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Test du casque Lensys Professionnal de Focal - Intense focalisation

9/10

Introduit cet automne, le nouveau casque de la marque française vient compléter leur gamme dite "professionnelle", en proposant un modèle fermé qui nous promet confort, solidité et, surtout, précision sonore. Voyons si la promesse nous a paru tenue ?

Test du casque Lensys Professionnal de Focal : Intense focalisation

Ce casque nous a paru inté­res­sant, car il provient d’une marque « clas­sique » (active depuis 1979 sous une forme ou une autre…) qui est aussi bien connue pour ses produits profes­sion­nels que récréa­tifs, et qui a la parti­cu­la­rité sympa­thique d’être française, et d’avoir conservé une part de ses acti­vi­tés en France (ils ont même fait partie de ces entre­prises qui ont choisi la relo­ca­li­sa­tion d’ac­ti­vité il y a quelques années de cela).

IMG 20241008 120541Bref, on était inté­ressé de voir, et surtout d’en­tendre ce que Focal allait nous propo­ser en « milieu » de gamme, car oui, même si le Lensys Pro est un appa­reil à 699 euros (prix conseillé par le construc­teur), il s’agit bien du milieu de leur petite gamme de casques profes­sion­nels.

Spéci­­fi­­ca­­tions

Le Lensys Profes­sio­nal est un casque de type circu­mau­ri­cu­laire, fermé, avec un trans­­duc­­teur dyna­­mique de 40 mm.

Les spéci­­fi­­ca­­tions annon­­cées par le construc­­teur sont les suivantes :

  • Impé­­dance : 26 ohms (bas, donc facile à adap­ter à plein de sources diffé­rentes)
  • réponse en fréquence : 5 Hz — 22 kHz 

IMG 20241008 120726Le casque est fourni avec une mallette (on y revien­dra dans la partie « trans­port ») et avec deux câbles, l’un droit et de 1,2 m, l’autre en spirale et attei­gnant 3 m au maxi­mum. Tous deux peuvent rece­voir un adap­ta­teur vissable pour passer du format 3,5 mm au format 6,35 mm. Les câbles se fixent à l’oreillette gauche sans système spéci­fique de main­tien, mais avec une prise qui offre un contact ferme au niveau de la fiche jack. Espé­rons que celle-ci tienne dans le temps…

Démon­­table ?

Oui, presque entiè­re­ment…

D’abord, on retire les cous­si­nets, simple­ment en tirant dessus : 

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On découvre une plaque de protec­tion, sur laquelle on dénote quatre petites vis à tête Torx. Un coup de mini-tour­ne­vis et…

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L’on découvre un inté­rieur d’oreillette assez éton­nant. Voici : 

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Il suffit de prendre le HP et de le soule­ver pour qu’il vienne, car il n’est tenu en place que par deux picots et par la plaque de fixa­tion supé­rieure. On découvre aussi que la connexion élec­trique du HP n’est pas fixée (soudée par exemple, ou avec un connec­teur multi­broches) : il est muni d’un petit circuit imprimé avec deux plaques de cuivre qui viennent en contact méca­nique avec deux picots (montés sur ressort). En cas de panne, on imagine la faci­lité pour rempla­cer le HP dans les ateliers Focal. On notera en tout cas que dans l’en­semble des casques qui passe entre nos mains pour ces tests, nous n’avions jamais vu une construc­tion de ce type-là (et je ne parle pas que des connec­teurs, mais aussi de l’in­té­gra­lité de l’ar­chi­tec­ture interne) et que rien que pour ça, on est impres­sionné, car propo­ser quelque chose d’un tant soit peu origi­nal semble être devenu une gageure aujour­d’hui.

Par ailleurs, tout est fixé à l’aide de vis, et donc démon­table et remplaçable : 

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On appré­ciera aussi de voir (image ci-dessus) que les vis viennent se loger dans des boulons métal­liques, et non direc­te­ment dans le plas­tique, comme c’est souvent le cas. On ressent un vrai sérieux quant à la construc­tion : 

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Confort

IMG 20241008 120623 1Excellent,

La douceur des cous­si­nets, leur épais­seur (24 mm) et le côté plutôt aéré de la toile qui les recouvre font que, même si le casque serre assez forte­ment la tête, on ne ressent pas une impres­sion de surchauffe durant l’écoute. De plus, à 306 gr, le casque se fait assez faci­le­ment oublier sur le crâne.

