Fermés, ouverts, haut, milieu et bas de gamme... Tout ou presque existait dans la gamme de casque MC, chez Mackie. Voilà donc une extension inespérée : le casque Bluetooth, avec lequel le fournisseur américain affirme réussir le mariage du son "studio" avec la flexibilité du sans-fil.
Pour commencer ce test, il faut préciser que pour la première fois les mesures de réponse en fréquence et de THD sont réalisées par nos soins. En effet, Audiofanzine a récemment fait l’acquisition d’un microphone EARS de MiniDSP, qui nous servira dorénavant à tester les casques. Il est important, dans un souci de cohérence, de préciser que la mesure de casque, en général, est une pratique dans laquelle il n’existe de pas de norme absolue : ainsi vous pouvez remarquer, d’un site à l’autre, qu’un même casque donnera des mesures parfois sensiblement différentes, selon le matériel de test utilisé, ou encore les courbes de corrections appliquées. Pour cette raison, les mesures de casque aujourd’hui disponibles sur Internet ne peuvent être considérées comme étant juste dans l’absolu : ce qui importe dans leur lecture c’est plutôt de comparer les mesures de différents casques réalisées par un même testeur dans des conditions similaires.
Alors quid des tests réalisés jusqu’à présent ? En effet, c’est la conclusion logique de cette introduction : les tests qui vont être désormais réalisés par AF vont former une nouvelle « base de données » qui ne pourra pas totalement être comparée avec les tests que l’on peut déjà trouver dans nos pages.
Cela étant dit, il faut raison garder : même si des tests différents donneront des résultats différents, ces différences ne seront pas aberrantes. Dans sa forme d’ensemble, une courbe de réponse en fréquence, pour peu que la méthode de test soit relativement fiable, donnera une idée correcte de ce que l’on peut attendre du casque.
Maintenant qu’on a donné cette précision importante, passons au déballage du casque.
Déballage
Notre première impression, en sortant le MC-40BT de son emballage, est celle de solidité. Le casque, certes tout en plastique, nous a paru robuste et la présence d’un étui de rangement confirme que l’entreprise américaine a vraiment tenté d’orienter ce nouveau modèle sur les usages « nomades », selon l’expression marketing.
Le casque n’est pas totalement pliable et, pour cette raison, prend quand même une certaine place (ou une place certaine), ce qui nous a paru partiellement contredire l’usage prévu par le constructeur. Toutefois, à 270 g, le MC-40BT a un poids modeste, et l’étui n’étant pas beaucoup plus lourd, il saura se faire oublier dans un sac à dos.
Sur le casque, on trouve un port mini-jack TRRS, pour le raccordement du câble (profil droit, 1,50m de long) et une fiche USB-C pour la mise en charge du module Bluetooth, ainsi que les contrôles habituels (lecture/pause, volume) que l’on peut s’attendre à trouver sur un casque de ce type.
De façon également logique, pour un usage en extérieur, le casque est fermé, de type circum-auriculaire, et son niveau d’isolation nous a paru excellent. Cela ne va pas sans une pression de serrage un peu forte, qui nuit légèrement au confort du casque. Critique qui doit être prise avec un peu de distance car, on le sait, le confort d’un casque est très relatif à chaque utilisateur, sa taille et forme de tête jouant sur le résultat.
Malgré cette impression de serrage un peu fort, nous avons trouvé le casque plutôt confortable sur la longueur : pas trop lourd, un peu chaud certes, mais assez stable en marchant et en courant (des points que nous testons rarement, mais qui correspondent exactement à ce que met en avant le fabricant).
Le MC-40BT bénéficie aussi de la présence de nombreuses pièces maintenues entre elles par des vis, ce qui laisse à penser que le casque permettra plus facilement les réparations ou les modifications, qu’elles soient faites par leur propriétaire ou par un technicien. C’est toujours un point positif, et nous aimons le mettre en avant dans ces articles.
