Combinant une carte PCI et un rack de connexion externe, la WaMi Rack 192 L d'ESI joue la carte de la qualité, côté audio, mais aussi celle de la différence avec un pilote dont la concurrence ferait bien de s'inspirer...
Combinant une carte PCI et un rack de connexion externe, la WaMi Rack 192 L d’ESI joue la carte de la qualité, côté audio, mais aussi celle de la différence avec un pilote dont la concurrence ferait bien de s’inspirer…
Présentation
La WaMi Rack 192 L est une interface audionumérique professionnelle proposant 4 entrées et 8 sorties. A l’instar des autres cartes de sa catégorie, il est possible d’en cascader 4 afin de cumuler les entrées et d’étendre les possibilités d’enregistrement. Idéal pour attaquer une console numérique lors des sessions de mixage.
Il existe deux versions de la Wami Rack qui se distinguent par la qualité des convertisseurs qu’elles utilisent : 104 dB de rapport signal/bruit théorique pour la WaMi Rack 192 L et 123 dB pour la WaMi Rack 192 X (qui propose en outre un suréchantillonnage 128x et un filtre digital en sortie).
Le système se compose d’une carte PCI (un modèle FireWire est à l’étude) et d’un boîtier de connexion externe (Breakout Box) aux dimensions d’un rack 1U.
Le design est sobre et soigné. Le Breakout Box est recouvert d’une peinture bleu nuit du plus bel effet avec le logo de la marque sérigraphié sur le dessus. La face avant présente les 4 entrées XLR, leurs potars de volume respectifs et 2 paires de switchs (1 par bus) pour sélectionner la source d’enregistrement et activer/désactiver l’alim fantôme 48 V (utilisée pour alimenter un micro à condensateur). Enfin, on trouve à droite une sortie casque qui restitue le Master et l’écoute directe.
Les ports MIDI In/Out et les sorties audio se trouvent à l’arrière du rack. On dispose d’une sortie Master sur XLR et 8 sorties sur jack TRS 6.35. Offrant un meilleur niveau de sortie que les embases Jack, la sortie XLR est prévue pour qu’on puisse y brancher directement des moniteurs amplifiés. Les autres sorties ont un niveau de ligne et sont adaptées pour attaquer des tranches de console.
On dispose enfin d’une entrée/sortie numérique sur embase RCA : se situant sur la carte elle-même, elle est partagée avec les entrées 3/4 qui sont commutables soit en S/PDIF soit en AES/EBU.
Le manuel fourni est succinct et permet une mise en œuvre rapide de l’interface. Il fournit aussi tous les renseignements nécessaires pour utiliser le gestionnaire E-WDM selon les applications utilisées. L’installation des gestionnaires, bien qu’un un peu spéciale, n’a posé aucun problème : il faut installer un driver pour chaque bus, le contrôleur audio puis le contrôleur MIDI. On redémarre la machine et c’est parti pour le 192 kHz !
Le panneau de contrôle
ESI a développé un driver multi-clients qui permet des branchements entre les logiciels que l’on utilise : l’E-WDM. Ce driver, simple et très stable, se contente de deux fenêtres : l’une pour la gestion des bus et de la fréquence d’échantillonnage, l’autre pour les routings internes.
La latence s’ajuste entre 2048 et 64 samples ce qui laisse une bonne marge de manœuvre pour trouver le réglage adéquat à sa config. J’ai pourtant eu du mal à régler mon système pour pouvoir utiliser Sonar 2 XL… Au terme d’une semaine où j’ai dû tester toutes les valeurs pour trouver un compromis acceptable, je suis enfin parvenu à la valeur idéalel pour ma config : 0.7 ms de latence avec Sonar en 24/96.
La carte travaille en 16/24/32 bits et peut enregistrer à toutes les fréquences d’échantillonnage, de 16 kHz à 192 kHz ! Notez par ailleurs que le Sample Rate peut être fixe ou libre. Dans ce dernier cas, on pourra le modifier pendant qu’un logiciel tourne, un peu à la manière d’un pitch fader.
La gestion des entrées/sorties se fait sur 3 groupes distincts :
- Les 4 inputs à gauche avec le commutateur analog/digital et S/PDIF pro/consumer et les commutateurs mono/stéréo au dessus.
- Les 4 bus ASIO sont représentés au centre du panneau avec un 9e vu-mètre pour la sortie digitale.
- Les 4 bus logiciels (MME/DX) sont rassemblés à droite.
On a plusieurs niveaux d’éditions pour ajuster la position des faders (1 pas, 2, 4 et 8). L’édition peut se faire en mono ou en stéréo-gang mais pas de façon individuelle sauf pour les inputs . Le master clock s’ajuste dans ce panneau et la synchro être maître, esclave ou en card-sync. Dans le cas d’une config avec card-sync la première carte de l’installation transmet le masterclock aux autres.
