Editorial du 11 juillet 2015 : commentaires

« Danton !
- …
- Daaaaantooon ! Allez Jojo, quoi !
Une fenêtre s’ouvre au balcon.
- Putain, Camille, moins fort ! Tu vas me réveiller tout le quartier ! Qu’est-ce que tu me veux ?
- C’est dimanche !
- Comment ça, « C’est dimanche » ?
- La Bastille, on fait ça dimanche ! Tous les autres sont d’accord.
- Oh ben non ! On n’avait dit qu’on remettait ça après les vacances ! Et puis le dimanche, je répète, moi !
- Tu répètes ?
- Mais je t’en ai déjà parlé : je suis clavecin dans un groupe de Menuet hardcore…
- Pfff… Du menuet, Jo ? Vraiment ? Je te parle tout de même de libérer la France du joug de l’absolutisme, d’abolir des siècles de privilèges qui ont opprimé le peuple et d’instaurer les principes d’égal…
- Certes ! Certes ! Mais ça m’emmerde votre date, là ! Ça fait des siècles qu’on attend. On peut bien remettre ça au lundi, non ?
- Ah non, le lundi j’ai jeu de paume.
- Disons mardi, alors, le 14 juillet. Comme ça, tout le monde est content.
- Ça marche ! Mardi 14 juillet !
- Et tout est prêt ?
- Tout est prêt ! On a les hymnes, les slogans, les bonnets, les banderoles et Marat nous a même trouvé quelques gaillards pour le service d’ordre.
- Tiens d’ailleurs pour les hymnes, il faudra que je te présente un gars de mon groupe : Rouget de Lisle. Un vrai bon songwriter hardcore…
- Tu sais, moi, la musique…
- Et tu as tort, jeune Desmoulin : ce qu’on va faire mardi, on va le faire galvanisé par le chant des braves, et en retour, la musique en profitera, j’en suis certain.
- Je suis pas sûr de te suivre, là…
- Rien, un rêve que j’ai fait, étrange mais prémonitoire, j’en mettrais ma tête à couper. Des hommes y jouaient avec de drôles de boîtes : certaines faisaient des sons que je n’avais encore jamais entendus, d’autre résonnaient comme les nefs des cathédrales, et d’autres encore permettaient de reproduire tous types de sons et de les mélanger ensuite… Et puis il y avait cet immense rassemblement aux Amériques, et d'autres boîtes encore, toutes plus étranges les unes que les autres...
- Marat t’as encore fait déguster sa prune, c’est ça?
- Mais non ! C’était un rêve, te dis-je ! Et je sens qu’après ce qui se passera mardi, il commencera à prendre corps…
- Mouaaaais… Je vais rentrer du coup, moi.
- C’est ça, c’est ça…
- Sur ce, bon week, hein…
- Et à la semaine prochaine, Camille.
- Et à la semaine prochaine, Jo. »

Los Teignos

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