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Parce qu'il le Vox bien ?
6/10
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Ceux qui ont déjà poussé un AC30 à mi-volume savent que Vox n'a pas son pareil pour déboucher les oreilles. Voir le constructeur sortir un casque intrigue donc, d'autant que le concept retenu est original...

Test du casque VH-Q1 de Vox : Parce qu'il le Vox bien ?

Voici venu dans nos bureaux un casque… de la marque Vox ! Faisant suite au NC-Q1 de Korg (puisque les deux marques ne font plus qu’une aujour­d’hui), le VH-Q1 embarque les mêmes tech­no­lo­gies, options et maté­riaux. Même prix égale­ment (349 euros conseillés en France) et même marke­ting mettant en avant la protec­tion des oreilles des utili­sa­teurs (annu­la­tion du bruit ambiant oblige) et l’op­tion de « filtrage intel­li­gent » (nous y revien­drons). Il s’agit donc (il nous semble) de ce que l’on nomme en anglais un rebad­ging, puisque les diffé­rences sont prin­ci­pa­le­ment esthé­tiques : soit vous préfé­rez le look Korg, soit le Vox (avec la grille Vox, bien spéci­fique, à l’in­té­rieur des écou­teurs). Comme le dit la langue commune : chacun ses goûts.

Débal­lage

20210416_170855On découvre un casque prin­ci­pa­le­ment fait en plas­tique, qui donne malgré cela un senti­ment géné­ral de robus­tesse. Seules parties en métal : les étriers sur lesquels sont accro­chées les oreillettes. Le casque présente la parti­cu­la­rité de permettre de décou­vrir une oreille (pratique pour les DJ) mais pas de se plier. Donc, accom­pa­gné d’un sac, il est pensé pour être nomade, mais reste quand même assez volu­mi­neux.  L’objet est par ailleurs assez gros, assez lourd (321 g) ce qui ne faci­lite pas son trans­port. En revanche, le bon amor­tis­se­ment des mousses, en parti­cu­lier sur l’ar­ceau, rend le casque plutôt confor­table sur le long terme, malgré son poids.

20210416_170314Pour ce qui est de l’er­go­no­mie, on a affaire à un circu­mau­ri­cu­laire, fermé, avec des mousses à mémoire de forme qui offrent une isola­tion sonique effi­cace. Si l’on ajoute la fonc­tion d’an­nu­la­tion du bruit, on obtient une très bonne réjec­tion des sons exté­rieurs. Les mousses des oreillettes ne nous ont pas paru déta­chables (elles le sont proba­ble­ment, mais il faudrait forcer, ce que nous n’avons pas osé faire avec un modèle qui nous était prêté). Celle de l’ar­ceau ne l’est pas du tout.

20210416_170633Le casque fonc­tionne en Blue­tooth mais égale­ment en filaire, il est donc accom­pa­gné d’un câble déta­chable de 1,5 m, avec deux connec­tiques mini-jack 3,5 mm. Aucun adap­ta­teur 6,35 mm n’est fourni, et pas de système d’at­tache à baïon­nette : c’est un peu dommage. En revanche, le casque est équipé d’un adap­ta­teur pour double sortie mono, du type que l’on trouve sur les accou­doirs dans les avions. Bref, on est assez clai­re­ment sur un produit grand public, fait pour s’adap­ter aux diffé­rents usages) que l’on peut attendre d’un casque aujour­d’hui, y compris non-musi­caux : le casque inclut le support des assis­tants Siri et Google et la possi­bi­lité de prendre des appels à distance. À noter : la connexion filaire permet l’usage du casque sans aucune de ces fonc­tions, comme un casque passif clas­sique, ce qui est un bon point pour un usage quoti­dien, où l’on ne souhaite pas constam­ment avoir à para­mé­trer son casque selon les condi­tions d’écoute. C’est d’ailleurs comme cela, dans son utili­sa­tion la plus simple, que nous avons effec­tué les écoutes en fin d’ar­ticle.

Parlons tech­no­lo­gie (ici, je retrans­cris les données du construc­teur, car nous n’avons pas la possi­bi­lité d’al­ler voir par nous-mêmes) : les haut-parleurs en poly­mère (poly­uré­thane et poly­éthe­ré­ther­cé­tone, si vous voulez tout savoir) font 41 mm de diamètre, et auraient une réponse en fréquence de 10 Hz à 25 kHz. On verra au moment des tests si le casque tient ses promesses de ce côté-là. L’im­pé­dance du casque reste rela­ti­ve­ment basse (80 Ohms) ce qui repré­sente à notre avis un bon compro­mis entre qualité de repro­duc­tion et adap­ta­bi­lité aux sources, et confirme notre impres­sion d’un casque grand public, plutôt que pro.

