Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou

Sujet L'inspiration musicale....

  • 138 réponses
  • 24 participants
  • 23 567 vues
  • 19 followers
Sujet de la discussion L'inspiration musicale....
Bonjour à tous, j'aimerais recueillir vos témoignages, expériences sur ce moment tant recherché, attendu, qu'est l'instant où l'inspiration musicale se manifeste...
D'avance merci
A bientôt.
Bruno Lasnier
Afficher le sujet de la discussion
131

Citation de : Head Minerve

La simple raison c'est qu'il y a l'auditeur, et comme on dit "le client est roi". Les goûts des différents publics changent, évoluent. Si je veux faire de la musique actuelle pour un public actuel alors je suis les règles qui composent la musique actuelle.

Hahaha ! ça c'est de la provoc à cent à l'heure. mrgreen S'il s'agit de composer sur commande ou de pondre du tsoin tsoin pour faire danser les gens au bal du samedi soir (et après tout, c'est un des buts premiers de la musique, no problem), alors ok. Mais si on cause d'inspiration, s'il est question de chercher à pondre du sensé, alors il n'existe qu'un seul auditeur à satisfaire : soi-même. Le public, le style de musique et les modes, on s'en fout. Et si le résultat n'est apprécié que par 27 personnes sur la planète, tant pis ou tant mieux, on s'en fout aussi.

De toutes façons, si on veut pondre du non-conformiste (pas pour le plaisir du non-conformisme mais pour essayer de se défaire le plus possible de son formatage / conventions / habitudes) et si on veut atteindre un résultat significatif, faut se lever tôt.

132

Salut,

J'ai remarqué que plus on en connaît en théorie et plus on se fait une culture musicale, plus c'est dur d'être spontané et original. On se conditionne, et on devient très (trop) critique vis-à-vis de soi-même. J'ai l'impression qu'il était beaucoup plus facile de créer étant adolescent que maintenant, à la veille de la trentaine. Avez-vous aussi la même impression?

133

Vt6 : oui en fait plus le temps passe et plus je trouve que "composer pour soi" est en intrinsèque une hypocrisie. On est tous modelé à la manière d'une masse, même si cette masse représente seulement 500 personnes dans le pays où on va essayer de diffuser son bouzin.

Faire la musique pour soi, c'est, qu'on le veuille ou non, composer EXACTEMENT ce que désire, ce que kiffe, un certain public. Ce public est à la base massif puisqu'on va commencer par composer des choses simples, puis le public devient moindre à mesure qu'on s'éloigne de la musique mainstream. Donc on a beau dire "j'm'en fous du public", en fait là est l'hypocrisie, car en aimant ce qu'on fait on sait (ou alors on se ment, on se met des oeilleires) que ça va plaire aux gens qui ont des goûts communs.

Extrêmement rares sont les artistes qui prennent la démarche inverse de faire une musique qui va déplaire à tous les  publics.

L'inspiration n'est pas symbole de barrières que l'on brise. Au mieux en trouvant l'inspiration on dépasse son stade actuel personnel, mais on ne brise absolument pas les barrières d'un public qui aime déjà ce que l'on vient de trouver (qu'on qualifie d'inspiré) ! icon_non.gif

Personnellement je fais du rock prog donc j'aime briser des barrières de la musique mainstream, mais à chaque fois les retours que j'ai du public qui aime ma zic, c'est que, même s'ils n'arrivent pas à définir ou comparer, ça leur plait, il trouve ça joli, intéressant musicalement, etc... Ce qui me fait vivre psychologiquement bien, c'est d'avoir ce public.

Seul, je serais compositeur triste, déprimé, ou alors la musique ne serait qu'un loisir, car si c'est passion ça prend trop de temps, d'investissement, d'amour et d'égo et ça détruit si on ne peut épanouir cette passion. Finalement je trouve ça non seulement hypocrite, mais aussi stupide et pire, coincé du cul, que de faire de la musique pour soi. Ça renferme le compositeur, ça le rend incompris car il ne s'ouvre pas. Si je fais de la musique et que parfois j'ai de l'inspiration, c'est pour la diffuser et prouver aux gens que je suis capable de produire quelquechose d'intéressant. C'est une (ma) raison de vivre. icon_cry.gificon_mrgreen.gif

Quentinem : je me pose souvent la question "où vais-je trouver l'inspiration et les idées pour le prochain album ?". Un début de réponse se trouve dans la reconversion totale. Je fais du rock pendant dix ans ? Ben passons au jazz, je travaillerai différemment les compos et arrangements, j'évoluerai.

