Musique et expériences d'intériorité
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Anonyme
Suite à une demande formulée dans un post sur la musique ambient, voici un post consacré aux différents liens qui peuvent exister entre musique et expériences liées à des états de conscience modifiée induites par la musique.
L'origine et les grandes lignes de la discussion:
Citation de Gianni Andon :
Est ce que ca vous arrive en écoutant des morceaux, de voir soudainement une partie de votre jeunesse défiler? [avec l'exemple de Boards of Canada - Bocuma]
Citation de Muh Nods :
Ce que tu dis m'interpelle beaucoup, puisque j'ai ressenti la même chose lorsque j'ai écouté Boards Of Canada pour la première fois... J'ai vu défiler plusieurs "flashs", remontant à mon adolescence, en particulier quelques moments très particuliers, très précis, que j'avais totalement occultés.
Citation de Xheindrichs :
Pour ma part, cela me semble logique, ou en tout cas compréhensible. [...] Dans certains états de conscience modifiée, pas mal de choses étonnantes peuvent survenir, comme par exemple le fait qu'une "tranche" de mémoire se réactualise dans la conscience. C'est fréquent...
Citation de Gianni Andon :
Citation de Xheindrichs :Je te l'accorde mais la musique reste quelque chose de subjectif, aussi belle soit-elle. Que de tels sons provoquent les mêmes sensations chez beaucoup d'auditeurs demeure quand même un mystère
[...]
Cela demeure tout de même un peu plus mystérieux lorsqu'on s'attaque à la mémoire qui appartient temporellement au passé (nous n'avons pas tous eu la même vie et les mêmes souvenirs) alors que la musique, ambient en l'occurrence, prétend seulement offrir au présent, à l'instant I, les vertus qu'on lui attribue généralement
[...]
j'ai ressenti exactement la même chose. Pourtant je n'ai pas partagé mon enfance avec ce cher Muh Nods
Évidemment. tu n'as pas eu accès à la MÊME mémoire (vu que tu n'as pas vécu sa vie), mais bien au même PROCESSUS. [...] Comme tu dis, la musique peut offrir au présent les vertus qu'on lui prête (énervante, calmante, etc...) Si on pose comme hypothèse qu'elle donne des réminiscence pour un public particulier (sensibilisé au départ), on peut dire qu'elle réactualise des souvenirs dans le présent de l'auditeur. Se remémorer, c'est retrouver, dans le présent, des contenus de conscience passés liés aux 5 sens. Pour moi, la mémoire n'appartient pas au passé.
Citation de Gianni Andon :
C'est un constat que tu fais là. Moi je voudrais savoir COMMENT expliquer ce processus que tu décris et qui nous fait remonter des années en arrière
Citation de Xheindrichs :
On ne peut pas EXPLIQUER ce processus sans faire une étude approfondie. Mais on peut COMPRENDRE que cela PEUT fonctionner fréquemment de cette manière chez des sujets qui ne sont liés que par leur attrait pour cette musique. On peut le comprendre en juxtaposant des constats et en concluant sous forme d'hypothèses.
Les constats:
1) Certains aiment la musique ambient, d'autres pas.
2) Chez certains sujets, ceux qui "aiment", l'écoute de la musique ambient, dans certaines conditions, peut induire un état de conscience modifié.
3) Dans les états de conscience modifiée la conscience peut vivre de nombreuses choses inhabituelles, a tout moment. Une de ces choses est l'arrivée d'un souvenir à la conscience, quel qu'il soit.
4) Ceux qui aiment l'ambient l'écoutent, et s'informent ou échangent à son propos.
5) Ceux qui se regroupent pour échanger à propos d'un sujet échangent souvent à propos de la manière dont ils vivent ce sujet.
6) Si à l'écoute de l'ambient, on rencontre l'expérience de réminiscence, que l'on trouve un groupe centré sur ce sujet où on se sent suffisamment à l'aise pour en parler, on en parlera.
7) Dans ce groupe de personnes qui écoutent de l'ambient, il y a de fortes chances pour que d'autres personnes se retrouvent dans cette expérience (pour les raisons 2 et 3).
