Synthétiseurs: Les prototypes, exemplaires uniques, commandes spéciales (hors DIY amateurs)
- 238 réponses
- 18 participants
- 11 293 vues
- 28 followers

oryjen

Le topic "LES RARETES" analogiques m'a permis plusieurs fois, au cours de mes recherches, de tomber sur des fabrications uniques souvent étonnantes, parfois célèbres car utilisées par des musiciens en vue, mais n'entrant pas à proprement parler parmi "LES RARETES", consacré aux fabrications de série (même à peu d'exemplaires).
J'ai donc eu l'idée d'ouvrir ce sujet, qui, ça en amusera plus d'un, est aussi ouvert aux prototypes numériques

Il n'est pas ici question de limite d'époque: Tout est admis.
Je commence avec le Telharmonium, construit en 1897 par l'américain Thaddeus Cahill.

Construit sur le principe de la "roue phonique", qu'il inaugure: une roue métallique crantée tourne devant une bobine, générant un courant électrique dont la fréquence est déterminée par la largeur et la profondeur des crans, à la manière d'une dynamo.


Il sera construit en trois exemplaires, trois versions de plus en plus énormes (le premier exemplaire sur la photo du haut), le second exemplaire pesant 200 tonnes et ayant nécessité un train de 30 wagons pour être acheminé vers son lieu d'installation définitif.




L'idée commerciale de Cahill était, à l'aide de sa machine, de monnayer la diffusion de musique par le tout nouveau réseau téléphonique américain. Il créa donc à cet effet une société, dont les activités se prolongèrent malgré de grandes difficultés financières jusqu'en 1914.
Jusqu'en 1910 ce fut un succès, jusqu'à ce que les usagers du téléphone ne commencent à se plaindre des interférences propagées sur le réseau par cette machine surpuissante (le son en sortie, injecté directement dans le réseau téléphonique, avait une puissance électrique de plus d'1A).
La troisième version, terminée en 1911 et encore plus démesurée que la seconde, ne retrouvera pas le succès, et la société couverte de dettes périclita à l'aube de la première guerre mondiale.
Cet improbable engin étant le premier artefact à générer du son destiné à produire de la musique, on peut considérer qu'il s'agit là du tout premier synthétiseur.
Le principe de la roue phonique, miniaturisé, sera repris quelques années plus tard pour donner l'orgue Hammond.
Lien vers la page Wiki où j'ai trouvé toutes ces infos:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Telharmonium
--------------------------------------------------------------------------------
L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.
[ Dernière édition du message le 05/02/2022 à 13:01:31 ]

erewhon

A 4'02" dans la vidéo, rien d'autre à ce jour:
Le plus majestueux des chênes n'était autrefois rien d'autre qu'un pauvre gland...

oryjen

Ca tourne tout de même pas mal bricoles et modifications dans ce studio...
--------------------------------------------------------------------------------
L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.

erewhon

Le plus majestueux des chênes n'était autrefois rien d'autre qu'un pauvre gland...

erewhon

Le plus majestueux des chênes n'était autrefois rien d'autre qu'un pauvre gland...

oryjen

--------------------------------------------------------------------------------
L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.

oryjen


Le prototype du Synton Syrinx, baptisé "Syrinx 716" par son créateur Félix Visser, Hollande, 1973.
Equipé de circuits Curtis CEM dans sa version finale et commerciale enfin sortie en 1982, et distribuée par Bob Moog via sa société Big Briar, le Syrinx fut une autre victime de l'ouragan DX7 et connut une fin de production prématurée en 1983.
Synton mit une dizaine d'années à se relever de cette catastrophe et revint sur le marché avec une merveille analogique modulaire, le rarissime Fénix1, construit à l'unité et sur commande par Félix Visser et Bert Vermeulen, qui sera suivi quelques années plus tard par une version (unique je crois) du Fénix 2 assorti d'un immense panneau séquenceur, puis commercialisé ensuite en deux modules séparés appelés Fénix 2 (synthétiseur) et Fénix 3 (séquenceur).
Rarissimes aussi!
Fénix GT, le prototype réunissant à l'origine les Fénix 2 et 3:

