Steelcore
« All you need is fuzz, Matamp is all you need »
Publié le 23/08/21 à 03:01
Rapport qualité/prix :
Excellent
Cible :
Les utilisateurs avertis
Vous venez d’exploser un énième clavier d’ordinateur contre un mur la faute à ce damné bounce de Protools qui a encore planté ? Vous venez de ressortir du placard votre huit pistes à bande ? L’homme de Neandertal qui sommeille en vous se cherche un ampli sauvage qui ne vous demandera pas la dernière mise à jour de ce simulateur que vous n’utilisez plus, tellement il ne sonne pas ? Il se pourrait que le très britannique atelier RadioCraft détienne la solution… pour peu que vous daigniez encore allumer votre PC/Mac pour aller passer commande à www.matamp.co.uk
Aujourd’hui basé à Meltham, à mi-chemin entre Leeds et Manchester, RadioCraft monte des produits retro comme on n’en fait plus beaucoup. Des amplis qui ressemblent à de grosses pédales de fuzz nourries aux lampes. De l’électronique à l’ancienne comme on l’aimait au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Ah, je vois un sourire carnassier se dessiner sur ce visage désespéré. Oui on va vous parler d’avant quand c’était mieux. Vous avez frappé à la bonne porte.
BOUTIQUE
Le flag ship de Matamp n’est autre que le mythique GT120, l’ancêtre des amplis Orange. Ici la boucle ne risque pas de lâcher : elle est dépourvue de tout réglage. Du multi watts ? Certainement pas : 120 watts lâchés dans la nature, prends ça dans les dents. C’est du brutal, du minimaliste aux antipodes des gadgets à la sauce obsolescence programmée.
Cet ampli a été conçu par Mat Mathias, un Allemand arrivé à Leeds en 1939, décédé en 1993. Le bonhomme a fondé RadioCraft en 1945 à Huddersfield, d’abord pour réparer des radios et des télés, puis des amplis pour ensuite en concevoir, histoire de répondre à la demande des musiciens qui venaient dans son studio d’enregistrement. On est loin du premier Marshall inspiré du Fender Bassman. Ici le design est totalement original.
Au début des années 60, Mat Mathias s’associe à son ami Tony Emerson. Un spécialiste de la hi-fi. Leur tout premier ampli sort en 1962 et en 1964, le nom de Matamp apparait. Il s’agit de l’abréviation de Mat And Tony (MAT) AMPlifiers (AMP).
La marque attire alors un musicien du nom de Peter Green. Oui LE Peter Green de Fleetwood Mac. Et maintenant vous comprenez pourquoi le GT120 d’aujourd’hui arbore un tolex vert pétant. Avec cet ampli, c’est la Saint-Patrick tous les jours. Il fait d’ailleurs partie de la gamme Green Matamp : le tolex en rexine est vert, les parties métalliques et la grille des baffles sont en noir. Si vous n’aimez pas le vert, pas de souci, la gamme Retro se décline en tolex noir avec grille beige. Et comme on est dans la catégorie custom shop, vous pouvez leur commander toutes sortes de couleurs, les plus excentriques comme les plus sobres. Mais là, il vous faudra attendre longtemps, très longtemps avant d’avoir une première réponse à votre dixième mail… Les autres n’ont pas été lus ! Atelier qu’on vous dit. Pas de service client ou communication ici.
1969
Peter Green a enregistré le titre Albatross en 1968 avec le tout premier ampli Matamp. Fleetwood Mac est parti en tournée aux USA en janvier 1969. Mat Mathias était avec eux, chargé de la maintenance des amplis. C’est pendant cette tournée qu’est né le GT120. Mat Mathias a observé les dégâts du transport sur ses amplis pour les améliorer en y mettant des poignées idiosyncratiques et un châssis en acier, entre autres. Le GT120, c’est donc un Matamp repensé après un passage au crash test.
Parallèlement, en s’associant à Cliff Cooper, patron du magasin Orange à Londres, Mat Mathias a produit les amplis Orange-Matamps. Ceux-là même utilisés par Jimmy Page et Tony Iommi. Ce partenariat a permis à la marque de dépasser les ventes de Marshall. Comme Mat Mathias n’a jamais voulu produire à grande échelle, tout comme Mike Soldano d’ailleurs, le partenariat a pris fin au début des années 70.
1999
En 1991 la société a été rachetée par Jeff Lewis, tapissier du coin (si si j’vous jure, tapissier) et passionné de musique. En 1992, le GT120 a été remis en production. La version Master volume est sortie en 1999 (donc 30 ans après la construction du premier GT120) avec le concours de David Green, designer. C’est cet ampli que vous pouvez commander directement chez Matamp. Il est totalement fabriqué à la main. Même le logo est peint à la main ! Il n’y a pas de réseau de distributeurs. L’atelier assure la distribution : l’ampli arrive sur palette directement du producteur au consommateur. C’est du circuit court. Jeff Lewis se charge de l’enclosure (forcément pour un tapissier…) et un technicien fabrique les amplis. Un certain Hayden se charge des e-mails. Il lui faut parfois plusieurs mois pour répondre… Lui aussi a dû exploser pas mal de claviers.
Cet ampli réédité a immédiatement connu le succès grâce au groupe Sleep qui a acheté les premiers exemplaires. Sauf qu'à l'époque, les pièces manquaient à l'atelier remis en marche. Résultat : Sleep a reçu des amplis assemblés de pièces provenant de vieux Matamp et Orange. Et les pannes ont été visiblement nombreuses.
Cliff Cooper, dont les amplis Orange avaient disparu de la circulation, aurait alors à nouveau demandé de l’aide à Matamp. Mais certains disent que Jeff Lewis aurait initié cette nouvelle collaboration. Les amplis Orange venaient de renaitre de leurs cendres. Mais ce fut un flop. Au XXIe siècle, Orange et Matamp font donc à nouveau bande à part.
Des rumeurs ont circulé dans les années 90 et 2000 soutenant que l’atelier n’était pas capable de construire des amplis identiques, que tout changeait tout le temps. Ce qui est certain, c'est que Matamp a eu des désaccords avec son distributeur américain qui a sorti la marque ElectricAmp. Des Matamp tels qu’il les souhaitait, mais qu’il n’a visiblement jamais obtenus. C'est ici : www.electricamp.com/main.html
MASTER
Le GT120 est un monument. Celui dont je vais vous parler maintenant est sa version master volume, le Matamp GT120-MV, que j’ai acquis en 2019, avant le Brexit. Soit 20 ans après sa sortie, et pile-poil un demi-siècle après sa conception. L’ADN de l’ancêtre de 1969 est conservé mais il s’agit bien de l’ampli de classe AB repensé en 1999 par David Green. Il a un bias fixe et une rectification à diodes. Et surtout, son master volume le rend plus exploitable. 120 watts sans master volume, comment dire, ça décoiffe même un mammouth de l’âge de pierre. Le master est ici le bienvenu si on veut un minimum d’overdrive et ne pas se prendre un coup de massue fatal sur les tympans.
Le Green Matamp GT120MV est à 1390 livres sans les frais de livraison. Le Retro Matamp GT120 original est au même prix. La différence se fait au niveau du potard de drive. L’original n’a que quatre crans quand celui du MV fonctionne comme le potard de gain d’un ampli moderne, de zéro au maximum avec toutes les nuances que ça comporte. Donc si vous ne souhaitez pas utiliser la distorsion de l’ampli, il vous faut l’original. Ce qui aura pour conséquence moins de souplesse quant au réglage général du volume.
Matamp a étoffé sa gamme avec les GT1 et GT2 qui sont plus complexes que le GT120. Le GT1 sonne trop medium à mon goût. Je souhaitais disposer d’un Matamp pour des sons typés stoner rock, desert rock, sludge, etc. Le GT120MV est donc la solution. Cet ampli est monocanal. Il ne brille pas par son clean, ni par son high gain. C’est bien simple : il n’en produit pas. Il crunch. Et pour que ce crunch devienne fuzz, il faut monter le volume et utiliser plusieurs potards d’égalisation qui permettent d’atteindre un low end de bassiste.
