Alors, celui-là, personne ne l’attendait. Le secret était rudement bien gardé. Aucune annonce faite durant les salons, rien.
C’est tout juste si, vers le milieu du mois dernier, Novation commençait à titiller notre curiosité avec l’injonction adressée aux musiciens de « commencer quelque chose » (« start something »). Mais commencer quoi ? C’est précisément à l’angoisse de la page blanche que le dernier-né des instruments de Novation – vendu aux alentours de 340 € – compte s’attaquer, en proposant pas moins de deux circuits de synthèse issus des MiniNova de la marque, une drum machine (originale, celle-là), un séquenceur matériel ainsi qu’une petite section d’effets, le tout pilotable par une série de pads sensibles à la vélocité et de contrôleurs continus, et embarqué dans une petite boîte facilement transportable et mettable sur un coin de bureau. Mais voyons de quoi il en retourne exactement.
Présentation extérieure
La boîte contient, outre l’appareil lui-même, un câble USB, 2 adaptateurs MIDI DIN/MIDI mini-jacks, un petit guide de démarrage (le mode d’emploi, uniquement en anglais, est téléchargeable sur le site), deux petites cartes de référence pour les noms de présets, un numéro de série pour activer une version Lite d’Ableton Live, une alimentation avec multiples adaptateurs internationaux et un jeu de 6 piles « AA ».
Au déballage de l’engin, on constate tout d’abord que nous avons bel et bien affaire à un appareil promis à voyager, ses dimensions de 240×200×50 mm le rendant aussi peu encombrant – quoiqu’un peu plus épais et carré – qu’un netbook. L’ensemble inspire confiance : plastique épais qui résiste à la torsion, large surface antidérapante sur le dessous (la norme chez Novation sur tous ses derniers produits), pads et pressoirs bien ancrés, boutons rotatifs à la course fluide… La fabrication respire le sérieux.
La tranche arrière regroupe tout d’abord un bouton marche/arrêt, la prise prévue pour le transformateur ainsi qu’une prise USB. Notons que celle-ci ne sert qu’à la connexion MIDI avec un ordinateur, et qu’elle ne peut être utilisée ni pour le transfert de données audio (le Circuit n’est pas une carte son), ni pour l’alimentation de l’appareil. À tout cela s’ajoutent une entrée et une sortie MIDI au format mini-jack et deux sorties audio au format jack 6,35 mm. La sortie de gauche peut faire office de sortie mono si elle est utilisée seule.
Sur la tranche de droite du Circuit, on trouve la classique fente de sécurité Kensington, et surtout un compartiment pouvant accueillir 6 piles R6/AA. Ceci, s’additionnant à la petite taille de l’appareil, suffirait déjà à signer le caractère nomade du Circuit, si ne s’ajoutait en plus à tout cela la présence d’un petit haut-parleur intégré à la face inférieure. Enfin, une prise casque au format mini-jack orne la tranche avant de l’appareil.
Mais passons à la face supérieure. Celle-ci affiche fièrement les traits communs à la famille Novation : le Circuit a clairement hérité des boutons rotatifs de maman Nova et des pads de papa Launchpad. Nous avons donc tout d’abord, en haut, huit boutons rotatifs sans fin, non crantés, qui serviront à piloter les macros associées aux paramètres des différents présets (nous verrons tout cela plus bas). Une unique petite LED située en dessous de chacun d’eux permet de jauger la valeur appliquée à chaque paramètre, cette valeur faisant varier l’intensité lumineuse de ladite LED. Ces rotatifs sont encadrés, à leur gauche et à leur droite, par deux de leurs collègues, respectivement le bouton de volume et celui gérant le filtre général de l’appareil (nous reviendrons également dessus plus bas). Contrairement aux autres, ces deux derniers boutons ne sont pas sans fin, et celui commandant le filtre dispose d’un cran en milieu de course permettant de fixer une valeur centrale. Il s’agit en effet d’une commande de filtre comme celles que l’on peut trouver sur les platines « DJ » : la moitié gauche de la course définit un comportement de filtre passe-bas et la moitié droite un comportement de filtre passe-haut.
