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réactions au dossier Interview de Pierre Woreczeck de Berg Guitares

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Sujet de la discussion Interview de Pierre Woreczeck de Berg Guitares
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Faire des guitares Vintage haut-de-gamme avec un cahier des charges écologique ultra-exigeant : c'est le défi que s'est lancé Berg Guitares. Entre chasse au plastique et usage de nouveaux matériaux, ancrage local et recyclage, la jeune marque invente la lutherie de demain, comme on le comprend avec Pierre Woreczeck...


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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?

 

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Je crois que c'est inhérent au fait que "la" guitare ou "les" synthés qualifie plus la famille des guitares et des synthés car ce sont des instruments sans timbre prédéfini.
Un hautbois ou une contrebasse ou tout autre instrument acoustique possède un timbre qui lui est propre, et les variations entre deux instruments seront liés à leurs qualités sans que ce soit très différent.
Pour le synthé, pas de timbre propre mais une myriade de variations, de nuances, de couleurs qui en font sa richesse.
Pour la guitare, c'est sensiblement la même chose : chacune possède une identité plus ou moins marquée mais insuffisante pour couvrir le panel du registre de l'instrument dans ses utilisations passées, actuelles et à venir.
Et si tu ajoutes dans l'équation les effets et amplis, c'est infini (y compris pour les synthés, et peut-être encore plus pour eux !)
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J'ai relu plusieurs fois cette interview et il y a un truc qui me chiffonne : j'ai globalement une impression de justification marketing.
Je m'explique : plus ça va et plus je lis entre les lignes que la manière choisie pour se singulariser sert plus de prétexte que de moteur initial.
Le projet initial est de faire des ersatz de guitares vintage sans être ni Fender ni Gibson. Soit. Ils ne sont ni les premiers ni les derniers à vouloir surfer sur ce créneau. Et du coup, pour se singulariser, ils ont choisi une étiquette locale et éco-responsable louable en soi, mais qui fait plus prétexte/alibi/valeur ajoutée que conviction originelle.
Parce que des grattes produites dans les années 50 60 70, il y en a en pagaille sur le marché de l'occasion. Alors certes elles sont chères mais elles n'utilisent plus de ressources nouvelles.... Elles ne polluent plus.
Alors que toute nouvelle guitare produite c'est inévitablement du bois, de l'acier, du nickel, du cobalt, du cuivre, du fer, du transport, de l'électricité, etc
Ça ne vous fait pas un peu pareil ?
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Je crois vraiment les mecs sincères pour les avoir rencontrés. Jonathan n'a visiblement pas attendu de monter sa marque pour faire preuve d'engagement dans le tissu associatif par exemple. Et ses deux acolytes partagent ses valeurs et ont vu en lui de quoi concrétiser leurs rêves dans un beau projet : un vrai rêve d'enfant presque, avec des dimensions très adultes dans le côté responsable, du moins c'est ce que je sens. En tout cas, s'ils voulaient faire de la tune pour la tune tous les trois, ils ne se lanceraient pas dans une telle aventure, je pense.

Après, je te rejoins sur le fait qu'a priori, on n'a peut-être pas besoin de construire de nouvelles guitares sur le plan écologique. Sauf qu'il y a cette stupidité qui fait que les instruments vintage montent à des prix complètements ridicules, ce qui est une aberration à tous niveaux pour moi. Un objet a une valeur absolue, : c'est vrai d'une guitare comme d'une toile de maître. Le fait qu'on ait monté tout un système pour spéculer là-dessus au nom de l'offre et de la demande me semble vraiment quelque chose à dézinguer car c'est extrêmement malsain culturellement et socialement. Tout comme on devrait à termes pénaliser l'import par rapport au local si l'on veut pouvoir avancer dans un sens écologique. Reste que ce truc où l'on peut acheter tout ce qui est produit dans le monde à partir de n'importe quel endroit du monde, et qu'on appelle par conséquent la mondialisation, ce n'est même pas qu'il soit ou non souhaitable, c'est qu'il y a bien des chances qu'il se casse très très vite la gueule. S'il est encore debout en 2040, j'en serais le premier étonné...

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[ Dernière édition du message le 20/03/2023 à 23:35:44 ]

44
Citation :
Je crois vraiment les mecs sincères pour les avoir rencontrés. Jonathan n'a visiblement pas attendu de monter sa marquer pour faire preuve d'engagement dans le tissu associatif par exemple.