8) Lorsque deux personnes se rendent compte qu'elles ont vécu chacune des expériences hors du commun, et qu'elles se sentent suffisamment à l'aise, elles échangeront à ce propos.
On peut donc raisonnablement poser l'hypothèse que l'ambient peut favoriser les réminiscences (de 1 à 3). Donc, il est COMPREHENSIBLE que tu aies vécu le même processus que Muh Nods (1 à 3 pour chacun) et que vous en parlez (de 4 à 8).
Le terme "processus" est important: je ne parle pas de CONTENUS. Muh Nods ne t'a pas parlé du soudain souvenir de la glace qu'il léchait tout en regardant sa voisine en train de se toiletter dans sa salle de bains... Et tu ne t'es pas écrié "Oh, mais je me suis souvenu de la même chose, la même glace, la même voisine". Vous avez chacun parlé de flashes liés à l'enfance, pour l'un, et à l'adolescence, pour l'autre. Tu n'as donc pas ressenti la même chose, mais expérimenté le même processus...
Pour ce qui est de l'EXPLICATION, pour aller au-delà de l'hypothèse, cela mériterait bien un mémoire en psychologie transpersonnelle, en ethnologie, en musicologie, etc...
Quant à la mémoire, pour moi, elle n'appartient pas au passé. C'est un processus qui s'active au présent pour "emmagasiner" ou pour "restituer" des contenus mentaux. Ces deux travaux de la mémoire ne peuvent se dérouler que dans un présent. Quant aux contenus mentaux, les souvenirs, ils ne sont pas (toujours pour moi ;) ) de l'ordre du passé. On peut imaginer, conceptuellement, qu'ils se "réfèrent" à un événement survenu dans le passé, mais ces souvenirs restent le résultat d'une réactivation et réinterprétation au présent de certains circuits neuronaux en l'état où ils sont actuellement. C'est d'ailleurs une des raisons pour laquelle la mémoire peut s'altérer... En se remémorant le passé, on plonge ... dans le présent.
Citation de Gianni Andon :
il est dur de partager tout cela sur un forum. Notre façon d'écouter de la musique et de l'interpréter est strictement personnelle et indescriptible. Il y'a un fossé entre la pensée et la parole. Le passage de la pensée à la parole, du ressenti à l'énoncé est un meurtre quelque part, une démystification vulgaire. C'est pour cela que j'évite les superlatifs concernant les musiques que je présente parfois ici. Faire cela c'est s'attribuer les émotions qui constituent cette musique et la démystifie.
Citation de Xheindrichs :
C'est vrai que parler de quelque chose de si subjectif, intime est difficile. C'est une sorte de traduction de mouvements interne, faite sans dictionnaire. Et comme le dit l'expression, "Traduttore tradittore" (Le traducteur est un traître). En même temps, c'est particulièrement intéressant de lire des récits d' "expériences intérieures", des collections de trahisons, parce qu'elles pointent toutes vers leur source...
C'est drôle parce qu'on a vraiment des conceptions très différentes... Caractériser les musiques (avec des superlatifs ou non), pour moi, c'est un peu l'opposé que de s'attribuer ces caractéristiques. C'est plus de l'ordre de les sortir de soi, avec tous les avantages que cela comporte (on peut les regarder, les comprendre, les faire se rencontrer avec des caractérisations d'autres personnes, etc...), mais aussi les inconvénients à accepter (le constat d'incomplétude du langage, d'inadéquation inéluctable entre le mot et la chose, d'incommunicabilité de ce qui fait l'intériorité).
Pour l'émotion, elle est, momentanément, dans l'esprit de celui qui crée la musique. Elle est aussi, momentanément, dans l'esprit de celui qui l'écoute. Mais les deux émotions peuvent très bien être très différentes... En tout cas, l'émotion n'est pour moi absolument pas dans la musique. On la crée/subit à l'intérieur de nous en fonction de multiples facteurs, dont l'audition de telle musique (ou de tels accords, de telles sonorités) n'est qu'un des éléments.
