Produit phare d’Izotope, le processeur d’effets Ozone nous revient dans une huitième version qui, en en se rapprochant de Neutron et en intégrant quelques nouveautés de taille, entend bien devenir le plug-in de mastering de référence des pros comme des amateurs.
Si lors de sa première version sortie il y a 16 ans, Ozone n’était qu’un logiciel doté d’un bon rapport fonctionnalité/prix, le multieffet orienté mastering d’Izotope a pris avec les années une autre dimension. Outre le fait de réunir au sein d’une même interface ergonomique un ensemble complet de traitements pour gérer le mastering, la première raison à cela tient sans doute dans la qualité de certains des algorithmes qu’il utilise, et notamment de son Maximizer doté du fameux IRC (Intelligent Release Control) tandis que l’effort d’Izotope pour documenter ses logiciels n’est sans doute pas étranger non plus à ce succès. Quoi qu’il en soit, on trouve aujourd’hui Ozone sur le bus master de quantité de Home Studistes comme chez des pros et non des moindres, tel le grand Greg Calbi.
Si ce succès est parfaitement mérité au vu de l’évolution du produit, il faut avouer que les nouveautés de la septième version du logiciel nous avait un peu laissés sur notre faim, tenant pour l’essentiel dans des traitements typés Vintage qui n’étaient pas forcément ce qu’on attendait le plus dans un Ozone. Et on est heureux de voir que cette version 8 semble un peu plus ambitieuse dans les fonctionnalités qu’elle propose.
Nous vous proposons de découvrir ça en vidéo :
Ou en texte pour les allergiques à l’image.
Les home studistes sont tous des assistés
Cela passe d’abord par l’arrivée d’un Master Assistant qui, dans le sillage du Track Assistant de Neutron 2, génère un preset après analyse du morceau que vous souhaitez masteriser. Soulignons-le : il ne s’agit pas d’un mastering automatique mais d’une suggestion qui pourra servir de base à votre travail, en sachant que le logiciel, outre l’analyse qu’il effectue, vous demande de définir certains paramètres du mastering à réaliser : destination (streaming ou CD), intensité. Le plus intéressant demeure toutefois à ce niveau de pouvoir faire intervenir un ou plusieurs morceaux de références sur lesquels Ozone essayera de se caler, histoire que vous puissiez travailler la cohérence de différents titres d’un même album.
Ma référence à moaaa
Ozone 8 comme Neutron travaillent désormais en tandem via la charnière du Tonal Balance Control qui permet de garder un oeil sur la dynamique et l’équilibre spectral globaux du morceau. L’outil qui n’est proposé qu’en version Advanced est d’autant plus intéressant qu’il permet de changer la façon dont on pense la production d’un morceau. On n’est plus forcément dans un processus séquentiel comme autrefois où le mastering n’intervenait qu’après le mixage fait et bien fait, mais dans une sorte de méthode agile où l’on part de ce que l’on veut obtenir pour remonter ensuite dans les étages de traitements et l’obtenir. Depuis le Tonal Balance Control, on accède ainsi à l’EQ d’Ozone comme à celui de tous les Neutrons qu’on a utilisé : une démarche qui pourra être discutable pour certains mais qui s’avère très intéressante dans ce qu’elle colle bien plus à la façon dont nombre de musiciens travaillent.
Au-delà de cet intéressant parti-pris, on notera surtout l’apparition d’un nouveau module d’écoute comparative qui n’est pas sans rappeler les plug-ins Magic AB de Sample Magic ou le Reference de Mastering The Mix, dans une version à la fois plus et moins évoluée. Plus évoluée car le logiciel s’avère capable de détecter comme un grand les différentes sections des 10 morceaux que vous souhaitez comparer (couplet, refrain, pont, etc.). Moins évoluée car on ne dispose pas de visualiseurs pour comparer les différents morceaux. C’est bien dommage.
Reprendre, c’est voler
Mais c’est d’autant plus regrettable qu’Izotope ne livre plus désormais le logiciel de visualisation Insight avec la version Advanced de son logiciel. Pourquoi ? On se le demande et cela nous rappelle le bien mauvais souvenir de la réverbe présente dans Ozone 5 et qui, depuis la version 6, pointe toujours aux abonnés absents. Il semble que l’éditeur ne nous donne jamais rien sans reprendre quelque chose d’autre et c’est très agaçant. Carton rouge sur ce point.
Ne boudons toutefois pas notre plaisir car entre cet outil de comparaison et le Tonal Balance Control, on tient d’excellents outils pour prendre le juste recul sur le travail qu’on est en train de faire dans le logiciel, et c’est sans doute bien plus important que d’avoir un nouvel EQ comme ci ou nouveau compresseur comme ça.
So fucking spectral
Puisqu’on en parle d’ailleurs, précisons que l’éditeur ajoute au déjà très complet arsenal du logiciel un tout nouveau module baptisé Spectral Shaper. De quoi s’agit-il ? D’une sorte d’EQ dynamique à 32 bandes fixes destiné à travailler de façon subtile (comprenez en douceur) sur la partie du spectre que vous lui indiquerez, que ce soit pour la mettre en avant ou pour lisser certaines aspérités. C’est ainsi qu’on peut adoucir une prise un peu trop agressive, travailler sur des sibilances ou ramener un peu de consistance à une partie du spectre qui en manquerait, avec beaucoup plus de délicatesse qu’on pourrait le faire avec un EQ ou un compresseur multibande. Bref, un ajout appréciable même s’il ne fera pas oublier la disparition d’Insight et de la réverbe.
On mentionnera encore quelques ajouts ça et là telle l’indépendance de la stéréo dans le Maximizer qui se voit aussi doté d’une fonction Learn pour le seuil et d’une IRC basse latence, la possibilité de chaîner les bandes dans l’Imager comme dans l’exciter et l’ajout d’une vitesse 7.5 IPS plus crado pour le Vintage Tape.
Toujours les mêmes lacunes
Le tour des nouveautés est fait et l’on regrette qu’Izotope, cette fois encore, ait négligé de corriger certains des défauts historiques de son logiciel phare. Ce dernier n’est toujours pas redimensionnable, ne travaille toujours pas en multicanal, ne permet pas d’héberger des plug-ins dans sa version plug-in, et à présent qu’il n’est plus livré avec Insight
C’est d’autant plus agaçant que le soft offre par ailleurs des choses
Conclusion
Avec son Tonal Balance Control qui lui permet de travailler en tandem avec Neutron et son système d’écoute de références, cet Ozone 8 est assurément une bonne fournée, bien plus enthousiasmante que la version 7 qui s’était focalisée sur l’ajout de traitements typés vintage et couronnée par une surprise qu’on n’attendait pas : le Spectral Shaper. S’il y a tout lieu de recommander le logiciel dont les différentes versions s’avèrent pertinentes, on ne pourra s’empêcher de regretter l’inexplicable disparition d’Insight dans la version Advanced, d’autant que le logiciel n’est pas un modèle du genre sur le plan de la visualisation. Ca n’en reste pas moins un excellent couteau suisse qui saura se rendre utile en toutes circonstances, et dont il nous tarde de découvrir la prochaine version.