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Sujet Pure feeling vs formation théorico, analytico, historico, pratico instrumentale.

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Sujet de la discussion Pure feeling vs formation théorico, analytico, historico, pratico instrumentale.
J'ai demandé à mes profs (théorico, analytico, historico tout ce que tu veux!) ceci:

Je suis incapable d'aller à un concert et de juste déguster l'esprit, de me laisser toucher au fin fond de mon âme par la musique à cause des tas de questions que je me pose:

harmoniquement, forme, thématique, rythme, l'interprétation est-elle fidèle au style du compositeur, là il aurait dû faire ça au lieu de ça...
Je me prends la tête pour des détails et les gens qui m'accompagnent sont tjs génés par mes commentaires. etc.

Leur réponse: t'inquiète pas, tu es dans un passage obligé, ça va changer, même si "la raison" peut être pour toi un obstacle pour "la passion", ça va changer et tu arriveras de nouveau à déguster la musique.
Selon mes profs, tout ce qui est cérébral au début finit par devenir un reflexe inné et ne plus déranger l'instinct de l'appréciation du beau tout simplement.


Qu'est-ce que vous en dites?
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C'est intéressant le cheminement exposé par certains sur le fait qu'on passe du stade où on analyse à mort et celui où on apprécie au-delà de l'analyse, devenue systématique...
Dailleurs dans systématique, je me dis que peut-être on peut prendre plusieurs cheins por analyser la musique, mais arrive-t-on à la même conclusion, comme dans une équation mathématique ?

On s'est mis d'acord avec n pote gratteux sur le fait que les gens qui bavaient devant une rythmique impair (genre 5/4 15/8 etc) étaient assez ridicules, tant ce n'est qu'une parcelle d'analyse qui leur fait donner une conclusion hâtive sur la qualité d'un morceau.
Par là, je pense qu'il est très difficile de juger car on ne prend jamais en compte tous les éléments de l'équation qu'est le morceau, pour arriver à un résultat juste et objectif.
Et surtout qu'un résultat objectif (genre "ce morceau est à 77% du morceau parfait" ) ne plairait à personne, car personne n'a assez de savoir et de sens analytique pour être sûr de la qualité d'un morceau. On s'y approche en devinant à partir du peu qu'on sait, mais voilà tout.
ça explique aussi qu'avec le temps on apprend à apprécier différemment les mêmes morceaux (on passe du j'adore à c'est pourri), et qu'on apprend à apprécier des morceaux totalement marginaux de notre univers personnel.

Pour faire bref, si j'aie mon propre jugement sur la musique, ce n'est pas aprce-que je suis sûr de mes connaissances et de mon sens analytique,c'est parce-que j'ai trouvé l'équilibre dans mon jugement (qqn en a parlé avant), je ne tombe pas dans l'extreme d'apprécier juste la partition à 11 clefs, et je ne tombe pas dans l'extreme d'apprécier les cadences faciles et les voix soul à deux balles non plus.
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Ce thread rejoint un peu celui ouvert par Kloug sur le profane et l'originalité. Opposer le feeling à la formation, c'est comme opposer la poésie à la maîtrise de la langue. Sans technique, pas de feeling. Je crois que ceux qui peuvent imaginer que le feeling fait tout ou presque n'ont aucune idée de la façon dont se construit un thème musical. Ce n'est pas le feeling qui fait le génie musical mais la besogne, celle qui fait que, du matin au soir, le musicien cherche dans le labyrinthe de son esprit remplit de formules celle qui va sonner mieux que toutes les autres. Une personne qui ne connait que 3 accords de guitare ne pourra pas composer un thème avec 4 accords. La réciproque, qui voudrait que l'on compose des pièces compliquées quand on a une solide technique instrumentale est fausse, bien sûr.

Le pb actuel vient d'une mode qui place au sommet de l'art musical l'indigence de la théorie. Des gens disent :" qu'importe la théorie, l'important est que ça sonne". Du coup, n'importe qui sachant agencer des samples ou construire une rythmique marteau piqueur avec des instruments virtuels peut se dire musicien génial. Bien sûr, a priori, il n'y a pas de raison qui fasse qu'un ignorant (un profane aurait dit kloug) ne ponde une oeuvre de génie. Possible en effet mais tellement erratique.
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Citation : Le pb actuel vient d'une mode qui place au sommet de l'art musical l'indigence de la théorie. Des gens disent :" qu'importe la théorie, l'important est que ça sonne". Du coup, n'importe qui sachant agencer des samples ou construire une rythmique marteau piqueur avec des instruments virtuels peut se dire musicien génial. Bien sûr, a priori, il n'y a pas de raison qui fasse qu'un ignorant (un profane aurait dit kloug) ne ponde une oeuvre de génie. Possible en effet mais tellement erratique.



C'est exactement ça!

