Partition, composition, interprétation
- 120 réponses
- 11 participants
- 9 139 vues
- 15 followers
a.k.a
Bon, le sujet est intéressant, je propose qu'on continue ici :
Citation de Trau :
Les partitions ça aide pas mal pour savoir à quoi ressemblait l'original quand même.
Citation de Moi :
J'ai peur que ça soit un poil plus compliqué. Et quand on arrive deuxième moitié XXe, ça devient vraiment drôle.
Citation :
Oué mais même dans ce cas là : les techniques, les instruments, les pédagogies ont changé. Les partitions aident pour se faire une idée, oui, mais finalement, chaque interprétation est une adaptation de cette idée générale (la partoche) par les musiciens, chef inclus. Il y a tellement de versions différentes des oeuvres...
Citation :
C'est certain, mais en prenant les manuscrits originaux (quand ils existent) et les instruments d'époque (ou répliques), on peut s'approcher de l'original. Tout comme des milliers de groupes amateurs se font une joie de défoncer Money, et que le monsieur ci-suscité au-dessus cherche à reproduire fidèlement.
Citation de Splotch:
Alors qu'un artiste romantique par exemple pour savoir quelle intensité sur quelle partie il voulait vraiment ou pour un compositeur la manière dont il imaginait l'équilibre global entre les parties c'est une autre paire de manche. Dans tout les cas ça reste une interprétation que ce soit une tentative de coller au mieux à la partoche ou une nouvelle interprétation.
Citation de Da :
Je joue moi-même souvent une musique qui a été écrite il y a parfois plus de 300 ans, et quelquefois, la vie m'offre même la joie unique de la jouer sur un instrument qui, lui-même, a plus de 300 ans.
J'ai la faiblesse de penser qu'il y a beaucoup d'ignorance dans les propos cités.
Tant que personne n'a reçu (et parfaitement assimilé) les instructions du compositeur lui-même, et saisi ses attentes en terme de le résultat auquel il veut arriver avec son œuvre, je trouve que c'est s'avancer un peu vite en prétendant qu'on doit certainement arriver un peu pas loin tout près si peu mais enfin voyons assez fidèle à l'original.
Il y a dix mille façons de jouer la Petite fugue en sol mineur de Jean-Sébastien Bach, pour ne prendre qu'elle: avec un clavecin ou au contraire avec les 80 musiciens d'un philharmonique, avec seulement trois flûtistes ou bien encore tout seul avec un orgue. Hé bien on ne saura jamais si on est près ou loin de la "version originale", tout simplement parce qu'on ne pourra jamais ni entendre Bach diriger lui-même son œuvre, ni étudier une interview où il l'expliquerait.
C'est le cas général avec la musique classique.
Il y a un chef, dit "chef d'orchestre", lequel endosse bien plus de responsabilités que ce que n'en a endossé Michael Kamen quand il a dirigé le Philharmonique de San-Francisco qui accompagnait Metallica sur la tournée S&M.
Le chef d'orchestre est en effet responsable de tout: du nombre et de la distribution des musiciens sur scène, de l'interprétation qu'ils doivent fournir, du son, de la vivacité ou de l'apathie de l'exécution, de là où il pense devoir ralentir, là où il estime devoir accélérer, si les trompettes pètent ou si les timbales sont sous-frappées, le chef est responsable de TOUT.
Exemples: sur une partition, l'indication du tempo est "ALLEGRETTO". Bon. Un allegretto, ça varie "communément" (parce que chacun fait ce qu'il veut, en fait) de 100 à 128. Cela veut dire que le même morceau noté "allegretto", untel va le prendre à 100, un autre à 120... Pareil pour les mentions du style "rall." qui signifie "ralentir": aucune indication de la vitesse au début ni de celle de la fin. C'est laissé à l'appréciation du chef. Lespoints d'orgue, triple forte, mezzopiani, crescendi, itou: tout est laissé à l'entière appréciation du chef.
De fait, on place successivement Altinoglu, Scarpitta et John Williams face au même orchestre, et on fait jouer successivement la même œuvre par les trois, on obtient trois choses différentes. Parce qu'avant tout, c'est cela qu'on attend du chef d'orchestre : mener et faire entendre son interprétation. C'est très différent avec les œuvres originales qui ont pu être enregistrées sous la houlette du compositeur, puisqu'effectivement, ayant une base originale sur laquelle se baser, l'interprétation n'est plus de mise.