Très récemment, les deux compères récidivèrent avec un modulaire totalement refondu intégrant pas mal de fonctions numériques, ouvrant à des possibilités de modulation et de routage inouïes.
Je vous le poste ici, parce que je crois qu'il n'en existe pour l'instant qu'un seul exemplaire de démonstration:

Entretemps, Syntonovo avait finalisé (2019) le projet PAN, un monstrueux monophonique bi-timbral à 8 oscillateurs reprenant la gigantesque matrice de modulation du Fénix2 sous forme numérique (écran tactile), et doté d'un clavier hyper-expressif sur lequel chaque touche peut être actionnée sur trois axes en plus du déclenchement de la note: Aftertouch traditionnel pour moduler le TIMBRE (VCF), avant-arrière pour moduler le VOLUME (VCA), et latéralement pour moduler le PITCH (VCO).
Cet engin extraordinaire et à l'allure résolument novatrice est construit sur commande et à l'unité pour un peu moins de 4000€:
Le prototype #1(au début baptisé "Pop Analog", mais c'est la même idée qui donnera le Pan):

Le prototype #2:

La version commerciale finale:

Félix Visser, le délirant génie auteur de ces folies:

--------------------------------------------------------------------------------
L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.
[ Dernière édition du message le 16/03/2022 à 10:08:06 ]

Coramel


La belle photo du proto 716 est un peu flou, mais il parait magnifique.
Et il y a même une version grand trourisme des Fenix

Je ne connaissais pas le Pan, qui me parait un bon héritier du fantastique Syrinx.
L'espèce de plaque noire qui pouvait servir de pitchbend et/ ou de modwheel sur le Syrinx est ici au nombre de deux. Etrange.
En tous cas, je le trouve très désirable sur cette photo. J’irai me renseigner sur lui.
Présentez vous sur AudioFanzine

oryjen

--------------------------------------------------------------------------------
L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.

Coramel

Tu as rajouté la photo du modèle final ou c’est moi qui avait mal vu ?
J’en étais resté au prototype numéro 2
Présentez vous sur AudioFanzine

oryjen

Perso j'ai une tendre préférence pour le premier ou le second (visuellement parlant).
--------------------------------------------------------------------------------
L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.

erewhon

Perso j'ai une tendre préférence pour le premier ou le second (visuellement parlant).
Pareil, choix audacieux ces capuchons lumineux aux couleurs pastel, pas fan bien que ce soit sans doute motivé par soucis d'ergonomie vu qu'il me semble que les fonctions de chaque canal de synthèse se les partagent ...
Le plus majestueux des chênes n'était autrefois rien d'autre qu'un pauvre gland...

Coramel

J’avais pas vu le définitif, donc. Il est… particulier.
Présentez vous sur AudioFanzine

fungusimperator

[ Dernière édition du message le 16/03/2022 à 19:26:45 ]

oryjen

--------------------------------------------------------------------------------
L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.

fungusimperator

J'ai le même genre de problème avec les Serge : j'aime les sons qui en sortent quand un autre en joue mais quand j'essaye, je suis frustré, je trouve que ce n'est ni intuitif ni inspirant et je ne fais rien de bon.
Mébon, j'ai par exemple un pote qui adore le Serge et n'a jamais réussi à se sentir à l'aise avec son Synthi et a fini par le revendre.
Question de personnalité sans doute...

oryjen

Le MkI était d'un abord plus "amical", et il me semble que le Mk4 est meilleur aussi de ce point de vue.
Pour cette raison précise j'aime les façades des Korg MS/PS, des Buchla, des Polyfusion, des Salamander modular, des premiers SH, etc (et les Synthis aussi bien sûr!): Taille et disposition des contrôles diffèrent selon les modules: On a un repère visuel immédiat par la FORME, pas seulement par le libellé ou la position, par conséquent l'intuition et l'inspiration se greffent dessus facilement.
--------------------------------------------------------------------------------
L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.
[ Dernière édition du message le 17/03/2022 à 09:55:13 ]

oryjen


L'un des premiers prototypes formellement achevés de Bob Moog. 1964.
--------------------------------------------------------------------------------
L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.

