Editorial du 13 décembre 2014 : commentaires
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Los Teignos

Sacré Google : non content de travailler à ce que l’espérance de vie humaine atteigne 130 ans, le voici qui s’associe au Centre National d’Etudes Spatiales pour un nouveau projet ‘visionnaire’. De quoi s’agit-il? D’envoyer dans la stratosphère d’énormes ballons qui serviront de relais pour que tout le monde ait Internet, même dans les coins les plus reculés de la planète.
Comme l’explique Jean-Yves Le Gall, président du CNES, « plus de 5 milliards d'êtres humains ne sont pas connectés. L'objectif des 'Gafa' (Google, Amazon, Facebook, Apple) est de connecter tout le monde ». Imaginez : cinq milliards de consommateurs qui dorment et qui ne se doutent même pas qu’au lieu de vivre leur petite vie offline et low-tech, ces gros nases, ils pourraient faire des recherches sur Google pour liker des trucs sur Facebook et les acheter ensuite sur Amazon depuis leur ordinateur Apple… Cinq milliards d’insectes qui ne sont pas encore pris dans la toile et qu’on entend bien cerner pour les engourdir dans des cocons de soie…
La démarche n’a certes rien d’étonnant de la part d’un Google, mais on se demande bien ce que le CNES, a priori sous tutelle de l’état, vient faire là-dedans. On se demande surtout s’il ne se trouvait aucun historien, anthropologue ou ethnologue pour expliquer à Jean-Yves Le Gall que le projet Loon sent à plein nez l’impérialisme de la grande époque. Pourquoi? Parce qu’il se fait pour le plus grand bien de 5 milliards de personnes qui, me semble-t-il, n’ont rien demandé, ou alors extrêmement discrètement. Parce que je ne suis pas sûr, par exemple, que Wikipedia, Twitter, YouPorn ou Audiofanzine manquent au bonheur des touaregs. Parce que c’est enfin toujours de la sorte qu’on s’y est pris pour asphyxier des cultures ou éteindre des civilisations, avec la certitude arrogante que nos progrès devaient être partagés par tous : hier on donnait de l’alcool et des casinos aux Indiens d’Amérique, on distribuait des sesterces aux Gaulois, on convertissait des Péruviens au christianisme ou on installait une télé dans une hutte en pleine forêt Amazonienne. Aujourd’hui, on lance des ballons pour faire pleuvoir l’information, avec Google pour veiller à la qualité de l’eau qui irriguera ces terres arides. Il n’y aura évidemment aucune obligation pour quiconque de se connecter, argumentera benoîtement Jean-Yves. Certes Jean-Yves, certes. De même qu’il n’y a aucune obligation de boire une bouteille posée opportunément au beau milieu d’une table. Ni de goûter au fruit de l’arbre de la connaissance planté au beau milieu d'un jardin. En revanche, la seule obligation évidente, c’est d’envisager un minimum la portée d’un projet à plus ou moins long terme lorsqu’on deale avec une multinationale de ce calibre.
En tout cas, si en 2015, un renne du Père Noël se prend un ballon Google de plein fouet et que, du coup, les touaregs, les guaranis ou les pygmées ne peuvent plus checker leur mails pendant deux semaines pendant que les enfants attendent leurs cadeaux, on ne dira pas que je n’avais pas prévenu. Tout comme on vous prévient cette semaine sur la nouvelle version d’Ozone, excellente dans l’absolu, mais pas forcément indispensable pour les possesseurs de la version 5. Tout comme on vous met au parfum sur l’excellente Korg Electribe 2, ou sur les mini-basses Kala, à frettes ou fretless : de parfaits instruments pour les pygmées justement, en attendant qu’ils nous lisent…
Enfin, on n’oubliera pas de voir la suite du reportage sur Fab Dupont produisant the Arrows, et d’aller jeter un oeil au concours de mix qui bat son plein.
Sur ce, bon week et à la semaine prochaine.
Los Teignos
From Ze AudioTeam
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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?

