Editorial du 24 octobre 2015 : commentaires
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Los Teignos
Les raisons de la récente restructuration de Google n’étaient pas bien dures à comprendre : faciliter « l’optimisation » fiscale (comprendre ‘évasion’), minimiser les risques de procès pour abus de position dominante, bénéficier d’aides diverses et variées… Bref, tout ce dont une hydre a besoin pour continuer de croître, et que ce farceur de Larry Page a justifié comme la conséquence d’un besoin de renouvellement et d’une volonté de transparence.
Ce qui n’était pas transparent en revanche, c’est la raison pour laquelle la société mère de toutes les activités Google avait choisi de s’appeler « Alphabet » plutôt qu’un terme plus futuriste ou technologique. Les choses se sont toutefois éclairées avec l’annonce cette semaine de Youtube Red, l’offre globale de Google. Leader de l’hébergement de vidéos dans le monde et première plateforme de diffusion musicale en streaming loin devant tous ses petits camarades, Google entend bien nous proposer, pour 10 euros par mois environ, quelque chose qui remplace Spotify, Netflix, iTunes et rende AdBlock caduc. Et évidemment, dans le sillage d'un Netflix, il est question de produire aux frais de Google des contenus, films, reportages ou séries, histoire de se défaire de cette image de pompe à fric pour revêtir le complet trois-pièces du mécène, autrement plus respectable.
Dans le même temps, la justice américaine vient de débouter les auteurs et éditeurs qui contestaient à Google le droit de numériser des livres sans leurs autorisations. En face de Google TV, Google Radio, et Google Prod qui sont donc agglomérées dans Youtube Red, Google Books est donc bien sur les rails, et le nom ‘Alphabet’ prend alors tout son sens : il ne s’agit plus seulement d’être moteur de recherche, cartographe ou régie pub, système d’exploitation, fabriquant de mobile ou chercheur en génétique, il s’agit de pénétrer les défenses immunitaires de la civilisation même : la culture. D’en contrôler la diffusion, de savoir qui lit, écoute ou regarde quoi, quand et où. Et, tant qu’à faire, de s’occuper également de sa production. Ce sera tout bénef en terme d’image comme de revenus.
La stratégie n’est pas nouvelle et, de François Ier à l’Oncle Sam en passant par Louis XIV et quantité d’hommes d’état plus ou moins vertueux, elle a toujours porté ses fruits. Mais c’est la première fois qu’autant de pouvoirs se trouvent concentrés aux mains d’une entreprise privée sur laquelle le pouvoir politique comme populaire n’a aucune emprise.
Ainsi, parce que nous avons très probablement tout à perdre à ce que ce soit Google qui redistribue l’alphabet, il sera sans doute du devoir de l’artiste de mordre la main du mécène qui voudra le nourrir.
Et il la mordra, soyons-en sûr, avec des notes entre autres armes : celles tirées du très sympathique JP-08 de Roland, ou celles séquencées par l'excellent Beatstep Pro d’Arturia, ou encore celles émanant du surprenant Circuit de Novation. Semaine résolument électro donc, dans l’air du temps.
Sur ce, bon week et à la semaine prochaine.
Los Teignos
From Ze AudioTeam
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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?
Anonyme
https://abonnes.lemonde.fr/societe/article/2015/09/24/robots-tueurs-sans-foi-ni-loi_4770350_3224.html et notamment je cite
On l’appelle SGR-A1. De jour comme de nuit, sur un rayon de 4 kilomètres, ce robot militaire décèle, grâce à son logiciel de « tracking », les mouvements d’un intrus. Mis en marche à distance, cet automate pour poste-frontière tire de lui-même, de façon indépendante, sur toute personne ou véhicule qui s’approche. Conçu par Samsung, il est équipé d’une mitrailleuse, d’un lance-grenades, de capteurs de chaleur, de caméras de détection infrarouge et d’une intelligence électronique. En septembre 2014, la Corée du Sud a installé plusieurs de ces engins le long de la zone démilitarisée qui la sépare de la Corée du Nord, afin d’éviter d’envoyer des soldats dans des endroits isolés.