Difficile de vous donner des indications chiffrées, il n’y en a pas. Disons que pour obtenir un overdrive joufflu, il va falloir monter le drive (potard de gain pour les deux lampes ECC83) à 16h et faire de même pour le potard de volume (quatre lampes EL34). A ce stade, impossible de jouer chez soi. C’est pour de la scène ou du studio.
Entre 8h et 10h, le drive donne un clean sali. C'est le son Peter Green. Donc pour du blues. Entre 10h et 14h on est sur un très beau crunch. Le potard de drive a aussi une influence sur le volume. Autant vous dire que lorsque drive et volume sont à 16h tous les deux, ça s’entend à des kilomètres à la ronde. Il faut donc un atténuateur de puissance pour ne pas se ruiner les tympans, même sur scène.
Ici j’utilise un Rivera Rockcrusher Recording entre la tête et le cab. Le Rockcrusher a cinq étages d’atténuation (A,B,C,D,E) et un deuxième potard pour affiner. Avec le GT120MV, je suis sur C. Ce qui me permet de pouvoir monter le drive et le volume au taquet. Donc je joue l’ampli assez fort pour conserver un bon rendement des HP. Si vous voulez jouer uniquement en clean en poussant le volume mais très peu le drive, alors vous n’aurez pas besoin d’atténuateur de puissance. Je dirais donc qu’avec un seul canal on produit un son qui va du clean, à la fuzz en passant par de belles nuances d’overdrive. Et que le volume va dépendre du niveau de drive que vous souhaitez atteindre. Ou que vous, votre auditoire ou vos voisins, pouvez supporter…
Le Matamp GT120MV se règle à l’ancienne, à l’aveugle, en l’écoutant. Les potentiomètres sont très progressifs et on peut les utiliser jusqu’au bout de leur course. C’est un des points forts de l’ampli. Contrairement aux vieux Marshall qui montent très vite en puissance entre 2 et 4 sur 10. Sur mon JCM800 de 1982, entre 4 et 10 sur le volume, il n’y a plus beaucoup de différence. Le Matamp GT120MV est bien plus exploitable. Et un JCM800 de 1982, ça monte dans des volumes sonores qu’aucun autre ampli n’atteint. La souffrance des oreilles oblige à utiliser ces amplis avec des atténuateurs. Ils sont dangereux pour notre audition. Si vous cherchez le high gain à faible volume, alors il vous faut un Mesa Boogie Dual Rectifier. On n’est pas du tout sur la même planète.
Le GT120MV est simpliste. Une fois le niveau de drive et le volume choisis, on affine avec les réglages d’égalisation qui ne fonctionnent pas comme sur les têtes 100W habituelles. Tout à gauche, le potard Bass Boost dispose de six crans. C’est lui qui permet de s’orienter vers la fuzz ou l’overdrive. Plus vous crantez à gauche plus vous augmentez le niveau des basses pour aller en territoire doom. Plus vous allez vers la droite, plus vous boostez, à la manière de Black Sabbath.
Au milieu du panneau avant de l’ampli, se trouvent deux petits potentiomètres qui jouent au niveau du préampli : bass et treble. Moins vous en mettez, plus vous augmentez les médiums. Il faut donc trouver le sweet spot avec la main gauche sur le bouton bass et la main droite sur le bouton treble. Enfin le potard de présence agit sur les aigus au niveau de l’étage de puissance. Je préfère utiliser treble pour agir au niveau du préampli. Mais vous pouvez aussi monter la présence et baisser le treble.
ECHO
Tout à droite on trouve la boucle d’effets... en façade ! C’est très rare. A l’ancienne une fois encore. Ici, on ne pense pas aux racks des années 80 mais bien aux pédales d’effets comme dans les années 60. Cette boucle n’est même pas nommée FX loop. Non elle s’appelle Echo. Si ça, ce n’est pas un message d’amour au delay analogique pour des envolées psychédéliques…
Comme cette boucle est en série (donc pas de potard de mix), le son est totalement traité dans l’effet. Il faut donc impérativement un delay muni d’un potard de mix (ou blend) pour ne pas noyer le son. Cette boucle ne dispose pas non plus d’un potard de send. Et comme le preampli tabasse méchamment, tous les délays ne peuvent pas encaisser.
J’ai passé des heures à tester ma collection de delays bucket bridade (plus de 50 modèles) et j’ai eu des surprises avec des delays d’habitude excellents sur d’autres amplis. A ma grande surprise, le delay qui convient le mieux au Matamp GT120MV n’est autre que le mulet de service : le MXR Carbon Copy. Ici vous ne pourrez pas utiliser un Chase Bliss Tonal Recall qui s’effondre. Tandis que les Jam Llama Supreme, Llama et Llama+ (les premières versions rouge, pas la nouvelle que je ne connais pas) ne fonctionnent plus du tout dans la boucle. On entend une sorte de cliping sur les répétitions tandis que le son dry disparait totalement. Vous devrez même dire adieux au fabuleux JHS PantherCub qui soudain crachote. Bref, dans la boucle, les delays sont martyrisés.
Les Way Huge vont très bien avec cet ampli : l’EchoPuss est parfait pour les grosses rythmiques en power chords, le SupaPuss est meilleur pour les solos. Le Moog MF Delay passe particulièrement bien avec le grain du GT120, c’est très fat. Parfait pour les styles joués ici. Enfin je recommande vivement le Seymour Duncan Vapor Trail qui décidément passe avec tout. Les Way Huge qui passent si bien ici ne fonctionnent pas du tout dans la boucle du Slodano SLO100. C’est une contre-performance. Avec le Matamp, c’est donc le Jam Llama qui se vautre alors que ce delay est excellent avec tous mes autres amplis.
Si vous cherchez quand même un delay complexe pour cette tête, le DOD Rubberneck lui va comme un gant mais… Quand on coupe le delay, on entend quand même une petite répétition tellement le preamp du GT120 lui fait mal. J’utilise donc le DOD dans un switcher-looper TheGigRig qui me permet de le déconnecter totalement de l’ampli. Et ça en vaut la peine parce que le Rubberneck sonne fabuleusement bien avec le Matamp GT120MV. Et comme il dispose d’un insert pour traiter les répétitions avec une autre pédale d’effets, un MXR Phase 90 au hasard, je ne peux pas m’en passer.
Certains delays spécialisés passeront aussi très bien comme le Lovepedal Echophonic Jr. et le Malekko Ekko 616 Dark. Mais ils n’ont pas un goût de reviens-y comme ceux qui j’ai cités plus haut. Je résume donc : MXR Carbon Copy, Seymour Duncan Vapor Trail, Way Huge Supa Puss et DOD Rubberneck pour les solos. Moog MF, Way Huge Echo Puss pour la grosse rythmique bien grasse.
On va éviter les réverbes. Ici on ne pourra pas jouer du Toto ou du Bon Jovi. Le côté fuzzy ne passe pas avec une spring (j’ai testé avec la Subdecay) ou une room. Eventuellement une plate en solo pout taper dans le registre de David Gilmour. Essayez la Strymon Flint. Elle est faite pour ce genre d’ampli.
FUZZ
Maintenant si vous commandez l’ampli et que son drive ne vous plait pas, je vous souhaite bon courage pour trouver une pédale de fuzz ou d’overdrive pour aller avec. Le Matamp GT120MV crunchant très vite, lui adjoindre des pédales de fuzz ou de disto consiste à du stack de pédales. Et à ce petit jeu-là cet ampli n’est pas vraiment tolérant.
Beaucoup de mes fuzz préférées ne passent pas ici. J’en ai passé une trentaine à la moulinette du GT120 avec une Gibson LesPaul STD Tobacco Sunburst de 1991, exactement le même modèle que celle de Matt Pike (Sleep, High On Fire…). C’est la meilleure guitare dont je dispose pour cet ampli. Mes trois ESP custom shop, du très haut de gamme, sont faites pour mes amplis high gain. Je n’ai pas de Telecaster ni de SG mais il va sans dire que ces mémères d’un autre âge sont taillées pour cet ampli façon Cro-Magnon. Je n’y risquerais pas une Stratocaster avec ses single coil. Il faut au moins des P90 ou du humbucker et des bois qui pourvoient du low end. Acajou ou frêne pour le corps. L’érable uniquement pour le manche.
