo) et un magnétophone 4 pistes. Je ne reviendrai pas sur les caractéristiques techniques mais il est incontestable que cet appareil est un aboutissement, un modèle mur comme le remarquait Oliviercool sur ce site. En le démontant et à l’usage, on prend la mesure de l’ingéniosité en tout point: l’architecture interne et externe, la disposition des cartes, des composants, le nombre impressionnant de fonctions pour si peu d’espace, d’encombrement et de poids. On comprend alors le nom de PORTASTUDIO, un studio portatif, le premier en son genre. Ce tout-en-un est conçu pour pouvoir enregister 12 canaux sommés en stéréo, envoyés sur deux pistes du magnéto, puis dans un second temps la même chose sur les deux autres pistes. Soit 24 canaux à l’enregistrement plus à nouveau 12 canaux synchronisés lors de l’export, soit potentiellement 36 en tout, pour le peu que l'on parvienne (miraculeusement) à exploiter la totalité des fonctions. 36 canaux sur cassettes, sans compter les bounces, c’est une révolution pour l’époque. Ce qui fait d’elle une machine iconique, un classique, à l’image des MPC chez Akaï et des TR de chez Rolland.
Concernant la table de mixage :
Essentiellement composée d’opamp JRC 4560, ce n’est pas le grand luxe, d’autant plus qu’il sont au format SIP, un ancien format qui a été quasiment abandonné aujourd’hui. Donc compliqué d’upgrader. Conernant les condensateurs, films pour la majorité d’entre eux, un bon point tant pour le son que pour la durée de vie. La quasi-totalité des fiches sont des rca cinch, assymétriques, pas plus gênant que ça mais pas ideal du tout pour une intégration dans un homestudio moderne
Les 4 préamplis micros transistors sont disposés sur une carte dédiée ce qui est bon signe. Seulement on se rend compte à l’usage qu’ils soufflent assez rapidement, que le son n’a rien d’exceptionnel. Ça manque de précision et de relief selon moi. Pas de 48v, c’est très restrictif, voir rédhibitoire. Donc mieux vaut utiliser des préamp externes.
Les equalizer sont convenables. Pas très efficaces, pour les extemes en shelf, il faut un peu insister (>3dBs) pour entendre quelquechose. Les fréquences fixes sont plutôt bien choisies. Les deux bandes médium semi paramétriques sont du même acabit, tout de même très pratique pour intégrer dans un mix. Donc un equalizer étonnament complet, malgré l’absence de coupe bas et de beauté sonore. Il fait le job
Deux envois monos par pistes, soit un envoi stéréo c’est pas énorme. Deux de plus n’eurent été de trop. On peut éventuellement en gagner un en trichant en se servant du controleur de monitoring comme master.
Deux inserts post eq et pré fader sur les deux premières pistes. Cela permet de s’afranchir des deux première sections et d’atteindre, via un unique buffer 4560, soit la section master, soit le magnétophone en mode direct. Vu la qualité moyenne du mixer, on aurait aimé des inserts sur les 4 pistes ! surtout que c’est très simple à implanter
Le contrôleur de monitoring est simple, clair et très complet donc satisfaisant.
Concernant le magnétophone
Une grosse plaque d’aluminium pour séparer du mixeur. Pourquoi pas.
Le transfo d’alimentation au plus près du magnéto. Bof. Certain disent que ça ajoute du bruit, pour ma part, je ne peux peux pas l’affirmer.
Toujours ces 4560 et ces condensateurs plastiques dans les préamplis.
Après nettoyage des têtes à l’isopropyle, démagnétisation, niveau de bruit étonnament élevé, même avec mes meilleures cassettes, high bias type 2, le format requis pour ce modèle. Même choses en lecture de cassettes commerciales.
Deux têtes seulement. Quel dommage. Une troisième, permettant de dissocier la lecture de l’enregistrement (effacement, écriture, lecture) aurait permis d’entendre directement l’enregistrement sur bande et de le comparer à la source afin d’ajuster parfaitement les niveaux
Le filtre DBX : ultra efficace pour le bruit, il change complètement le son. Beaucoup plus de bas medium et d’épaisseur selon moi. Un son plein, riche et agréable. Ceci-dit, on entend parfois l’action de la gate sur des queues de reverbs. Peut-être des erreurs de manips de ma part. Normalement, il faut enregistrer ET lire selon le même mode (réducteur de bruit activé ou non). Beaucoup plus de bruit en mode normal, mais réponse nettement plus conforme à l’originale selon moi.
