Ceux qui ont déjà poussé un AC30 à mi-volume savent que Vox n'a pas son pareil pour déboucher les oreilles. Voir le constructeur sortir un casque intrigue donc, d'autant que le concept retenu est original...
Voici venu dans nos bureaux un casque… de la marque Vox ! Faisant suite au NC-Q1 de Korg (puisque les deux marques ne font plus qu’une aujourd’hui), le VH-Q1 embarque les mêmes technologies, options et matériaux. Même prix également (349 euros conseillés en France) et même marketing mettant en avant la protection des oreilles des utilisateurs (annulation du bruit ambiant oblige) et l’option de « filtrage intelligent » (nous y reviendrons). Il s’agit donc (il nous semble) de ce que l’on nomme en anglais un rebadging, puisque les différences sont principalement esthétiques : soit vous préférez le look Korg, soit le Vox (avec la grille Vox, bien spécifique, à l’intérieur des écouteurs). Comme le dit la langue commune : chacun ses goûts.
Déballage
On découvre un casque principalement fait en plastique, qui donne malgré cela un sentiment général de robustesse. Seules parties en métal : les étriers sur lesquels sont accrochées les oreillettes. Le casque présente la particularité de permettre de découvrir une oreille (pratique pour les DJ) mais pas de se plier. Donc, accompagné d’un sac, il est pensé pour être nomade, mais reste quand même assez volumineux. L’objet est par ailleurs assez gros, assez lourd (321 g) ce qui ne facilite pas son transport. En revanche, le bon amortissement des mousses, en particulier sur l’arceau, rend le casque plutôt confortable sur le long terme, malgré son poids.
Pour ce qui est de l’ergonomie, on a affaire à un circumauriculaire, fermé, avec des mousses à mémoire de forme qui offrent une isolation sonique efficace. Si l’on ajoute la fonction d’annulation du bruit, on obtient une très bonne réjection des sons extérieurs. Les mousses des oreillettes ne nous ont pas paru détachables (elles le sont probablement, mais il faudrait forcer, ce que nous n’avons pas osé faire avec un modèle qui nous était prêté). Celle de l’arceau ne l’est pas du tout.
Le casque fonctionne en Bluetooth mais également en filaire, il est donc accompagné d’un câble détachable de 1,5 m, avec deux connectiques mini-jack 3,5 mm. Aucun adaptateur 6,35 mm n’est fourni, et pas de système d’attache à baïonnette : c’est un peu dommage. En revanche, le casque est équipé d’un adaptateur pour double sortie mono, du type que l’on trouve sur les accoudoirs dans les avions. Bref, on est assez clairement sur un produit grand public, fait pour s’adapter aux différents usages) que l’on peut attendre d’un casque aujourd’hui, y compris non-musicaux : le casque inclut le support des assistants Siri et Google et la possibilité de prendre des appels à distance. À noter : la connexion filaire permet l’usage du casque sans aucune de ces fonctions, comme un casque passif classique, ce qui est un bon point pour un usage quotidien, où l’on ne souhaite pas constamment avoir à paramétrer son casque selon les conditions d’écoute. C’est d’ailleurs comme cela, dans son utilisation la plus simple, que nous avons effectué les écoutes en fin d’article.
Parlons technologie (ici, je retranscris les données du constructeur, car nous n’avons pas la possibilité d’aller voir par nous-mêmes) : les haut-parleurs en polymère (polyuréthane et polyétheréthercétone, si vous voulez tout savoir) font 41 mm de diamètre, et auraient une réponse en fréquence de 10 Hz à 25 kHz. On verra au moment des tests si le casque tient ses promesses de ce côté-là. L’impédance du casque reste relativement basse (80 Ohms) ce qui représente à notre avis un bon compromis entre qualité de reproduction et adaptabilité aux sources, et confirme notre impression d’un casque grand public, plutôt que pro.
Maintenant, penchons-nous sur le gros coup marketing de Korg/Vox : le filtrage intelligent des fréquences captées par le micro. Le fonctionnement est assez simple à utiliser : lorsque les fonctions avancées du casque sont actives, tapotez une fois le côté de l’oreillette droite, et le filtrage se met en marche. Le micro intégré au casque capte les sons extérieurs et, grâce à un « filtrage intelligent », ne retransmet dans vos oreilles que certaines fréquences. Dans nos essais, nous avons trouvé que le micro captait les sons, avec une assez bonne discrimination, basée sur la directivité et la proximité. De plus, un filtrage passe-bande est appliqué, qui coupe les fréquences indésirables : ce filtre est modulable, avec plusieurs courbes (basic, basic for guitar, big for guitar, treble for guitar, big for bass, treble for bass). C’est assez simple à comprendre : les modes « basics » sont assez plats tandis que « big » laisse passer plus de graves et « treble » plus d’aigus.
Quelles impressions en avons-nous tirées ? Il serait malhonnête de dire qu’on ne s’est pas amusé : passer ses titres préférés et prendre une guitare pour jouer par-dessus, en s’entendant retransmis dans son propre casque est, tout simplement, assez jouissif. Bien sûr, cela a un côté gadget, mais en cela ce n’est pas déplaisant. On prend en main ce casque comme un nouveau jouet technologique, on recherche le filtrage le mieux adapté à ce que l’on souhaite jouer, on met en marche l’annulation du bruit ambiant et l’on s’oublie assez facilement dans la musique. Le son retranscrit (celui de votre instrument) n’est pas d’une fidélité exceptionnelle, certes. Si vous avez passé plusieurs années à rechercher votre pedalboard exact pour avoir LE son qui vous plaît, vous aurez sûrement l’impression de perdre des informations. De plus, le filtrage ajoute du souffle et, lorsqu’il est mis en marche, le son de la musique transmise par les haut-parleurs tend à s’atténuer. En conclusion : une option vraiment ludique, mais dont il ne faut pas attendre des miracles.