Le langage ne démystifie pas l'expérience, précisément parce qu'il passe à côté. Il rate sa cible à chaque fois. La part de mystère reste donc entière. Quant au musée, il ne démystifie pas l'œuvre d'art, parce qu'il passe encore à côté. Une œuvre d'art ne peut être présentée en totalité dans un lieu anonyme, car elle est étroitement liée à l'intériorité du peintre dont personne n'a la clé. Si on avait accès à toute la réalité de la peinture, du peintre et du lien qui les unit, là, ok, il y aurait démystification, et en même temps, perte de l'attrait/intérêt pour cette œuvre (voire pour les autres œuvres). Si le choc entre l'œuvre et le spectateur est étouffé, la raison est à trouver chez le spectateur, dans sa manière d'entrer en contact avec ce qui l'entoure, dans sa manière d'envisager une œuvre d'art et l'utilisation d'un musée. Le musée ne donne que ce que nous venons y chercher. 99% des ont des motivations consommatoires; les 1% restants ont une motivation contemplative. Il y a fort à parier qu'ils vivent la confrontation à une œuvre de manière très différente.
Citation de Gianni Andon :
je suis d'accord avec ce que tu dis en partie, un peu moins dans la dernière partie mais ton avis est peut être plus objectif que moi car le mien reste sans doute partial.
Je ne suis pas peintre mais je suis un dessineux, j'ai un ami peintre, je connais quelques peintres et je m'intéresse beaucoup à ce sujet donc mon point de vue est artistique, sans prétention aucune. J'ai peu de théories sur ce sujet car pour moi il ne s'agit que d'expériences et de "ressentis". Ce qui n'est pas dénué de sens non plus.
Voilà... Peut-être que le sujet (et les autres dans cette veine) intéressera certains...
A bientôt ![]()
Xa
Anonyme
Citation :
N'hésites pas à laisser un avis sur le livre dès que tu peux vu qu'il m'intéresse
Je l'ai commencé. Très intéressant. En gros, dans les premières parties, il "décrit" des paysages sonores (d'abord naturels puis industriels), et montre ce qui fait une description vérace d'un paysage sonore réellement rencontré à l'inverse d'une description d'un événement non vécu par l'écrivain. A ce titre, cette première partie est intéressante pour les écrivains intéressés par cette thématique.
J'en suis là. Ensuite, il y a une partie analytique, puis une dernière qui pose les jalons d'un design sonore. L'écriture est belle, limite poétique.
Citation :J'ai commandé Modulations en décembre et j'estime avoir gaspillé mon argent. Seules les interviews d'artistes valent le coup, le reste c'est en bonne partie de la br...... intellectuelle alliée à un dogmatisme post-adolescent.
Je l'avais beaucoup aimé (mais moins que le Toop). Comme quoi, les goûts...
Hors sujet :Citation :
Bonne chance pour ton projet sinon
Merci! Ca avance bien...
A bientôt ![]()
Xa
anton.
Je pense qu'il doit être intéressant. J'avais de toute façon un a priori positif sur ce livre. Je le note juste comme j'en ai déjà plusieurs à lire.
J'avais évoqué plus haut le fait que les livres contenait une part d'intériorité, j'y reviens un peu. En fait lorsque je voyage ou lorsque je me trouve ailleurs, dans un endroit nouveau je m'arme de quelques livres que je choisis tranquillement au moment propice. Ainsi, et l'expérience se vérifie à chaque fois, après lecture et le voyage terminé, le livre fait automatiquement office d'enregistreur d'ambiance, de parfums, de visions, à l'endroit ou il a été parcouru. La plupart de mes livres sont emprunts d'endroits que j'ai "enregistré". Il peut s'agir de chambres insolites, de terrasses, du TGV pour un certain voyage, d'une vieille maison que l'on ne fréquente plus désormais. Les livres possèdent ce formidable pouvoir qui peut expliquer la profonde affection qu'on y attache parfois.
Pour cela je conseille de choisir deux ou trois livres pour les voyages, mais tout dépend de leur durée, et de les choisir de préférence en rapport avec le lieu. Lors de mes dernières vacances, j'ai imprégné deux romans de JMG Le Clézio (Mondo et autre histoires, Le procès verbal) du soleil sicilien lourdement accumulé sur un petit balcon non loin de la mer ainsi que la douceur typique des nuits d'été qui vont avec.