C’est peu dire qu’une telle arme, « intelligente » et autonome, inquiète. Depuis 2012, elle est régulièrement dénoncée par une coalition de 51 organisations non gouvernementales (ONG) coordonnée par Human Rights Watch, dans le cadre de la campagne internationale « Stop Killer Robots » (« Arrêtez les robots tueurs »). Le mouvement de protestation a été relancé à grand bruit, le 28 juillet, grâce à une lettre ouverte signée par près de 3 000 personnalités, dont des chercheurs en robotique, des scientifiques comme le physicien Stephen Hawking et des figures de l’industrie high-tech, comme Elon Musk, PDG de Tesla Motors, ou Steve Wozniak, cofondateur d’Apple. Pour eux, un tel robot militaire, et tous ceux qui risquent de suivre du fait des avancées rapides de l’intelligence artificielle, soulève de graves questions éthiques et juridiques qui remettent en cause le droit de la guerre.
En savoir plus sur https://www.lemonde.fr/societe/article/2015/09/24/robots-tueurs-sans-foi-ni-loi_4770350_3224.html#3JJktiCwCtFe4ZJf.99
[ Dernière édition du message le 25/10/2015 à 09:03:58 ]
Will Zégal
J'entends souvent ces phrases qui tendent à vous couper les jambes avant même avoir l'idée d'avancer.
Rêver c'est inventer le monde, non ?
Joli
Le problème, avec Google, c'est que les différents services qu'ils proposent sont vraiment bien conçus
Non. Le problème avec Google est que les différents services qu'ils proposent sont souvent très bien intégrés.
Il y a mieux comme moteur de recherche (je trouve d'ailleurs Google de moins en moins pertinent quand on ne veut pas faire des achats, sauf pour ce qui est de la recherche d'image).
Leur interface Gmail est à chier. Hier, un type me demandais comment supprimer une adresse mail mémorisée. Apparemment, faut s'accrocher. J'ai, sur mon smartphone, des tonnes de brouillons de des mails pro que j'envoie parce que pour peu que je prenne un peu de temps à rédiger un mail pour mes collègues sous TB, je me trouve avec X versions brouillons dans gmail. Et j'en passe et des meilleures (seule la nouvelle appli "inbox" semble intéressante). Il y a des lacunes hallucinantes et des bugs et lourdeurs terribles dans leur système de goupes/mailing list... j'ai d'innombrables exemples comme ça.
Seulement, quand on veut gérer des mails, un agenda partagé, un groupe de discussion, un "doodle" like etc avec d'autres services que ceux de Google, ça devient tout de suite plus compliqué, parce qu'il faut à chaque fois s'inscrire, se logger, etc.
Mais de là à dire qu'ils ont un projet humaniste....Leur projet, c'est de gagner toujours +
de $ et d'anticiper les changements de société pour continuer d'en amasser, point barre.
Non. Il y a un vrai projet de société chez les dirigeants de Google. L'appeler "humaniste", j'ai des doutes. Effectivement, "transhumaniste" me semble plus juste. C'est pas un secret. Il suffit de chercher très un peu pour trouver la vision d'avenir de Larry Page. ça n'interdit en rien l'appât du gain. Il est même compatible avec le projet de société puisque Google prendrait place dans à peu près tous les secteurs de notre vie (rappelons qu'ils investissement massivement aussi dans la médecine, l'armement...). Quel meilleur moyen que de gagner de l'argent que d'être présent et même incontournable dans tous les secteurs de la vie des gens ?
Dr Pouet
Dans le même temps, la justice américaine vient de débouter les auteurs et éditeurs qui contestaient à Google le droit de numériser des livres sans leurs autorisations
C'est évidemment choquant pour des raisons évidentes.
D'un autre côté, pendant pas mal d'années j'ai voulu offrir des bouqins de Italo Calvino que j'avais adorés, mais ils n'étaient plus imprimés à cause d'une querelle entre des "ayants droits". J'ai trouvé ça injuste, finalement ; car une œuvre c'est la rencontre d'un artiste et d'un public, ce n'est pas un bien ou un service comme un autre. De même qu'on parle de plus en plus de donner une part d'actionnariat aux employés, je trouve que le public mérite un peu plus de droit que jusqu'à maintenant, et ce jugement va un peu dans ce sens là.