Vitesses de lecture normale et rapide avec ajustement du pitch. Diminuer la vitesse altère la réponse dans le haut du spectre.
Avec le mode direct ou non, les niveaux, le réducteur de bruit, la vitesse du cabestan, ça laisse énormément d’options ! Ceci dit, beaucoup (trop) de bruit sans le réducteur DBX et une troisième tête manquante
Alors que conclure… En réécoutant mes cassettes et en enregistrant, j’ai immédiatement été propulsé dans les années 80. Ce son, si particulier des cassettes, je l’ai immédiatement retrouvé. Un vrai plaisir. A mon sens, ce qui à permis ce voyage dans le passé, c’est toutes les imperfections, tant au niveau du mixer, que du magnéto. Le mixeur ne tient pas la route, face à des machines dédiées plus sérieuses. Le magneto idem ; je fut surpris de la comparaison avec mon Revox G36 (bandes 1/4" et 7.5 ips, donc pas grand-chose à voir) qui fut pourtant construit 30 ans plus tôt. La précision, notament dans les basses est sans appel. La définitions générale n’a rien à voir. Sans même parler du rapport signal bruit. C’est probablement la raison pour laquelle cette machine était avant tout destinée à l’élaboration de maquettes. Cette machine est donc à considérer d’avantage comme un « outil spécial lofi retro 80s sound » qu’un épicentre de home studio
Cepandant, c’est aussi ce qui fait son charme. Et soulignons que dans un sac à dos, on fait rentrer un vrai studio vintage 36 pistes au format cassette. D’autant plus qu’avec un peu de créativité, j’ai la conviction qu’il est possible de faire des choses magnifiques avec, jouer des caractéristiques sonores de cet outil génial, tels que l’on fait Bruce Springsteen et son pote guitariste en 1982, munis de simples SM57. C’est bien la preuve qu’on peut faire des choses énormes avec peu.
J’ai ressorti mon 4 pistes de la cave, poussièreuse, humide et mal isolée. Il trainait là depuis l’arrivée du numérique, malmené, enfoui sous une pile de vêtements. Il aura fallu un bon nettoyage en profondeur, de la bombe de contact, changer la courroie moteur, débloquer le mécanisme d’armement, le mécanisme des touches de transport pour que cette machine rescucite. Quel bonheur de retrouver ses premières maquettes et ses albums préférés de l’époque. Cette retrouvaille avec le portastudio m’a permis de prendre du recul, de me replonger dans le passé, dans l’univers du tout analogique.
Produit au début des années 80, ce Portastudio est à considérer comme deux machines en une : une table de mixage 12 canaux (4 pistes mono et 4 pistes stéréo) et un magnétophone 4 pistes. Je ne reviendrai pas sur les caractéristiques techniques mais il est incontestable que cet appareil est un aboutissement, un modèle mur comme le remarquait Oliviercool sur ce site. En le démontant et à l’usage, on prend la mesure de l’ingéniosité en tout point: l’architecture interne et externe, la disposition des cartes, des composants, le nombre impressionnant de fonctions pour si peu d’espace, d’encombrement et de poids. On comprend alors le nom de PORTASTUDIO, un studio portatif, le premier en son genre. Ce tout-en-un est conçu pour pouvoir enregister 12 canaux sommés en stéréo, envoyés sur deux pistes du magnéto, puis dans un second temps la même chose sur les deux autres pistes. Soit 24 canaux à l’enregistrement plus à nouveau 12 canaux synchronisés lors de l’export, soit potentiellement 36 en tout, pour le peu que l'on parvienne (miraculeusement) à exploiter la totalité des fonctions. 36 canaux sur cassettes, sans compter les bounces, c’est une révolution pour l’époque. Ce qui fait d’elle une machine iconique, un classique, à l’image des MPC chez Akaï et des TR de chez Rolland.
Concernant la table de mixage :
Essentiellement composée d’opamp JRC 4560, ce n’est pas le grand luxe, d’autant plus qu’il sont au format SIP, un ancien format qui a été quasiment abandonné aujourd’hui. Donc compliqué d’upgrader. Conernant les condensateurs, films pour la majorité d’entre eux, un bon point tant pour le son que pour la durée de vie. La quasi-totalité des fiches sont des rca cinch, assymétriques, pas plus gênant que ça mais pas ideal du tout pour une intégration dans un homestudio moderne
Les 4 préamplis micros transistors sont disposés sur une carte dédiée ce qui est bon signe. Seulement on se rend compte à l’usage qu’ils soufflent assez rapidement, que le son n’a rien d’exceptionnel. Ça manque de précision et de relief selon moi. Pas de 48v, c’est très restrictif, voir rédhibitoire. Donc mieux vaut utiliser des préamp externes.