Diversgens

Le positivisme est très clairement pour moi une forme d'obscurantisme religieux. Je le dis en étant passionné par la science et ouvert à tous ses progrès. Mais j'aime l'idée que les scientifiques cherchent et que le peuple ou ses élus décident quoi faire de ces recherches au lieu de courir derrière la R&D d'une entreprise privée dont les buts ne sont pas clairs : en génétique, Google travaille à nous faire vivre jusqu'à 130 ans. Pour quoi en définitive? Pour que la Terre qui souffre déjà de surpopulation triple son effectif humain?
Voilà le danger de l'amalgame, mon commentaire ne concerne que le projet de déploiement d'internet vers des zones non couvertes ou très difficiles à couvrir ainsi que le partenariat avec le CNES et en aucun cas les autres projets de Google qui effectivement peuvent apporter d'autres commentaires.
En ajoutant d'autres éléments dans la critique de Google tu cherches à discréditer mon argumentation et il s'agit là d'une méthode plus que douteuse.
De plus tu dis que Google n'a de compte à rendre à personne ce qui est faux, puisqu'il s'agit d'une société cotée en bourse elle doit rendre des compte à ses actionnaires, son capital étant ouvert, rien n’empêche qui que ce soit d'en devenir actionnaire et de faire valoir sa désapprobation de la façon dont la société est conduite.
Critiquer cette initiative juste parce que Google y est à l'initiative ou associé me semble tenir davantage du procès en sorcellerie que du regard éclairé et lucide qui permettrait à d'autres populations d'accéder à un médium bidirectionnel moins manipulateur que ne l'est la télé ou les journaux sous contrôle d'un état.