Je trouve qu'un éditeur aurait dû avoir le droit de continuer à imprimer ces livres, quitte à stocker temporairement "les droits d'auteurs" jusqu'à ce que les ayants droits arrivent à se mettre d'accord.
Je pense particulièrement à ces livres de Calvino : "Si par une nuit d'hiver un voyageur...", Cosmicomics, Le Baron perché. le Chevalier inexistant.
[ Dernière édition du message le 25/10/2015 à 19:00:21 ]
Evince
Quand je me dis comment peut on donner autant de pouvoir à une personne morale qui a comme objectif le pouvoir et le control des masses légumisées par le besoin de facilité et de rapidité d'utilisation.
Je suis consterné de voir comment on (moi compris) est devenu dépendant de google et comment un mastodonte pareil peut avoir de l'opinion et du gouvernement le plus puissant un blanc seing de piratage legal des œuvres littéraires
Comment peut on fabriquer collectivement des hydres capables de nous rendre dépendants comme des junkies
le summum c'est qu'ils ont l'air sympas comme des bon vieux soixante huitards humanistes militant contre la pensée uniforme et qu'il faudrait les considerer comme des mécènes de la culture et des libertés parce qu'ils nous proposent des solutions technologiques qui nous font gagner du temps (je ne parle pas uniquement de google, il y a les Apple, face book et autres
Jamais le pouvoir n'a été concentré dans si peu de mains, meme les chefs d'état les plus despotiques n'ont quasiment pas de moyen de rééquilibrer ce transfert de pouvoir, à moins qu'ils ne soit eux memes déjà dépendants.
Alors Los Teignos continue à être hors sujet, ça fait du bien
djvoivod
Pour ma part sur internet,j ai arreté d'utiliser tous les services lié à google(recherches,mail etc etc..)et m en sors très bien,me suis sentis meme "libéré"...
sur ce,vivement les prochains éditos et longue vie à AF
seb voïvod
https://soundcloud.com/djvoivod
HelioCat
lien image
hum tout ça c'est un peu la poêle qui se moque du chaudron
ici ce n'est pas non plus l'annexe de lutte ouvrière !
ça frise l'hypocrisie, pour rester poli.
Les éditos volontairement polémiques pour appâter le français râleur en vue de refourguer
de bons chiffres aux annonceurs, moi j'ai ma dose, donc je me desabonne !
edit : J'admet volontiers être un râleur patenté
google est devenu internet et il est partout même ici, et surtout ici
dans le media-business de la musique !!
re-edit : non non, je ne vais pas m'étendre sur la presence de scripts google dans vos pages...
qui mord son maître ?
[ Dernière édition du message le 27/10/2015 à 01:29:18 ]
Dr Pouet
C'est plus facile de dénoncer l'hydre, que de lui échapper.
Mais bon, c'est déjà un premier pas.
[ Dernière édition du message le 27/10/2015 à 00:48:39 ]
Los Teignos
hum tout ça c'est un peu la poêle qui se moque du chaudron
ici ce n'est pas non plus l'annexe de lutte ouvrière !
ça frise l'hypocrisie, pour rester poli.
Les éditos volontairement polémiques pour appâter le français râleur en vue de refourguer
de bons chiffres aux annonceurs, moi j'ai ma dose, donc je me desabonne !
edit : J'admet volontiers être un râleur patenté
google est devenu internet et il est partout même ici, et surtout ici
dans le media-business de la musique !!
re-edit : non non, je ne vais pas m'étendre sur la presence de scripts google dans vos pages...
qui mord son maître ?
Je suis parfaitement à l'aise avec mon propos. Pourquoi ? Déjà parce que la pub que vous pointez est celle d'un annonceur et qu'à moins qu'elle enfreigne les lois dans son contenu (diffamation, incitation à la haine, etc.), nous n'avons pas le droit de discuter son contenu. Thomann veut promouvoir son appli iOS/Android : nous n'avons pas le droit de l'en empêcher, et n'avons pas même le droit de lui refuser d'être client. Ca s'appelle un refus de vente et c'est condamné par la loi.