Attention, l’impédance n’est pas communiquée par le constructeur. Toutefois, à en juger par les autres casques de la gamme, elle ne doit pas dépasser 40 ohms. Nos tests ne révèle d’ailleurs pas de différence criante entre une écoute sur ampli casque et sur téléphone portable.
Passons maintenant au benchmark !
Benchmark
Voici donc le nouveau protocole de mesures objectives, réalisées par nos soin afin de compléter l’écoute subjective. Avec l’aide précieuse de notre testeur EARS de MiniDSP, nous avons le plaisir de pouvoir vous fournir des courbes de réponse en fréquence et distorsion harmonique totale (THD), réalisées dans notre atelier.
Comme d’habitude avec les casques sans fil que nous recevons, les tests et les écoutes sont réalisés en filaires et non pas en Bluetooth. Toutefois, nous avons testé le bon fonctionnement de la connexion BT, avec succès, et cela sans surprise.
Courbe de réponse (exprimée en dB SPL – avec moyenne RMS en bleu – et en dBu)
On remarque que nous avons affaire à un casque avec trois plages d’accentuation : de 10 khz à 18 kHz (pic à 15 kHz), de 700 Hz à 1,5 kHz (pic à 1 kHz) et de 130 Hz à 300 Hz (pic à 200 Hz). On s’attend donc à des aigus assez brillants, peut-être un peu sifflants, des voix bien présentes (bien que le creux à 6 kHz devrait atténuer certaines harmoniques, et jouer sur le timbre des instruments aigus, on est ici dans des fréquences très sensibles de l’oreille) et des basses pas trop prononcées, au profit des bas médiums. Ce dernier point est assez rare sur les casques testés ces dernières années : souvent lorsque le bas y est accentué, on trouve une bosse commençant généralement à 60 Hz et atteignant son maximum à 100 Hz (et non 200 Hz comme c’est le cas ici). A voir à l’écoute, mais cela pourrait donner des graves assez « nets », car pas trop suraccentués, au risque d’un médium dont les détails seraient noyés par une présence trop importante du bas-médium (c’est une zone sensible qui peut créer des flous au mix).
Distorsion harmonique totale (THD)
En dessous de 1% à partir de 60 Hz, sous 0,5 % après 400 Hz et entre 0,2 et 0,1 % à partir de 1 kHz. C’est plutôt très bien, typique de ce que l’on rencontre généralement dans les casques de cette gamme de prix.
Et maintenant passons aux écoutes !
Ecoutes
Richard Hawley – Don’t Get Hung Up In Your Soul (sur Truelove’s Gutter)
Une ballade acoustique, avec beaucoup de réverbe et une différence de dynamique importante entre la voix et la guitare. La première chose qui nous frappe, c’est le haut du spectre : sur la guitare et la voix, on est dans un rendu assez aigu, précis avec beaucoup d’articulation mais pas nécessairement beaucoup de « coffre ». Pour autant, pas de sifflantes fatigantes et le panoramique de la réverbe s’en trouve vraiment bien mis en valeur. On le remarque particulièrement sur la scie musicale, avec sa réverbe longue, qui donne beaucoup d’espace à l’instrument. Autre point agréable, la contrebasse n’est pas trop « gonflée » artificiellement par des grosses basses, ce qui lui permet de gagner en précision et de ne pas noyer le grave de la guitare.
Sun Kil Moon – Butch Lullabye (sur Common As Light And Love…)
Sur l’intro, on doit entendre à la fois les notes graves, les harmoniques médiums ajoutées par la distorsion, l’attaque légèrement piquée des notes, tout en séparant bien la grosse caisse qui sonne assez sèche et médium. Ici, on a beaucoup d’harmoniques, avec un grave en retrait. Résultat, le casque ne réussit pas vraiment à rendre l’extrême grave de certains passage, mais il fonctionne très bien pour ce qui est de rendre l’attaque de la basse, indépendamment de l’attaque de la grosse caisse. Le drive, joué à la croche par le batteur, très en retrait dans le mix, est bien perceptible relativement au reste de la batterie : encore une fois, c’est un casque précis dans les articulations et les détails (merci la bosse au dessus de 10 kHz). La voix est assez douce, sans trop de sifflantes. Pour l’instant dans cet écoute, les bas-médiums ne semblent pas trop « noyer » l’ensemble. Attendons des morceaux plus fournis en instrumentation.