Los Teignos

Le positivisme est pour moi une forme de religion scientifique qui a montré très vite ses limites au cours du XXe siècle. La belle affaire : la science allait régler tous nos problèmes... Dans le sillage de certains philosophes qui pensaient que l'histoire n'était que progrès, quelle ne fut pas la surprise des uns comme des autres de découvrir dans les années 40 que l'homme pouvait, malgré la science, régresser vers la bestialité et vers la négation même de l'homme, la science l'aidant même à porter cette bestialité et cette négation à une échelle industrielle. Un siècle plus tard, ce n'est plus la révolution industrielle qui nourrit la pensée positiviste mais la révolution des télécoms : Internet va sauver l'humanité... Allons bon... Sauf que les problèmes mentionnés plus haut dans cette discussion (la faim, la guerre, la pauvreté) ne relèvent en rien, pour la plupart, de la science ni même de la diffusion de la connaissance, mais de leviers économiques et politiques. Qui auraient pu être actionnés depuis longtemps. Et qui ne le seront pas spécialement plus une fois qu'Internet sera présent dans tout le Sahara.
Je reviens maintenant sur Google qui, je le répète, n'est ni bon ni mauvais car, comme toute entreprise, c'est une bactérie qui, en cherchant juste à se développer, entrave certains organismes et permet à d'autres de se développer (il y dans notre propre corps des bactéries qui nous profitent et d'autres qui ne nous profitent pas, et elle ne le font pas pour nous nuire, juste pour se développer). Si tu prends un peu de recul sur les activités de l'entreprise, tu verras qu'au delà de mouvements tactiques isolés (investissement dans la génétique, le déploiement du réseau, la cartographie, la robotique, l'intelligence artificielle, l’énergie), la stratégie de développement de de Google consiste à se rendre indispensable pour tous, partout, pour tout, et de le faire gratuitement pour monétiser ensuite les données recueillies. Cette couverture du globe avec des ballons, c'est pour Google l'occasion d'élargir son terrain de jeu et de pénétrer la vie de 5 milliards de personnes (et ça fera les affaires de la NSA, par ailleurs, hein, vu qu'Obama a justifié son espionnage). Je comprends parfaitement la démarche car c'est une règle de base du capitalisme : une entreprise qui ne grossit pas meurt. La bactérie doit donc proliférer si elle veut survivre. Et c'est bien normal. Elle n'est pas méchante, elle fait son job de bactérie.
Ce qui n'est pas normal, c'est qu'elle le fasse sans que personne ne la contrôle dans le monde politique, sans qu'aucun humain ne la fédère à un principe moral, à une ambition autre que celle de grossir. Et je dis bien personne car le rapport des actionnaires dont tu parles à une entreprise se résume à un échange financier : tant qu'il grossit sa mise, un actionnaire ne se plaindra jamais d'une entreprise (entre nous, s'il voulait d'ailleurs pouvoir se plaindre, il lui faudrait posséder non pas seulement une action, mais bien un gros pourcentage d'actions avant qu'on lui demande ce qu'il en pense). La crise qui a secoué les USA il y a quelques années et qu'on détaille dans le documentaire Inside Job montre très bien qu'il n'y a aucune morale ou vision politique dans le système boursier. Et être actionnaire d'une entreprise n'a RIEN à voir avec le fait d'être citoyen d'un pays ou d'un monde. Les comptes que rend Google ne sont donc que des comptes : des actionnaires lui prêtent de l'argent, et ils attendent en retour de gagner plus d'argent encore. Et c'est précisément pour cela que je suis suis heureux de voir que le pouvoir politique européen envisage de scinder Google qui est en archimonopole sur plusieurs marchés (d'une certaine façon, il est en train de devenir une superpuissance). Pour la première fois depuis sa création, Google va devoir rendre des comptes. Youpi!
Critiquer cette initiative juste parce que Google y est à l'initiative ou associé me semble tenir davantage du procès en sorcellerie que du regard éclairé et lucide qui permettrait à d'autres populations d'accéder à un médium bidirectionnel moins manipulateur que ne l'est la télé ou les journaux sous contrôle d'un état.
Et à moi, il me semble au contraire que ça tient du bon sens scientifique, au nom de la relativité : comprendre que ce qui est bon pour une personne n'est pas forcément bon pour une autre. Et du respect d'autrui : penser que les hommes ont droit à gérer leur bout de stratosphère comme ils l'entendent.
Tu veux même que je te dise : je n'ai rien contre ces ballons s'ils sont lancés avec le consentement des gens qui sont au-dessous. Ce sera leur choix. Mais voilà, comme avec Street View, Google ne demande pas. Google fait. Et personne ne l'a mandaté pour cela, alors que nous avons mandaté François Hollande pour qu'il produise, entre autres choses, des choses intéressantes avec les outils qu'il a à sa disposition. Et je ne souviens pas que mettre l'état français au service d'une entreprise qui fait de l'évasion fiscale faisait partie de son projet...
Je le précise enfin : je suis un gros consommateur du net, et je n'ai plus la télé depuis 7 ans maintenant, et j'adore l'interaction que cela offre. Mais ça ne m'empêche pas de voir ce que la télé permet et que le Net ne permet pas, ou vice et versa, notamment au niveau du lien social : les études sur les réseaux sociaux sont d'ailleurs très intéressantes de ce point de vue, réseaux qui ont créé du lien autant qu'ils en ont détruit. Et ça ne m'empêche pas non plus de voir ce que le Net était à la base (un instrument de partage transversal) et ce qu'il devient (un instrument aussi vertical que ne l'est la télé) parce que, précisément, il est 'gouverné' par quelques entreprises et que la porte d'entrée de 95,6 % des gens, c'est Google. Oui, 95,6%. Pour un moteur qui fonctionne aussi mal et qui référence si peu de contenus (l'essentiel du web, dont une partie de la culture dont tu parles, n'intéresse absolument pas Google. On parle alors de web invisible justement parce qu'exister en dehors de Google, en dehors du contre-exemple Facebook et de rares autres, c'est ne pas exister du tout sur le Net), c'est quand même un score impressionnant.
Google qui, de ce fait, a le droit de vie ou de mort sur un site. Sans notre positionnement dans Google, je n'ai plus de salaire et AF ferme. Et Google change les règles comme ça lui chante.
Google qui privilégie des critères ô combien obscurs et sujet à débat pour ordonner ses résultats de recherche (en gros, plus une page est vue, plus elle est vue, soit une logique de larsen qui consiste à privilégier le populaire devant le vrai, ou en l'absence de stats, de faire primer la qualité technique des pages : un site bien codé mais bourré de conneries passera devant n'importe quelle page universitaire développée avec l'oreille gauche). Au point qu'aujourd'hui, les problématiques de référencement sont plus importantes que les contenus mêmes et qu'on écrit les seconde en fonction des premiers dans quantité de médias 'sérieux' : le Monde, par exemple.
Google qui part du principe que Wikipedia (dont j'adore le principe mais qui contient un milliard de conneries aussi) est une source d'information qui doit passer devant les autres. Voir cet article notamment.
Google qui modèle Internet à son image et lui apporte donc autant de choses qu'il en détruit.
Google qui tient au final par les couilles toute une partie de l'économie de la France, mais aussi sa culture et son réseau d'information.
Google dont je me méfie donc, sans vouloir brûler aucune sorcière, au point de souhaiter que notre gouvernement soit plus enclin à bosser avec ses concurrents pour équilibrer l'écosystème Internet. Pour régler la surpopulation de pigeon à Paris, on y a fait venir des corneilles. C'est une solution, tout comme la loi et le dialogue politique en est une.
D'ailleurs, au-delà de mes doutes, à supposer que connecter 5 milliards d'êtres humains soit une bonne chose, est-il bien raisonnable de laisser Google, du coup, s'en charger?
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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?
[ Dernière édition du message le 14/12/2014 à 19:55:35 ]