vilak

Tu penses qu'il n'avait pas encore pensé à faire du compact ou juste qu'il n'a pas trouvé ça judicieux?

oryjen


Il est très connu, bien qu'il n'en existe qu'un seul exemplaire, récemment restauré (malgré la finition impeccable de qualité industrielle, il s'agit donc bien d'un prototype).
L'un des projets fous de Mario Maggi, qui concevra juste un peu plus tard sa plus grande réussite: le Synthex.
Tout simplement le premier synthé à mémoires électroniques. (avant il y avait eu l'EML Synkey2001, à mémoires par cartes perforées).
Des possibilités de routage et de modulations extraordinaires.
Inabordable je pense, en production commerciale, avec la technologie de l'époque.
Description complète avec deux pages de specs in extenso ici:
https://www.synthmuseum.com/ase/asemcs7001.html
Un autre prototype (modulaire) de Mister Maggi(c), daté du tout début des 70's:

--------------------------------------------------------------------------------
L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.

erewhon




Le plus majestueux des chênes n'était autrefois rien d'autre qu'un pauvre gland...
[ Dernière édition du message le 19/03/2022 à 11:36:40 ]

oryjen

(by the way, les protos numériques ont aussi leur place ici!)
D'ailleurs:

En 1972, un ingénieur australien de chez Motorola, Tony Furse, bricole un synthé hybride sur la base du microprocesseur Motorola 6800.
Deux exemplaires, coûts de production à l'époque prévus comme abyssaux, commercialisation impossible.
Ce modèle, le Quasar 1, et son successeur le Quasar 2 (développé avec l'aide du compositeur Don Banks, qui lui décrochera des fonds gouvernementaux pour développer son projet, et qui commandera plusieurs machines chez EMS, dont le prototype VCS1 cité plus haut), resteront à l'état de prototypes.

Le Quasar 2, Duophonique.
L'aventure continuera avec un modèle plus puissant et plus compact, intégrant une interface informatique en remplacement des potars (quel dommage) afin d'"optimiser les coûts de production" (vous la connaissez par coeur celle-là, hein, cette chansonnette qui vous explique que tout va devenir beaucoup plus abordable (on vous vend au passage le côté "pratique", "compact" et "peu encombrant" quoique beaucoup moins fun si vous acceptez de devenir raisonnables...): Hé oui, ce qui coûte cher dans un synthé, c'est le contrôle manuel!
Ce nouveau projet sera baptisé d'abord Quasar M8:

Bon, là on commence à le voir arriver, pas vrai?
Version tardive, en blanc:

Devinette: Devant le succès du projet, qui avance très rapidement et gagne en puissance, Tony Furse monte une nouvelle société afin de mettre la machine en production, qui s'appelle?

--------------------------------------------------------------------------------
L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.
[ Dernière édition du message le 19/03/2022 à 11:59:22 ]

erewhon

Le plus majestueux des chênes n'était autrefois rien d'autre qu'un pauvre gland...

Coramel


Présentez vous sur AudioFanzine

kosmix

Ce nouveau projet sera baptisé d'abord Quasar M8:
Et qui est donc un prototype de radio-réveil

Putain Walter mais qu'est-ce que le Vietnam vient foutre là-dedans ?

oryjen


'tain, ils étaient super-chouettes ces Quasars tout de même....
Quelle capilotade!
Tout ça pour jouer du 6800 (8 bits), tu parles d'une histoire...

Solution des jeux: La nouvelle société s'appelait donc Fairlight, bien sûr!
--------------------------------------------------------------------------------
L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.
- < Liste des sujets
- Charte