Sauf qu'on ne peut pas être maître de ce que l'on "pond" une fois que c'est à l'oreille de tout le monde.
Une personne de formation musicale assez maigre, d'un feeling un peu pauvre, peut très bien créer quelque chose de génial malgré son manque d'expérience!
Mais on peut dire aussi qu'un compositeur de génie, voulant montrer trop de technique, fait un travail tellement indécriptible, qu'il en devient mauvais!

Et pourtant...c'est le publique le juge! C'est pour cela que maintenant, pas la peine de composer une chanson avec beaucoup de feeling, et une technique qui serrait alliée de la créativité, si cela n'est pas accrocheur!
C'est pour ça que la musique de maintenant est moins créative, parce qu'elle est accrocheuse! (aux ados puérils et boutonneux surement!)
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Citation : Et pourtant...c'est le publique le juge !



Non, à moins d'avoir une démarche "marketing". Le seul et unique juge valable, c'est le créateur lui-même.

Si ça plait à d'autres, tant mieux, il pourra vendre son disque et s'acheter de quoi manger, mais cela ne doit pas, à mon avis, devenir l'objectif de l'artiste.

On ne voit bien qu'avec les yeux. Le cœur est invisible pour l'essentiel. 

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Citation : Opposer le feeling à la formation, c'est comme opposer la poésie à la maîtrise de la langue. Sans technique, pas de feeling. Je crois que ceux qui peuvent imaginer que le feeling fait tout ou presque n'ont aucune idée de la façon dont se construit un thème musical.



Je suppose que tu parles ici uniquement de de la composition et non de l'interpretation ou même à un certain niveau de l'improvisation. D'aprés moi, le plus important quand j'écoute une musique ce n'est pas tellement les notes jouées mais la façon dont elles sont jouées.

Un solo, aussi riche et bien construit soit il, me laissera froid s'il n'est pas joué avec feeling (ça a probablement déja été dit). Dans ce cas ma préférence s'oriente directement vers des choses plus simples voire même clichées si le musicien sait les faire sonner comme si il venait de les inventer.

Bref, pour moi l'originalité (au sens personalité de l'artiste) se situe autant (sinon plus) dans la forme que dans le fond. On trouve toujours des gens capable de faire sonner des trucs vieux comme le monde d'une façon nouvelle même si ça se joue souvent sur des subtilités pas vraiment analysable (et heureusement).

Au rique de me faire taper dessus :D: , j'ai même envie d'aller plus loin en disant que les limites de l'analyse forment une frontière au delà de laquelle l'art musicale véritable commence.

J'avoue que ce sentiment par d'une révolte contre l'appréciation intellectuelle de quelque chose qui devrait selon moi rester du domaine des émotions.

Je pense que quand on en arrive à être lassé par des musiques superbes parcequ'on les juge finalement trop simple harmoniquement, la solution n'est pas d'aller chercher toujours plus loin dans la complexité mais de faire un travail sur soi pour retrouver un peu plus de "candeur" à l'écoute.
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En fait, pour résumer mes pensées. Je dirais que le niveau de complexité d'une musique peut aussi s'apprécier au niveau des détails de l'interpretation. Dans ce cas le terme nuances serait plus approprié.

Je dirais que le défaut de l'analyse harmonique est qu'elle donne une "vision de haut" qui peut finalement masquer (si on y attache trop d'importance) ces nuances.

De même, je dirais que les oeuvres les plus simples (si elles sont bien jouées) ont au moins l'avantage de mobiliser l'attention de l'auditeur sur ces détails. Finalement elles "déplacent" juste la complexité à un "niveau plus bas" et à mon avis d'autant plus intéressant qu'il concernent plus le domaine de la perception que de la réléxion.
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Je suis globalement d'accord avec ce que tu dis. En fait, je n'oppose pas la théorie et la pratique instrumentale poussée au feeling. Pour moi, c'est un faux problème. Les deux doivent aller de paire. Si je voulais faire du tango (par exemple) avec un vrai feeling d'argentin, je pense que la meilleure chose à faire pour moi serait de me baigner dans la culture du tango en apprenant ce qui sonne vraiment tango. Je ne me sens pas capable de jouer dans un style particulier avec feeling si je ne sais pas comment sa marche.
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Citation : je pense que la meilleure chose à faire pour moi serait de me baigner dans la culture du tango en apprenant ce qui sonne vraiment tango. Je ne me sens pas capable de jouer dans un style particulier avec feeling si je ne sais pas comment sa marche



Je comprends bien ce point de vue. Mais c'est un poil trop sage à mon goût. Ne pas hésiter à se saisir de choses que l'on ne maîtrise pas, en y amenant sa sensiblité propre, entraîne souvent des créations fraîches et étonnantes...
Le résultat est en tous cas souvent plus intéressant.

Quelques genres musicaux sont mêmes nés de cette démarche.
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Sinon tous...
"C'est blazman legacy ici" (Apocryphe) / Live music / Soundcloud
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Comme tout art!