20210416_170507Main­te­nant, penchons-nous sur le gros coup marke­ting de Korg/Vox : le filtrage intel­li­gent des fréquences captées par le micro. Le fonc­tion­ne­ment est assez simple à utili­ser : lorsque les fonc­tions avan­cées du casque sont actives, tapo­tez une fois le côté de l’oreillette droite, et le filtrage se met en marche. Le micro inté­gré au casque capte les sons exté­rieurs et, grâce à un « filtrage intel­li­gent », ne retrans­met dans vos oreilles que certaines fréquences. Dans nos essais, nous avons trouvé que le micro captait les sons, avec une assez bonne discri­mi­na­tion, basée sur la direc­ti­vité et la proxi­mité. De plus, un filtrage passe-bande est appliqué, qui coupe les fréquences indé­si­rables : ce filtre est modu­lable, avec plusieurs courbes (basic, basic for guitar, big for guitar, treble for guitar, big for bass, treble for bass). C’est assez simple à comprendre : les modes « basics » sont assez plats tandis que « big » laisse passer plus de graves et « treble » plus d’ai­gus.

Quelles impres­sions en avons-nous tirées ? Il serait malhon­nête de dire qu’on ne s’est pas amusé : passer ses titres préfé­rés et prendre une guitare pour jouer par-dessus, en s’en­ten­dant retrans­mis dans son propre casque est, tout simple­ment, assez jouis­sif. Bien sûr, cela a un côté gadget, mais en cela ce n’est pas déplai­sant. On prend en main ce casque comme un nouveau jouet tech­no­lo­gique, on recherche le filtrage le mieux adapté à ce que l’on souhaite jouer, on met en marche l’an­nu­la­tion du bruit ambiant et l’on s’ou­blie assez faci­le­ment dans la musique. Le son retrans­crit (celui de votre instru­ment) n’est pas d’une fidé­lité excep­tion­nelle, certes. Si vous avez passé plusieurs années à recher­cher votre pedal­board exact pour avoir LE son qui vous plaît, vous aurez sûre­ment l’im­pres­sion de perdre des infor­ma­tions. De plus, le filtrage ajoute du souffle et, lorsqu’il est mis en marche, le son de la musique trans­mise par les haut-parleurs tend à s’at­té­nuer. En conclu­sion : une option vrai­ment ludique, mais dont il ne faut pas attendre des miracles.

Écoute

Préci­sons-le à toutes fins utiles : nous n’avons pas jugé néces­saire d’ef­fec­tuer des mesures sur ce casque qui vaut surtout pour son concept origi­nal. On passe donc direc­te­ment à l’ana­lyse de morceaux réali­sée dans les condi­tions les plus simples d’uti­li­sa­tion : en mode passif et filaire.

Richard Hawley – Don’t Get Hung Up In Your Soul (sur True­lo­ve’s Gutter)

Une ballade acous­tique, avec beau­coup de réverbe et une diffé­rence de dyna­mique impor­tante entre la voix et la guitare. Ce qu’on remarque en premier c’est un certain déséqui­libre qui affecte à la fois la voix et la guitare. Du côté de la voix, pas mal de coffres, on sent des médiums bien présents, mais pas d’aigu, donc des attaques et une arti­cu­la­tion un peu étouf­fées. Ce manque d’aigu fait qu’on n’en­tend pas non plus les attaques sur la guitare, et que celle-ci se retrouve un peu « mangée » par la voix. Par ce manque de brillance, on perd à l’écoute le suivi de la réverbe sur la voix ou la scie musi­cale, un élément qui contri­bue beau­coup à l’ef­fet de profon­deur du mix et à l’image stéréo. Résul­tat, cette image n’est pas très précise. La contre­basse est bien présente, mais manque égale­ment de préci­sion : on sent un casque riche dans le grave, ce qui cause souvent une impres­sion de brouillon sur ce morceau.

