Faire des guitares Vintage haut-de-gamme avec un cahier des charges écologique ultra-exigeant : c'est le défi que s'est lancé Berg Guitares. Entre chasse au plastique et usage de nouveaux matériaux, ancrage local et recyclage, la jeune marque invente la lutherie de demain, comme on le comprend avec Pierre Woreczeck...
D’où vient l’idée des guitares Berg ?
Cette histoire, c’est d’abord une rencontre. J’allais régulièrement chez Georges Haymann (Guitars Addicts), et une fois, j’achète une guitare, une Les Paul Custom de 72. Il me dit « je vais te la préparer » et quand je reviens la chercher, je croise celui qui l’avait préparée : Jonathan. On papote un peu, je trouve super cool et il se trouve que peu de temps après ça, j’ai un problème d’inondation chez moi (je suis un passionné de guitare depuis toujours, j’en ai beaucoup mais ne me vois pas comme un collectionneur parce que je n’achète pas une guitare pour la revendre. Je l’achète parce que j’ai été amoureux du son qu’elle a). Les guitares n’avaient pas été touchées mais il fallait les régler. Il est donc venu passer un peu de temps chez moi pour cela et on a beaucoup parlé. Et là, j’ai rencontré un mec humainement fantastique, avec des valeurs, et extrêmement modeste sur son travail, fabriquant des guitares jazz à l’époque qu’il a vendues à de grands jazzmen américains. Mais au-delà de cela, c’est un passionné qui entretient beaucoup de guitare de musiciens, Il s’occupe beaucoup de guitares vintage (il a de formidables guitares entre les mains très régulièrement), il aide aussi en tant qu’expert pour des ventes aux enchères et a fabriqué aussi quelques guitares un peu particulières pour des gens que ça intéressait.
Je lui dit donc que ce serait quand même bien, quand l’opportunité se présentera, de faire quelque chose ensemble. Et après COVID, je suis revenu vers lui pour voir s’il était partant pour se lancer avec moi et un ami qui, comme moi, est un fou de musique et de guitares. Nous, ce qui nous intéressait, ce n’était pas tant de gagner de l’argent mais de l’aider, sachant que moi j’avais un rêve… Avec tout le respect que j’ai pour ces marques, j’en avais un peu ras ras le bol des Fender, des Gibson et je me disais : pourquoi en France, avec tout ce talent d’un Jonathan comme d’autres luthiers, avec tous nos artisans fantastiques, on ne pourrait pas proposer une alternative, qu’on ait plus souvent le choix entre une Gibson, une Fender et une belle marque française.
Il y a Vigier qui faisait cela, qui était très innovant, mais avec des guitares de caractère, un peu particulières. On savait que les gens adoraient les guitares vintage et on s’est dit : est-ce qu’il n’y a pas moyen aussi d’être une alternative aux grandes marques dont on nous parle sans arrêt sur le marché de la guitare vintage ? Et donc on est partis là-dessus.
Mais moi, parce que ce sont mes valeurs et mon histoire, je pensais que ça n’avait pas d’intérêt d’être le énième fabricant de bonnes guitares. Parce qu’il y a des gens qui ont du talent et qui font des super guitares, il y en a. La difficulté, c’est peut-être de faire des guitares vintage, c’est-à-dire avec toutes les caractéristiques qui font les meilleures guitares vintage, en prenant en compte les enjeux d’aujourd’hui : le respect de la planète, l’écologie, le local, la proximité mais aussi la manière dont on travaille ensemble, les relations humaines. Car aujourd’hui, on est trois, les relations sont donc formidables, mais si demain on est une entreprise plus développée, il faut qu’on ait aussi des valeurs dans la manière dont on fait travailler les gens qui nous rejoignent…
Un projet ancré dans la société donc !
Oui ! Et ça a vraiment fait écho avec ce que Jonhatan est puisque lui-même a participé à des projets associatifs dans le Val d’Oise. On est donc tombé d’accord sur le fait de devenir une société à mission, notre mission ayant ce double aspect : proposer les meilleures guitares vintage, avec une qualité qui soit au minimum au niveau d’une Masterbuilt ou d’une Custom en les rendant plus accessibles, et faire cela avec les technologies d’aujourd’hui et de demain en allant le plus loin possible dans la dimension écologique. Et lorsqu’on parle d’écologie, il y a bien sûr le fait d’être français, puisque cela veut dire forcément qu’on essaie de trouver les choses les plus proches de nous, mais aussi le plus local possible, c’est à dire que beaucoup de nos partenaires sont proches de Pontoise, tout près de Jonathan, pour qu’on ait le moins de distance possible à faire, et un impact CO2 le plus bas possible.