Sous l’ensemble des boutons rotatifs, nous trouvons une série de 10 poussoirs permettant respectivement de choisir des gammes pré-programmées pour les séquences, de transposer les octaves de jeu, de régler le tempo, le degré de swing, d’effacer ou de dupliquer des pas de séquences, des patterns, de supprimer des sessions (nous verrons plus bas de quoi il s’agit), mais également de sauvegarder ces dernières ou simplement d’y accéder, le dernier bouton étant une touche « shift ». Cette dernière ne déroge pas à la sainte loi de toutes les touches « shift » de l’univers et permet d’accéder à diverses fonctions alternatives que nous décrirons plus en détail au cours de ce test.
En dessous, une autre série de poussoirs permet d’accéder respectivement aux « écrans » de jeu et de séquençage des deux synthés ainsi que des quatre voies de batterie – « écrans » matérialisés par la matrice de pads dont nous allons parler tout de suite. Deux boutons permettent également d’accéder aux réglages de side chain, sur lequel nous reviendrons plus bas. Cette série de boutons surplombe la matrice de 4 fois huit pads sensibles à la vélocité – mais pas à l’aftertouch - et rétro-éclairés grâce à des LEDs RVB.
Enfin, de part et d’autre de la matrice, nous trouvons d’autres poussoirs qui permettent respectivement d’accéder au mode « note » (voir plus bas), de gérer la vélocité et la durée affectées à chaque pas de séquence, de gérer la durée desdites séquences, de déplacer temporellement les pas de séquences, d’accéder aux banques de séquences, au mode mixer et à l’« écran » pilotant la section d’effets de l’appareil. Les deux derniers boutons de la liste pilotent respectivement l’enregistrement et la lecture des séquences.
Comment ça fonctionne
Mais il est temps maintenant de nous pencher sur le fonctionnement de la bête. Le caractère nomade du Circuit se retrouve également dès l’allumage. Novation a en effet opté pour un format particulier de bouton de mise sous tension. Celui-ci ne dépasse pas de la structure, et nécessite une pression d’un peu plus d’une seconde pour être activé, ce qui le rend moins sujet à une pression accidentelle. On évite ainsi le vidage des piles dans un sac à dos surchargé, ou l’extinction inopinée de la machine en plein gig. Bien vu ! La machine ne nécessite ensuite qu’à peine 2 secondes pour être opérationnelle. Selon que vous serez en mode secteur ou bien sur batteries, les pads de la matrice afficheront un symbole différent, avec également un état de la charge concernant les piles. À ce sujet, il est important de noter que si Novation a fait le choix de se passer d’écran dans le design du Circuit, notamment pour rendre son appareil encore plus compact, c’est entre autres parce qu’ils ont développé la possibilité d’afficher un certain nombre d’informations directement via la matrice de pads.
Outre le mode d’alimentation, nous avons le tempo, le degré de swing, mais également la progression d’update du firmware qui s’affichent. Après la phase de lancement, la matrice de pads propose un affichage splitté, les deux lignes supérieures servant au jeu, et les deux lignes inférieures représentant une séquence de 16 pas. Nous verrons plus bas les paramètres concernant les séquences. Cet affichage, outre qu’il est celui par défaut, correspond à celui du mode « note ».
Les notes déclenchées par les pads des deux lignes supérieures peuvent être agencées selon plusieurs gammes et modes, via une pression sur la touche « scales ». Un petit aparté puisque nous parlons de pression sur les poussoirs du Circuit. Les fonctions et affichages déclenchés par lesdits poussoirs peuvent être définitifs ou momentanés, selon la durée de la pression exercée, tout comme sur le Launchpad Pro testé précédemment. Et dans ce cas également, c’est une fonctionnalité que nous saluons bien bas, celle-ci s’avérant extrêmement pratique en condition de jeu live.
Mais revenons à nos choix de gammes et modes. Nous avons donc : gamme mineure naturelle, gamme majeure, mode dorien, mode phrygien, mode myxolydien, gamme mineure mélodique, gamme mineure harmonique, mode dorien « bebop », gamme blues, gamme pentatonique mineure, gamme mineure hongroise, mode dorien ukrainien, les gammes indiennes marva et todi, la gamme par tons et la gamme chromatique. À noter que celle-ci, étant la seule à proposer plus de huit notes, n’affiche pas deux octaves, mais une seule, la première ligne de pads symbolisant alors les touches noires d’un clavier, et la seconde les touches blanches. Le mode déclenché par la touche « scales » permet également de changer la tonique de la gamme, et donc de transposer le clavier virtuel du Circuit (et donc également les séquences programmées, comme nous le verrons). Comme évoqué dans le premier paragraphe de cet article, deux petits boutons permettent la transposition par octaves. Ces boutons disposent d’un rétro-éclairage dont l’intensité lumineuse symbolise le degré de transposition par rapport au réglage par défaut, là encore comme sur le Launchpad Pro. Toujours bien vu !