C'est juste un ressenti en ce qui me concerne et à la relecture de l'article. Tu es effectivement mieux placé que nous pour juger et jauger la sincérité du projet et des propos.
Quant à la folie spéculative actuelle, elle est absolument abjecte et contre productive. Mais elle est le résultat cumulé d'une doctrine libérale portée aux nues à longueur de temps dans les médias, de la baisse continuelle des revenus de la musique et du mercantilisme érigé comme une nouvelle religion.
J'ai de plus en plus de mal avec ce siècle....
45
Le fait de ne pas utiliser de bois d'importation est vraiment une excellente idée ! C'est vraiment très rare et c'est courageux quand on connaît toutes les croyances (bien qu'elles aient été maintes fois démontées) qu'il y a autour des bois dont sont faites les guitares électriques. Pour moi ça vient contredire les accusations de greenwashing qui ont pu être faites ici.

J'espère que cette initiative contribuera à montrer qu'on peut faire d'excellentes guitare en n'utilisant que des bois de pays, pour moi c'est le principal problème dans la fabrication des instruments de musique en bois.

Après pour ce qui est du reste, l'obsession pour ne pas mettre de plastique et globalement tout ce qui est lié à l'impact carbone des guitares me semble moins pertinent. On parle quand même de guitares électriques là, on peut fermer les yeux sur le fait qu'il va falloir la brancher quelque part mais j'ai un peu l'impression de revoir la com de je ne sais plus quel aéroport, qui annonçait avoir un impact carbone nul mais ne comptait pas les émissions des avions (je n'accuse pas Berg de greenwashing, je dis juste que ça manque de mise en perspective).

Et on parle de guitares à plus de 2000€, c'est à dire des guitares qui, dans la majorité des cas, seront achetées par des gens qui ont des moyens conséquents, possèdent plusieurs instruments et n'ont pas besoin d'en acheter un nouveau : la majorité des personnes qui n'ont qu'une seule guitare aujourd'hui, ce sont les débutants (et leur budget n'est pas de 2k€). Je crois qu'il faut vraiment voir la guitare électrique comme un objet de surconsommation au même titre que les fringues (et là dessus j'ai exactement le même avis que Will Zégal). Certaines marques surfent sur la mode éthique, mais le fait est que le monde est déjà inondé de vêtements à tel point qu'on ne sait plus quoi en faire : l'aspect éthique permet de diminuer la culpabilité et finalement de déclencher un achat inutile, c'est un aspect pervers qu'il ne faut pas négliger.

Je ne suis pas en train de dire qu'il faut arrêter de fabriquer des guitares, et je pense même que si Berg arrive à imposer l'idée qu'une guitare en bois local n'a rien à envier à une guitare en acajou et en ébène (avec incrustations en nacre tant qu'on y est), ça sera déjà une belle victoire. Mais quand je vois que le guitariste de salon moyen possède 4 ou 5 guitares électriques, une dizaine de pédales et plusieurs amplis (qui ne peuvent être déplacé qu'en voiture), si il veut être écolo faut qu'il revende du matos, pas qu'il en achète.

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Hors sujet :
Petite remarque aussi sur le terme vintage : une guitare fabriquée aujourd'hui ne peut pas être vintage, quand bien même elle serait matériellement identique à une Telecaster de 52. Ce qui fait qu'un objet est vintage c'est son histoire et pas ses caractéristiques physiques. Après je comprends l'idée sur le fait de fabriquer des guitares «comme à l'époque»; mais ça c'est ce que font la quasi-totalité des fabricants de guitares, les fabricants «innovants» comme Strandberg ou Vigier occupent un marché de niche.
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Citation :
Petite remarque aussi sur le terme vintage : une guitare fabriquée aujourd'hui ne peut pas être vintage, quand bien même elle serait matériellement identique à une Telecaster de 52. Ce qui fait qu'un objet est vintage c'est son histoire et pas ses caractéristiques physiques. Après je comprends l'idée sur le fait de fabriquer des guitares «comme à l'époque»; mais ça c'est ce que font la quasi-totalité des fabricants de guitares, les fabricants «innovants» comme Strandberg ou Vigier occupent un marché de niche.


