Dans le milieu des amplis, un combat fait rage. Les forces spéciales transistors de l'univers numérique affrontent l'armée des lampes. Fender tel un oiseau de paix, tente de mettre un terme à cette guerre, en proposant un hybride : le Super Champ X2. Ce nouveau mi-numérique mi-lampes, fabriqué au Mexique, pointe enfin le bout de son nez. C'est en territoire neutre que je pars étudier la chose. Espérons qu'elle arrive à nous guider vers un chemin dénué d'animosité.
Un combo « So Cute »
Je me suis préparé à me casser le dos en portant le nouveau joujou. Grande surprise ! Il est léger (je parle pour un ampli hein ?), je peux monter les étages seul et le porter d’une main. Physiquement c’est du déjà-vu pour la firme : un tolex noir, une grillcloth silver avec le logo Fender. La face avant n’est pas non plus originale, mais toujours aussi jolie, j’ai nommé : la Blackface. Cette dernière fait partie de la légende de la marque (produite entre 1964 et 1967), pour les connaisseurs je fais référence aux Princeton Reverb, Deluxe Reverb et au Vibro champ. Son gabarit est assez petit, d’une dimension de : 44,5 × 23,3 × 38,1 cm, avec un poids de 10,9 kg. Il pourra parfaitement s’intégrer à une déco vintage sans souci. Sous le châssis, il y a de quoi s’amuser. On dispose de deux lampes de puissances 6V6 pour une puissance de 12W, une lampe 12ax7 pour le préamp, ainsi que les transfos qui vont avec. Le haut-parleur est un 10'' Fender Special Design, ce qui permet d’avoir un combo compact.
Usine à gaz ?
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Une de mes craintes avec le numérique, est d’avoir une tripotée de boutons divers et variés, où je ne comprends pas grand-chose sans notice. Cette peur est écartée, les réglages sont peu nombreux et facilement compréhensibles. Le combo contient deux canaux séparés, un lampe et l’autre numérique. Ces deux derniers partagent ensemble l’égalisation Treble / Bass, le sélecteur d’effets, le switch de Tap Tempo et le potard d’intensité. Un volume par canal, un channel select et un switch Voice de 16 positions. L’arrière est plus spartiate, une prise alimentation avec son interrupteur on/off et son fusible. Il y a une prise pour le HP, un Line Out, une prise footswitch (non fourni malheureusement) et la fameuse prise USB. Pour les effets, il y a du choix : Reverb (Large Room, Concert Hall, réverbération classique à ressorts et réverbération avec un délai), Delay (130 et 300ms), Chorus (balayage rapide, profond, chorus + délai et chorus + réverbération), Tremolo (vitesse lente, moyenne et rapide) et enfin le Vibratone (vitesse lente ou rapide).
Dis-moi comment tu sonnes, je te dirai qui tu es !
Je branche mon nouveau compagnon sur le secteur. Je prends ma Stratocaster et c’est parti ! Je commence par le premier canal (le tout lampe). Je mets tout à midi et commence à plaquer un petit arpège en position manche. La sonorité est dans l’esprit des Blackfaces: une bonne dynamique, une chaude compression des lampes ainsi que le velouté Fenderien. Je profite de ce canal naturel pour tester les effets. Ils se révèlent crédibles et sont réchauffés par la partie puissance, leur donnant un côté doux et naturel.
- Canal 1 – Stratocaster00:22
- Chorus00:22
Passons à l’intérêt du bébé, c’est-à-dire son second canal à modélisation. Ayant 16 types d’amplificateurs différents, j’essaye de les regrouper par thème. Je reste dans le son clair, je commence par un petit tour d’horizon des cleans Fender. Dans l’ensemble la firme a réussi à bien retranscrire les sonorités de chacun. Petit bémol sur l’émulation du Bassman, en son clair, il est criard et manque cruellement de basse. A contrario le Tweed Deluxe sera chargé en lourdes basses qui s’avèrent plaisantes en arpège. Le Tweed Champ quant à lui, ne bave pas dans les basses grâce au HP de 10'', mais conserve sa personnalité qui lui est propre. Pour tous les samples nous avons placé deux micros devant la gamelle de l’ampli : un Shure SM57 et un Sennheiser e906, respectivement à gauche et à droite toute dans le champ stéréo.
- Tweed Bassman – Stratocaster00:22
- Tweed Deluxe – Stratocaster00:22
- Tweed Champ – Stratocaster00:22
- 65 Deluxe – Stratocaster00:22
- 65 Twin Amp – Stratocaster00:22
Je quitte le soleil de la Californie en direction de l’Empire britannique. J’arrive juste à temps pour le thé et j’ai le choix entre 3 décennies différentes : 60's, 70's ou 80's. Je prends ma LP, me cale en position chevalet et plaque des accords. L’évolution des années est assez ''fun’'. Dans les années 60, le son était un peu brouillon, le temps passe et je découvre l’apparition des aigus, qui ne sont guère criardes (heureusement !). Pour finir, la venue du son ''Midrange’' avec de belles basses pour le dernier cran.