En enclenchant la touche « shift » en même temps que la touche « note », on passe en mode « expand », c’est-à-dire que les deux lignes de pads inférieures, alors réservées aux pas de séquences, sont réaffectées au jeu. On obtient alors, selon les gammes ou modes employés, non plus une ou deux octaves, mais deux ou quatre.
Les pads sont plutôt agréables, mais j’ai trouvé leur sensibilité à la vélocité un peu trop faible à mon goût. Dans l’état actuel des choses, il n’existe pas de moyen de régler leur sensibilité ou leur courbe de réponse. Nous reviendrons plus loin d’ailleurs sur l’absence de tout logiciel de paramétrage du Circuit. Comme spécifié plus haut, les pads sont rétro-éclairés en RVB, ce qui permet, entre autres, de différencier les pads de jeu de ceux correspondant aux pas de séquences, mais également d’identifier facilement quelle est la source sonore que l’on est en train de manipuler, les pads de jeu prenant la couleur de la source sonore sélectionnée.
Dans la photo ci-contre, par exemple, nous voyons que les pads des deux lignes supérieures sont mauves, à l’image de la source « synth 1 ». Les pads un peu plus sombres aux extrémités des lignes symbolisent les toniques, le dernier pad de la 2e ligne déclenchant la même note que le premier pad de la 1re ligne.
À noter que selon que l’on pilote un synthé ou bien la boîte à rythmes, le mode de jeu n’est pas tout à fait le même. Pour les synthés, il suffit d’appuyer sur le bouton correspondant pour accéder directement aux pads de jeu. Pour la boîte à rythmes, il faut enclencher n’importe lequel des boutons « drum » puis « shift » + « note ». On accède alors à quatre pads jouables, pilotant chacun l’un des quatre sons de base de la BAR. Nous verrons pourquoi dans le paragraphe consacré aux séquences.
Mais puisque nous avons évoqué les sources sonores, il est temps de nous pencher sur elles.
Les générateurs de son
Comme spécifié plus haut, les générateurs sonores sont donc au nombre de trois. Nous avons respectivement 2 synthés « mélodiques », basés sur le circuit sonore de la série MiniNova, et une boîte à rythmes pouvant gérer simultanément quatre types de sons, à savoir les traditionnelles grosses caisses, caisses claires, charleys, et cymbales et diverses percussions pour le 4e son. Les synthés disposent chacun d’une polyphonie de 6 voix, ce qui peut être particulièrement intéressant pour les séquences, comme nous le verrons plus bas.
On accède aux différents instruments via les touches « synth 1 », « synth 2 » et les 4 touches de « drum ». Chacun des synthés, aussi bien que chacun des 4 sons de la boîte à rythmes, dispose de 64 présets. Ceux-ci sont répartis sur deux pages de pads, auxquelles on accède en enfonçant la touche « shift » + celle correspondant au module sonore que l’on souhaite modifier, les touches de transposition d’octave servant alors à naviguer entre les pages.
Pour vous faire une petite idée des performances sonores de la bête, voici quelques exemples :
Les sons en question sont modifiables via des macros, pilotées par les boutons rotatifs situés en haut de l’appareil.