Isola­­tion

Très bonne,

Comme pour le critère précé­dent, on remarque que les cous­si­nets sont vrai­ment bien conçus, et l’on a trouvé l’iso­la­tion tout à fait au point.

Trans­­port

IMG 20241017 145911Focal distri­bue de Lensys Pro avec une mallette solide et élégante, opti­mi­sée pour que la partie centrale, sous l’ar­ceau, puisse rece­voir les deux câbles enrou­lés (encore faut-il faire atten­tion à bien les enrou­ler…). Pour ce qui est du trans­port dans un sac ou une valise, le casque ne se replie pas, mais peut « s’apla­nir » en tour­nant les deux oreillettes à 90°, ce qui est toujours plus pratique, pour une ques­tion de place, mais aussi, inci­dem­ment, de longé­vité du casque.

Bench­­mark

Voici main­te­nant le proto­­­­cole de mesures objec­­­­tives, mené par nos soins afin de complé­­­­ter l’écoute subjec­­­­tive. Avec l’aide précieuse de notre testeur EARS de MiniDSP, nous avons le plai­­­­sir de pouvoir vous four­­­­nir des courbes de réponse en fréquence et distor­­­­sion, réali­­­­sées dans notre atelier.

Réponse en fréquence : 

Focal LensysPro RF

On remarque :

  • une rela­tive linéa­rité entre 20 Hz et 1 kHz, avec un profil descen­dant.
  • un petit creux à 2 kHz
  • une forte accen­tua­tion de 3 kHz à 5 kHz
  • un creux à 6 kHz
  • une forte accen­tua­tion à 8–9 kHz
  • Une réponse en fréquence assez droite jusqu’à 18 kHz, avec une baisse vers 20 kHz.

On remarque aussi que les trans­­duc­­teurs sont très bien appa­­riés, avec un écart de 1 dB maxi­mum.

Distor­­sion :

Focal LensysPro THD

La distor­­sion mesu­­rée est vrai­ment très faible, tour­nant autour de 0,05 % à partir de 100 Hz et jusqu’à 1 kHz, puis au-dessus de 2,5 kHz. On voit rare­ment d’aussi bons résul­tats ! Elle remonte dans le grave attei­gnant 5 % à 20 Hz. Notons la prédo­mi­nance des harmo­niques tierces à 1,5 kHz, mais leur recul sur tout le reste du spectre.

Écoute

Richard Hawley — Don’t Get Hung Up In Your Soul (sur True­­lo­­ve’s Gutter)

Une ballade acous­­tique, avec beau­­coup de réverbe et une diffé­­rence de dyna­­mique impor­­tante entre la voix et la guitare. Sur le « haut » du spectre (disons l’aigu et le haut médium), c’est-à-dire sur ce qui concerne l’ar­ti­cu­la­tion dans le chant, les attaques de la guitare acous­tique, certaines de ses réso­nances, la scie musi­cale, la lyre… Il n’y a « rien à dire », ce qui n’est pas néga­tif, mais une façon de dire que ce que l’on entend est conforme à ce que l’on peut attendre d’un casque pro : préci­sion, justesse des timbres, équi­libre des plages de fréquences. On n’est pas parti­cu­liè­re­ment frappé par des manques fréquen­tiels, même si notre aperçu de la courbe du casque nous faisait plutôt attendre l’in­verse. En revanche, ce qui nous gêne plus, c’est l’im­pres­sion d’une trop grande présence du « bas » du spectre, et plus spéci­fique­ment du bas médium, et peut-être aussi de la basse. Trop grande présence, mais pas néces­sai­re­ment flou sonore, car c’est très précis là aussi. On aime­rait juste que certaines zones dans le bas soient un peu plus creu­sées, et tout parti­cu­liè­re­ment sur les accords battus de la guitare acous­tique, où l’on trouve presque trop d’in­for­ma­tions dans le grave et le bas-médium. Mais, atten­tion, ça ne sera pas le cas sur tous les morceaux…

Sun Kil Moon – Butch Lulla­­bye (sur Common As Light And Love…)

Sur l’in­­tro, on doit entendre à la fois les notes graves, les harmo­­niques médiums ajou­­tées par la distor­­sion, l’at­­taque légè­­re­­ment piquée des notes, tout en sépa­­rant bien la grosse caisse qui sonne assez sèche et médium. Ici, c’est l’in­verse du morceau précé­dent : c’est dans le grave que le casque brille. Déjà par son exten­sion très linéaire dans la grave et sa capa­cité à retrans­crire des fréquences très basses sans bron­cher (et de façon toujours équi­li­brée, sans « gonfle­ment » de certaines notes), mais surtout par le détail du rendu. Le reste étant par ailleurs excellent, on se régale.