Je me dis que si tu peines à trouver de nouvelles choses, c'est parce-que qu'il te faut passer de nouveaux stades sur le plan musical (technique, culturel, changer d'istrument, etc...). En ça les posts précédents sur la musique indeienne sont potentiellement une voie vers laquelle se diriger. Mais il y en a d'autres (n'importe quel style que tu n'as jamais trop côtoyé).

Après je reste convaincu qu'un artiste a ses limites dans un style, aussi génial soit-il. Tous les groupes qui ont 30/40 ans de carrière se répètent inlassablement et n'ont autant à offrir, parce-qu'ils n'ont jamais eu les couilles ou l'envie de changer de style. Pis y'en a qui font ce pas en avant mais qui se cassent la gueule ! icon_mdr.gif

 

[ Dernière édition du message le 01/12/2010 à 18:45:55 ]

134

Citation de Quentinem :

J'ai remarqué que plus on en connaît en théorie et plus on se fait une culture musicale, plus c'est dur d'être spontané et original. On se conditionne, et on devient très (trop) critique vis-à-vis de soi-même. J'ai l'impression qu'il était beaucoup plus facile de créer étant adolescent que maintenant, à la veille de la trentaine. Avez-vous aussi la même impression?

Adolescent on est souvent plus spontané que créatif. A partir d'un certains age il y aussi l'envie de ne pas forcement refaire ce qui existe déjà. D'ou ce sentiment d'être plus critique vis à vis de soi-même. On pondère ses propos, on analyse etc ...  C'est souvent un frein à l'inspiration.

Dans le doute, le mieux ça serait quand même une ligne inox.

 

 
135

@Rifkitu: Oui, c'est exactement cela dont je parlais. Et c'est certainement valable pour d'autres champs d'action et activités. Devenir conscient de ce que l'on fait et le mettre en perspective, se poser trop de questions, est parfois un handicap.

 

@Head Minerve: C'est une solution, en effet. Se forcer à jouer tout bêtement autre chose, casser ses habitudes. Je crois aussi que jouer avec de nouveaux musiciens ouvre de nouveaux horizons, même dans un style similaire.

 

[ Dernière édition du message le 02/12/2010 à 07:41:41 ]

136

Head, on cause pas de la même chose. Tu parles de compos qu'un public trouve jolies, musicalement inspirées... Ok, c'est chouette, mais après avoir pondu des quantités de compos durant des décennies, t'as pas parfois l'impression de n'avoir fait que répéter mille fois les mêmes choses sous différentes formes ? Ou de n'avoir principalement pondu des trucs que pour obtenir l'approbation d'un public ? Y'a rien de mal à ça, simplement on peut avoir envie, ne fut-ce que pour une seule compo, d'arrêter de pondre du blabla pour enfin créer un bidule sensé. Quel bidule sensé ? Aucune idée, c'est une question d'appréciation personnelle. Mais disons la pièce qu'on oserait désigner comme étant l'aboutissement de son cheminement de musicien. Un chef-d’œuvre, quoi. Ce qui signifie pour moi (mais ce n'est qu'un point de vue) : zéro fioritures et artifices inutiles, dépouillement et sobriété à tous les étages, strict minimum de moyens au service unique du sens. Bref, avec ce type d'objectif, le seul auditeur à convaincre, c'est soi-même. Allez, au boulot ! Il me reste moins d'un demi siècle pour pondre ce brol, y'a du pain sur la planche. icon_mdr.gif

137

Mmmh, c'est étrange, j'ai toujours la sensation de vouloir faire de la bonne musique, un quelquechose mortel à mon goût. Et ça l'est pour d'autres, ce qui me ravit. Je n'ai pas envie de faire du blabla, encore que je ne sais pas trop ce que tu veux dire par là... ?