20210416_170409Sun Kil Moon – Butch Lulla­bye (sur Love Is As Common…)

Sur l’in­tro, on doit entendre à la fois les notes graves, les harmo­niques médiums ajou­tées par la distor­sion, l’at­taque légè­re­ment piquée des notes, tout en sépa­rant bien la grosse caisse qui sonne assez sèche et médium. C’est très punchy : le grave en avant rend vrai­ment bien sur une basse synthé­tique comme celle-ci. On entend même bien le petit pic d’at­taque de chaque note avant le sustain saturé. Le casque n’a aucun problème pour suivre jusque dans le très grave, même si l’on sent qu’il y a plutôt une bosse entre 60 et 100 Hz. La basse sonne bien déta­chée du kick, qui garde un timbre bien défi­nis­sable. En revanche, même réflexion qu’avant : pas assez d’ai­gus sur la voix, et sur les guitares portu­gaises dans la seconde partie. On se retrouve donc avec un manque de détails dans l’ar­ti­cu­la­tion. De la même façon, le drive joué à la croche dispa­raît parfois, et la caisse claire perd beau­coup de claquant. Encore une fois, la réverbe sur la voix n’est pas facile à suivre et on ressent une impres­sion géné­rale de voix boos­tée dans le médium.

Massive Attack – Tear­drops (sur Mezza­nine)

Un titre avec beau­coup d’ex­trême grave, mais qui ne doit jamais masquer les nombreux détails dans le haut médium et l’aigu. Le bon côté, c’est qu’il n’y a pas de sifflantes désa­gréables sur la voix, ce qui est un des risques avec ce morceau, mais on perd en finesse de l’ar­ti­cu­la­tion. Cela affecte aussi les instru­ments : plein de détails dans les percus­sions de la coda sont lissés, le piano perd de la clarté de son timbre, sonne assourdi. Au contraire, la basse sub est bien présente, on l’en­tend faci­le­ment, mais avec peu de préci­sion sur les attaques, les arrêts, les réso­nances.

Char­lie Mingus – Solo Dancer (sur The Black Saint And The Sinner Lady)

Voilà un morceau avec beau­coup de souf­flants jouant dans des tessi­tures simi­laires : c’est très touffu et le but est d’es­sayer de discer­ner les timbres. Il offre beau­coup de chausse-trappes, alors ce n’est pas éton­nant que n’im­porte quel casque y montre ses quali­tés et ses défauts. D’un côté, on remarque une contre­basse peu lisible, car trop « grasse » dans le grave, mais d’un autre côté des cymbales atté­nuées d’une façon agréable (elles couvrent les cuivres avec certains casques). L’image stéréo est très correcte et les souf­flants sont repré­sen­tés jusque dans le très grave. En revanche, les attaques un peu atté­nuées rendent le mix géné­ral un peu brouillon parfois.

Edgar Varèse – Ioni­sa­tion (New York Phil­har­mo­nic, dir. Pierre Boulez)

Ici on cherche à juger de l’image stéréo et du suivi de la réver­bé­ra­tion natu­relle de la salle, qui joue sur l’im­pres­sion d’es­pace. L’écoute se fait entre 0:30 et 1:15. On perçoit des timbres médiums et graves plutôt bien rendus (par exemple sur les timbales, le tam-tam, la grosse caisse, les claves…) mais on perd fran­che­ment la réverbe acous­tique. Il en résulte la perte d’une partie de l’image stéréo, qui est peu précise, et qui manque d’une impres­sion de « profon­deur » de la salle de concert. De même, on ressent un léger écra­se­ment des dyna­miques sur les instru­ments aigus, dont les attaques se retrouvent atté­nuées.

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Conclu­sion

Il est impor­tant de miti­ger notre conclu­sion, en prenant en compte le fait que ce casque joue un peu sur tous les plans : casque pour les musi­ciens, les DJ, les utili­sa­teurs du quoti­dien… Comme nous l’avons dit, les options inté­grées sont inté­res­santes. L’an­nu­la­tion du bruit, une tech­no­lo­gie bien connue main­te­nant, fonc­tionne très bien, surtout que le casque a déjà une bonne réjec­tion des sons ambiants. C’est un casque qu’on envi­sage faci­le­ment pour un usage quoti­dien, dans les trans­ports en commun, au travail, etc. De plus, la fonc­tion de filtrage intel­li­gent est vrai­ment ludique, avec une prise en main facile, et des résul­tats très corrects. En revanche, pour l’usage profes­sion­nel en studio, ce casque ne nous semble pas adapté, avec une réponse en fréquence trop écour­tée dans l’aigu, et manquant ainsi de préci­sion.

6/10
Points forts
  • Robuste
  • Confortable
  • Très bonne isolation
  • Impédance basse
  • Options de filtrage ludiques
Points faibles
  • Ne peut pas se replier complètement
  • Un peu lourd pour un casque nomade
  • Manque de fréquences aiguës
Auteur de l'article Pr. Soudure de La Feuille

Venu à la musique par le bruit, j'y retournerai un jour. J'aime les beaux circuits bien propres, les musiques sales et moches. Technicien de jour, la nuit je dors.


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