Oui, tu as parfaitement raison mais en fait, ils utilisent cette dénomination pour désigner ce qu'on aime dans une guitare Vintage en général, un toucher, un son, un look. Un truc de patine qui est encore autre chose que du relicage. Je pense que c'est ce qu'ils cherchent par opposition à la lutherie moderne...

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47
Citation :
Après, je te rejoins sur le fait qu'a priori, on n'a peut-être pas besoin de construire de nouvelles guitares sur le plan écologique.

Sans cibler l'auteur même de cette phrase puisque c'est une opinion qui a été émise par plusieurs personnes, je serais curieux de savoir quelle profession ces gens exercent et si ce qu'ils y font est aussi vertueux.
On vit toujours dans une économie de marché où il y a des demandes et des offres. Certes, c'est top de faire un truc 100% vertueux (comme Book Hemisphère qui remet en circulation les livres d'occasion ou invendus pour des prix les rendant accessibles au plus grand nombre). Mais attaquer des gens qui sont dans une démarche vertueuse au prétexte que ça ne serait pas absolument, totalement et inattaquablement vertueux, ça ma semble délicat.
Il est extrêmement difficile, voire impossible d'être soi-même 100% vertueux dans un monde qui ne l'est pas.
Je ne connais pas bien le marché de la guitare, mais je n'ai pas l'impression que le marché d'occasion actuel suffise à fournir les besoins en instrument haut de gamme. Sinon les prix ne s'envoleraient pas ainsi.
Citation :
Parce que des grattes produites dans les années 50 60 70, il y en a en pagaille sur le marché de l'occasion.

Tous des instruments de qualité ?

Et puis, il y a un truc important pour l'avenir dans leur démarche :

Citation :
Le fait de ne pas utiliser de bois d'importation est vraiment une excellente idée ! C'est vraiment très rare et c'est courageux quand on connaît toutes les croyances (bien qu'elles aient été maintes fois démontées) qu'il y a autour des bois dont sont faites les guitares électriques. Pour moi ça vient contredire les accusations de greenwashing qui ont pu être faites ici.

Clair. S'ils arrivent à produire des guitare haut de gamme avec des bois locaux, ça ouvre une exemplarité pour l'avenir et pour toute la filière de lutherie.
Bon, ce qui est propre à la guitare électrique ne sera peut-être pas transposable pour tous les instruments. Mais si une filière se développe, ça peut aussi amener d'autres conséquences, comme des gens qui vont se mettre à planter des arbres spécifiquement pour la facture instrumentale.

Citation :
Et on parle de guitares à plus de 2000€, c'est à dire des guitares qui, dans la majorité des cas, seront achetées par des gens qui ont des moyens conséquents, possèdent plusieurs instruments et n'ont pas besoin d'en acheter un nouveau : la majorité des personnes qui n'ont qu'une seule guitare aujourd'hui, ce sont les débutants

Ce n'est pas exact. Je connais pas mal de guitaristes, y compris pros, qui n'ont que très peu de guitares. Pas une seule parce qu'ils ont généralement gardé un ou deux instruments en plus par sentimentalisme, mais il n'en utilisent plus qu'une. Une guitare et un ampli (plus éventuellement quelques pédales).
Ces gens ont utilisé énormément de matos et au fil du temps, ils ont trouvé la configuration qui leur convenait, leur son propre et n'ont plus besoin d'autre chose.
2 000 €, c'est pas énorme pour un instrument principal. Mais l'achat d'une telle guitare peut très bien être la dernière.

Jagz parle de la nécessité d'avoir plein de guitares pour couvrir toute la palette sonore de l'instrument. Il y a peut-être des gens qui ont ce besoin (ce qui veut sans doute dire qu'il n'ont pas leur son), mais pour énormément de musiciens, la quête d'une vie est d'avoir son propre son. Une fois celui-ci trouvé, il n'y a pas besoin de tonnes de matos.