Citation de Trau :
Alors en gros, oui, certes, et merci de me prendre pour un niais au passage, mais :
Citation :Il y a dix mille façons de jouer la Petite fugue en sol mineur de Jean-Sébastien Bach, pour ne prendre qu'elle: avec un clavecin ou au contraire avec les 80 musiciens d'un philharmonique, avec seulement trois flûtistes ou bien encore tout seul avec un orgue. Hé bien on ne saura jamais si on est près ou loin de la "version originale", tout simplement parce qu'on ne pourra jamais ni entendre Bach diriger lui-même son œuvre, ni étudier une interview où il l'expliquerait.
Quand Bach, puisqu'on parle de lui, fait une pièce pour orgue, elle est pour un orgue, non ? pas pour un kazoo ou une TB 303. Donc si on joue cette pièce sur un orgue, en suivant les indications du manuscrit (et pas d'une édition ultérieure), on s'approche (je suis pas du genre à utiliser des mots pour faire joli) de la volonté originelle.
et
Citation :C'est très différent avec les œuvres originales qui ont pu être enregistrées sous la houlette du compositeur, puisqu'effectivement, ayant une base originale sur laquelle se baser, l'interprétation n'est plus de mise.
Il existe des disènes d'interprétations différentes de Smells like teen spirit. Et de disènes d'autres titres. Récemment les Choeur de l'armée rouge ont interprété Get Lucky.
a.k.a
Bon, cool, la discussion s'est un peu poursuivie ici. C'est un de mes centres d'intérêt (a bankable hobby actually) que ces questions, je suis bien content qu'elles aient émergé au détour d'Alerte citations et qu'on puisse en parler de front !
Citation :
Une 303, c'est un instrument de musique, ça fait des notes.
Des musicologues prétendent que non, un instrument électronique (ou un ordinateur + périphériques, pour élargir et faire réagir ) n'est pas strictement un instrument de musique. (C. Cadoz et B. Sève pour les citer). Que diriez vous sur l'ordinateur : instrument de musique à part entière, intermédiaire ?
Citation :
Une interpétation assez fidèle je trouve.
C'est là qu'on commence à jouer sur les mots : non, pas une interprétation, une adaptation : aucun texte musical ne préside à cet enregistrement, meme s'il reproduit quelque chose qui a été enregistré.
Citation de Da :
J'aurais fait une remarque un peu approximative concernant le style qui est le tien, tu m'aurais repris de la même façon...
Yeah, l'idée c'est l'échange cordial de points de vue, on est bien d'accord.
Jehan Alain, mmmh, spa la première fois que je croise son nom, tu pourrais citer des enregistrements de référence (voire des enregistrements où lui-meme est aux manettes ?) ?
Citation de Da :
C'est ce que je veux essayer de faire comprendre avec mon histoire de chef et d'orchestre: chacun son style et de toutes façons, on n'a pas assez d'indication pour être certain que ce qu'on va interpréter est loin, ou pas loin, des souhaits originaux vu que les compositeurs sont morts...
Moui, bof, meme si assez d'accord avec ton discours en général. Un contre-exemple : Stravinsky, en arrivant aux US, a enregistré sa version du Sacre du Printemps, eh bien c'est loin d'etre la meilleure, et nombre de critiques (moi y compris, à mon niveau, pour avoir écouté 4 ou 5 versions, dont la sienne, en tant que chef d'orchestre) le pense. Donc meme du vivant des compositeurs, il est en possible que ce ne soit pas eux qui en livrent la meilleure version.
Citation de Da:
Il existe à jamaisun seuloriginal.
Alors qu'en musique classique il n'existepasd'original.
Oui, exactement, c'est ce que je disais par rapport à la caverne des idées. Il faut opposer enregistrement "live" immortalisé et vendu à grande échelle et partition, on est dans deux registres différents. Je peux balancer les réf biblio si ça vous intéresse !