Pour ceux qui connaissent Le procès verbal, j'étais pour ainsi dire presque dans la peau du personnage.
Plateau of mirrors Mon blog musique et création.
[ Dernière édition du message le 24/03/2011 à 19:22:24 ]
anton.
"Je veux parler de Dzibilnocac, parce que cette légende d’un lieu solitaire où on écrit la nuit me paraît belle. Belle comme la chambre d’ombre, le lieu où on est le mieux au monde pour oublier le monde et entrer seul dans les signes, qu’ils soient gravés sur la pierre, peints sur les feuilles de papier pliées en accordéon ou imprimées sur les pages serrées des livres sans images, qu’on tourne lentement dans le silence de la nuit. Écrire de nuit, lire de nuit, c’est le plus extraordinaire et le plus facile des voyages. Le temps se défait à rebours, le temps s’étire et se retourne, ponctué seulement parfois par un bruit de cloche venu de quelque sorte de tour perdue, au-delà des esplanades et des avenues, ou par le glissement du vent dans les feuillages inconnus, qui se referment aussitôt, comme font les branches et les lianes autour des murailles du vieux temple maya."
J.-M.G. Le Clézio, La Fête chantée, p. 122.
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anton.
En 1970, Le Clézio se retrouve presque par hasard au sein d'une tribu indienne du Panama ou il demeurera quatre ans en leur compagnie. Cette expérience est relatée dans son livre Hai sous la forme d'un récit qui remet en cause la dérive des sociétés occidentales et de l'homme au sein des grandes cités urbanisées. Il décrit le mode de vie de ces tribus dites primitives et fait une approche de l'art envisagé par ces peuples qui reste constamment ancré dans leur quotidien. Il aborde donc, ce que nous, occidentaux, appelons musique, peinture et sculpture avec un langage métaphorique magnifique dont seul l'auteur a le secret.
Ce livre, devenu rare, est l'un des moins connus de Le Clézio mais il s'agit en fait d'une oeuvre charnière qui marque un tournant dans la vie et la pensée de Le Clézio. Il n'y a qu'à comparer les oeuvres des années 60 à celles des années 70. Si vous tombez dessus je vous incite vraiment à vous y intéresser c'est absolument fascinant et je pèse mes mots. On aurait pu me faire lire n'importe quel spécialise de ces civilisations je n'étais pas prêt de m'y intéresser. Mais avec un tel langage, une telle beauté dans le verbe et cette approche méditative, ces descriptions deviennent concrètes et vivantes.
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Anonyme
lorsque je voyage ou lorsque je me trouve ailleurs, dans un endroit nouveau je m'arme de quelques livres que je choisis tranquillement au moment propice. Ainsi, et l'expérience se vérifie à chaque fois, après lecture et le voyage terminé, le livre fait automatiquement office d'enregistreur d'ambiance,
Oui, j'ai vécu ça à de nombreuses reprises. Ceci étant dit, comme je relis régulièrement certains livres (ceux qui m'ont le plus parlé et qui ont donc le plus imprégné toute l'ambiance autour d'eux), ce phénomène tend à s'estomper. Malheureusement...
Mais avec un tel langage, une telle beauté dans le verbe et cette approche méditative, ces descriptions deviennent concrètes et vivantes.
Ben toi, tu donnes envie de lire!!
A bientôt
Xa
lucasd'airy
de la br...... intellectuelle alliée à un dogmatisme post-adolescent.
dixit xheindrichs
Arrête, tu m'excites, en plein jour du Seigneur
________
Deuxième essai avec le nouveau masque de navig' d fora
[ Dernière édition du message le 01/04/2011 à 18:35:38 ]
anton.
"Entre le bruit des flûtes indiennes et le langage articulé il y'a le chant. Mais pour l'indien, le chant est encore une autre forme de silence. C'est un langage dénaturé, incompréhensible par la distorsion des mots, le timbre, l'intensité de la voix, par la syncope, le rythme, le geste vocal. De même qu'il ignore la musique harmonique, l'indien ne connait pas la mélodie. Elle ne l'intéresse pas dans le chant. Il n'a pas le gout pour cela. Ses chansons, il ne les veut pas belles, ils e moque bien de l'"air". Impossible de siffler ces chants-là, ils n'ont pas de mémoire.
