Des applications concrètes de la compression multibande

Je viens de parcourir les 6 pages de ce topic, et soit j'ai mal lu, soit j'ai bien lu et il n'y a absolument aucun exemple concret avec du son à l'appui...... ;) (malgré le titre du topic)

... Bon je n'ai pas d'exemple concret à proposer donc je ne fais pas mieux que vous...

... Mais je reste persuadé qu'un exemple audio fait par une personne qui maîtrise vraiment bien cette outil (multiband comp)  serait d'une utilité incomparable pour nous autres... :)

Citation de : jebb6667

Je viens de parcourir les 6 pages de ce topic, et soit j'ai mal lu, soit j'ai bien lu et il n'y a absolument aucun exemple concret avec du son à l'appui...... ;) (malgré le titre du topic)

...à mon grand dam

Depuis 6 ans, j'ai quand même obtenu en expérimentant quelques réponses à mes questions d'il y a 6 ans (qui amènent d'autres questions, mais je ne les poserai pas ici, je sais que c'est peine perdue).

Une question qui revient souvent sur AF et ailleurs : "mais... un compresseur multibande, c'est un peu pareil qu'un EQ paramétrique, ou un enchaînement EQ/compresseur broadband" ? Alors oui, c'est un peu pareil, mais ça reste différent ; tout simplement parce que les réglages ne sont pas les mêmes ; et que, rien qu'en réfléchissant sur la liste des paramètres disponibles, on sait qu'on n'obtiendra pas les mêmes résultats.

Première différence : un compresseur possède des réglages de seuil (threshold), ratio, attaque et release, là où un égaliseur ne propose qu'un réglage de gain.

Votre chanteur crie "PuTain d'SSSSa mère" dans le micro. Si vous traitez ça avec EQ + compression, il va se passer ceci :

- Vous égalisez à -4db vers 500hz pour les plosives, et autant vers 7khz pour les sifflantes. Donc, quand le chanteur va dire "PuTain", vous aurez -4db dans les aigus ; et quand il va dire "Sa", vous aurez -4db dans le bas-médium. Un régal à mixer...

- quant au compresseur, puisqu'il agit indifféremment sur tout le spectre, il va compresser à mort toutes les fréquences de la voix sur le 'P', un peu moins sur le 'T', et presque pas sur le 'S'.

Avec un compresseur multibande, vous n'aurez pas ce genre de souci. Est-ce que pour autant, on peut se permettre des réglages hétérogènes d'une bande à l'autre ? C'était le sens de ma question initiale, et j'ai au moins un élément de réponse concernant l'attaque et le seuil (associé au ratio).

Si vous compressez en multibande un son atteignant -10db à 500hz et -20db à 4khz, l'avantage d'une compression broadband, c'est qu'elle garantit une compression régulière sur tout le spectre. Si vous optez pour le multibande, c'est à vous de régler les seuils et les ratios pour qu'il y ait à peu près autant de réduction de gain à 500 et à 5000 ; si vous réglez les seuils au même niveau (par exemple -15db), vous dénaturez le son. Donc : régler chaque bande pour obtenir une réduction de gain à peu près équivalente.

Concernant l'attaque, j'ai lu à plein d'endroits qu'il faut laisser l'onde se former pour éviter que l'effet d'un compresseur (y compris broadband) ne soit pas complètement déconnant. Du coup, pour ne pas faire trop de dégâts avec ce paramètre, il suffit de ne pas descendre sous un réglage minimum pour éviter de déclencher la compression à tort et à travers. Par exemple, vous réglez vos fréquences de crossover à 100hz, 500hz et 5khz : réglez votre attaque au minimum à "beaucoup", 10ms, 2ms et 0,2ms. Avec peut-être pour résultat de ne pas avoir une compression suffisamment efficace à l'arrivée, puisqu'on laisse échapper pas mal de transitoires. Mais c'est un autre débat...

Reste le release ; paramètre hyper-important, avec lequel j'ai toujours autant de mal six ans après...

Deuxième différence : un compresseur multibande est conçu pour agir de façon continue sur tout le spectre, alors qu'avec un EQ paramétrique multibandes vous faites vos réglages à la mimine. Je ne suis pas clair, je sais.