Écoute
Précisons-le à toutes fins utiles : nous n’avons pas jugé nécessaire d’effectuer des mesures sur ce casque qui vaut surtout pour son concept original. On passe donc directement à l’analyse de morceaux réalisée dans les conditions les plus simples d’utilisation : en mode passif et filaire.
Richard Hawley – Don’t Get Hung Up In Your Soul (sur Truelove’s Gutter)
Une ballade acoustique, avec beaucoup de réverbe et une différence de dynamique importante entre la voix et la guitare. Ce qu’on remarque en premier c’est un certain déséquilibre qui affecte à la fois la voix et la guitare. Du côté de la voix, pas mal de coffres, on sent des médiums bien présents, mais pas d’aigu, donc des attaques et une articulation un peu étouffées. Ce manque d’aigu fait qu’on n’entend pas non plus les attaques sur la guitare, et que celle-ci se retrouve un peu « mangée » par la voix. Par ce manque de brillance, on perd à l’écoute le suivi de la réverbe sur la voix ou la scie musicale, un élément qui contribue beaucoup à l’effet de profondeur du mix et à l’image stéréo. Résultat, cette image n’est pas très précise. La contrebasse est bien présente, mais manque également de précision : on sent un casque riche dans le grave, ce qui cause souvent une impression de brouillon sur ce morceau.
Sun Kil Moon – Butch Lullabye (sur Love Is As Common…)
Sur l’intro, on doit entendre à la fois les notes graves, les harmoniques médiums ajoutées par la distorsion, l’attaque légèrement piquée des notes, tout en séparant bien la grosse caisse qui sonne assez sèche et médium. C’est très punchy : le grave en avant rend vraiment bien sur une basse synthétique comme celle-ci. On entend même bien le petit pic d’attaque de chaque note avant le sustain saturé. Le casque n’a aucun problème pour suivre jusque dans le très grave, même si l’on sent qu’il y a plutôt une bosse entre 60 et 100 Hz. La basse sonne bien détachée du kick, qui garde un timbre bien définissable. En revanche, même réflexion qu’avant : pas assez d’aigus sur la voix, et sur les guitares portugaises dans la seconde partie. On se retrouve donc avec un manque de détails dans l’articulation. De la même façon, le drive joué à la croche disparaît parfois, et la caisse claire perd beaucoup de claquant. Encore une fois, la réverbe sur la voix n’est pas facile à suivre et on ressent une impression générale de voix boostée dans le médium.
Massive Attack – Teardrops (sur Mezzanine)
Un titre avec beaucoup d’extrême grave, mais qui ne doit jamais masquer les nombreux détails dans le haut médium et l’aigu. Le bon côté, c’est qu’il n’y a pas de sifflantes désagréables sur la voix, ce qui est un des risques avec ce morceau, mais on perd en finesse de l’articulation. Cela affecte aussi les instruments : plein de détails dans les percussions de la coda sont lissés, le piano perd de la clarté de son timbre, sonne assourdi. Au contraire, la basse sub est bien présente, on l’entend facilement, mais avec peu de précision sur les attaques, les arrêts, les résonances.
Charlie Mingus – Solo Dancer (sur The Black Saint And The Sinner Lady)
Voilà un morceau avec beaucoup de soufflants jouant dans des tessitures similaires : c’est très touffu et le but est d’essayer de discerner les timbres. Il offre beaucoup de chausse-trappes, alors ce n’est pas étonnant que n’importe quel casque y montre ses qualités et ses défauts. D’un côté, on remarque une contrebasse peu lisible, car trop « grasse » dans le grave, mais d’un autre côté des cymbales atténuées d’une façon agréable (elles couvrent les cuivres avec certains casques). L’image stéréo est très correcte et les soufflants sont représentés jusque dans le très grave. En revanche, les attaques un peu atténuées rendent le mix général un peu brouillon parfois.
Edgar Varèse – Ionisation (New York Philharmonic, dir. Pierre Boulez)
Ici on cherche à juger de l’image stéréo et du suivi de la réverbération naturelle de la salle, qui joue sur l’impression d’espace. L’écoute se fait entre 0:30 et 1:15. On perçoit des timbres médiums et graves plutôt bien rendus (par exemple sur les timbales, le tam-tam, la grosse caisse, les claves…) mais on perd franchement la réverbe acoustique. Il en résulte la perte d’une partie de l’image stéréo, qui est peu précise, et qui manque d’une impression de « profondeur » de la salle de concert. De même, on ressent un léger écrasement des dynamiques sur les instruments aigus, dont les attaques se retrouvent atténuées.
Conclusion
Il est important de mitiger notre conclusion, en prenant en compte le fait que ce casque joue un peu sur tous les plans : casque pour les musiciens, les DJ, les utilisateurs du quotidien… Comme nous l’avons dit, les options intégrées sont intéressantes. L’annulation du bruit, une technologie bien connue maintenant, fonctionne très bien, surtout que le casque a déjà une bonne réjection des sons ambiants. C’est un casque qu’on envisage facilement pour un usage quotidien, dans les transports en commun, au travail, etc. De plus, la fonction de filtrage intelligent est vraiment ludique, avec une prise en main facile, et des résultats très corrects. En revanche, pour l’usage professionnel en studio, ce casque ne nous semble pas adapté, avec une réponse en fréquence trop écourtée dans l’aigu, et manquant ainsi de précision.