¨Psalmodie plutôt, répétition continuelle de la même phrase musicale, comme s'il n'y avait qu'un chant possible, une seule musique. Pour l'Indien, le chant n'est pas une distraction ni une décoration. Comme le langage, comme les signes de la peinture, comme le chant de l'oiseau serpentaire, du martin pêcheur, de l'épervier, du troglodyte, le chant de l'homme est seul et unique. Il est son identité, son slogan, son emblème. A quoi bon varier? A quoi bon inventer des airs nouveaux? L'Indien est délibérément étranger à cette compétition, à ce commerce. Le chant de l'homme est venu directement des profondeurs du passé, il a traversé le temps sans métamorphose, sans altération."
Haï, p.65.
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Anonyme
Rendons à César ce qui appartient à César. Le fameux "de la br...... intellectuelle alliée à un dogmatisme post-adolescent." provient de Mister Andon!
Quant au jour du seigneur, c'est le dimanche...
A bientôt
Xa
[ Dernière édition du message le 01/04/2011 à 22:56:30 ]
Anonyme
@+
anton.
Mais il y'a peut être la contrainte éditeur qui a imposé un certain format aux auteurs des textes. A ce titre les interviews d'artistes me paraissent également très recoupées. Après je peux comprendre que ces auteurs soit très passionnés dans leurs écrits mais bon je trouve que ça manque de rigueur.
Donc à réserver à ceux qui veulent découvrir ces musiques là.
Sinon le jour du seigneur pour lucasdesrets c'est peut être vendredi
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[ Dernière édition du message le 02/04/2011 à 16:08:11 ]
Anonyme
Sinon le jour du seigneur pour lucasdesrets c'est peut être vendredi
Euh... Oui, pas faux, pas faux!!
A bientôt
Xa
Anonyme
et puis, ... salut à vous deux
anton.
Concernant la musique, inévitablement oui. Ce qui n'empêche pas de faire des distinctions entre certains artistes. Pour cette philosophie new-age je suis prêt à l'accepter. Pour moi cette musique new-age, si on veut l'appeler comme ça, représente le dernier bastion d'une musique qui a perdu tout son sens originel. J'en écoute tout en gardant à l'esprit qu'elle n'est pas ce qu'elle prétend être. Je l'interprète plus comme une preuve que l'expérience auditive est à 1000 lieues du schéma d'écoute qu'on nous a imposé depuis que la musique a été envisagée comme un produit de consommation courante. Il faut bien avouer que lorsqu'on vit dans une zone urbaine dans un pays aussi occidentalisé que le nôtre il est bien difficile de s'en extirper.
Plateau of mirrors Mon blog musique et création.
[ Dernière édition du message le 02/04/2011 à 23:05:48 ]
Anonyme
anton.
Plateau of mirrors Mon blog musique et création.
anton.
Concernant Absynth je ne l'utilise plus vraiment. En ce moment je teste le ME80, une émulation du CS80. Je suis en train de préparer quelques presets d'ailleurs. Il y'en a sur le site memorymoon si tu veux en écouter quelques uns. J'aime beaucoup le grain du CS80, ce synthé est une réussite même si je n'ai jamais joué sur l'original. Et toi la musique? Et la surface de contrôle?
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Anonyme
Anonyme
oui, très bien le ME80, par contre je ne connaissais pas les autres, à voir
toujours Absynth, Moog Modular et Zebra en ce qui me concerne, et un album de temps à autre : http://bernardreeb.free.fr/page_musiques.htm... le dernier, Résonances , trèèès ambient(toute la collection Lumina magica en fait)
Pour la surface de contrôle, j'ai bien une solution pour développer un proto, mais pas vraiment le temps pour foncer comme il le faudrait.
anton.
Il y'a un livre sinon chez le même éditeur sur le krautrock: krautrocksampler mais tu l'as peut être déjà lu?
Le moog et le Zebra sont vraiment énormes. J'ai les mêmes références que toi. Pour la surface de contrôle il reste plus qu'à espérer qu'un constructeur ait la même idée que toi.