- 60s British – Les Paul00:22
- 70s British – Les Paul00:22
- 80s British – Les Paul00:22
- Super-Sonic – Les Paul00:22
Ma mission se poursuit dans les catacombes de la civilisation : Satura-Sion, où se côtoient les Nordiques aux riffs tranchants, les guerriers tribaux aux rythmes effrénés et le peuple de la double pédale. Arrivé à destination, je pose ma LP et prends mon Ibanez RG. Deux chemins s’offrent à moi, je commence par la route du 90's métal. À cette époque le son était incisif, orienté Bright, ce qui est pas mal pour percer dans le mix. Le second est le Metal 2000 (l’ampli des vrais bonshommes !), chargé en basse, je peux frapper mes rythmiques lourdes sans avoir à changer de guitare. En ajoutant un petit délai, je me prends à partir dans un tapping endiablé (qui pour des raisons de sécurité nationale, ne sera pas diffusé). Je sens que les concepteurs ont moins travaillé sur ces deux amplis que les précédents, mais ils s’en sortent quand même plutôt bien.
- 90s Metal – Ibanez RG00:18
- 2000 Metal – Ibanez RG00:18
Le Gain est à 9, mes voisins sont en train de cogner à ma porte. En écoutant attentivement, je me rends compte qu’ils sont sur le rythme parfait d’All Along the Watchtower. Désirant garder de bonnes relations avec eux, je monte le volume et enclenche la simulation du Bassman. Il m’avait un peu déçu lors du test clean, mais là, il dévoile tout son potentiel, une dynamique, une présence et un velouté bluesy. Les voicings crunchy californiens restent assez fidèles aux vrais amplis, ce qui plaira à plus d’un.
Ce nouveau jouet s’est révélé très sympa à jouer, pas mal de sons différents, dans l’esprit de la série Mustang. Cette partie puissance à lampes réchauffe et compresse ces sons numériques, ce qui les rend crédibles et plaisants. Du côté des décibels, je ne pourrais pas l’emmener en répétition avec moi, j’espère que la firme en sortira un en version 40 ou 50W. Mais il me réserve encore une surprise : sa partie USB !
Une fonction USB
Je ne l’avais pas oublié. Je télécharge Fender Fuse. Attention ! Il faut télécharger la version Super Champ X2, sinon le logiciel ne reconnaîtra pas votre ampli. D’ailleurs, on peut télécharger des presets sur le site. Je le connecte et il est immédiatement reconnu par mon ordinateur. Le soft se lance. J’ai choisi le canal 1 pour voir ce que je peux modifier. Petite surprise, le réglage de médiums non présent en façade, est réglable via l’interface USB ! Un détail me fait sourire, quand je tourne un réglage en façade, il change aussi sur l’écran de l’ordinateur.
Sur l’ordinateur, on peut ajouter des effets au format pédale (entre la guitare et l’ampli) et en mettre au format rack après notre combo (à l’instar d’une boucle d’effet). Je décide d’ajouter un délai après mon petit son saturé, je découvre que je n’ai pas le choix entre 2, mais 9 types de délais différents, chacun accompagné de ses réglages. Même surprise avec les réverbes, on passe de 3 à 10 types. Pour les modulations, Fender a rajouté : le Phaser, un Pitch Shifter, un Step Filter, un Ring Modulator et un Flanger.
Lors du choix de l’amplification, il y a d’autres réglages supplémentaires, par exemple le médium (cité plus haut), la présence ou le cut et un autre gain (pour le super sonic). Le soft est intuitif et on se prend vite au jeu, de la quête du Graal et d’avoir le son ultime !
Prix Nobel de la paix ?
Le Super Champ X2 est une bonne surprise. Les modélisations sont bien réussies, la partie puissance à lampes réchauffe et compresse naturellement notre son, le tout avec un soft facile à prendre en main. Grâce à tous ses types d’amplis et quel que soit notre style de jeu (blues, rock, ska, métal, etc.), nous pouvons facilement trouver nos presets. Malheureusement, sa puissance de 15W ne sera pas destinée à tous les usages, il sera parfait pour une utilisation maison ou studio d’enregistrement, mais sera insuffisant aux côtés d’un batteur lors d’une répétition par exemple. Fender a réussi son pari avec ce petit combo affiché au tarif public de 470€. Le petit bijou est aussi disponible en format tête pour la somme de 415€. Petit bémol, le footswitch n’est pas fourni…