Avec la LesPaul, voici la liste des élèves recalés, des fuzz faites pour une base clean dont certaines sont pourtant fantastiques : Frantone Peachfuzz, Dr.No Kafuzz, Dr.No Bad Mother Fuzzer, Mammouth Machine, MXR Sub Machine, EHX Big Muff Triangle, Minotaur Evil-Eye, Voodoo Lab Superfuzz, Idiot Effects Whores, EarthQuakerDevices Terminal, EarthQuakerDevices Erupter.
Ici il faut revenir aux trois tranches de sons possibles avec le drive de l’ampli.
Entre 8h et 10h, vous pourrez tout juste exploiter le grain de ces fuzz-là : Earthbound Audio Beast, Minautor FuzzBurn, Black Arts Toneworks Rabid Mammal, (DEAD)fx Super-Fuzz, JHS Muffuleta.
De 8h à 12h : Way Huge Russian Pickle, Friedman Fuzz Fiend, Greer Amps Tarpit Fuzz, Thorpy Fx Fallout Cloud, Dwarfcraft Devices Necromancer, Dunlop Fuzz Face Bonamassa 2013 ltd, Fortin Fuzz, Jessup Superfuzz et Boss FZ-2 HyperFuzz.
Enfin si on pousse le gain de l’ampli à 16h, alors il ne reste plus que la Black Arts Pharaoh et sa grande sœur la Black Arts Pharaoh Supreme pour encaisser.
En passant d’une fuzz à l’autre pendant des heures, j’ai fini par en garder quatre qui sonnent bien avec cet ampli : Way Huge Russian Pickle, Jessup Superfuzz, Boss FZ-2 et Black Arts Pharaoh Supreme. Clairement elles se démarquent. Si vous voulez utiliser l’ampli comme une grosse fuzz avec son potard de drive bien poussé, la Pharaoh Supreme vient épaissir le son sans que les deux sons de fuzz ne viennent se télescoper. Si vous souhaitez avoir plusieurs sons de fuzz sous le pied, alors il vaut mieux laisser le drive en dessous des 10h, utiliser la Jessup Superfuzz ou la Boss FZ-2 pour de la grosse rythmique fat et la Way Huge Russian Pickle pour des solos onctueux.
Pour ceux qui ne connaissent pas la Jessup Superfuzz, j'ai posté un avis ici : https://fr.audiofanzine.com/fuzz-guitare/jessup-amplification/univox-super-fuzz-clone/avis/r.172606.html
DISTO
Le Matamp GT120MV passe très bien avec un clean boost. Mais gare aux pédales de distorsion ou d’overdrive, c’est très souvent incompatible. Le GT120 est ici un antisocial de premier ordre. Une Tubescreamer ne passe pas. J’ai essayé les Maxon OD-820 et OD-808 : ça casse la tonalité de l’ampli. Idem avec le boost Fortin 33. C’est absolument laid. Une Boss SD-1 n’ira pas non plus. Elle est faite pour le Marshall JCM800, pas pour un Matamp.
Dans cette catégorie j’utilise la MXR Custom Audio Electronics M-402 qui combine un overdrive qui passe tout juste avec le Matamp si on laisse le potard de drive de l’ampli à 10h, et surtout un boost qui fonctionne à tous les étages du drive du GT120. Mais j’ai trouvé beaucoup mieux.
Ce n’est pas un hasard si la Klon Centaur connait une hype comme aucune autre pédale. Elle est magique. Ici j’utilise la Klon KTR, donc une véritable Centaur qui sonne comme l’originale. Cette dernière affichant aujourd’hui des tarifs indécents. Je ne sais pas si les copies de la Klon fonctionnent avec ce Matamp. Il y a des questions d’impédance à prendre en compte quand on combine des pédales à un ampli qui sature déjà. Si vous n’avez pas de Klon sous la main, une J.Rockett Archer pourra peut-être fonctionner. Je ne garantis rien.
Avec la Klon, je pousse le drive du Matamp à 12h. Donc on a déjà un overdrive bien engagé. Et je monte le gain de la Klon quasiment au taquet, c’est-à-dire pas du tout comme on l’utilise habituellement en montant surtout le volume et seulement un chouillat le gain. Ici en abusant de la Klon, j’obtiens une véritable distorsion de Marshall. Limite high gain. La Klon ne quittera donc jamais le pedalboard qui accompagne mon Matamp. C’est le seul overdrive que le Matamp tolère.
MODS
Concernant les modulations cette fois, le GT120 est beaucoup plus tolérant. Comme il n’atteint pas le high gain, tous les chorus passent en front, entre la guitare et l’ampli. Comme j’utilise cette tête pour un registre psychédélique/stoner, j’emploie en particulier le Jam Ripply Fall et le Retro-Vibe Chorus Stereo qui est une réplique du Boss CE-1 original. Le Retro-Vibe a un vibrato qui se marie à la perfection avec le grain fuzzy du GT120. Et il sonne fat.
Quand la Klon est engagée, là par contre c’est une autre histoire. Le JHS Emperor, le Providence Anadime Chorus ou l’Arion Stereo Chorus passent sur le drive de l’ampli, mais pas quand on stack les overdrives. Là ça souffle au taquet. La Retro Vibe de Jam non plus. Beaucoup de vibes n’aiment pas ça. Ici j’utilise une EarthQuakerDevices The Depths. Les amateurs de stoner rock ne seront pas surpris… La Fulltone Déjà Vibe est aussi très bien. Je la réserve plutôt au Dual Rectifier, pour du gros son fat à la ZZ Top. Mais sur un Matamp, elle encaisse.
Ici Boss fait la loi : CE-1, CE-2, CE-5 ou Dimension C. Tous ces chorus vont tous avec le combo GT120-Klon. Le Dimension C (DC-2w) est particulièrement beau. MXR Analog chorus et Electro Harmonix Small Clone peuvent passer, mais sonnent ici moins bien que les Boss. Le Seymour Duncan Catalina et le Moollon Chorus vont mieux au son tight et raide des Marshall Plexi. Avec le Matamp, ils se noient dans le fuzz.
Côté flanger, l’EVH ira mais il vaut mieux l’utiliser sur du high gain, il est fait pour ça. L’A/DA passe aussi avec le Matamp boosté à la Klon. Sans staker les drives, là vous pouvez y aller, sans risquer le larsen incontrôlable. J’apprécie particulièrement la Starlight de Subdecay et la Lillian de Walrus sur le crunch du Matamp.
WAH
Si vous jouez l’ampli sans pédale de fuzz ou d’overdrive, vous pourrez y passer toutes les wah. La Jam Wacko et la Dunlop Joe Bonamassa (une super Hendrix wah) sonnent particulièrement psychédélique avec le GT120 quand son drive est à 12h. Si vous le poussez à 16h et que vous engagez la Pharaoh Supreme, alors il faut la Dunlop Custom Audio Electronics (qui dispose aussi du clean boost de la M-402) ou la Dunlop Dime From Hell. Cette dernière dispose de suffisamment de réglages pour trouver une fenêtre de tir. Mais vous ne pourrez pas en tirer le meilleur.
Si vous montez le drive à 12h avec la Klon en plus, alors là il n’y a plus qu’une seule wah qui passe sans partir en larsen infernal : la Silver Machine Wah II de Musician Sound Design. Même la Dunlop EVH95 Van Halen qui va si bien au Mesa Boogie Dual Rectifier et au Soldano SLO100 se fait refouler. La Xotic wah aussi. Je ne vous parle même pas de la Dunlop Petrucci, cette dernière ne passera que sur le Matamp quand il commence à cruncher. Là elle sonne, mais uniquement dans ce cas de figure.