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Anonyme
Quant à JMG Le Clézio, quel rare écrivain ! L'amour du mot et de la phrase, chose qui se dilue tant de nos jours. Mais Haï à 180 euros d'occasion
Anonyme
vous êtes sévères avec le new-age, et pourtant vos "expériences d'intériorité" ne sont-elles pas justement le fond-même du new-age (non la musique seulement, mais la philosophie-religion en générale)
Salut Mr Absynth n°2
Sévères? Bah... Comme le serait un peintre "peintre" face aux oeuvres d'un type qui utilise de la peinture pour faire des tableaux destinés à de la décoration dans un resto, par exemple. Les moyens sont les mêmes (peinture, toile / son, cd), les destinations sont très différentes (créer une ambiance, une image, une atmosphère propice à la détente et la consommation / exprimer, rechercher, témoigner de quelque chose qui a sa fin en soi). Le new age est une musique utilitaire, qui sert à quelque chose a priori. La motivation de l'artiste new age, est, je pense, de relaxer les écoutants, de les faire s'arrêter de fumer (avec techniques de metahypnose), etc. Il prend des voix, des sons classiques (guitares, violons, etc, des sons de la nature, il mélange le tout et le résultat suit souvent un schéma assez classique, peu déroutant... On sait quasi ce qu'on achète à l'avance. La pochette est également explicite. On voit une forêt, un ruisseau, et on est déjà conquis parce qu'on sait qu'on va entendre des sonorités de ruisseaux. L'ambient ne sert, je pense, à rien de prédéterminé par l'artiste qui soit en dehors de sa musique elle-même. Il est beaucoup moins explicite, prédéterminé.
Il y a une différence entre ce que je conçois être une "expérience d'intériorité" et ce qui constitue le new age. Le new age se caractérise par un choix de certains éléments parmi différentes pratiques, religions, spiritualités, philosophies, éléments sortis de leur contexte et rassemblés dans un nouvel ensemble. C'est un peu le marché, où l'acheteur prend ce qui lui convient. L'expérience d'intériorité est un moment vécu par un individu qui crée une cassure dans ce que le quotidien a de "normal" et que l'individu relit en termes de lien avec une dimension plus profonde (a minima "différente", a maxima "absolue") de l'existence. L'individu qui représente à l'extrême les expériences d'intériorité sont des ermites, des mystiques. C'est l'archétype de celui qui doute, qui expérimente par lui-même, qui sait. L'individu du new age est plus du type de celui qui croit, de celui qui suit (sans jugement de valeur). Il est finalement plus proche d'un système religieux (dogmes, dimension collective, rassemblements prévus à l'avance, officiant, histoires, hiérarchie, lieux...) que ne l'est le mystique (expérience, individualisation, solitude, spontanéité de l'expérience, autonomie, ... ) qui, même si, la plupart du temps, il s'inscrit dans un contexte religieux, il s'en écarte, allant plus loin, de par ses expériences et son ressenti. De nombreux mystiques (chrétiens surtout, même déclarés "saints") s'expriment dans le sens d'un au-delà de Dieu, de sa vacuité, ce qui fera les grands jours de l'inquisition).
A bientôt
Xa
Anonyme
Voilà une réponse bien nette et claire comme la partie cartésienne de mon cerveau les adore. On s'entend effectivement sur ce qu'on appelle le new-age dans cette conversation : ta description est suffisamment imagée.
Bien que je synthétise plus facilement le son que mes pensées sur ce sujet, je dirais que les frontières ne sont pas si bien délimitées et même s'entremêlent. D'un côté on a Andreas Vollenweider et sa harpe magique (et son immense talent) qui est très nettement étiqueté "new-age" (et en effet, il "est" new-age) alors que sa musique est bien plus ambitieuse et s'écoute autrement que comme un papier peint, tandis que l'ambient de Eno (en rapport à l'invention du terme) correspond justement à ta définition du new-age, on glisse facilement vers la musak : détente, consommation, ...
Par ailleurs, je suis certain que les fans de Yanni (du new-age si je ne me trompe) connaissent pour beaucoup cette expérience d'intériorité dont tu parles et qu'à l'inverse beaucoup peuvent passer du Steve Roach (de l'ambient) juste pour meubler le silence.