CB > Non, ce n'est pas une partition de 303, ce n'est pas écrit, c'est un pattern que je peux enregistrer sur ma machine (un fichier de données, si je ne m'abuse), pas un document qui a une signification quasi-universelle ! Ou bien je n'ai pas vu le document (plus probable) ?
Citation :
Une partition n'indique jamais le nombre de musiciens (à part les pièces pour orchestre de chambre)
Tu plaisantes ou bien ? Mozart le fait (nomenclature de l'orchestre classique), et c'est le premier d'une longue série, qui n'a pas encore aboutie. Remarque intéressante sur l'interprétation du point d'orgue, par contre. Je complète avec un autre exemple. La pièce connue sous le nom deClavier bien tempéré porte bien son nom, c'est la traduction littérale de Das Wohltemperierte Klavier et on voit bien que l'instrument n'est pas déterminé précisément. La pièce est pour un instrument à clavier, mais lequel...? On connait Glenn Gould et qui on voudra mais il y a aussi Walter/Wendy Carlos qui en a enregistré des versions pour Moog. Il y a aussi des versions pour quatuor à cordes très réussies de l'Art de la fugue.
Citation de Da :
Les ouvres du classique, à jamais elles ont été postées en notre absence, et de toutes façons le compositeur ne viendra plus jamais râler... alors on peut en faire ce qu'on veut. On DOIT même en faire ce qu'on veut.
Oui, +1, et meme quand les compositeurs sont en vie et qu'ils assistent à la réalisation de l'oeuvre qu'ils ont écrite par les musiciens, ils ont des surprises !
Citation :
Ben si tu considères que l'interprétation change l'essence de l'oeuvre, oui.
Tu peux développer ?
Un bisou spécial à Tro et Da pour la bonne tranche de discussion, les gars.
Désolé, mon accent conflexe pine sur le forum.
[ Dernière édition du message le 12/02/2014 à 02:00:17 ]
a.k.a
Et pas de tl;dr, hein, sinon passe ton chemin.
Traumax
Des musicologues prétendent que non, un instrument électronique (ou un ordinateur + périphériques, pour élargir et faire réagir icon_wink.gif ) n'est pas strictement un instrument de musique. (C. Cadoz et B. Sève pour les citer). Que diriez vous sur l'ordinateur : instrument de musique à part entière, intermédiaire ?
Donc, on peux être docteur en musicologie et ne rien comprendre à ce qui fait la musique actuellement. C'est pas bien grave, c'est pas la première fois que des universitaires sont complètement à coté de la plaque quand il s'agit de parler du monde qui les entoure.
La musique, c'est bien un agencement rythmique et mélodique de sons, non ? (laissons de coté la musique atonale/arythmique pour le moment, si vous voulez bien.)
Donc une 303 (ou un ordi, ou une monotribe, ou ce que tu veux dans ce genre là), produit de la musique. On pourra dire que ces trucs REproduisent la musique. Sauf que sans enregistrement (considérons le bounce d'un VST comme tel), cette reproduction n'est pas transmissible en dehors de la machine qui a servi à créer la musique. On est loin d'un mange-disque donc.
Reste l'aspect performance, qui est delayé dans la séquence enregistrée. D'instinct (j'ai évidement pas lu les gens dont tu parles), je pense qu'ils excluent les machines de la catégorie "instrument de musique" pour justement le manque de performance ( au sens "jouer d'un instrument" ). Ca se comprend comme analyse, mais c'est avoir une définition bien étroite de l'instrument, au vu notamment des technologies actuelles. Et on revient à mon propos liminaire, certains universitaires feraient bien de sortir leur mouille dehors de temps en temps.
Non, ce n'est pas une partition de 303, ce n'est pas écrit, c'est un pattern que je peux enregistrer sur ma machine (un fichier de données, si je ne m'abuse), pas un document qui a une signification quasi-universelle ! Ou bien je n'ai pas vu le document (plus probable) ?
C'est bien un document écrit, mais spécifique à la 303. Donc pas universel.
Tu peux développer ?
Je pense que c'est un tout indissociable. L'essence de la musique n'est ni dans la partition ni dans son interprétation, mais dans l'alliance des deux. Un excellent interprète sans rien à interpréter, il est peu de choses. Une pièce magnifique dans mes mains, c'est rien du tout.