Donc avec la Klon KTR, la Silver Machine II, pédale fabriquée à Cologne en Allemagne, est à mon sens une pédale obligatoire sur le board qui va avec un Matamp GT120. Elle offre sept réglages différents dont seulement deux la font partir en larsen. Elle passera sur de la grosse rythmique comme sur du lead. Ici elle explose littéralement la concurrence.
Bref le Matamp GT120MV est un ampli simple, pas vraiment fait pour des systèmes complexes. Plus vous lui ajouterez des pédales, plus ça va devenir ingérable. Il n’est pas une bonne plateforme à pédales comme un Music Man ou un Matchless. Mais ce n’est pas parce que votre pedalboard sera minimaliste que vous voyagerez léger pour autant.
4x12
Tout d’abord la tête d’ampli, au format Orange donc ramassé (56,5 × 27,5 × 31,5 cm), est très lourde. Ensuite pour sonner bien gras et fat, il lui faut absolument des baffles adaptés. Du gros cab, pas du 2x12, plus que ça. J’ai testé une quinzaine de 4x12 avec le GT120. J’en retiens surtout deux. Evidemment le cab Green Matamp 412R Deluxe. J’ai posté une review de ce cab ici https://fr.audiofanzine.com/baffle-guitare-4x12/matamp/green-matamp-4x12r-deluxe/avis/r.180293.html
Sur le site Matamp vous pouvez choisir plusieurs types de HP Celestion. Comme je cherche plutôt des sons à la Corrosion Of Conformity ou Crowbar, j’ai voulu un baffle plus moderne. Il est donc monté en Vintage 30 plutôt qu’en Greenback. Pour du HP Heritage, j’ai un Friedman Checkered 212/215. Il est équipé de deux HP Heritage de 12 pouces dans sa partie haute et de deux HP Fullback de 15 pouces dans sa partie basse. Ce cab permet des basses amples et s’avère particulièrement à l’aise en son clair. Je mixe les deux cabs.
Mais comment connecter deux cabs de 16 ohms chacun avec une tête qui n'a qu’une sortie 16 ohms, une 8 ohms et une 4 ohms ? Surtout quand il est bien indiqué qu’on ne peut utiliser qu’une sortie à la fois ?
Et bien c’est là qu’intervient le cab Matamp. Quand je l’ai reçu, j’ai immédiatement contacté Jeff Lewis pour râler. Je ne comprenais pas qu’il n’y ai aucune sérigraphie derrière le cab pour savoir où brancher quoi. Et Jeff m’a répondu que les HP ayant deux entrées en parallèle, on peut connecter la tête d’ampli dans n’importe laquelle des deux prises du cab. Celle restante sert à alimenter le second baffle. Préhistorique à tous les étages ! Il n’y a pas de sens de branchement et le cab Matamp permet à lui seul de connecter un autre cab. C’est du daisy chain.
Et c’est important de le savoir, car si vous comptez brancher deux cab Bogner ou deux cab Friedman à cette tête, et bien vous ne pourrez pas. Ils n’ont qu’une entrée. Il faudra impérativement passer par un premier cab avec deux entrées en parallèle. Ou alors utiliser comme moi le Rivera Rockcrusher Recording. Il a une entrée ampli et deux sorties pour deux cabs.
Aure solution, les switchers Ampete. Si vous ne savez pas comment ça fonctionne, j’ai posté une review de l’Ampete 444 ici : https://fr.audiofanzine.com/pedalier-controleur/ampete-engineering/444/avis/r.172393.html
POUR QUI LE GÉANT VERT ?
Voilà, expliquer le fonctionnement du Matamp GT120 est simple. Lister les pédales qui passent ou non avec relève en revanche du cauchemar. J’ai passé des jours entiers à tester des dizaines de pédales les unes à côté des autres et à faire des allers-retours entre chaque pédale. C’est intellectuellement épuisant. Mais une fois que ce choix est arrêté, on dispose d’un couple ampli pedalbord qui sonne. C’est authentique, avec du caractère. On est aux antipodes d’un Fractal bien pratique mais froid et impersonnel.
Bien entendu l’analogique est plus cher (c’est relatif, lisez jusqu’au bout) et plus difficile à transporter. Une tête Matamp GT120MV est affichée à 1650 euros. C’est un bon prix pour une tête Orange fabriquée à la main, pas dans une usine. Et surtout l’Orange OR100 n’est plus fabriquée. Le Matamp est donc fait pour ceux qui cherchent les amplis qu’Orange ne propose plus.
Alors oui il faut y ajouter le prix du cab : près de 1200 euros. Mais il les vaut largement à côté des Bogner et Mesa à 1500 euros. On est donc sur un 120W à près de 3000 euros auquel il faut ajouter au moins une Klon KTR pour avoir une distorsion (400 euros chez www.musik-produktiv.fr, qu’on trouve déjà en occaz à 1400 euros sur Reverb.com, dépêchez-vous) , une Silver Machine Wah à 290 euros chez www.loopersparadise.de où vous trouverez aussi le Retro-Sonic Chorus, lui aussi à 290 euros. Trois pédales pour 1000 balles donc. Ajoutez-y une Way Huge Russian Pickle à 180 euros et un MXR Carbon Copy à 150 euros, vous dépassez les 4000 euros. Oui c’est plus cher qu’un Fractal ou qu’un Kemper. Et si vous voulez l’utiliser partout, il faudra y ajouter le prix d’un atténuateur de puissance. Mais…
Vous n’aurez pas à changer de version tous les cinq ans. Matamp, Klon, Carbon Copy… c’est pour la vie. Au final, ce sera moins cher. De la part d’un guitariste qui a dû jeter des cartes son à plusieurs milliers d’euros devenues obsolètes. Mais qui n’a jamais été lâché par ses bonnes vieilles têtes à lampes. Depuis 1980 que ça dure.
J’ai attendu deux ans avant de rédiger cet avis pour tester l’ampli comme il faut et avoir un certain recul. Je ne dirais pas que cette tête est la meilleure pour le live. Un Mesa Boogie Dual Rectifier 2 canaux des années 90 permet, sur son canal clean, d’avoir un son énorme avec une Boss FZ-2 Hyper-Fuzz. Cette fuzz est ma préférée mais elle sonne mieux sur le Recto que sur le Matamp. Et finalement le gros son doom des abysses, et bien je l’ai avec le Rectifier, pas avec le Matamp. Ce dernier a en revanche un crunch que vous ne trouverez sur aucun autre ampli anglais à part les vieilles têtes Orange ou alors sur un Sunn Model T introuvable aujourd’hui.
Si vous voulez savoir quel type de Recto j'utilise avec la Boss Hyperfuzz, ma review est ici : https://fr.audiofanzine.com/tete-d-ampli-guitare-tout-lampe/mesa-boogie/dual-rectifier-2-channels/avis/r.125177.html
Je dirais que le Matamp est surtout fait pour des musiciens qui ont déjà un ampli favori mais qui veulent ajouter quelques cordes à leur guitare pour jouer du stoner ou du rock psychédélique. Ou pour des studios qui voudraient attirer une clientèle qui n’a pas besoin d’un tel ampli tous les jours.
Si vous ne savez pas quoi en penser, je vous laisse avec les meilleures vidéos que j’ai pu trouver sur le Matamp GT120MV. Parce que mieux que des mots, il vous faut du son pour pouvoir vous décider.