Celles-ci sont reparties grosso modo selon le même schéma pour chaque pattern. Les deux premières macros agissent sur des paramètres d’oscillateur, les deux suivantes sur des paramètres d’enveloppe, la troisième paire de macros sur des paramètres de filtre et la dernière paire sur des paramètres d’autres types de modulations et d’effets. Or, d’une part, lesdits paramètres changent du tout au tout d’un préset à l’autre, et d’autre part, il n’existe aucun récapitulatif des paramètres affectés à chaque macro selon les présets ! Il est extrêmement frustrant de ne pas pouvoir obtenir le son que l’on a en tête parce que messieurs les développeurs ont pensé que c’étaient tels paramètres (et sans réellement préciser lesquels !) qu’il était pertinent de pouvoir modifier et non pas tels autres. Au moins, sur un appareil moins sophistiqué présentant d’emblée un nombre restreint de paramètres modifiables, on sait à quoi s’en tenir et ce que l’on peut attendre ou non dudit appareil. Mais dans le cas du Circuit, on sait qu’on a le moteur (en double qui plus est !) d’un Mininova, et qu’on pourrait faire de grandes choses ! Et au lieu de cela, on se retrouve à tâtonner bêtement avec des paramètres différents d’un préset à l’autre, jamais clairement identifiés (je souhaite bonne chance aux « noobs » pour essayer de comprendre ce qu’ils font), dans l’espace de liberté que les développeurs ont bien voulu nous laisser. Ceux-ci se défendent d’une vidéo promotionnelle à l’autre en arguant du fait qu’ils ont conçu le Circuit dans une optique de fun mettant l’utilisateur en situation d’« accident heureux ». La démarche est excellente ! Mais, si l’on souhaite attribuer à un autre préset les traitements découverts « par hasard » sur un préset donné, c’est impossible. C’est peut-être très subjectif, mais j’aurais par exemple aimé disposer au minimum, pour chacun des patches, des paramètres de fréquence de coupure et de résonance pour le filtre, et de durée d’attaque et de release pour l’enveloppe d’amplitude. Ajoutez à cela l’impossibilité d’ajouter ses propres sons, et vous comprendrez que, face à cette machine censée procurer du fun immédiat… j’ai pu parfois me retrouver frustré ! Toutefois, comme annoncé à demi-mot dans certaines vidéos et selon certaines sources bien placées, Novation est en train de développer un logiciel permettant d’accéder à la programmation des modules sonores. On ne peut qu’espérer qu’ils mènent leur projet à bien ! Et je me prends à rêver qu’ils produisent un soft aussi complet que celui que Korg avait réalisé pour sculpter les sons de son RK 100 S, que j’avais testé en début d’année. Un gestionnaire de bibliothèques serait également dans les tuyaux.
Puisqu’il était question des macros et des automations, il est à noter que les mouvements du bouton de filtre principal ne sont pas enregistrables au sein d’une séquence dans l’appareil lui-même, contrairement aux mouvements des boutons pilotant les macros. Toutefois, lesdits mouvements peuvent être fixés dans une STAN externe, le bouton en question émettant du MIDI tout comme ses petits camarades. Et toujours comme eux, il peut également recevoir du MIDI, et donc être piloté de l’extérieur. Je maintiens qu’on aurait bien aimé pouvoir l’automatiser directement dans les séquences du Circuit sans passer par une solution externe. Enfin, puisque nous évoquons la communication MIDI, sachez que l’affectation des canaux est fixe : 1 et 2 respectivement pour les synthés 1 et 2, 10 pour les 4 modules de batterie, et 16 pour les messages généraux. Aucun moyen de changer cela, il faudra le savoir si vous souhaitez intégrer votre Circuit à une configuration MIDI complexe.
Mais intéressons-nous maintenant plus en détail à l ’aspect « séquenceur » de la bête.
Les séquences
Comme nous l’avons vu, nous pouvons accéder dès l’écran de démarrage à la programmation de séquences. Chaque synthé ou son de batterie dispose de sa propre ligne de séquence, chacune disposant à son tour également de son propre paramétrage. Les options offertes diffèrent toutefois entre les lignes de synthés et celles de batteries. Les séquences de synthé peuvent être paramétrées au niveau de la vélocité (bouton « velocity »), de la durée des pas de séquences (bouton « gate ») et de la longueur de ces dernières (bouton « length »). Longueur qui ne peut jamais toutefois dépasser 16 pas, mais nous verrons comment contourner cette limitation. Enfin, on peut également décaler l’ensemble de la séquence d’autant de pas que l’on souhaite vers la gauche ou la droite, via la touche « nudge ».
Les séquences de batterie se voient privées, quant à elles, des fonctions de durée de pas, ce qui n’est pas très étonnant pour des sons percussifs, et de longueur de séquence, ce qui est beaucoup plus étrange ! Les séquences de batterie ne peuvent donc être inférieures à 16 pas. Pourquoi ? Mystère. Mais passons.
