On avait vu passer en 2006 des nouveaux amplis chez Fender, baptisés Super-Sonic, avec 60 Watts sous le capot et disponibles en version tête ou combo. 2010 voit apparaître une version combo de 22 Watts reprenant les caractéristiques de son grand frère, à savoir des sons clean très Fenderiens et des sons saturés à très haut gain. Focus sur le Super-Sonic 22 Combo...
Les amplis Fender sont connus et reconnus pour leurs sons clairs, tantôt brillants avec des modèles comme le Vibrolux, tantôt chauds et pleins avec d’autres références, comme le fameux Bassman. Mais pour les sons très saturés, l’histoire est bien différente, et les guitaristes sont souvent obligés d’avoir recourt à des pédales d’overdrive ou de distorsion afin de faire saturer l’ampli dépourvu de véritable canal saturé. Alors on aurait pu s’arrêter là et continuer à aimer les sons clairs et à brancher des pédales devant nos boîtes à bruit. Mais Fender en a voulu autrement en sortant la série Super-Sonic, dont le principal but est de proposer à la fois des sons clairs dignes de leurs plus grands amplis, et des sons saturés, voir très saturés pour satisfaire les guitaristes avides de sons un peu plus costauds.
La mode étant aux amplis à lampes de faible puissance (toute relative), Fender nous gâte avec une version un peu moins bruyante que la précédente de 60 Watts. Ce Super-Sonic a donc 22 Watts sous le capot, et reste disponible en deux finitions, noir ou « blonde » (crème). Nous avons reçu la version noire à la rédaction, mais on aurait préféré la blonde, plus raccord avec les potards en plastique crème. Mais ce n’est pas grave, la version noire est quand même sympa…
On déballe
Le combo est en contreplaqué bouleau/érable de 1,9 cm d’épaisseur, et a les mensurations suivantes : 21,6 × 61 × 44,1 cm pour 18,2 kg sur la balance, ce qui est plutôt raisonnable sans pour autant en faire un ampli de voyage ! Le look de l’ampli est très classique, mais réussi, avec le logo old school en métal, les potards crémeux et la grosse diode rouge de mise sous tension. La grille est en vinyle noir sur la version blonde et gris sur la version noire. La poignée située sur le dessus de l’ampli est en plastique, mais a l’air très solide, et des renforts en métal sont placés aux quatre coins inférieurs du caisson. Le tout a l’air de bien tenir la route, et la finition est irréprochable. Dans le carton, sont fournis en plus du mode d’emploi, les diagrammes représentant les entrailles de l’ampli. De quoi attirer toute l’attention lors du diner de mercredi prochain chez monsieur Brochant, assurément ! Cerise sur le pompon : une housse en nylon est fournie afin de protéger votre précieux de la poussière, classe.
Sous le capot, on retrouve pas moins de cinq lampes pour la partie préamplification : trois 12AX7 et deux 12AT7, et deux 6V6 pour l’amplification (calqué sur le Deluxe Reverb). Les lampes sont protégées par une grille située à l’arrière de l’ampli, juste au-dessus du haut-parleur 12 pouces (31 cm), un modèle « Lightning Bolt » signé Eminence.
Voyons maintenant ce que nous propose le Super-Sonic en matière de réglages et de connectique…
On règle et on branche
Nous allons commencer par les branchements, avec sur la face avant, l’incontournable entrée guitare en jack 6,35 mm, pour le reste il faut retourner l’appareil. Au dos se trouve l’embase pour la prise secteur, les switchs de mise sous tension et de stand-by et les deux sorties haut-parleurs. Ces dernières, une prise pour le HP interne et une pour un externe, sont en parallèle, et l’impédance totale doit être au minimum de 8 Ohms. Il est important de préciser que vous devrez toujours avoir une enceinte connectée sur la prise « internal speaker », vous n’utiliserez donc l’autre prise que si vous voulez brancher deux haut-parleurs simultanément. On retrouve aussi la prise pour le footswitch, qui est fourni et d’une qualité de construction irréprochable : en métal, lourd et proposant pas moins de quatre switchs : un pour changer de canal, un pour enclencher le boost du canal clair, un pour actionner la réverbe et un dernier pour activer / désactiver la boucle d’effet. Concernant cette dernière, les deux prises pour l’envoi et le retour du signal sont placées à l’extrême droite du panneau arrière.
Le panneau frontal regroupe quant à lui tous les réglages qui permettront de façonner le son émanant de l’ampli à votre convenance. On retrouve sur la partie gauche les réglages correspondant au premier canal, dit « vintage ». Celui-ci possède un petit switch carré permettant de passer du mode « normal », avec un son clair basé sur le Deluxe Reverb, au mode « fat », qui booste les médiums et donne un son un peu plus puissant qui crunchera plus aisément. On retrouve seulement trois réglages : un volume, qui poussé, fera cruncher le signal, et un égaliseur deux bandes simplissime : graves et aigus. C’est peu, mais peut-être suffisant vu la présence du switch normal/fat.