Un Matamp dans le mix, ici avec du Sunn Model T, ça sonne comme ça. Et à 0.33, vous l'entendez seul... alors qu'on dirait le bassiste
Avec une LesPaul, d'abord l'ampli seul avec le volume à fond, puis avec la Boss FZ-2. Là on est dans le grand classique :
Ici, la version américaine White GT120 des années 90 face à l'Orange OTR et au Sunn Beta Lead (le son du groupe Red Fang). Avec une Gibson LesPaul standard, j'ai exactement ce son-là :
Ici le test de Does It Doom? Je n'aurais pas utilisé cette Muff, une EHX, pas la meilleure pour cet ampli. Vous noterez néanmoins que c'est une Russian. Je préfère la Way Huge :
Et un comparatif avec le jumeau du GT120, l'OR120 :
Enfin on termine avec une démo en son clair et à la basse. En passant directement dans un Torpedo, sans cab donc, ici le son clean reste clean. Et dès que le cab, ici un Hi-Watt, est mis à contribution, on retrouve le registre stoner rock :
Aujourd’hui basé à Meltham, à mi-chemin entre Leeds et Manchester, RadioCraft monte des produits retro comme on n’en fait plus beaucoup. Des amplis qui ressemblent à de grosses pédales de fuzz nourries aux lampes. De l’électronique à l’ancienne comme on l’aimait au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Ah, je vois un sourire carnassier se dessiner sur ce visage désespéré. Oui on va vous parler d’avant quand c’était mieux. Vous avez frappé à la bonne porte.
BOUTIQUE
Le flag ship de Matamp n’est autre que le mythique GT120, l’ancêtre des amplis Orange. Ici la boucle ne risque pas de lâcher : elle est dépourvue de tout réglage. Du multi watts ? Certainement pas : 120 watts lâchés dans la nature, prends ça dans les dents. C’est du brutal, du minimaliste aux antipodes des gadgets à la sauce obsolescence programmée.
Cet ampli a été conçu par Mat Mathias, un Allemand arrivé à Leeds en 1939, décédé en 1993. Le bonhomme a fondé RadioCraft en 1945 à Huddersfield, d’abord pour réparer des radios et des télés, puis des amplis pour ensuite en concevoir, histoire de répondre à la demande des musiciens qui venaient dans son studio d’enregistrement. On est loin du premier Marshall inspiré du Fender Bassman. Ici le design est totalement original.
Au début des années 60, Mat Mathias s’associe à son ami Tony Emerson. Un spécialiste de la hi-fi. Leur tout premier ampli sort en 1962 et en 1964, le nom de Matamp apparait. Il s’agit de l’abréviation de Mat And Tony (MAT) AMPlifiers (AMP).
La marque attire alors un musicien du nom de Peter Green. Oui LE Peter Green de Fleetwood Mac. Et maintenant vous comprenez pourquoi le GT120 d’aujourd’hui arbore un tolex vert pétant. Avec cet ampli, c’est la Saint-Patrick tous les jours. Il fait d’ailleurs partie de la gamme Green Matamp : le tolex en rexine est vert, les parties métalliques et la grille des baffles sont en noir. Si vous n’aimez pas le vert, pas de souci, la gamme Retro se décline en tolex noir avec grille beige. Et comme on est dans la catégorie custom shop, vous pouvez leur commander toutes sortes de couleurs, les plus excentriques comme les plus sobres. Mais là, il vous faudra attendre longtemps, très longtemps avant d’avoir une première réponse à votre dixième mail… Les autres n’ont pas été lus ! Atelier qu’on vous dit. Pas de service client ou communication ici.
1969
Peter Green a enregistré le titre Albatross en 1968 avec le tout premier ampli Matamp. Fleetwood Mac est parti en tournée aux USA en janvier 1969. Mat Mathias était avec eux, chargé de la maintenance des amplis. C’est pendant cette tournée qu’est né le GT120. Mat Mathias a observé les dégâts du transport sur ses amplis pour les améliorer en y mettant des poignées idiosyncratiques et un châssis en acier, entre autres. Le GT120, c’est donc un Matamp repensé après un passage au crash test.
Parallèlement, en s’associant à Cliff Cooper, patron du magasin Orange à Londres, Mat Mathias a produit les amplis Orange-Matamps. Ceux-là même utilisés par Jimmy Page et Tony Iommi. Ce partenariat a permis à la marque de dépasser les ventes de Marshall. Comme Mat Mathias n’a jamais voulu produire à grande échelle, tout comme Mike Soldano d’ailleurs, le partenariat a pris fin au début des années 70.
1999
En 1991 la société a été rachetée par Jeff Lewis, tapissier du coin (si si j’vous jure, tapissier) et passionné de musique. En 1992, le GT120 a été remis en production. La version Master volume est sortie en 1999 (donc 30 ans après la construction du premier GT120) avec le concours de David Green, designer. C’est cet ampli que vous pouvez commander directement chez Matamp. Il est totalement fabriqué à la main. Même le logo est peint à la main ! Il n’y a pas de réseau de distributeurs. L’atelier assure la distribution : l’ampli arrive sur palette directement du producteur au consommateur. C’est du circuit court. Jeff Lewis se charge de l’enclosure (forcément pour un tapissier…) et un technicien fabrique les amplis. Un certain Hayden se charge des e-mails. Il lui faut parfois plusieurs mois pour répondre… Lui aussi a dû exploser pas mal de claviers.
Cet ampli réédité a immédiatement connu le succès grâce au groupe Sleep qui a acheté les premiers exemplaires. Sauf qu'à l'époque, les pièces manquaient à l'atelier remis en marche. Résultat : Sleep a reçu des amplis assemblés de pièces provenant de vieux Matamp et Orange. Et les pannes ont été visiblement nombreuses.
Cliff Cooper, dont les amplis Orange avaient disparu de la circulation, aurait alors à nouveau demandé de l’aide à Matamp. Mais certains disent que Jeff Lewis aurait initié cette nouvelle collaboration. Les amplis Orange venaient de renaitre de leurs cendres. Mais ce fut un flop. Au XXIe siècle, Orange et Matamp font donc à nouveau bande à part.
Des rumeurs ont circulé dans les années 90 et 2000 soutenant que l’atelier n’était pas capable de construire des amplis identiques, que tout changeait tout le temps. Ce qui est certain, c'est que Matamp a eu des désaccords avec son distributeur américain qui a sorti la marque ElectricAmp. Des Matamp tels qu’il les souhaitait, mais qu’il n’a visiblement jamais obtenus. C'est ici : www.electricamp.com/main.html
MASTER
Le GT120 est un monument. Celui dont je vais vous parler maintenant est sa version master volume, le Matamp GT120-MV, que j’ai acquis en 2019, avant le Brexit. Soit 20 ans après sa sortie, et pile-poil un demi-siècle après sa conception. L’ADN de l’ancêtre de 1969 est conservé mais il s’agit bien de l’ampli de classe AB repensé en 1999 par David Green. Il a un bias fixe et une rectification à diodes. Et surtout, son master volume le rend plus exploitable. 120 watts sans master volume, comment dire, ça décoiffe même un mammouth de l’âge de pierre. Le master est ici le bienvenu si on veut un minimum d’overdrive et ne pas se prendre un coup de massue fatal sur les tympans.
Le Green Matamp GT120MV est à 1390 livres sans les frais de livraison. Le Retro Matamp GT120 original est au même prix. La différence se fait au niveau du potard de drive. L’original n’a que quatre crans quand celui du MV fonctionne comme le potard de gain d’un ampli moderne, de zéro au maximum avec toutes les nuances que ça comporte. Donc si vous ne souhaitez pas utiliser la distorsion de l’ampli, il vous faut l’original. Ce qui aura pour conséquence moins de souplesse quant au réglage général du volume.
Matamp a étoffé sa gamme avec les GT1 et GT2 qui sont plus complexes que le GT120. Le GT1 sonne trop medium à mon goût. Je souhaitais disposer d’un Matamp pour des sons typés stoner rock, desert rock, sludge, etc. Le GT120MV est donc la solution. Cet ampli est monocanal. Il ne brille pas par son clean, ni par son high gain. C’est bien simple : il n’en produit pas. Il crunch. Et pour que ce crunch devienne fuzz, il faut monter le volume et utiliser plusieurs potards d’égalisation qui permettent d’atteindre un low end de bassiste.
Difficile de vous donner des indications chiffrées, il n’y en a pas. Disons que pour obtenir un overdrive joufflu, il va falloir monter le drive (potard de gain pour les deux lampes ECC83) à 16h et faire de même pour le potard de volume (quatre lampes EL34). A ce stade, impossible de jouer chez soi. C’est pour de la scène ou du studio.