Je pense que, pour prendre un exemple que je connais (je connais pas grand chose en classique), le Lacrimosa de Mozart joué par Massive via une piste midi, ca risque de donner un truc vraiment chiant à écouter, mais qu'on aura toujours l'essence du morceau : le deuil, la tristesse, les pleurs...
Get Lucky par les choeurs de l'armée rouge, on a toujours l'essence du morceau : l'entrain, la danse, la fête (bon, un peu plus rigide qu'avec Pharrell, quand même)
Anonyme
- Une partition n'indique jamais le nombre de musiciens (à part les pièces pour orchestre de chambre)
- Tu plaisantes ou bien ?
Bah non, je plaisante pas. Prend une sympho de Beethoven, Dvorak, Berlioz, qui tu veux, fais la jouer par un orchestre, ça envoie. Enlève une trompette, refais jouer : ça envoie pareil. Enlève un trombone, refais jouer: c'est toujours quasiment la même chose. C'est quand tu auras enlevé un certain de nombre d'instruments qu'on commencera enfin à percevoir une altération par rapport à la première exécution. Altération, mais on ne sait pas encore véritablement si c'est en bien ou en mal... c'est juste un son et un rendu acoustique différent du début.
En revanche, reprend la même œuvre et le même orchestre qu'au début. Remplace le chef (Altinoglu) par un autre (Williams) et refais jouer sans toucher cette fois-ci un seul cheveu des musiciens : là le résultat est complètement différent.
Jusqu'à une certaine époque, la composition de l'orchestre n'est pas clairement définie. Quand un compositeur écrit une œuvre pour orchestre, il sait qu'elle sera jouée par un groupe de n musiciens, que parmi ces n musiciens il y aura un pupitre de trompettes pour les medium, un pupitre de trombones pour les parties tenor/baryton, des basses, des aigus, des percussions, des cordes... et toujours pas de guitare électrique (c'est normal, Yngwie J Malmsteen n'est pas encore né).
Maintenant, combien de trompettes, combien de cors, quelle puissance en db maxi en crête musicaux RMS efficaces (barrez la mention inutile) des cuivres par rapport aux bois ? Il ne le sait pas. Personne ne le sait. Et même: IL S'EN FOUT, c'est pas son job. Son job de compositeur, c'est d'écrire et assembler des thèmes musicaux qui forment un ensemble cohérent. Donner vie à ce truc, le faire péter, lui donner de l'éclat, c'est pas le job du compositeur : c'est celui du chef d'orchestre, par principe et par nature.
Le compositeur, au départ, il a un bull et un rouleau compresseur, et il pense, dessine et construit un circuit de course créé au milieu de nulle part. Point. Il s'arrange pour que ce soit joli, et qu'il y ait des virages pour le fun et le suspens, ainsi qu'une belle ligne droite pour pouvoir faire marcher les machins à 300 à l'heure, et aussi des stands, bref tout ce qu'on attend pour une belle course.
Une fois son circuit fini, il en fait le plan sur un papier et le transmet à la FIA: voici la partition.
Après, que ce soit des F1, des motos, des caisses à savon ou des rugbymen en tutu qui vont courir dessus, c'est pas son problème : c'est la FIA qui décide, qui interprète le circuit à sa guise, c'est elle le chef d'orchestre, qui est en charge de présenter le spectacle qu'elle envisage de donner sur le circuit imaginé par le compositeur.
Le circuit, au départ le compositeur l'a peut-être imaginé rempli de M. Schumacher au volant de Ferrari rouge sang en train de se livrer le duel du siècle. Peut-être.
Pour autant, IRL, ce circuit pourra servir à plein d'autres concurrents et plein d'autres engins de course, du basket au camion.
C'est ce que je voulais précisément entendre par "Une partition n'indique jamais le nombre de musiciens".
[ Dernière édition du message le 12/02/2014 à 10:45:00 ]
Arnice
Même si les réflexions partent très très loin
Je mets mon petit grain de sel concernant les orchestres.
Si la partition n'indique pas le nombre de musiciens, il y a quand même des "règles" qui vont fixer celui-ci pour pouvoir respecter un équilibre spectral et sonore au sein de la formation.