Et surtout, je ne cherche pas l'approbation d'un public, je cherche mon public. C'est différent. Il y a toujours un public qui va trouver ce que tu fais sympa, voire super. Faire la musique pour se faire vibrer soi-même, c'est pas un but mais une toute première étape selon moi. L'étape d'après est de vérifier (tel un scientifique ou simplement un curieux, un altruiste, etc...) que ça fait vibrer d'autres êtres humains. Car si je veux juste me faire vibrer, j'ai pas besoin de créer de la musique, me suffit d'en écouter. C'est d'ailleurs pourquoi j'aime les mélomanes, eux qui sont passionnés par l'écoute de la musique mais pas par la pratique instrumentale.

Quand tu parles de chef-d'oeuvre, tu qualifies le tout d'épuré, de simple. Je ne sais pas là non plus ce que tu veux dire, car beaucoup de chefs-d'oeuvre sont riches, complexes. Entends-tu par là qu'un effet (delay, reverb, flanger etc...) sur un instrument est contre l'idée de chef-d'oeuvre ? headscratch.gif

Aussi, se convaincre que notre propre musique est bonne, est un chef-d'oeuvre, ce n'est pas en avoir la preuve. Donc pour moi ce n'est pas suffisant, c'est en fait un leurre, ça nous plonge dans l'auto-satisfaction (ou à l'opposé, un complexe d'infériorité), dans la facilité (ou la déprime). Car il est bien plus courageux et difficile de faire écouter sa musique pour savoir réellement à quel point notre musique est bonne ou pas. Après reste à savoir quel genre de public peut apporter cette satisfaction ou cette preuve que ce qu'on fait est réussi. C'est qu'en faisant écouter (et voir) sa musique qu'on évolue car on se prend claque après claque. Je vois pas comment on peut le vivre autrement si on désire évoluer. icon_confused.gif

Je ne connais pas ton expérience musicale, mais en groupe, il est par définition dans la nature humaine que tous les membres du dit groupe donnent leur avis. Ils donnent aussi leur patte à ta compo vu qu'ils la jouent, et pas toi (pour la plupart des instrus je veux dire). Même si tu demandes à des gens d'interpréter tes compos, que t'as tout écrit de A à Z, les musiciens auront leur touché, leur son et j'en passe. Donc la compo n'est pas qu'une réflexion personnelle, un chef d'oeuvre n'est pas théorique, enfin c'est mon avis. Par exemple une grande oeuvre classique peut être massacrée par de mauvais musiciens, en soi le morceau perd toute sa valeur lors de l'interprétation. Un mauvais mix d'un album aura le même effet (ou de mauvaises prises).

138

ola, faut qHue je sois plus clair. Quand je parlais de centaines de compos qui ne sont que du blabla, je visais mes propres compos, pas les tiennes. De toutes façons, c'est à toi seul de juger ton job. D'autres peuvent filer leurs avis, ok, apprécier ou pas, ok, mais au final, on est seul à savoir ce que notre job vaut. Mille compliments ou mille critiques n'y changeront rien. Si tu estimes que telle compo est ton chef-d’œuvre, toute la planète peut venir cracher dessus, t'en à rien à cirer (façon de parler), c'est un chef-d’œuvre à tes yeux. Point barre. Et au final, c'est la seule chose qui compte. Oui, que son job ne soit pas apprécié, c'est chiant, mais passer sa vie à pondre des trucs dans le seul but qu'ils soient appréciés, c'est passer sa vie à marcher à côté de ses pompes. En tous cas, c'est ce que je crois maintenant et je crois que c'est ce qu'on fait tous. Bref, je pense qu'il est parfois nécessaire de composer en oubliant les autres, créer pour soi-même, seul face à soi-même. Zéro public à flatter, démerdes-toi seul pour être... heu... grandiose à tes propres yeux. On peut trouver ça ridicule et mégalo, n'empêche, je vois pas d'autre moyen de le pondre, ce foutu chef-d’œuvre à 5 balles.


Citation de Head Minerve :

Quand tu parles de chef-d'oeuvre, tu qualifies le tout d'épuré, de simple. Je ne sais pas là non plus ce que tu veux dire, car beaucoup de chefs-d'oeuvre sont riches, complexes. Entends-tu par là qu'un effet (delay, reverb, flanger etc...) sur un instrument est contre l'idée de chef-d'oeuvre ?