Entre 8h et 10h, le drive donne un clean sali. C'est le son Peter Green. Donc pour du blues. Entre 10h et 14h on est sur un très beau crunch. Le potard de drive a aussi une influence sur le volume. Autant vous dire que lorsque drive et volume sont à 16h tous les deux, ça s’entend à des kilomètres à la ronde. Il faut donc un atténuateur de puissance pour ne pas se ruiner les tympans, même sur scène.
Ici j’utilise un Rivera Rockcrusher Recording entre la tête et le cab. Le Rockcrusher a cinq étages d’atténuation (A,B,C,D,E) et un deuxième potard pour affiner. Avec le GT120MV, je suis sur C. Ce qui me permet de pouvoir monter le drive et le volume au taquet. Donc je joue l’ampli assez fort pour conserver un bon rendement des HP. Si vous voulez jouer uniquement en clean en poussant le volume mais très peu le drive, alors vous n’aurez pas besoin d’atténuateur de puissance. Je dirais donc qu’avec un seul canal on produit un son qui va du clean, à la fuzz en passant par de belles nuances d’overdrive. Et que le volume va dépendre du niveau de drive que vous souhaitez atteindre. Ou que vous, votre auditoire ou vos voisins, pouvez supporter…
Le Matamp GT120MV se règle à l’ancienne, à l’aveugle, en l’écoutant. Les potentiomètres sont très progressifs et on peut les utiliser jusqu’au bout de leur course. C’est un des points forts de l’ampli. Contrairement aux vieux Marshall qui montent très vite en puissance entre 2 et 4 sur 10. Sur mon JCM800 de 1982, entre 4 et 10 sur le volume, il n’y a plus beaucoup de différence. Le Matamp GT120MV est bien plus exploitable. Et un JCM800 de 1982, ça monte dans des volumes sonores qu’aucun autre ampli n’atteint. La souffrance des oreilles oblige à utiliser ces amplis avec des atténuateurs. Ils sont dangereux pour notre audition. Si vous cherchez le high gain à faible volume, alors il vous faut un Mesa Boogie Dual Rectifier. On n’est pas du tout sur la même planète.
Le GT120MV est simpliste. Une fois le niveau de drive et le volume choisis, on affine avec les réglages d’égalisation qui ne fonctionnent pas comme sur les têtes 100W habituelles. Tout à gauche, le potard Bass Boost dispose de six crans. C’est lui qui permet de s’orienter vers la fuzz ou l’overdrive. Plus vous crantez à gauche plus vous augmentez le niveau des basses pour aller en territoire doom. Plus vous allez vers la droite, plus vous boostez, à la manière de Black Sabbath.
Au milieu du panneau avant de l’ampli, se trouvent deux petits potentiomètres qui jouent au niveau du préampli : bass et treble. Moins vous en mettez, plus vous augmentez les médiums. Il faut donc trouver le sweet spot avec la main gauche sur le bouton bass et la main droite sur le bouton treble. Enfin le potard de présence agit sur les aigus au niveau de l’étage de puissance. Je préfère utiliser treble pour agir au niveau du préampli. Mais vous pouvez aussi monter la présence et baisser le treble.
ECHO
Tout à droite on trouve la boucle d’effets... en façade ! C’est très rare. A l’ancienne une fois encore. Ici, on ne pense pas aux racks des années 80 mais bien aux pédales d’effets comme dans les années 60. Cette boucle n’est même pas nommée FX loop. Non elle s’appelle Echo. Si ça, ce n’est pas un message d’amour au delay analogique pour des envolées psychédéliques…
Comme cette boucle est en série (donc pas de potard de mix), le son est totalement traité dans l’effet. Il faut donc impérativement un delay muni d’un potard de mix (ou blend) pour ne pas noyer le son. Cette boucle ne dispose pas non plus d’un potard de send. Et comme le preampli tabasse méchamment, tous les délays ne peuvent pas encaisser.
J’ai passé des heures à tester ma collection de delays bucket bridade (plus de 50 modèles) et j’ai eu des surprises avec des delays d’habitude excellents sur d’autres amplis. A ma grande surprise, le delay qui convient le mieux au Matamp GT120MV n’est autre que le mulet de service : le MXR Carbon Copy. Ici vous ne pourrez pas utiliser un Chase Bliss Tonal Recall qui s’effondre. Tandis que les Jam Llama Supreme, Llama et Llama+ (les premières versions rouge, pas la nouvelle que je ne connais pas) ne fonctionnent plus du tout dans la boucle. On entend une sorte de cliping sur les répétitions tandis que le son dry disparait totalement. Vous devrez même dire adieux au fabuleux JHS PantherCub qui soudain crachote. Bref, dans la boucle, les delays sont martyrisés.
Les Way Huge vont très bien avec cet ampli : l’EchoPuss est parfait pour les grosses rythmiques en power chords, le SupaPuss est meilleur pour les solos. Le Moog MF Delay passe particulièrement bien avec le grain du GT120, c’est très fat. Parfait pour les styles joués ici. Enfin je recommande vivement le Seymour Duncan Vapor Trail qui décidément passe avec tout. Les Way Huge qui passent si bien ici ne fonctionnent pas du tout dans la boucle du Slodano SLO100. C’est une contre-performance. Avec le Matamp, c’est donc le Jam Llama qui se vautre alors que ce delay est excellent avec tous mes autres amplis.
Si vous cherchez quand même un delay complexe pour cette tête, le DOD Rubberneck lui va comme un gant mais… Quand on coupe le delay, on entend quand même une petite répétition tellement le preamp du GT120 lui fait mal. J’utilise donc le DOD dans un switcher-looper TheGigRig qui me permet de le déconnecter totalement de l’ampli. Et ça en vaut la peine parce que le Rubberneck sonne fabuleusement bien avec le Matamp GT120MV. Et comme il dispose d’un insert pour traiter les répétitions avec une autre pédale d’effets, un MXR Phase 90 au hasard, je ne peux pas m’en passer.
Certains delays spécialisés passeront aussi très bien comme le Lovepedal Echophonic Jr. et le Malekko Ekko 616 Dark. Mais ils n’ont pas un goût de reviens-y comme ceux qui j’ai cités plus haut. Je résume donc : MXR Carbon Copy, Seymour Duncan Vapor Trail, Way Huge Supa Puss et DOD Rubberneck pour les solos. Moog MF, Way Huge Echo Puss pour la grosse rythmique bien grasse.
On va éviter les réverbes. Ici on ne pourra pas jouer du Toto ou du Bon Jovi. Le côté fuzzy ne passe pas avec une spring (j’ai testé avec la Subdecay) ou une room. Eventuellement une plate en solo pout taper dans le registre de David Gilmour. Essayez la Strymon Flint. Elle est faite pour ce genre d’ampli.
FUZZ
Maintenant si vous commandez l’ampli et que son drive ne vous plait pas, je vous souhaite bon courage pour trouver une pédale de fuzz ou d’overdrive pour aller avec. Le Matamp GT120MV crunchant très vite, lui adjoindre des pédales de fuzz ou de disto consiste à du stack de pédales. Et à ce petit jeu-là cet ampli n’est pas vraiment tolérant.
Beaucoup de mes fuzz préférées ne passent pas ici. J’en ai passé une trentaine à la moulinette du GT120 avec une Gibson LesPaul STD Tobacco Sunburst de 1991, exactement le même modèle que celle de Matt Pike (Sleep, High On Fire…). C’est la meilleure guitare dont je dispose pour cet ampli. Mes trois ESP custom shop, du très haut de gamme, sont faites pour mes amplis high gain. Je n’ai pas de Telecaster ni de SG mais il va sans dire que ces mémères d’un autre âge sont taillées pour cet ampli façon Cro-Magnon. Je n’y risquerais pas une Stratocaster avec ses single coil. Il faut au moins des P90 ou du humbucker et des bois qui pourvoient du low end. Acajou ou frêne pour le corps. L’érable uniquement pour le manche.