Ce que vous relevez comme une contradiction entre mon discours et le fait qu'AF utilise des technos Google est, en outre, un faux procès. Soyons clair : quoi que je puisse penser de Google, quoi que Psycom mon boss puisse en penser aussi (il est autrement moins critique que moi sur le sujet mais s'agace de voir cette entreprise ne pas payer d'impôts quand Audiofanzine lui, paye plein pot par exemple), la situation d'Internet en France et dans le monde est telle en terme de monopole qu'il n'est pas possible de faire sans lui. Si demain, Audiofanzine se déréférençait de Google, il mourrait le surlendemain. Que faire alors ? Son possible pour que les 95% de parts de marché qu'il détient en France (93% en Europe et 90% dans le monde) baissent.
Nous avons créé une offre sans pub qui, si elle était utilisée par tous nos membres, permettrait au site d'être indépendant et de ses annonceurs et d'un Google ou d'un Facebook. Le succès de cette dernière est juste... risible... Les gens préfèrent du gratuit à pub que du payant, même pas cher. Nous sommes donc contraint pour exister de suivre le modèle de la plupart des médias actuels et qui consiste à générer du trafic pour afficher des pubs. Comment générer du trafic ? En produisant du contenu suffisamment bien référencé et relayé sur les réseaux sociaux.
Vous pointez aussi les réseaux sociaux mais savez-vous que, chez beaucoup d'annonceurs, c'est au nombre de fans ou de followers qu'on mesure le poids d'un site? Il y a quelque temps, une grande marque a refusé d'organiser un chouette concours de mixage international avec nous parce que... nous avions trop peu de fans sur notre Facebook ! C'est ridicule ? Oui, ça l'est. Mais du coup, nous sommes obligés de nous occuper de notre Facebook si nous souhaitons demeurer pertinents aux yeux des annonceurs qui nous font vivre.
Bref, je mords la main avec les dents dont je dispose. Et autant il est impossible à l'heure actuelle de demander à un site de se passer de Google (ou alors on veut qu'il meurt), autant un artiste n'a pas besoin de Google pour faire de l'art. Il a donc les mâchoires libres de mordre qu'il veut. Alors quoi, AF n'a pas la liberté de l'artiste ? Oui, tout à fait : il n'y a personne qui soit plus libre que l'artiste. Et c'est donc à lui qu'appartient le premier devoir de révolte. C'est le sens de cet édito.
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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?
[ Dernière édition du message le 27/10/2015 à 09:40:09 ]
Dr Pouet
Nous avons créé une offre sans pub qui, si elle était utilisée par tous nos membres, permettrait au site d'être indépendant et de ses annonceurs et d'un Google ou d'un Facebook. Le succès de cette dernière est juste... risible...
C'est dommage qu'il n'y ait pas davantage de gens pour souscrire à cet abonnement pas plus coûteux que pour un journal papier.
J'ai soutenu cette piste. J'ai souscrit à l'abonnement, et j'en suis très content.
@ Los Teignos : une réaction à mon histoire ci-dessus de numérisation des livres (de Calvino) et de l'accès du public aux œuvres ?
Los Teignos
@ Los Teignos : une réaction à mon histoire ci-dessus de numérisation des livres (de Calvino) et de l'accès du public aux œuvres ?
Mon point de vue est simplissime : étant contre le leg du droit d'auteur et pour le passage dans le domaine public de toutes les oeuvres dont les auteurs sont décédés, n'importe qui devrait pouvoir numériser ou photocopier Italo Calvino et le mettre à disposition du public sans se soucier le moins du monde des problèmes de droits. Similaire à ce qui s'était passé sur des films de Jacques Demy, la situation que tu décris avec un auteur de ce rayonnement est impensable : Calvino est un grand écrivain et priver l'humanité de sa lecture est un scandale, un crime bien plus grand en regard de l'art que celui du piratage d'oeuvres. J'espère sincèrement que ses ayants droits s'étoufferont avec leurs chèques...
Toutefois, en conservant le système de droits actuel, il me semble que ce serait à l'Etat qu'il reviendrait de faire cette numérisation (La BNF numérise pas mal d'ouvrages d'ailleurs), ou de s'assurer qu'elle soit faite par les éditeurs, au nom de la préservation du patrimoine. Je rêve de voir la loi évoluer dans le sens d'un 'devoir de publication'.
Enfin, la solution pratique et légale pour ce genre de chose, ça reste l'occasion : eBay, Price Minister, Leboncoin, les bouquinistes, etc.
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