Par là, je veux dire qu'on ne peut pas* mettre 24 violons pour la section "violons I" et seulement 8 violons pour la section "violons II" et seulement 1 contrebasse.
* (enfin si on peut, mais ça va sonner franchement "déséquilibré")
Mais sur le fond, je suis assez d'accord avec le père Da'
Anonyme
Mais si tu consultes la fiche Wiki sur l'orchestre symphonique, tu liras qu'il n'y a aucun chiffre de sûr et certain, et pourtant on est en 2014! Donc même de nos jours, un orchestre symphonique "c'est quatre familles d'instruments : les cordes, les bois, les cuivres et les percussions" et un chef, disposés peu ou prou de la même façon sur scène... maintenant, combien de musicien dans chaque pupitre, et combien en tout ? aucun chiffre. Wiki ne donne que des estimations. Rien n'est encore écrit dans le marbre en 2014, a fortiori c'était pareil (voire encore moins organisé) y a 300 ans.
[ Dernière édition du message le 12/02/2014 à 12:05:45 ]
Anonyme
Citation :Jehan Alain, mmmh, spa la première fois que je croise son nom, tu pourrais citer des enregistrements de référence
Je parle de lui sur le topic de l'orgue à tuyaux.
Jehan Alain c'est une musique pour orgue et expérimentale: autant dire qu'elle cumule les qualités pour faire fuir les gens. Même si elle n'atteint pas le niveau cryptique d'un Legay ou d'un Messiaen...
Difficile donc de faire une sélection pertinente, cependant un bon morceau de lui pour le situer: Les Litanies, que j'ai posté ici.
Si tu veux approfondir, je te conseille de choper en médiathèque l'une des 3 intégrales réalisées par sa sœur Marie-Claire Alain, si possible sur l'orgue de Saint-Germain en Laye : l'orgue de Jehan Alain joué par la propre soeur de Jehan Alain, on ne peut pas être plus près de l'intention originale ! Je ne crois pas malheureusement qu'il y ait des enregistrements de la main même d'Alain, vu que ce couillon est mort très jeune à la guerre.
[ Dernière édition du message le 12/02/2014 à 12:32:29 ]
Anonyme
Une partition c’est la carte qui permet de retrouver son chemin et ça ne peut pas être le territoire qu’elle est censée représenter. Allons plus loin, dans/sur le territoire lui-même.
Il est là devant nous et on le perçoit avec tous nos sens. Et pourtant votre perception est différente de ma perception ou de celle de mon banquier.
Je suis un humble pianiste/guitariste AMATEUR et je ne suis assurément pas un spécialiste de la chose musicale.
Mais prenez un morceau classique et cherchez sur Internet toutes les partitions de ce morceau. Vous allez vite vous rendre compte qu’ENTRE le compositeur et la partition, il y a une foule de gens, éditeurs, imprimeurs, correcteurs ! qui ont ajouté ou enlevé des signes d’interprétation, de nuance…, ou même modifié la partition originale qui parfois peut être si détériorée qu’il faut plus deviner ce qui est écrit que de le lire.
Pour les reproductions il y a aussi de nombreuses erreurs de typographie avec des notes (mal accrochées ) qui changent de ligne.
Mais vous avez aussi des modifications dues à d’autres compositeurs .
Prenez le Prélude BWV 846 de J.S.Bach. La partition originale fait 35 mesures avec un passage très intéressant mesures 20 à 24 que j’analyse :
C7 - FM7 - F#°7 - Dm7/b5 - G7
Le compositeur Czerny de la génération suivante, à trouvé que Bach avait commis une erreur si grossière qu’il a décidé de corriger en ajoutant une mesure entre la mesure 22 et 23
C7 – FM7 - F#°7 - CmM7 - Dm7/b5 - G7
Ce qui donne une structure de 36 mesures bien rassurantes. Mais Bach s’est-il vraiment trompé
Alors quoi faire ?
Pour moi il n’y pas d’autre solution que de sentir la musique et de comprendre ce qui est écrit.
L’interprétation, c’est donner du sens à ce qui est lu. Peu importe si c’est juste, selon les spécialistes, ou pas. La musique (surtout) classique n’est pas forcément conservée dans du formol.