L’autre différence qui réside entre les lignes de séquences des synthés et celles des « drums » est la suivante. Nous l’avons vu plus haut, les modes de jeu ne sont pas invoqués tout à fait de la même manière selon que l’on pilote l’un des deux synthés ou bien la batterie virtuelle. Cela tient au fait que lors du pilotage des synthés, la matrice est, comme nous l’avons vu également, scindée en deux parties, respectivement réservées au jeu et à la programmation de séquence. Pour les sons de batterie, cela se passe différemment. Lorsque l’on active l’un des boutons « drum », la matrice de pads propose certes elle aussi deux parties distinctes, mais il s’agit dans ce cas de deux lignes de 16 pas de séquences, sans section prévue pour le jeu (qui s’active, je le rappelle, via la combinaison « shift » + « note »). En fait, chaque « écran » de programmation de séquence pour les sons de batterie regroupe les séquences de deux sons de batterie contigus. Ainsi, le premier écran réunit les séquences des sons de drum 1 et 2, et le second écran les séquences des sons de drum 3 et 4. On retrouve d’ailleurs, au niveau du code de couleurs du rétro-éclairage des boutons, la séparation des quatre sons de drums en deux groupes de deux. Mais que l’on séquence des sons de synthé ou bien issus de la boîte à rythmes, les séquences peuvent être soit « programmées » en définissant chaque pas de séquence individuellement, soit « enregistrées » pendant que l’on joue librement des instruments disponibles. La vélocité est conservée, que l’on utilise la boîte à rythmes ou l’un des deux synthés. Dans leur cas, chaque pas de séquence conserve également la durée de pression sur le pad de jeu correspondant… A condition que cette durée ne soit pas inférieure à celle d’une double-croche selon le tempo défini de la séquence. Si vous jouez des notes piquées, elles seront jouées comme des doubles-croches normales. Dommage.
Et puisque nous parlons de durées de pas et de valeurs rythmiques, sachez également que le passage en mode ternaire peut se faire, mais de manière détournée. Je m’explique. En chaînant entre eux (voir plus bas) 3 patterns de 16 pas, on obtient une séquence de 48 pas, qui peuvent représenter 3 mesures en 4/4 (un pas équivalent à une double-croche) ou bien 4 mesures en 6/8 (par exemple). Un peu acrobatique toutefois, on aurait aimé avoir la même simplicité d’utilisation que sur le BeatStep Pro par exemple.
Mais revenons aux séquences, et à une fonction évoquée plus haut qui fait à mon sens l’une des grandes forces du Circuit. Les synthés étant polyphoniques, on peut donc aisément jouer – et séquencer ! – des accords ou des voix multiples. Oui, vous pouvez faire du contrepoint avec le Novation Circuit ! Qui plus est, un accord enregistré sur un pas de séquence donné peut être édité, chaque note individuelle le constituant pouvant être modifiée ou supprimée manuellement. Les pas de séquence eux-mêmes peuvent bien sûr être copiés ou supprimés.
Je vous ai dit plus haut qu’il existait un moyen de contourner la limitation des séquences à 16 pas. C’est là qu’intervient la notion de patterns. Oui, bon, c’est un peu triché, mais tout de même. Chaque ligne de séquence possède huit patterns différents, c’est-à-dire que l’on peut programmer pour chaque son huit séquences différentes. Les patterns ne sont nullement dépendants entre eux, que ce soit au sein d’un même préset ou non. Ce n’est pas parce que l’on joue le pattern 1 du synthé 1 que l’on ne peut pas jouer le pattern 3 du synthé 2 simultanément, et ceux-ci peuvent avoir des durées différentes. Les patterns peuvent être copiés au sein d’une même série, ou vers le pattern d’un instrument de même catégorie. On peut copier le pattern 1 du synthé 1 vers le pattern 3 (vide) du synthé 2, mais pas vers un pattern du drum 1 par exemple.
Les patterns d’un même instrument peuvent être chaînés entre eux, à condition toutefois qu’ils soient contigus. On peut demander à ce que les patterns 2 à 5 s’enchaînent entre eux, mais on ne peut pas programmer l’appareil pour que les patterns 2,3 et 5 soient bouclés en omettant le pattern 4, par exemple.