En fait j'ai été moi-même très sévère avec le new-age il fut un temps, mais me méfie maintenant de ce type de certitude.
Par ailleurs, ces expériences d'intériorité sont accessibles à travers toutes musiques et ne sont pas réservées à l'ambient (bien que, comme dit, ce genre soit particulièrement propice à ce type d'écoute) : tu sais mon admiration pour les espaces de Ligeti, l'orgue de Messiaen, les monophonies du XII° siècles,... et même les partitas de Bach (violon en particulier) sont planantes à souhait, selon la façon de les percevoir, et ça c'est une donnée bien individuelle qui défie tout classement (y compris sans jugement de valeur).
anton.
il se trouve que c'est le champ qui me permet de mieux explorer mes divers intérêts pour la musique en général et le son en particulier.
D'accord! Et tu utilises quoi pour cela? Une faucheuse, un râteau?
Quant à JMG Le Clézio, quel rare écrivain ! L'amour du mot et de la phrase, chose qui se dilue tant de nos jours. Mais Haï à 180 euros d'occasionS'il existe en e-book à prix raisonnable, je m'achète une liseuse !
Content de voir qu'il y'en a qui apprécie encore cela. J'ai eu la chance de le trouver pour quelques euros. Je te le souhaite également.
Plateau of mirrors Mon blog musique et création.
[ Dernière édition du message le 03/04/2011 à 19:14:07 ]
Anonyme
Et j'ai un zebra qui broute dans mon champ, et puis j'y cultive de l'absynth
PS : en fait, je voulais dire "qui me permet le mieux d'explorer"
[ Dernière édition du message le 03/04/2011 à 19:59:57 ]
anton.
L'individu qui représente à l'extrême les expériences d'intériorité sont des ermites, des mystiques. C'est l'archétype de celui qui doute, qui expérimente par lui-même, qui sait. L'individu du new age est plus du type de celui qui croit, de celui qui suit (sans jugement de valeur). Il est finalement plus proche d'un système religieux (dogmes, dimension collective, rassemblements prévus à l'avance, officiant, histoires, hiérarchie, lieux...) que ne l'est le mystique (expérience, individualisation, solitude, spontanéité de l'expérience, autonomie, ... ) qui, même si, la plupart du temps, il s'inscrit dans un contexte religieux, il s'en écarte, allant plus loin, de par ses expériences et son ressenti.
Je suis d'accord avec tout ça. C'est ce qui définit l'exotérisme (extérieur) et l'ésotérisme (intérieur) propre à chaque religion. Je pense immédiatement aux rites soufis qui aborde la musique, pourtant interdite en Islam, d'un point de vue transcendantal.
Bien que je synthétise plus facilement le son que mes pensées sur ce sujet, je dirais que les frontières ne sont pas si bien délimitées et même s'entremêlent. D'un côté on a Andreas Vollenweider et sa harpe magique (et son immense talent) qui est très nettement étiqueté "new-age" (et en effet, il "est" new-age) alors que sa musique est bien plus ambitieuse et s'écoute autrement que comme un papier peint, tandis que l'ambient de Eno (en rapport à l'invention du terme) correspond justement à ta définition du new-age, on glisse facilement vers la musak : détente, consommation, ...
Tout à fait. Je pense que chacun a sa définition du new-age. Si l'on regarde les choses de façon général et avec distance, Eno est celui qui a, inconsciemment ou non, fondé les bases du new-age dans ce qu'il a de plus mauvais. Il a fondé une sorte de mouvement avant gardiste pour l'époque, grâce a une notoriété quand même déjà acquise, qui lui a permis de légitimer et promouvoir cette perspective musicale. Pour moi il est aussi critiquable que défendable car on ne peut pas lui enlever le fruit de ses collaborations qui lui ont permis de faire valoir son talent au niveau des techniques de studio. Je pense que là est son vrai talent au delà de l'idéologie ambiant et ses contours un peu flous.
Plateau of mirrors Mon blog musique et création.
[ Dernière édition du message le 04/04/2011 à 05:43:19 ]
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