N’avez-vous jamais composé un petit morceau vous-même ? Vous l’avez peut être écrit pour conserver votre géniale inspiration . Et quoi ! vous le rejouez quelques temps plus tard c’est plus vraiment le même, vous avez changé, l’humeur n’est pas la même, et le morceau devient légèrement différent. C’est la magie de la musique qui n’oublions pas ne traite que de l’instant. Tout le reste n’est que procédé de conservation.
Alors n’en est-il pas de même pour les partitions de nos maitres ?
Un autre débat pourrait être :
Pourquoi voulons-nous jouer COMME on SUPPOSE que le compositeur l’a voulu .
Quel en est l’intérêt ? N’est-ce pas un formatage insidieux qui ferait du musicien, une machine à reproduire.
Anonyme
Peu importe si c’est juste, selon les spécialistes
Grrrrrrrrrrrrr.
Mais putain, qu'il y en ait un, un jour, de ce spécialistes, qui m'entende jouer, et pi qui vienne à la fin me dire "ah ah, tu joues bien mais Bach l'aurait pas joué comme ça". Et alors quoi? T'y étais, cono, en 1700 et quelques, pour savoir précisément que Bach l'aurait joué comme ça ou comme ça? T'es qui, sans dec?
Justement, le BWV 846 dont tu parles ci-dessus... moi je le joue à la terroriste. J'en salive d'avance quand je me prépare à jouer ça devant un "connaisseur", parce que j'envoie des rubato à fond la caisse, je tiens la pédale sur deux mesures pour laisser monter une "infâme" (à leurs yeux) bouillie sonore, à la fin de laquelle je lâche brièvement la pédale pour la faire cesser et faire émerger triomphalement le dernier accord de la cadence... et à la fin, les spécialistes s'arrachent les cheveux! "De quoi ??? du rubato sur ce morceau là, mais t'es malade" "et la pédale? de la pédale ici? t'es taré y pas de pédale", etc jusqu'à la fin, où, pour les achever, sitôt la finale envoyée, je pars sur un rock'n'roll en DO/FA/SOL bien gras (qui s'enclenche divinement, en plus, après ce morceau).
Et là tous les incultes applaudissent parce que ça leur parle, un bon rock'n'roll décontracté après le morceau de piano classique peut-être le plus connu au monde... mais les autres, là, les connaisseurs, les classiqueux et les conservatoireux, ils sont tellement ficelés et engoncés dans leurs préjugés qu'ils n'arrivent même pas à écouter ce que j'ai fait: leurs oreilles se sont fermées, dès l'évocation de l'"infâmie" que j'allais commettre. Pour eux, le BWV 846 se joue mécaniquement: pas de forte/piano, pas d'accélérations ni ralentissements, pas de fioritures. Du dessin d'architecte d'HLM quoi, tracé au millimètre sans une égratignure qui dépasse, parce qu'on leur a dit que Bach c'était ça, et qu'ils n'imaginent pas jouer Bach autrement que ça, sinon ils commettraient sans doute un péché de lèse majesté terrible. Et moi, je suis plutôt Montres Molles de Dali en la matière...
D'ailleurs tous les vrais classiqueux détestaient Pavarotti, et détestent André Rieu.
Le premier, parce qu'il a osé aller s'acoquiner avec des "chanteurs de variété", pffff, lui, l'immense talent...
Le second parce qu'il a commis le crime de sortir la musique classique des auditoriums, l'amener dans les stades, à la télé, en faire un spectacle qui - horreur! - attire des milliers de spectateurs. Chose que les classiqueux n'ont JAMAIS réussi dans les cent dernières années. Alors ils parlent de trahison, de perte des valeurs, de spectacle grotesque et comique... sans voir que les véritables singes comiques enfermés dans la cage, c'est eux... et qu'André Rieu, en 50 concerts, il a amené la musique classique devant plus de personnes que tous les classiqueux du monde n'arriveront jamais à réunir en un siècle d'existence...
[ Dernière édition du message le 13/02/2014 à 17:34:44 ]
Anonyme
N’est-ce pas un formatage insidieux qui ferait du musicien, une machine à reproduire.
Voilà précisément énoncé ce que je reproche aux Conservatoires : faire du musicien une machine à reproduire.
- < Liste des sujets
- Charte