Sujet de la discussionPosté le 20/03/2021 à 02:50:38Editorial du 20 mars 2021 : commentaires
À perte de vue, une forêt millénaire de chênes et de hêtres. Ciel bleu dans le dos, le soleil calme y projette ses rais entre les branches, sur le brun de l’humus ou le vert de la mousse. Tendrait-on l’oreille au-delà des chants d’oiseaux et des feuilles chahutées par la brise qu’on entendrait le bruissement de milliers d’insectes occupés à leur besogne, et le murmure d’un ruisseau au loin, le sabot délicat d’une biche venu s’abreuver. On s’y gonflerait les poumons d’un air pur et sans le moindre virus, loin des masques de la ville…
Seulement voilà : la forêt est aussi immobile que plate, elle tient en 2 560 x 1 440 pixels sur l’écran d’un ordinateur, et ses arbres sont couverts d’icônes. Retour au confinement donc, dans seize départements pour quatre semaines au moins, dans une version assez permissive pour l’heure et dont on espère qu’elle ne se durcira pas trop au gré de mauvaises statistiques. L’important, le plus important au-delà de la lutte contre l’épidémie, c’est que le maximum de gens puisse continuer à travailler pour ne pas que la machine se grippe, que chaque rouage continue à produire des biens et des services en échange d’un salaire qui sera intégralement dépensé dans l’achat de biens et de services. Dans cette souricière, inutile de dire qu’on crève toujours d’envie d’aller boire une bière devant un concert, mais il faudra patienter encore et encore.
De tout cœur, bon courage aux confinés.
Enfin, confinés, mais pouvant sortir sans autorisation parce que le gouvernement a tellement merdé (là aussi) sur sa conception qu'elle a généré une vague de moqueries qui a conduit à son annulation.