On s’est donc fixé cela comme règles, et on a commencé à regarder tous les aspects de la guitare pour voir ce que l’on pouvait faire, et peut-être faire mieux.
Pourrais-tu nous donner un exemple illustrant votre démarche ?
Pour les mécaniques par exemple, on les achète à Schaller France et comme c’est acheté en France, c’est considéré comme « France », mais c’est quand même des mécaniques allemandes à la base et on voudrait trouver une façon de faire des mécaniques françaises. On a réfléchi à faire des mécaniques en 3D mais il est pas question qu’elles soient moins bonnes que les Schaller. Et c’est bien plus compliqué que ça en a l’air parce qu’une mécanique est faite de plusieurs parties et ça, ce n’est pas possible à faire en 3D. Il faut faire ça en une seule partie, comme une pièce, ce qui veut dire un peu de travail. Ce sont là le genre de projets sur lesquels on travaille et qu’on va continuer à à pousser.
Mais en amont de cela, notre première réflexion a bien sûr commencé avec le bois. Or, quand on étudie de manière approfondie les impacts des matériaux, si le bois est géré comme il faut – et il y a des boites qui le font très bien, on n’est pas du tout sur une problématique écologique…
En effet ! Les chiffres chinois qu’on a sur le palissandre par exemple, c’est que seuls 5 % vont aux fabricants d’instruments de musique. On est donc face à une consommation modeste et qui n’est pas un enjeu majeur dans la déforestation par rapport au bois de chauffe ou de construction…
Sur ce point, je dis un énorme stop car on ne peut pas accepter qu’une guitare, même si ça ne coûte que 5 % de 5 %, soit faite avec un bois qui vient de loin !
Oui ! Je voulais dire que le problème est plutôt qualitatif parce qu’on déséquilibre des écosystèmes, que la replantation n’est pas évidente et que la problématique qui n’est jamais abordée, c’est le transport avec ses émissions de gaz à effet de serre, sa pollution des océans… Alors que les luthiers qui travaillent avec des essences locales arrivent à d’excellents résultats !
Non seulement tu arrives à d’excellents résultats, mais surtout tu arrives à des résultats largement aussi bons ! Quand tu prends du noyer pour une touche et que tu le sélectionnes comme il faut, il n’y a aucune raison à la base qu’il y ait un problème par rapport à un palissandre ou un ébène, que ce soit en termes de confort, de son, de toucher ou quoi que ce soit ; il n’y en a pas ! Donc le problème, c’est l’esthétique. C’est-à-dire que les gens se sont habitués, en tout cas pour certains, à aimer cette couleur, ce côté foncé et profond d’un palissandre ou d’un ébène, d’où l’intérêt pour nous de torréfier nous-mêmes le bois, de le « colorer » pour lui donner cette chaleur comme on le souhaite.
Le challenge, c’est de satisfaire les gens qui adorent les guitares vintage au travers de trois dimensions, le son, le toucher et l’aspect, et cocher ces trois cases sans d’aucune manière renoncer à quoi que ce soit d’un point de vue de l’écologie. On aurait pu dire à un moment : « oui bon, pour un meilleur son, il faut quand même laisser ça ». Mais nous refusons cela : on cherche, on cherche, on cherche… jusqu’à ce qu’on trouve. Et je pense qu’on est arrivé à trouver beaucoup de choses tandis qu’il y a des choses qu’il faut trouver encore plus proche de nous. Le seul élément de plastique qu’on a par exemple sur une guitare, il est recyclé. Si on n’avait pu ne pas mettre de plastique du tout, on l’aurait fait mais là, on n’a pas trouvé de solution, et ce plastique vient d’un fabricant d’Angleterre… Pour les boutons, c’est que du Old Stock. Tu me diras : que ferez vous quand les stocks seront épuisés ? Et je te dirais qu’on y réfléchit, mais qu’on ne mettra jamais de boutons en plastique : ça, c’est sûr !