Massive Attack – Teardrop (sur Mezzanine)
Un titre avec beaucoup d’extrême grave, mais qui ne doit jamais masquer les nombreux détails dans le haut médium et l’aigu. Même constatation que précédemment : l’infra-grave n’est pas présent, mais pour ce qui est du reste, on est plutôt impressionné : voix sans sifflante désagréable (un risque avec ce morceau), largeur panoramique, très bonnes attaques de la grosse caisse. On manque un peu d’infos dans le bas, c’est vrai, mais ce casque se révèle excellent pour une écoute agréable de morceaux dont le mix peut être très touffu. Et en parlant de touffu…
Charlie Mingus – Solo Dancer (sur The Black Saint And The Sinner Lady)
Voilà un morceau avec beaucoup de soufflants jouant dans des tessitures similaires : c’est très touffu et le but est d’essayer de discerner les timbres. Le casque se sort plutôt bien de l’enchevêtrement de cuivres. En revanche, dans le grave, on y est moins : le mix complexe de la contrebasse, du trombone contrebasse et du saxophone baryton est assez brouillon (le bas médium gonflés n’aident vraiment pas ici, tout se trouve un peu « flouté »), et surtout on perd la différence entre la grosse caisse et la contrebasse. Les cymbales ont aussi tendance à « manger » certains autres instruments, en particulier le piano. Le petit moment solo du saxophone est bien rendu dans sa dynamique, et sa réverbe est bien suivie.
Edgar Varèse – Ionisation (New York Philharmonic, dir. Pierre Boulez)
Ici on cherche à juger de l’image stéréo et du suivi de la réverbération naturelle de la salle, qui joue sur l’impression d’espace. L’écoute se fait entre 0:30 et 1:15 mins. Dans l’ensemble, le timbre des instruments est bien rendu, ainsi que l’acoustique de la salle. À ce propos, on remarque encore une fois une belle image stéréo, très large, avec un beau rendu de la réverbération de la salle, mise en avant par les aigus accentués. Les percussions médiums (gong, cloche, fouet, sirène) sont plutôt bien rendues, mais souffrent un peu de l’accentuation vers 200 Hz qui a tendances à les « grossir » du bas, de façon indue.
Conclusion
Après écoute, il nous a semblé que le MC-40BT est un plutôt bon casque dans sa gamme de prix (autour de 149 €, prix variable selon les vendeurs), avec une bonne isolation et un design (légèreté, câble court, possibilité d’utiliser la BlueTooth) qui le prédispose vraiment bien à l’écoute nomade.
Dans cette optique-là, il nous a semblé qu’il offrait un rendu sonore assez fin, sans pour autant tomber dans l’analytique, ce qui est tant mieux lorsque qu’on souhaite l’utiliser pour des écoutes de loisir. Le fait de ne pas tout avoir axé sur le grave surgonflé (comme trop de casques qui visent le grand public) est un point intéressant pour Mackie, et il est assez remarquable de voir un constructeur rester dans une optique assez proche du monitoring, même pour un casque « nomade ». Assez pour en faire aussi un casque valable pour le studio ? Il nous semble qu’à ce niveau, et en prenant en compte les préférences de chacun, cette bosse du bas-médium constitue malgré tout une limitation : pour du mix, par exemple, elle risquerait d’offrir une image sonore un peu floue. Une remarque pour conclure : si le Bluetooth n’est pas une nécessité absolue pour vous, la plupart des autres casques de la gamme MC sont accessibles à des prix égaux ou inférieurs à celui du MC-40BT, et sont presque tous fermés, avec des impédances basses, ce qui peut en faire autant d’options pour l’écoute de loisir (une série de tests comparatifs pourrait être intéressante à ce sujet).