IMG 20241008 120549Massive Attack — Tear­­drop (sur Mezza­­nine)

Un titre avec beau­­coup d’ex­­trême grave, mais qui ne doit jamais masquer les nombreux détails dans le haut médium et l’aigu. Là aussi, on n’est pas déçu dans le grave : non seule­ment ça va cher­cher très grave, mais en plus c’est capable de le resti­tuer de façon très précise. Ici, un souci appa­raît toute­fois : le rimshot être trop mis en évidence, et trop filtré, par les accen­tua­tions très impor­tantes qui distinguent certaines fréquences aigües. Jusqu’ici ça n’avait pas été criant, mais là ça tombe très mal, car ça tombe juste sur un instru­ment percus­sif qui se retrouve indû­ment souli­gné.

Char­­lie Mingus – Solo Dancer (sur The Black Saint And The Sinner Lady)

Voilà un morceau avec beau­­coup de souf­­flants jouant dans des tessi­­tures simi­­laires : c’est très touffu et le but est d’es­­sayer de discer­­ner les timbres. Ces basses ! Quand un casque arrive à descendre vrai­ment bas, mais sans nous noyer dans une bouillie de graves lour­dauds, c’est toujours impres­sion­nant… car c’est rare ! Par ailleurs, c’est assez bluf­fant à quel point, dans ce tour­billon instru­men­tal, on arrive faci­le­ment à se repé­rer, à distin­guer le piano (pour­tant plutôt noyé), ou à dénom­brer les cuivres. On en ressort assez bluffé. Parfois, on repère à nouveau, sur certains passages parti­cu­liè­re­ment « touf­fus », ce même souci occa­sion­nel de manque de recul du bas médium, qui n’est pas aussi saisis­sant que lors du premier morceau (peut-être aussi que l’oreille s’ha­bi­tue), mais qui donne parfois une impres­sion de trop-plein dans cette plage.

Edgar Varèse — Ioni­­sa­­tion (New York Phil­­har­­mo­­nic, dir. Pierre Boulez)

Ici, l’on cherche à juger de l’image stéréo et du suivi de la réver­­bé­­ra­­tion natu­­relle de la salle, qui joue sur l’im­­pres­­sion d’es­­pace. L’écoute se fait entre 0 h 30 et 1 h 15 min. Le rendu des dyna­miques est très bon, ainsi que l’image stéréo, très large et précise, et l’on suit sans problème les longues réso­nances de certaines percus­sions. Là aussi, on est assez bluffé par la profon­deur et la préci­sion du rendu des percus­sions les plus graves. Bref, comme pour les morceaux d’avant, on reste sur une impres­sion globa­le­ment très posi­tive, et l’on remarque que la fatigue audi­tive est assez peu présente après une heure d’écoute. Que du bon !

Notre avis : 9/10

L'on commente rarement le rapport qualité/prix dans les articles d'AF, peut-être parce que c'est un sujet épineux, trop livré à l'appréciation personnelle (pour ce qui constitue le juste prix, peut-être aussi pour la qualité). Toutefois, je vais faire une entorse, et dire que je considère ce casque, pourtant assez objectivement cher, comme à son juste prix, et cela pour trois raisons : une construction de qualité, une conception originale (ce qui est relativement rare) et, c'est le plus important, un rendu à la hauteur. Je pourrais presque en rester là, il me faudra quand même préciser que non, le casque n'est pas sans reproche, oui sa courbe possède des particularités que l'on peut apprécier ou non, et qui parfois peuvent ressortir lors d'une écoute, ou au contraire ne pas apparaître autant que cela. Mais je préfère ici souligner que j'ai été impressionné par le rendu de ce casque, sa clarté, sa précision, son extension très maîtrisée dans le grave. Bref, ça va être dur de le rendre celui-là...

  • Entièrement démontable et réparable
  • Très bien construit
  • Une architecture intérieure assez innovante
  • Léger et confortable
  • Bonne isolation
  • Une THD très basse
  • Un rendu généreux mais précis des basses
  • Un son précis sans être trop fatigant
  • Une mallette de transport
  • Parfois un peu trop de bas-médiums
  • Des accentuations dans l'aigu qui peuvent, à l'occasion, créer un effet loupe
Pays de fabrication : France

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