Plus ce genre de démarche se généralisera toutefois, et plus ça générera des entreprises spécialisées dans le recyclage ou la conception de matériaux écologiques sur le territoire, avec des économies d’échelle à la clé ?
Bien sûr, tu as totalement raison ! Et j’aimerais bien que la France soit célèbre pour ça mais il faut garder une chose à l’esprit : il y a une force à ne pas être industrialisé. Quand tu industrialises tout, à un moment donné tu est bloqué ou tu dois refaire des investissements car une chaîne implique des contraintes. Prends nos pickgards par exemple. On a cherché, ça nous a mis du temps pour trouver ce qu’on voulait, mais ce n’est pas nous qui les fabriquons, de sorte que si demain, il y a une nouvelle technologie encore plus performante, qui peut permettre d’avoir un produit aussi écologique mais avec un prix plus compétitif pour pouvoir rendre notre guitare plus accessible, on pourra l’utiliser car on ne sera pas pieds et poings liés par une chaîne de production. Ce que je veux souligner, c’est que dans un monde qui évolue hyper vite, il faut faire attention à pouvoir garder cette souplesse.
Et en même temps, quand on regarde le contenu du rapport Meadows, est-ce que l’avenir justement, ce n’est pas l’artisanat ? C’est-à-dire : est ce qu’on va pouvoir encore longtemps avoir des usines de l’autre côté de la planète pour fabriquer des guitares pour le monde entier ?
Je crois au collectif, c’est à dire qu’une somme d’individualités, c’est intéressant mais ça a ses limites. Par contre, quand ces individualités se mettent ensemble pour réfléchir, c’est autre chose. La critique que je pourrais faire à la France, c’est qu’on a plein de luthiers fantastiques, mais qui sont quand même tous assez isolés.
Tout le monde réinvente la roue dans son coin…
Voilà, en sachant que beaucoup conçoivent leur création comme du sur-mesure, comme un tailleur. Et j’avoue qu’avec Jonathan, ce n’est pas ça qui nous excite. Ce qu’on aimerait, c’est créer un élan car s’il y avait plus de gens pour essayer de réfléchir ensemble et trouver des solutions technologiques, ce serait formidable et la France pourrait peser davantage sur le marché. Quand tu es seul, l’investissement en recherche et développement est difficilement accessible. Mais si tu es à plusieurs et que tu commences à représenter un certain volume, il y a des gens qui vont vouloir faire ce travail.
Par exemple. Il y a un univers dont pourrait s’inspirer le monde de la guitare, c’est celui du nautisme où les enjeux sont formidables et où s’inventent les matériaux de demain. Kopo a déjà développé quelques guitares comme ça, surtout acoustique… En tout cas on voit dans le domaine du nautisme des composites qui demain peuvent être de vraies alternatives au bois, avec une vraie valeur ajoutée écologique parce qu’ils seront faits à partir de matériaux totalement naturels. Parce que je suis un petit peu plus critique quand on parle de l’alu ou de fibres carbone. Tout peut avoir un profil écologique, mais il faut vraiment remonter pour voir d’où ça vient. L’alu, c’est un matériau qui d’un point de vue écologique est catastrophique. Donc si on utilise de l’alu recyclé ou si on utilise en amont un certain nombre de choses tout à fait adaptées aux impacts écologiques, très bien. Pareil pour les fibres de carbone, tout dépend d’où elles viennent et comment elles sont faites…
Comme dit l’ADEME, la seule énergie propre, c’est celle qu’on n’utilise pas et la meilleure ressource, c’est celle qu’on ne consomme pas. Et dans ce contexte, je ne crois pas avoir jamais vu de démarche aussi jusque-boutiste que la vôtre. Vous recyclez jusqu’aux cordes de guitare ! Comment ça se passe d’ailleurs ?