Les séquences s’enregistrent bien évidemment via le gros bouton rouge prévu à cet effet, et la lecture via le bouton vert, sachant qu’une combinaison avec la touche « shift » permet de relancer la lecture à partir de l’endroit où elle a été interrompue. Les séquences peuvent être sauvegardées au sein de « sessions » (16 slots libres par défaut, plus 16 slots occupés par des présets d’usine éventuellement effaçables) qui regroupent également les présets instrumentaux, le choix du tempo, les automations de macros et celles des sections de mixage et d’effets sur lesquelles nous allons nous pencher tout de suite. Une autre chose à savoir sur les sessions est qu’elles peuvent être enchaînées manuellement. Dans ce cas, tant que le bouton de lecture est actif, et même si chacune possède théoriquement son propre réglage de tempo, elles adopteront toutes le tempo de la session dont la lecture a été lancée en premier. Si par contre la lecture est interrompue, et que l’on relance individuellement n’importe quelle session, celle-ci retrouvera automatiquement son tempo d’origine. Très bien vu !
Enfin, Circuit se rallume toujours en chargeant la dernière session active. Toutefois, si pour une quelconque raison, il a été éteint durant l’enregistrement d’une session, il est possible qu’il refuse de se lancer correctement au démarrage suivant. Les ingénieurs de Novation ont prévu le coup : si l’on maintient enfoncés les boutons « shift » et « clear » pendant l’allumage de l’appareil, celui-ci sera forcé de charger une session vierge.
Globalement, pour terminer ce paragraphe, on peut dire que la programmation de séquences se passe très facilement, mais qu’on ne peut passer sur certaines lacunes.
Le mixer et les effets
Nous avons donc évoqué dans le paragraphe précédent les sections de mixage et d’effets. La première est invoquée via la touche « mixer » (on s’en serait douté…). Dans ce mode, chaque ligne de séquence peut être activée/désactivée individuellement, et les boutons rotatifs du haut font alors office de fader de volume. Il n’y a pas de gestion du panoramique. À noter que si les variations de volumes sont automatisables, l’activation/désactivation des pistes ne l’est pas.
En ce qui concerne les effets, accessibles en toute logique via le bouton « fx », ils ne sont pas très nombreux (8 presets de reverb, 16 presets de delay), ni d’une qualité exceptionnelle, qui reste toutefois correcte. Les boutons de macros permettent alors de doser, pour chaque ligne de séquence, le degré d’envoi du signal vers chacun des effets séparément. Ce dosage peut être automatisé, tout comme pour les volumes du mode « mixer ».
Enfin, je terminerai sur le fait que les deux circuits de synthé disposent d’une fonction sidechain connectée au son de grosse caisse. Celle-ci permet de choisir, pour chacun des deux synthés, entre huit niveaux de « ducking » lorsqu’ils sont joués simultanément à la grosse caisse. Simple et fonctionnel.
Conclusion
La machine de Novation est sympathique à bien des aspects : la construction est sérieuse et inspire confiance, les pads sont agréables, même si la sensibilité à la vélocité pourrait être encore améliorée, la programmation des séquences est assez intuitive, tout comme l’utilisation générale d’ailleurs. On apprécie également la présence d’une interface MIDI DIN (via les adaptateurs livrés) en parallèle de l’USB. Enfin l’aspect nomade est pleinement assumé de par la taille réduite et pourtant confortable de l’engin, la présence d’un petit haut-parleur et la possibilité d’être alimenté par piles. C’est indéniablement une petite machine avec laquelle on peut assez vite s’amuser.
Mais certains choix de la part de Novation viennent un peu entacher cette sensation.Tout d’abord, l’absence de référence plus précise concernant les paramètres que l’on manipule via les macros rend l’expérimentation potentiellement frustrante au lieu d’être inspirante, car on ne comprend pas toujours ce que l’on fait et il est impossible de reproduire les réglages sur un autre préset. Surtout lorsque l’on sait qu’on a sous la main les circuits sonores d’un MiniNova ! L’absence d’automation du filtre principal au sein de la machine – alors qu’il est parfaitement automatisable via un système externe – pourra également apparaître comme une incongruité. Et l’on aurait aimé avoir un accès plus direct à des valeurs ternaires, ou pouvoir descendre en-dessous de la double-croche pour les pas de séquences.
Mais un certain nombre de ces lacunes pourraient être comblées par l’arrivée d’un logiciel de paramétrage de la machine et de pilotage des synthés internes digne de ce nom, comme certaines vidéos (et certaines sources dignes de confiance) semblent l’annoncer. Un gestionnaire de bibliothèque serait lui aussi en cours de développement. On ne peut que souhaiter que ces projets se concrétisent rapidement, car c’est tout ce qu’il manque au Circuit pour qu’il acquière la profondeur qui pourrait en faire réellement un produit star.
Tarif généralement constaté : 339 €