Même chose pour les synthés. Je n'ai pas et n'ai jamais rêvé d'avoir une string-machine ou un Oberheim. Ce ne sont pas mes territoires sonores. J'en ai rien à faire. Avec le temps, j'ai trouvé la configuration qui me convenait, tant d'un point de vue sonore que de l'utilisation, de l'ergonomie, du workflow et du feeling. Je n'ai pas besoin de plus.
(et accessoirement, à part ma BAR (Model:Cycles) acheté neuve, tout mon matos est d'occasion).
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Beaucoup d'explications, de revendications, d'actions, mais toujours soulignées de compréhension.
Citation :
et qu'on appelle par conséquent la mondialisation, ce n'est même pas qu'il soit ou non souhaitable, c'est qu'il y a bien des chances qu'il se casse très très vite la gueule. S'il est encore debout en 2040, j'en serais le premier étonné...
C'est très sombre, tes prévisions à moyen terme, LT. Peut être qu'a un moment, le cout croissant de l’énergie, la terre et la mer devenue toute dégueulasse, la surchauffe des forets et des champs, feront que nous allons produire local, moins mais mieux, un peu contraints et obligés. Capitalistes pur et durs, collectionneurs fous, ou écolos sensibles, nous sommes tous dans la même barque. C'est ça ou rien, ce ne sera peut être pas un vrai choix.
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Tous dans la même barque, mais chacun rame pour lui-même....
Je suis dans un département en alerte renforcé à la sécheresse (Pyrénées Orientales).
Tu crois que malgré les interdictions préfectorales qui pleuvent les comportements changent ? Non, c'est encore et toujours chacun pour sa gueule : le taulier d'un village vacances se dépêche de remplir ses piscines avant que les amendes augmentent, les canaux d'irrigation étant à sec chacun arrose son carré de pelouse à l'eau du robinet, et les agriculteurs cassent les compteurs d'eau de prélèvement pour ne pas avoir à réduire leur irrigation....
À côté de ça, une dizaine de villages sont alimentés par camion citerne et ce nombre risque d'être multiplié par 5 cet été, et on continue à construire plus de logements et de structures touristiques un peu partout, tout en faisant tourner les canons à neige à tout va ...
Peut être qu'à force de klaxonner, le mur va-t-il enfin se pousser !
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Citation de Will :
Bon, ce qui est propre à la guitare électrique ne sera peut-être pas transposable pour tous les instruments. Mais si une filière se développe, ça peut aussi amener d'autres conséquences, comme des gens qui vont se mettre à planter des arbres spécifiquement pour la facture instrumentale.


Je crois que l'inertie est beaucoup (beaucoup beaucoup) plus forte dans d'autres milieux comme les instruments du quatuor (violon, alto, violoncelle et contrebasse) où la marge de manœuvre est extrêmement réduite. En gros si t'as pas un archet en pernambouc (bois en voie de disparition qui pousse exclusivement dans une région du Brésil) et une touche en ébène t'es vraiment un plouc. Et pourtant des solutions existent, j'ai une sœur violoncelliste et son violoncelle a une touche en épicéa compressé, ce qui provoque des haussements de sourcils chez les gens qui regardent avant d'écouter (et le truc est loin d'être cheap, elle a dû s'endetter pour l'acheter...).

À ce niveau là, je ne crois pas qu'on puisse attendre que l'industrie s'auto-régule, il faut interdire et puis c'est tout, comme on l'a fait pour l'ivoire, les carapaces de tortue ou certaines essences de bois. À partir du moment où il y a interdiction, les solutions sont vite trouvées (à vrai dire, elles existent déjà, il y a un certain nombre de recherches sur financement public qui l'ont montré). Malheureusement, on n'avance pas trop sur ces sujets car chacun défend son bout de gras, toujours en parlant de "responsabilité du consommateur" et sous prétexte que son usage ne représente pas grand chose.

Pour ce qui est des arbres dédiés aux instruments de musique, encore plus qu'ailleurs on est sur du long terme (plus long qu'une vie humaine) donc on ne peut pas compter sur l'industrie qui par nature ne voit pas grand chose d'autre que ses profits immédiats. Une gestion de la ressource à long terme me semble possible dans le cas d'une utilisation locale (d'où l'intérêt des bois de pays) avec une gestion publique des forêts, mais dès qu'on parle de bois exotique, ça ne peut pas marcher, du moins tant que les inégalités économiques entre les pays producteurs et pays consommateurs seront si fortes. Les pays du Sud sont maintenus dans une situation où leur seuls échanges se font dans une économie de pillage. Si t'as le choix entre faire travailler toute ta famille dans la plantation de palmiers de Bolloré pour 30€ par mois ou braconner de l’ébène dans une réserve naturelle (possiblement mise en place par l'ONG d'un philanthrope occidental) sortir la tronçonneuse se défend.