C’est extrêmement simple. On demande aux gens de nous renvoyer leurs cordes de guitares usées sachant qu’à Pontoise, on est près d’un comptoir à métaux. On leur apporte les cordes qui sont recyclées et l’argent qui en résulte est reversé à une association qui s’appelle B. A. BA, une association du Val d’Oise qui depuis 2004 se bat sur le terrain de l’écologie, de la permaculture, de l’agroécologie… Mais ils s’engagent aussi auprès des habitants du Val d’Oise dans la création de jardins collectifs où ils créent des événements agriculturels sur mesure. Ils proposent encore des centres de ressources en ligne, avec des solutions pratiques.
Tu sais d’ailleurs s’il y a des pistes pour remplacer le nylon ? Car l’arrêt de l’usage du pétrole implique l’arrêt du nylon…
Ça me rappelle le tennis où les raquettes étaient montées avec des boyaux, mais ça pose le problème des animaux… En tout cas, tu as raison de te poser ces questions car plus on se les pose tôt, mieux c’est…
Il y a toujours un décalage entre ce qui se produit dans certaines industries de premier plan et la petite industrie de la facture instrumentale et on voit que dans notre métier, la plupart des gros acteurs ne se sont pas encore saisis des problématiques écologiques
Parmi les grandes marques qui s’en sont saisies, il y a Taylor mais comme ce sont pour l’essentiel des guitares acoustiques, ça ne parle que de bois. Pareil pour Martin : ils ont récemment sorti des guitares issues de forêts gérées comme il fallait même si le bois vient de loin… Mais chez Gibson, Fender…
Je suis allé voir les engagements de Martin en matière d’écologie, et ils subventionnent tout un tas d’ONG, d’opération de reforestation… mais ils sont partenaires de Stardust, le programme spatial d’Elon Musk… Sans qu’on puisse parler de greenwashing caractérisé, on sent que tout ça n’est pas très cohérent…
Je pense que premièrement, ça ne freine pas leurs ventes pour l’instant et deuxièmement, ça ne fait absolument pas partie de leurs fondamentaux. Ce n’est pas quelque chose qu’ils ont décidé de véritablement porter. Et c’est pour cela que j’y vois une opportunité ; pour moi, valoriser des guitares qui sont faites comme dans le passé, je trouve ça totalement absurde. D’abord parce qu’elles ne sont pas toujours faites comme dans le passé (combien on fabriquait de Les Paul ou de Telecaster par mois dans les années 50–60 ? Une cinquantaine ? Donc aujourd’hui, quand on te dit qu’on fabrique les guitares comme à l’époque, ce n’est pas vrai : on prend les gens pour des cons. Et en outre, je ne vois pas quel est le mérite, de revendiquer des technologies d’hier qui sont hyper polluantes. Quel est le talent ? Nom de Zeus ! quel est le talent ?
Effectivement, le seul aspect intéressant des technologies d’hier, comme on le comprend lorsque Philippe Bihouix parle des low tech, c’est de s’intéresser à celles qui étaient indépendantes de l’industrie pétrochimique et consommaient peu d’énergie…
Tout à fait ! On a trouvé un gars fantastique proche de chez nous. Il faisait les câbles de Bugatti auparavant. Les tout premiers câbles qu’on avait reçus, on en était contents, mais il y avait encore un peu de plastique dedans. Donc on lui a dit niet et désormais, il nous fait des câbles sans plastique. Et la démarche est pareille pour tout : les potentiomètres, les repères, bien au-delà du pickguard car quand tu commences à chercher, tu te rends compte qu’il y a un peu de plastique partout. Alors vient le questionnement : est ce qu’on ne peut pas le remplacer ? Est-ce qu’on n’a pas d’autres solutions ? Rien que ça multiplie par un et demi le prix de la guitare. Mais ce qui est génial, c’est que tu te rends compte qu’il y a des idées formidables dans ce pays, des gens qui inventent des matériaux qui sont très bien, des gens qui qui trouvent des solutions.
Mais j’imagine que tout n’est pas toujours possible ?
Effectivement ! 96 % de notre guitare sont français. Ça prouve qu’il y a des petites choses encore qui le sont pas. Donc on va trouver, on va chercher pour que ce soit aussi le plus proche de nous. Mais voilà, à un moment donné, si on a pas trouvé, il faut faire des concessions. La seule frustration qu’on a eu, pour l’instant, c’est dans la Métisse : il y a deux deux entrées et il fallait un jack special. Pour l’instant, le seul endroit où on l’a trouvé, c’est aux Etats-Unis mais on ne désespère par de la trouver en France.
