Dans la course au gros son, Randall n'a jamais eu à rougir face à la concurrence, bien au contraire. La preuve avec le RG75D/G2 qui devrait faire le bonheur de plus d'un metaleux.
Randall a toujours fait figure de perturbateur dans le monde de l’amplification guitare. En effet, là où la tendance actuelle tend à associer « ampli haut de gamme » avec « ampli à lampe », ce constructeur a réussi à imposer sa technologie à transistors avec des amplis clairement orientés vers les registres « heavy » et « trash ». Le résultat est un son lourd et froid qui a fait les belles heures de feu Dimebag Darell au sein de Pantera. Petits joueurs s’abstenir…
Les présentations avec la marque étant faites, intéressons-nous à présent au RG75D/G2 qui nous occupe. Prenant place, comme son nom l’indique, dans la série G2 qui fait suite à la célèbre série G du constructeur, ce combo de 75 Watts est lui aussi dédié au « gros son », le « bone-crushing tone » (son « broyeur d’os ») comme l’appelle Randall : au moins la couleur est annoncée d’avance !
Déballage
Pour cette gamme de prix, l’ampli est remarquablement bien équipé : 2 canaux indépendants, le premier dédié aux sons clairs et le second aux sons saturés.
Le canal Clair possède sa propre égalisation et un boost permettant de le faire « cruncher ».
Le canal dédié à la saturation possède quant à lui 2 gains séparés : l’un nommé « brit classic » dédié aux saturations classiques propres au « heavy metal » et l’autre nommé « Modern High Gain » correspondant au fameux « Randall Tone ».
Ces 2 gains partagent la même égalisation 3 bandes, augmentée d’un réglage de contour et d’un « Voicing » permettant de modifier la bande des mediums contrôlée par l’égalisation.
L’ampli est équipé d’un multi-effet numérique embarqué, doté de 16 algorithmes, allant de différentes reverb à la simulation Leslie, en passant par de classiques delays, phaser et chorus.
Côté fonctionnement, ce multi-effet est très simple, voire un peu trop simple; en effet, chacun des 16 algorithmes est pré-réglé, et aucun autre réglage n’est possible, bien que ces effets puissent être activés et dosés indépendamment pour chaque canal grâce à un potard dédié.
Côté connectique, l’ampli est très complet, puisqu’il propose 2 sorties « external speakers » de 8 et 16 Ohms, un « Line Out » avec volume réglable, permettant de relier l’ampli directement à une console. On dispose enfin d’une boucle d’effet nantie elle aussi d’un potard de volume.
Il faut rajouter à tout cela un footswitch (visiblement conçu pour supporter n’importe quelle type d’agression, pédestre ou autre) fourni avec l’ampli et permettant de changer de canal, de type de gain, et d’activer le boost du canal clair. Bref, sur le papier, le RG75D/G2 a tout ce qu’il faut là où il faut. Voyons à présent comment il sonne…
Le son : gros et froid…
Disons le tout de suite, blueseux et jazzeux, passez votre chemin ! Cet ampli a un seul objectif : vous délivrer un son énorme, froid et lourd. Et il s’y prend plutôt bien, le bougre ! En effet, le canal saturé délivre tout à fait le type de son auquel la marque nous a habitué, et cela de façon immédiate. L’égalisation, assez efficace, ainsi que le « voicing » permettent d’affiner parfaitement le son au goût de chacun.
La différence sonore entre les 2 modes de gain est très subtile, voire inexistante. A réglage de niveau égal, le « Modern High Gain » délivre plus de saturation que le « Brit CLassic », mais il suffit de remonter le niveau de celui-ci pour obtenir un son équivalent. Ceci est toutefois très pratique en live, pour pouvoir gérer une montée de volume entre une rythmique et un solo.
Le canal clair est lui aussi typé « Métal », avec un son froid et droit. Non, décidément cet ampli ne « blues » pas ! Arpèges cristallins et amples passent donc beaucoup mieux que cocottes funky !
Le boost ne parvient pas à faire cruncher agréablement l’ampli, le son restant toujours dur, sans pour autant avoir la « pêche » du canal saturé. Bref, sans être inutilisable, le son clair, comme le saturé d’ailleurs, se cantonne à un son : les rockers, bluesmen et jazzmen amateurs des grains typiques des années 60's et 70's ne trouveront donc pas ici leur bonheur. Les fans de Dimebag, si !
Le multi-effet
Cédant à la mode des multi-effets embarqués, Randall a intégré 16 algorithmes dans le RG75D/G2. Si dans l’ensemble, ces derniers s’avèrent corrects, le manque de réglages disponibles les rendent très peu utilisables.
Impossible de régler les temps de reverb, la profondeur des flangers, les « taps » du delay (réduit donc à un « slapback »). La conséquence est inévitable : ces effets sont réglés pour fonctionner de manière correcte en son très saturé, et sont donc pratiquement inutilisables sur les sons clairs. Les reverbs en particulier, dont le feedback est abusivement présent, passent très bien sur de grosses saturations, mais « bourdonnent » de façon très déplaisante dès qu’on passe sur le canal Clean.
Il faut donc en convenir : si les effets du RG75D/G2 pourront vous dépanner à l’occasion, ils ne remplaceront en rien un vrai multi-effet ou un rig concocté avec amour…
Conclusion
Fans de sons froids et lourds avec un budget limité, cet ampli pour le moins typé est fait pour vous ! Fort bien pourvu du côté des fonctionnalités et de la connectique, il sera très satisfaisant pour les répétitions, les petits clubs et l’enregistrement. Le canal clair, lui aussi très typé, est tout à fait dans l’esprit de l’ampli : comprenez par là qu’il ne donnera pas grand chose sur un « Little Wing » mais servira à merveille l’intro d’un 'Cemetery Gate’.Ce Randall est donc complètement et exclusivement dédié à un style, certes, mais il répond de manière très efficace à tout ce dont peut rêver un 'cowboy from hell’. Et même si l’ajout de ce processeur d’effets « gadget » n’est vraiment pas indispensable, vous obtiendrez avec cet ampli le son qui a fait la réputation de la marque.