Attends, ça ce n'est qu'une façon de faire. Je la crois bonne parce qu'elle peut obliger à ne voir que l'essentiel, mais chacun a sans doute d'autres moyens d'atteindre son objectif. Et de toutes façons, c'est facile à dire : pas de concessions à l'esthétique, merde aux compromis qui flattent l'oreille, recherche unique du sens, tout le reste, à la poubelle... Mais en pratique, ça veut dire quoi ? Comment traduire ce brol en notes ou en sons bruts ? Aucune idée. Et j'ai pas l'ombre d'un début de piste. Dans 20 ans, je chercherai peut-être encore... Beaucoup se sont sans doute cassé le cul en visant ce genre d'objectif idéaliste mais ceux qui y sont arrivés, les vaches, n'ont pas laissé de mode d'emploi.


Citation de Head Minerve :

Aussi, se convaincre que notre propre musique est bonne, est un chef-d'oeuvre, ce n'est pas en avoir la preuve. Donc pour moi ce n'est pas suffisant, c'est en fait un leurre, ça nous plonge dans l'auto-satisfaction (ou à l'opposé, un complexe d'infériorité), dans la facilité (ou la déprime).

Rien ni personne ne pourra jamais te prouver que ce que tu considères comme étant un chef-d’œuvre en est bien un. Seule ta propre conviction compte. Ce qui, si tu es intransigeant avec toi-même, est loin d'être gagné d'avance. Et bien plus compliqué à obtenir que l'approbation d'un public, vu que tu trouveras toujours du monde pour affirmer que ce que tu a pondu est bon, excellent ou génial. Le problème est : en es-tu toi-même réellement convaincu ? Ou bien penses-tu encore et toujours (je cause pour moi) que ton chef-d’œuvre, c'est justement une de tes prochaines compos à venir ?

 

Bref, ça ce n'est que mon questionnement (très occasionnel), d'autres n'en ont absolument rien à cirer et c'est très bien comme ça. Allez, j'arrête d'emmerder le monde avec mes divagations débiles, il existe déjà bien assez de moyens de se faire chier, pas la peine d'en inventer de nouveaux. icon_cool.gif

[ Dernière édition du message le 04/12/2010 à 14:09:52 ]

139

Non non mais ta vision des choses est intéressante !

Je suis plutôt d'accord avec ce que tu dis en fait. On peut soi-même être le pire des publics, chieur, critique et insatisfait. C'est ce qui justement, je trouve, mène le compositeur à la déprime, à la perte de confiance en soi etc... En ça le public est me semble-t-il un excellent médiateur entre ta musique et toi-même, si tu n'est pas satisfait, des gens le seront, et vice-versa. Ça permet de garder un certain équiliibre mental. Du coup tu retaffes ce que les gens n'ont pas trouvé parfait et tu arrêtes de te prendre la tête sur une compo qui plait aux gens malgré tes doutes... icon_bravo.gif

Citation de vt6 :

on est seul à savoir ce que notre job vaut

Ça par contre je te rejoins pas. On a jamais le recul d'une personne pour qui c'est la première écoute, que ce soit un proche, un producteur, un musicien, etc... C'est pas parce-qu'on croit en la manière qu'on a de travailler une compo qu'on sait que c'est bien ou pas. Certes il est nécessaire de croire en ce qu'on fait quand on est en train de le faire, c'est le seul moyen d'être productif. En fait on y croit... on compose quoi, ça vient comme ça peut.

La seule chose qu'on sait, c'est le temps qu'on a consacré, le cheminement mental et pratique qu'on a fait, mais ça ne rend pas un morceau plus "valable" de travailler dessus très longtemps, ou très sérieusement. On parle justement d'inspi, quand on l'a c'est très fugitif, si on saisit le truc on peut ensuite développer, mais ça vient naturellement (en tout cas avec le temps). Et c'est cette inspi qu'on qualifie de "valable".

Mais on a tellement pas de recul quand on l'inspi qu'on se rend pas compte si c'est juste une réminiscence d'un truc qu'on a entendu, tout juste du copié...

Par exemple, j'ai pu qualifier de "valable" des morceaux que j'ai fait pour des personnes en particulier, parce-qu'ils avaient un but, une cible. En les réécoutant ça me rend nostalgique de ce moment et j'aime toujours. Est-ce objectif ? Non. Ça pose la sempiternelle question philo "Sortie de son contexte, est-ce qu'une oeuvre d'art garde toute sa valeur ?", ou ce genre de questionnement.