Autre exemple : les peintures. Cette qualité de peinture naturelle, on ne l’a pas trouvé en France car ce qu’on avait en France n’était pas suffisamment bon. On a donc trouvé les peintures dans l’Union européenne et elles sont totalement naturelles avec tous les certificats qui vont bien. Sur ce point, on a privilégié la qualité du produit par rapport à la distance, mais peut-être que demain on arrivera à concilier la qualité et le français.
Au-delà de la fabrication, il y aussi une réflexion sur la conception en regard de l’utilisation ?
Tout à fait ! C’est comme cela qu’on en est venu à l’idée des plaques qui peuvent permettre à un guitariste de changer simplement la configuration de micros sur sa guitare, et lui éviter d’en trimballer deux ou trois, car sur une Solidbody, la forme impacte très peu le son. Du coup, ce sont autant d’instruments à ne pas construire et des économies de transports aussi, pour nous qui lui envoyons juste une plaque de 900 grammes, comme pour lui à l’usage…
Les instruments sont exceptionnels et la démarche écologique est un modèle. Mais du coup, les guitares Berg ne sont pas accessibles à toutes les bourses…
On s’était fixé au début de ne pas dépasser des 2000. On n’y est pas arrivé et il y a deux raisons pour cela. Premièrement, on ne veut pas transiger sur le choix des matériaux, tu comprends, sur notre mission de base qui est de concilier qualité irréprochable et écologie. Et la deuxième raison, c’est qu’on croit beaucoup aux revendeurs, que les entreprises de guitares doivent s’appuyer sur un réseau de revendeurs de qualité. Du coup, tu te retrouves du coup dans une situation mathématique où tu te dis, soit j’oublie les revendeurs et je peux baisser mon prix, soit je pense au revendeur et ne peux pas proposer la même guitare sur mon site moins cher que lui.
Pour vous aider à être compétitifs, bénéficiez-vous d’aides nationales ou émanant de collectivités territoriales ?
C’est une bonne question ! Au niveau global, national, non. Mais on nous a dit qu’il fallait qu’on aille voir si on peut essayer d’avoir, au niveau local, territorial, des aides.
Oui, car ce serait bien que l’État qui nous dit qu’il faut éteindre la lumière quand on sort d’une pièce, aide en particulier la première entreprise de France qu’est l’artisanat dans la transition écologique…
Exactement. Aujourd’hui, j’ai rempli une candidature pour participer à une exposition à l’Élysée pour les artisans français. On va essayer de faire partie de la sélection, on verra bien s’ils sont intéressés par les guitares… Pour l’heure en tout cas, on sait qu’on va viser une clientèle qui a un peu d’argent, et on espère que petit à petit avec nos partenaires revendeurs, on va trouver des solutions pour arriver à être plus compétitif.
On est aussi rentré dans une démarche de labélisation avec l’AFNOR et c’est un chemin de croix. On aimerait avoir une reconnaissance pour nos efforts en matière d’écologie mais pour les instruments, ça n’existe pas. Et ce serait bien qu’au sein de l’AFNOR comme au niveau de la Commission européenne, cette activité ait une reconnaissance.
Enfin, installer une nouvelle marque, c’est aussi se heurter à des colosses qui ont une puissance marketing de dingue. Les artistes ont peut-être un rôle à jouer là-dedans ?
Tout à fait ! J’aimerais trouver un porte-étendard qui nous dise « c’est bien ce que vous faites, c’est génial » et je veux vous aider à percer le mur du silence, faire que ça se remarque… En France, je vois Gojira très engagé et ils sont endorsés chez Charvel alors que je trouverais ça plus cohérent qu’ils bossent avec une marque locale, Berg ou une autre, là n’est pas la question… Je rêverais de pouvoir parler à David Gilmour aussi, qui a fait des ventes aux enchères et des énormes dons pour des ONG spécialisées dans l’écologie. J’aurais envie de lui dire : « t’as pas envie d’être associé à une marque qui fait un effort sur le sujet ? » Par forcément notre marque car il doit y avoir des anglais qui ont une démarche similaire… Mais ça me semblerait plus cohérent…