Marc65



Hohman

Dernière prise de consciences, d'un côté on fait des procès aux bloqueurs publicitaire, ce qui est tout à fait concevable vu qu'on touche directement à votre salaire mais de l'autre côté on ne dit rien quand google veut s'occuper de décider du devenir de vos salaires, google empoche de l'argent pour bloquer la pub et se donne le droit de décider de combien doit être votre salaire en reversant une partie de l'argent gagné. https://www.google.com/contributor/welcome/ et je pense qu'on est loin de ce qu'un site à besoin pour vivre, essentiellement quand je compare le prix d'un abonnement AF et le prix d'un abonnement chez google. L'avenir du web n'est pas très rassurant, j'ai comme le sentiment qu'on va être obligé de passer en mode IRL sur internet pour sortir de là.

Quand le virtuel devient réel...

Vt678828

...Ce qui n'est pas normal, c'est qu'elle le fasse sans que personne ne la contrôle dans le monde politique, sans qu'aucun humain ne la fédère à un principe moral, à une ambition autre que celle de grossir.
Google n'est qu'un exemple parmi d'autres mais j'ose espérer que personne ne s'imagine qu'un quelconque pouvoir politique soit de taille à moraliser le comportement de multinationales de ce gabarit. Même l'Europe, qui est notoirement ultra libérale, n'entend pas s'opposer aux intérêts de ces sociétés. Bien au contraire puisqu'elles génèrent partout profits et emplois. Alors quel état oserait risquer de sacrifier de tels apports au nom de quelconques principes moraux ?
Les principes moraux n'ont jamais générés de bénéfices ni créés d'emplois, pourquoi s'en soucier ?

Vt678828

Et c'est précisément pour cela que je suis suis heureux de voir que le pouvoir politique européen envisage de scinder Google qui est en archimonopole sur plusieurs marchés (d'une certaine façon, il est en train de devenir une superpuissance). Pour la première fois depuis sa création, Google va devoir rendre des comptes. Youpi!
Vaut peut-être mieux pas se réjouir trop vite. Ce ne serait pas la première fois que suite à lobbying intense et sape d’amendements divers, la montagne accouche finalement d'une souris.

Hohman

C'est qui le chef là ? Il me semble qu'on est en démocratie et que google n'est pas en territoire conquis.
pourquoi s'en soucier ?
Pour se faire élire ?
[ Dernière édition du message le 14/12/2014 à 23:21:08 ]

Vt678828

Pour se faire élire ?
C'est ce qu'on pourrait souhaiter, en effet, mais si les principales priorités des gouvernements sont avant tout d'ordre économique, c'est qu'elles sont malheureusement conformes aux attentes des populations dans leur grande majorité.

Hohman

L'article du Monde relate les problèmes des médias face à google, n'oublions pas à qui appartient les grand média européen, souvent ils sont proches d'un parti politique et donc touchent directement un outil de communication des personnes qui nous gouvernes. J'ai vraiment un doute sur l'assurance que google peut avoir à agir de la sorte, j'ai même l'impression qu'ils font une grosse bêtise qui risque de leur coûter très cher.
Peut être une question de liberté politique, du moins il me reste de l'espoir....

Anonyme

"De plus tu dis que Google n'a de compte à rendre à personne ce qui est faux, puisqu'il s'agit d'une société cotée en bourse elle doit rendre des compte à ses actionnaires, son capital étant ouvert, rien n’empêche qui que ce soit d'en devenir actionnaire et de faire valoir sa désapprobation de la façon dont la société est conduite."
Un peu de réalisme : pour se battre contre ce genre de géants, il faut des millions de dollars, des bataillons d'avocats et 20 ans de combats incertains
Quant au projet "130 ans" de Google, aucun risque de surpopulation : il s'agit juste de donner l'immortalité aux super riches, ceux que Jacques Attali appelle la Super Classe mondialisée. En fait le monde ultra-libéral actuel est tellement idéal pour ces gens qu'il ne leur reste plus qu'à vaincre la mort (pour eux)
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