Le canal « burn » possède quant à lui un peu plus de potards avec pour commencer deux gains, le gain 1 et le gain… 2 ! Le premier vous permettra de passer d’un son crunch à un son beaucoup plus saturé tandis que le deuxième ajoutera de la compression et du corps afin de grossir un peu le son. Côté égalisation, on a cette fois-ci trois bandes (grave, médium, aigue), et un volume permettra de déterminer le niveau général du canal « burn ». Enfin, vous trouverez le réglage de la réverbe qui est un modèle à ressorts conçu par Accutronics.
Il ne reste plus qu’à faire chauffer la bête, sortir les pelles, et laisser parler les décibels.
On joue
Afin de tester l’ampli, nous avons utilisé une Fender Telecaster Deluxe munie de micros P-Rails de Seymour Duncan, une Gretsch G5139 montée avec des micros TV Jones Magna’Tron et enfin une Gibson Les Paul Studio. Nous avons réalisé les sons avec notre Torpedo VB-101 de Two Notes.
On commence avec le canal vintage et son mode « normal ». Avec le micro manche de la Gretsch ou de la Telecaster en position « rail », le son est très équilibré, avec de belles basses, du corps et des aigus brillants. C’est bien simple, il ne manque rien, on a un son typiquement Fender pour notre plus grand bonheur ! En branchant la Telecaster qui possède, avec ses P-Rails en position P90, un plus fort niveau de sortie, on se rend compte que ce mode « normal » peut cruncher très facilement. Le son est bon, même si l’on pourrait reprocher un léger surplus de hautes fréquences. Le son reste tout de même naturel et le twang de la guitare ressort bien. En enclenchant le switch « fat », on rentre carrément dans l’overdrive, et ça sonne toujours très bien ! Le premier canal ne se limite donc pas aux sons clairs, et propose des sons crunch à la limite de l’overdrive suivant les guitares.
Le deuxième canal, « burn » de son petit nom, permet de faire grimper le gain en deux temps, trois mouvements. Avec la Telecaster en position double bobinage, le gain 1 à 6 et le gain 2 à 0, on obtient un son qui lorgne vers la fuzz et c’est assez intéressant. On apprécie les deux potards de gain qui permettent de régler indépendamment la saturation et la compression du signal. Cela a pour avantage d’offrir une palette sonore assez conséquente. Nous avons évidemment aussi sorti notre Les Paul pour tester tout ça, et les résultats se sont avérés concluants : on peut faire du rock, du heavy voir du stoner avec un ampli Fender ! Les métallurgistes extrêmes passeront en revanche leur chemin, ou essaieront de placer l’une de leurs pédales favorites devant l’entrée du Super-Sonic.
Avec la Les Paul sur le canal Burn, en poussant le premier gain et en laissant le deuxième dans les starting-blocks, on obtient une bonne saturation qui conviendra au rock et au blues suivant la position du potard. En poussant le deuxième gain, le son s’épaissit et l’on pourra s’attaquer à un registre plus heavy sans problème. Avoir un gros son saturé sur un Fender et sans pédale, c’est possible !
Nous n’avons rien à reprocher à la réverbe à ressorts Accutronics intégrée, qui fait parfaitement son travail et donne la touche old school que l’on aime tant.
Voici les exemples audio, afin de vous faire votre propre opinion :
- Tele Rail Manche Clair Normal00:24
- Tele P90 Chevalet Crunch Normal00:28
- Tele P90 Chevalet Crunch Fat00:11
- Tele Double Chevalet Burn Gain 100:14
- Gretsch Manche Clair Normal00:30
- Gretsch Chevalet Crunch Fat00:18
- Les Paul Chevalet Gain 1 = 7 Gain 2 = 700:16
- Les Paul Chevalet Hi Gain Middle = 000:16
- Les Paul Chevalet Burn Gain 1 = 7 Gain 2 = 000:13
- Reverb = 400:25
Et trois prises avec un micro BeyerDynamic M88 devant le haut-parleur :
- Crunch M88 Telecaster00:14
- Sature M88 Telecaster00:13
- Clair M88 Telecaster00:28
Conclusion
Pour un peu plus de 1000€, Fender nous gratifie d’un ampli 22 Watts tout lampe d’une qualité sans faille. Le look est très réussi et il dispose d’une puissance largement suffisante pour jouer tranquillement en groupe. Les sons clairs sont typiquement Fender pour notre plus grand bonheur, les sons crunchs ne sont pas en reste et l’on dispose d’un véritable canal saturé à la hauteur. Ajoutez à cela une boucle d’effets, une réverbe à ressorts longs Accutronics, un pédalier complet et robuste et une housse de protection, et vous obtiendrez un ampli complet et sans faille. On regrettera seulement le prix et le poids un peu élevés pour un 22 Watts. Mais quand on a le son, on est prêt à faire ce genre de concessions !