Avec la LesPaul, voici la liste des élèves recalés, des fuzz faites pour une base clean dont certaines sont pourtant fantastiques : Frantone Peachfuzz, Dr.No Kafuzz, Dr.No Bad Mother Fuzzer, Mammouth Machine, MXR Sub Machine, EHX Big Muff Triangle, Minotaur Evil-Eye, Voodoo Lab Superfuzz, Idiot Effects Whores, EarthQuakerDevices Terminal, EarthQuakerDevices Erupter.
Ici il faut revenir aux trois tranches de sons possibles avec le drive de l’ampli.
Entre 8h et 10h, vous pourrez tout juste exploiter le grain de ces fuzz-là : Earthbound Audio Beast, Minautor FuzzBurn, Black Arts Toneworks Rabid Mammal, (DEAD)fx Super-Fuzz, JHS Muffuleta.
De 8h à 12h : Way Huge Russian Pickle, Friedman Fuzz Fiend, Greer Amps Tarpit Fuzz, Thorpy Fx Fallout Cloud, Dwarfcraft Devices Necromancer, Dunlop Fuzz Face Bonamassa 2013 ltd, Fortin Fuzz, Jessup Superfuzz et Boss FZ-2 HyperFuzz.
Enfin si on pousse le gain de l’ampli à 16h, alors il ne reste plus que la Black Arts Pharaoh et sa grande sœur la Black Arts Pharaoh Supreme pour encaisser.
En passant d’une fuzz à l’autre pendant des heures, j’ai fini par en garder quatre qui sonnent bien avec cet ampli : Way Huge Russian Pickle, Jessup Superfuzz, Boss FZ-2 et Black Arts Pharaoh Supreme. Clairement elles se démarquent. Si vous voulez utiliser l’ampli comme une grosse fuzz avec son potard de drive bien poussé, la Pharaoh Supreme vient épaissir le son sans que les deux sons de fuzz ne viennent se télescoper. Si vous souhaitez avoir plusieurs sons de fuzz sous le pied, alors il vaut mieux laisser le drive en dessous des 10h, utiliser la Jessup Superfuzz ou la Boss FZ-2 pour de la grosse rythmique fat et la Way Huge Russian Pickle pour des solos onctueux.
Pour ceux qui ne connaissent pas la Jessup Superfuzz, j'ai posté un avis ici : https://fr.audiofanzine.com/fuzz-guitare/jessup-amplification/univox-super-fuzz-clone/avis/r.172606.html
DISTO
Le Matamp GT120MV passe très bien avec un clean boost. Mais gare aux pédales de distorsion ou d’overdrive, c’est très souvent incompatible. Le GT120 est ici un antisocial de premier ordre. Une Tubescreamer ne passe pas. J’ai essayé les Maxon OD-820 et OD-808 : ça casse la tonalité de l’ampli. Idem avec le boost Fortin 33. C’est absolument laid. Une Boss SD-1 n’ira pas non plus. Elle est faite pour le Marshall JCM800, pas pour un Matamp.
Dans cette catégorie j’utilise la MXR Custom Audio Electronics M-402 qui combine un overdrive qui passe tout juste avec le Matamp si on laisse le potard de drive de l’ampli à 10h, et surtout un boost qui fonctionne à tous les étages du drive du GT120. Mais j’ai trouvé beaucoup mieux.
Ce n’est pas un hasard si la Klon Centaur connait une hype comme aucune autre pédale. Elle est magique. Ici j’utilise la Klon KTR, donc une véritable Centaur qui sonne comme l’originale. Cette dernière affichant aujourd’hui des tarifs indécents. Je ne sais pas si les copies de la Klon fonctionnent avec ce Matamp. Il y a des questions d’impédance à prendre en compte quand on combine des pédales à un ampli qui sature déjà. Si vous n’avez pas de Klon sous la main, une J.Rockett Archer pourra peut-être fonctionner. Je ne garantis rien.
Avec la Klon, je pousse le drive du Matamp à 12h. Donc on a déjà un overdrive bien engagé. Et je monte le gain de la Klon quasiment au taquet, c’est-à-dire pas du tout comme on l’utilise habituellement en montant surtout le volume et seulement un chouillat le gain. Ici en abusant de la Klon, j’obtiens une véritable distorsion de Marshall. Limite high gain. La Klon ne quittera donc jamais le pedalboard qui accompagne mon Matamp. C’est le seul overdrive que le Matamp tolère.
MODS
Concernant les modulations cette fois, le GT120 est beaucoup plus tolérant. Comme il n’atteint pas le high gain, tous les chorus passent en front, entre la guitare et l’ampli. Comme j’utilise cette tête pour un registre psychédélique/stoner, j’emploie en particulier le Jam Ripply Fall et le Retro-Vibe Chorus Stereo qui est une réplique du Boss CE-1 original. Le Retro-Vibe a un vibrato qui se marie à la perfection avec le grain fuzzy du GT120. Et il sonne fat.
Quand la Klon est engagée, là par contre c’est une autre histoire. Le JHS Emperor, le Providence Anadime Chorus ou l’Arion Stereo Chorus passent sur le drive de l’ampli, mais pas quand on stack les overdrives. Là ça souffle au taquet. La Retro Vibe de Jam non plus. Beaucoup de vibes n’aiment pas ça. Ici j’utilise une EarthQuakerDevices The Depths. Les amateurs de stoner rock ne seront pas surpris… La Fulltone Déjà Vibe est aussi très bien. Je la réserve plutôt au Dual Rectifier, pour du gros son fat à la ZZ Top. Mais sur un Matamp, elle encaisse.
Ici Boss fait la loi : CE-1, CE-2, CE-5 ou Dimension C. Tous ces chorus vont tous avec le combo GT120-Klon. Le Dimension C (DC-2w) est particulièrement beau. MXR Analog chorus et Electro Harmonix Small Clone peuvent passer, mais sonnent ici moins bien que les Boss. Le Seymour Duncan Catalina et le Moollon Chorus vont mieux au son tight et raide des Marshall Plexi. Avec le Matamp, ils se noient dans le fuzz.
Côté flanger, l’EVH ira mais il vaut mieux l’utiliser sur du high gain, il est fait pour ça. L’A/DA passe aussi avec le Matamp boosté à la Klon. Sans staker les drives, là vous pouvez y aller, sans risquer le larsen incontrôlable. J’apprécie particulièrement la Starlight de Subdecay et la Lillian de Walrus sur le crunch du Matamp.
WAH
Si vous jouez l’ampli sans pédale de fuzz ou d’overdrive, vous pourrez y passer toutes les wah. La Jam Wacko et la Dunlop Joe Bonamassa (une super Hendrix wah) sonnent particulièrement psychédélique avec le GT120 quand son drive est à 12h. Si vous le poussez à 16h et que vous engagez la Pharaoh Supreme, alors il faut la Dunlop Custom Audio Electronics (qui dispose aussi du clean boost de la M-402) ou la Dunlop Dime From Hell. Cette dernière dispose de suffisamment de réglages pour trouver une fenêtre de tir. Mais vous ne pourrez pas en tirer le meilleur.
Si vous montez le drive à 12h avec la Klon en plus, alors là il n’y a plus qu’une seule wah qui passe sans partir en larsen infernal : la Silver Machine Wah II de Musician Sound Design. Même la Dunlop EVH95 Van Halen qui va si bien au Mesa Boogie Dual Rectifier et au Soldano SLO100 se fait refouler. La Xotic wah aussi. Je ne vous parle même pas de la Dunlop Petrucci, cette dernière ne passera que sur le Matamp quand il commence à cruncher. Là elle sonne, mais uniquement dans ce cas de figure.
Donc avec la Klon KTR, la Silver Machine II, pédale fabriquée à Cologne en Allemagne, est à mon sens une pédale obligatoire sur le board qui va avec un Matamp GT120. Elle offre sept réglages différents dont seulement deux la font partir en larsen. Elle passera sur de la grosse rythmique comme sur du lead. Ici elle explose littéralement la concurrence.