Utilisation
Le WaMi Rack est branché en Insert sur ma console Yamaha dont il récupère le signal des 4 sorties Aux/Send. Le test s’est déroulé en plusieurs étapes : enregistrement d’un groupe, sessions de mixage et enregistrement de machines.
L’enregistrement de 4 sources simultanées n’a posé aucun problème mais la carte semble avoir besoin d’une bonne quantité de RAM et d’un disque dur véloce (Serial ATA chaudement recommandé) pour enregistrer et mixer en 192hz…
Les tests ont été réalisés avec les logiciels suivants :
- Ableton Live 3 pour enregistrer le groupe
- Tracktor DJ Studio 2 pour tester le driver E-WDM
- Sonar 2 XL pour tester le MIDI et l’enregistrement d’une groove-box
1. Enregistrement d’un groupe :
5 micros ont été utilisés pour enregistrer la batterie, le tout bouncé sur 1 voie stéréo (Entrées 1/2). De leur côté, les entrées 3/4 sont dévolues à l’enregistrement simultané et en mono d’une guitare et d’une basse. Aucun plug n’a été utilisé pour la prise.
Alors ? Alors le son est de bonne qualité et l’enregistrement n’a souffert d’aucun craquement ou problème de latence, tout cela avec le confort du monitoring direct. La carte a supporté le mixage de 12 pistes en 192 kHz avec l’utilisation de 3 effets en envoi (1 compresseur, 1 réverb, et 1 retour droite) + une dizaine de plugs. Il semble en revanche que le MIDI utilise des ressources : lors du pilotage via la console numérique, la jauge CPU de Live grimpait dans le rouge à chaque coup de fader. Notez que ce problème a été réglé par l’ajout de 512 mo de RAM à la config.
2. Utilisation de l’E-WDM :
Afin de tester le driver, j’ai décidé d’enregistrer divers logiciels dans Live tout en leur appliquant des effets…
Ce driver joue le rôle d’une véritable console de mixage entre les logiciels, un genre de ReWire sans la synchro MIDI. Pour vous donner une idée de la puissance de l’E-WDM, il m’a été possible, à partir de Wavelab, d’enregistrer une session d’Ableton Live, lequel reprenait le signal de Tracktor jouant sur MME 5/6 et de Fruity Loops 3 sur MME 1/2… Le tout sans latence, accompagné d’une Elektribe et de divers plug-ins ! Autant dire que la chose est plutôt impressionnante et qu’elle devrait permettre de se passer des protocoles ReWire ou VST pour enregistrer une performance… J’ai d’ailleurs pu remixer des Sessions Ableton Live dans Sonar via ce driver sans surcharge CPU significative.
Ce puissant driver permet donc des routings complexes qui devraient ravir ceux qui, travaillant pour l’essentiel avec des logiciels, se retrouvent souvent dans des situations où tel ou tel format est incompatible avec l’autre.
3. Usage du MIDI :
Sonar m’a causé quelques problèmes liés à un mauvais choix des Options de synchro et des buffers. Il faut dire que l’interface est fournie avec tellement de drivers qu’on s’y perd ! Heureusement, la doc explique les réglages adaptés aux softs les plus courants…
Par ailleurs, une fois la configuration menée à bien, force est de constater que la Wami Rack n’a plus posé de problèmes. Pour le test, j’ai enregistré les 4 sorties audio de mon Elektribe Emx1 (avec des traitements appliqués sur la sortie de type réverbs, delays, etc.) et 6 canaux MIDI en désactivant le monitoring pour utiliser l’écoute directe de Sonar. L’enregistrement s’est fait sans latence, craquements ni décrochage, malgré l’usage relativement intensif de plugins.
Conclusion
La Wami Rack est une interface polvalente pouvant servir à l’élaboration de studio complexe et capable d’enregistrer en 192 kHz. Offrant, à la faveur de bons convertisseurs, une qualité de restitution audio sans faille et jouissant, à la faveur d’un driver ingénieux, de puissantes capacités de routing interne, elle est à la fois idéale pour les DJs et ceux dont les besoins en Entrées/Sorties ne sont pas un critère de choix déterminant. Si l’on veut étendre les possibilités d’enregistrement, il reste d’ailleurs possible de cascader jusqu’à 4 Wami Rack et ainsi de cumuler les entrées/sorties et les canaux MIDI (jusqu’à 64 canaux MIDI et 16/40 E/S). Reste qu’à près de 500 €, la belle n’est pas la plus abordable des interfaces audio, d’autant qu’elle n’offre que 4 entrées audio. Preuve que la qualité a son prix…
[+]Le driver E-WDM
[+]Circuit de monitoring intégré à la sortie casque
[+]La qualité des convertisseurs et l’absence de latence
[+]La longueur de la nappe de connexion du rack. qui permet une installation éloignée de la station de travail.
[+]L’esthétique du rack
[+]Système card sync
[-]Nécessite une machine puissante pour travailler en 192 kHz
[-]Le prix