Mettons que vous réglez vos fréquences de coupure à 100hz, 500hz et 5khz. Entre 100 et 500, vous compressez fort (7:1) en laissant passer les transitoires (attaque 20ms) ; entre 500 et 5k, vous compressez plus légèrement (2:1) avec une attaque rapide (2ms). Musicalement, ce sont des réglages idiots, mais ça va m'aider à expliquer ou je veux en venir.

La question est : que se passe t-il à exactement 500hz ? Le compresseur multibande va appliquer une sorte de moyenne pondérée des deux réglages ; avec pour résultat que sur l'ensemble du spectre, l'effet du compresseur va ressembler à une ligne brisée.

Si vous essayez de faire la même chose avec un EQ paramétrique, ce sera à vous seul de faire en sorte que le recoupement fréquentiel soit bon. Si vos bandes sont trop étroites, il y aura des trous (des fréquences non couvertes) ; si elles sont trop larges, les fréquences recoupées seront trop altérées.

Pour conclure, "on" nous parle de la compression multibande comme d'un truc à ne pas toucher ; parce que "c'est pour les grands", "c'est dangereux", "de toute façon, Phil Spector ne s'en sert pas", ou je ne sais quoi d'autre. C'est très difficile et dangereux ; mais ça ne l'est pas plus que le combo Eq avec automation de gain / compression broadband qu'il faut mettre en oeuvre si l'on n'ose pas toucher au multibande.

Voilà où j'en suis six ans plus tard.

Ok merci beaucoup pour ton message. Je vais essayer de méditer cet exemple avec les variations de volume sur la voix , et essayer de bien comprendre comment un multiband comp peut améliorer cela!

En fait, il faut essayer de se passer de ce genre d'outil, puisque c'est difficile à utiliser. Mais quand on se rend compte que l'on met en oeuvre une compression (broadband), et une égalisation avec automation... là, on peut se dire qu'on est en train de tenter de reproduire à la main, exactement ce que fait un comp multibande ; et donc, on peut conclure que puisqu'il existe un outil qui fait exactement ce dont on a besoin, autant l'utiliser.

Il y a une troisième différence (rapport à mon post précédent) dont j'ai oublié de parler, c'est qu'un compresseur agit proportionnellement au niveau d'entrée, à l'inverse de l'EQ qui a une action constante.

Votre chanteur alterne phrase chuchotées, avec néanmoins beaucoup de sifflantes, des hurlements, et un passage en scat avec un niveau faible mais plein de plosives. Si vous égalisez avec -4db tout le long du morceau les fréquences à problèmes, ce sera parfois trop et parfois trop peu. Donc, vous vous dites, automation : j'enlève 2db tout le long du passage en scat, 3 à 6db pile à l'endroit des plosives dans les phrases hurlées, rien le reste du temps ; et pour les variations d'automation, je regarde au cas par cas ce qui sonne le mieux entre variation linéaire, exponentielle ou logarithmique, ou je le fais moi-même en bougeant le potard à la main ; et puis je décale 20ms avant à tel endroit, 30ms après à tel autre, parce que les variations sont trop brusques ou pas assez, et... STOP ! Vous êtes en train de passer des heures à bricoler à la main l'effet d'un compresseur multibande !

Alors ? Vous connaissez les fréquences centrales sur lesquelles vous avez besoin d'agir ; vous avec une bonne idée du résultat que vous avez envie d'entendre. Yapuka ! Non ?

Cela dit, pour être honnête, je n'utilise pas un vrai comp multibande sur la voix. J'ai trouvé un autre compromis avec :

- EQ (avec automation, mais qui ne dépasse pas 2 ou 3 dans un morceau)

suivi de

- déesseur, avec un réglage bourrin comme il faut. Parce que si vous n'osez pas vraiment sabrer les sifflantes, quand vous envoyez la voix sur le bus de réverbe, ça vous en remet une tonne

suivi de

- compresseur broadband. Comme les sifflantes sont atténuées en amont, le compresseur se déclenchera sur les fréquences naturelles les plus puissantes