Bref le Matamp GT120MV est un ampli simple, pas vraiment fait pour des systèmes complexes. Plus vous lui ajouterez des pédales, plus ça va devenir ingérable. Il n’est pas une bonne plateforme à pédales comme un Music Man ou un Matchless. Mais ce n’est pas parce que votre pedalboard sera minimaliste que vous voyagerez léger pour autant.
4x12
Tout d’abord la tête d’ampli, au format Orange donc ramassé (56,5 × 27,5 × 31,5 cm), est très lourde. Ensuite pour sonner bien gras et fat, il lui faut absolument des baffles adaptés. Du gros cab, pas du 2x12, plus que ça. J’ai testé une quinzaine de 4x12 avec le GT120. J’en retiens surtout deux. Evidemment le cab Green Matamp 412R Deluxe. J’ai posté une review de ce cab ici https://fr.audiofanzine.com/baffle-guitare-4x12/matamp/green-matamp-4x12r-deluxe/avis/r.180293.html
Sur le site Matamp vous pouvez choisir plusieurs types de HP Celestion. Comme je cherche plutôt des sons à la Corrosion Of Conformity ou Crowbar, j’ai voulu un baffle plus moderne. Il est donc monté en Vintage 30 plutôt qu’en Greenback. Pour du HP Heritage, j’ai un Friedman Checkered 212/215. Il est équipé de deux HP Heritage de 12 pouces dans sa partie haute et de deux HP Fullback de 15 pouces dans sa partie basse. Ce cab permet des basses amples et s’avère particulièrement à l’aise en son clair. Je mixe les deux cabs.
Mais comment connecter deux cabs de 16 ohms chacun avec une tête qui n'a qu’une sortie 16 ohms, une 8 ohms et une 4 ohms ? Surtout quand il est bien indiqué qu’on ne peut utiliser qu’une sortie à la fois ?
Et bien c’est là qu’intervient le cab Matamp. Quand je l’ai reçu, j’ai immédiatement contacté Jeff Lewis pour râler. Je ne comprenais pas qu’il n’y ai aucune sérigraphie derrière le cab pour savoir où brancher quoi. Et Jeff m’a répondu que les HP ayant deux entrées en parallèle, on peut connecter la tête d’ampli dans n’importe laquelle des deux prises du cab. Celle restante sert à alimenter le second baffle. Préhistorique à tous les étages ! Il n’y a pas de sens de branchement et le cab Matamp permet à lui seul de connecter un autre cab. C’est du daisy chain.
Et c’est important de le savoir, car si vous comptez brancher deux cab Bogner ou deux cab Friedman à cette tête, et bien vous ne pourrez pas. Ils n’ont qu’une entrée. Il faudra impérativement passer par un premier cab avec deux entrées en parallèle. Ou alors utiliser comme moi le Rivera Rockcrusher Recording. Il a une entrée ampli et deux sorties pour deux cabs.
Aure solution, les switchers Ampete. Si vous ne savez pas comment ça fonctionne, j’ai posté une review de l’Ampete 444 ici : https://fr.audiofanzine.com/pedalier-controleur/ampete-engineering/444/avis/r.172393.html
POUR QUI LE GÉANT VERT ?
Voilà, expliquer le fonctionnement du Matamp GT120 est simple. Lister les pédales qui passent ou non avec relève en revanche du cauchemar. J’ai passé des jours entiers à tester des dizaines de pédales les unes à côté des autres et à faire des allers-retours entre chaque pédale. C’est intellectuellement épuisant. Mais une fois que ce choix est arrêté, on dispose d’un couple ampli pedalbord qui sonne. C’est authentique, avec du caractère. On est aux antipodes d’un Fractal bien pratique mais froid et impersonnel.
Bien entendu l’analogique est plus cher (c’est relatif, lisez jusqu’au bout) et plus difficile à transporter. Une tête Matamp GT120MV est affichée à 1650 euros. C’est un bon prix pour une tête Orange fabriquée à la main, pas dans une usine. Et surtout l’Orange OR100 n’est plus fabriquée. Le Matamp est donc fait pour ceux qui cherchent les amplis qu’Orange ne propose plus.
Alors oui il faut y ajouter le prix du cab : près de 1200 euros. Mais il les vaut largement à côté des Bogner et Mesa à 1500 euros. On est donc sur un 120W à près de 3000 euros auquel il faut ajouter au moins une Klon KTR pour avoir une distorsion (400 euros chez www.musik-produktiv.fr, qu’on trouve déjà en occaz à 1400 euros sur Reverb.com, dépêchez-vous) , une Silver Machine Wah à 290 euros chez www.loopersparadise.de où vous trouverez aussi le Retro-Sonic Chorus, lui aussi à 290 euros. Trois pédales pour 1000 balles donc. Ajoutez-y une Way Huge Russian Pickle à 180 euros et un MXR Carbon Copy à 150 euros, vous dépassez les 4000 euros. Oui c’est plus cher qu’un Fractal ou qu’un Kemper. Et si vous voulez l’utiliser partout, il faudra y ajouter le prix d’un atténuateur de puissance. Mais…
Vous n’aurez pas à changer de version tous les cinq ans. Matamp, Klon, Carbon Copy… c’est pour la vie. Au final, ce sera moins cher. De la part d’un guitariste qui a dû jeter des cartes son à plusieurs milliers d’euros devenues obsolètes. Mais qui n’a jamais été lâché par ses bonnes vieilles têtes à lampes. Depuis 1980 que ça dure.
J’ai attendu deux ans avant de rédiger cet avis pour tester l’ampli comme il faut et avoir un certain recul. Je ne dirais pas que cette tête est la meilleure pour le live. Un Mesa Boogie Dual Rectifier 2 canaux des années 90 permet, sur son canal clean, d’avoir un son énorme avec une Boss FZ-2 Hyper-Fuzz. Cette fuzz est ma préférée mais elle sonne mieux sur le Recto que sur le Matamp. Et finalement le gros son doom des abysses, et bien je l’ai avec le Rectifier, pas avec le Matamp. Ce dernier a en revanche un crunch que vous ne trouverez sur aucun autre ampli anglais à part les vieilles têtes Orange ou alors sur un Sunn Model T introuvable aujourd’hui.
Si vous voulez savoir quel type de Recto j'utilise avec la Boss Hyperfuzz, ma review est ici : https://fr.audiofanzine.com/tete-d-ampli-guitare-tout-lampe/mesa-boogie/dual-rectifier-2-channels/avis/r.125177.html
Je dirais que le Matamp est surtout fait pour des musiciens qui ont déjà un ampli favori mais qui veulent ajouter quelques cordes à leur guitare pour jouer du stoner ou du rock psychédélique. Ou pour des studios qui voudraient attirer une clientèle qui n’a pas besoin d’un tel ampli tous les jours.
Si vous ne savez pas quoi en penser, je vous laisse avec les meilleures vidéos que j’ai pu trouver sur le Matamp GT120MV. Parce que mieux que des mots, il vous faut du son pour pouvoir vous décider.
Un Matamp dans le mix, ici avec du Sunn Model T, ça sonne comme ça. Et à 0.33, vous l'entendez seul... alors qu'on dirait le bassiste
Avec une LesPaul, d'abord l'ampli seul avec le volume à fond, puis avec la Boss FZ-2. Là on est dans le grand classique :
Ici, la version américaine White GT120 des années 90 face à l'Orange OTR et au Sunn Beta Lead (le son du groupe Red Fang). Avec une Gibson LesPaul standard, j'ai exactement ce son-là :
Ici le test de Does It Doom? Je n'aurais pas utilisé cette Muff, une EHX, pas la meilleure pour cet ampli. Vous noterez néanmoins que c'est une Russian. Je préfère la Way Huge :
Et un comparatif avec le jumeau du GT120, l'OR120 :
Enfin on termine avec une démo en son clair et à la basse. En passant directement dans un Torpedo, sans cab donc, ici le son clean reste clean. Et dès que le cab, ici un Hi-Watt, est mis à contribution, on retrouve le registre stoner rock :