Les equalizer sont convenables. Pas très efficaces, pour les extemes en shelf, il faut un peu insister (>3dBs) pour entendre quelquechose. Les fréquences fixes sont plutôt bien choisies. Les deux bandes médium semi paramétriques sont du même acabit, tout de même très pratique pour intégrer dans un mix. Donc un equalizer étonnament complet, malgré l’absence de coupe bas et de beauté sonore. Il fait le job
Deux envois monos par pistes, soit un envoi stéréo c’est pas énorme. Deux de plus n’eurent été de trop. On peut éventuellement en gagner un en trichant en se servant du controleur de monitoring comme master.
Deux inserts post eq et pré fader sur les deux premières pistes. Cela permet de s’afranchir des deux première sections et d’atteindre, via un unique buffer 4560, soit la section master, soit le magnétophone en mode direct. Vu la qualité moyenne du mixer, on aurait aimé des inserts sur les 4 pistes ! surtout que c’est très simple à implanter
Le contrôleur de monitoring est simple, clair et très complet donc satisfaisant.
Concernant le magnétophone
Une grosse plaque d’aluminium pour séparer du mixeur. Pourquoi pas.
Le transfo d’alimentation au plus près du magnéto. Bof. Certain disent que ça ajoute du bruit, pour ma part, je ne peux peux pas l’affirmer.
Toujours ces 4560 et ces condensateurs plastiques dans les préamplis.
Après nettoyage des têtes à l’isopropyle, démagnétisation, niveau de bruit étonnament élevé, même avec mes meilleures cassettes, high bias type 2, le format requis pour ce modèle. Même choses en lecture de cassettes commerciales.
Deux têtes seulement. Quel dommage. Une troisième, permettant de dissocier la lecture de l’enregistrement (effacement, écriture, lecture) aurait permis d’entendre directement l’enregistrement sur bande et de le comparer à la source afin d’ajuster parfaitement les niveaux
Le filtre DBX : ultra efficace pour le bruit, il change complètement le son. Beaucoup plus de bas medium et d’épaisseur selon moi. Un son plein, riche et agréable. Ceci-dit, on entend parfois l’action de la gate sur des queues de reverbs. Peut-être des erreurs de manips de ma part. Normalement, il faut enregistrer ET lire selon le même mode (réducteur de bruit activé ou non). Beaucoup plus de bruit en mode normal, mais réponse nettement plus conforme à l’originale selon moi.
Vitesses de lecture normale et rapide avec ajustement du pitch. Diminuer la vitesse altère la réponse dans le haut du spectre.
Avec le mode direct ou non, les niveaux, le réducteur de bruit, la vitesse du cabestan, ça laisse énormément d’options ! Ceci dit, beaucoup (trop) de bruit sans le réducteur DBX et une troisième tête manquante
Alors que conclure… En réécoutant mes cassettes et en enregistrant, j’ai immédiatement été propulsé dans les années 80. Ce son, si particulier des cassettes, je l’ai immédiatement retrouvé. Un vrai plaisir. A mon sens, ce qui à permis ce voyage dans le passé, c’est toutes les imperfections, tant au niveau du mixer, que du magnéto. Le mixeur ne tient pas la route, face à des machines dédiées plus sérieuses. Le magneto idem ; je fut surpris de la comparaison avec mon Revox G36 (bandes 1/4" et 7.5 ips, donc pas grand-chose à voir) qui fut pourtant construit 30 ans plus tôt. La précision, notament dans les basses est sans appel. La définitions générale n’a rien à voir. Sans même parler du rapport signal bruit. C’est probablement la raison pour laquelle cette machine était avant tout destinée à l’élaboration de maquettes. Cette machine est donc à considérer d’avantage comme un « outil spécial lofi retro 80s sound » qu’un épicentre de home studio
Cepandant, c’est aussi ce qui fait son charme. Et soulignons que dans un sac à dos, on fait rentrer un vrai studio vintage 36 pistes au format cassette. D’autant plus qu’avec un peu de créativité, j’ai la conviction qu’il est possible de faire des choses magnifiques avec, jouer des caractéristiques sonores de cet outil génial, tels que l’on fait Bruce Springsteen et son pote guitariste en 1982, munis de simples SM57. C’est bien la preuve qu’on peut faire des choses énormes avec peu.