Hoontech a développé deux branches, la première grand public et portant son nom, la seconde orientée plus professionnelle, et ayant comme nom ST Audio. Leur modèle, le STAudio DSP 2000 C-port, a fait grand bruit puisque, du moins sur le papier, il affiche des caractéristiques des plus intéressantes pour un prix vraiment attractif. Voyons ce qu'il en est réellement.
La boîte pèse son poids, ce que l’on comprend lorsque l’on découvre le rack (d’un joli bleu) : La DSP 2000 C-port se compose à la fois d’une carte PCI interne, d’une carte fille et d’un rack 19 pouces comprenant la plupart des entrées-sorties.
Une connectique à double usage
La carte fille sert uniquement à transporter les signaux numériques AES/EBU et S/PDIF. A cet effet, on trouve sur celle-ci des entrées sorties coaxiales et optiques (pour le S/PDIF) et seulement des mini jacks pour l’AES/EBU.
La carte principale regroupe un grand connecteur qui permet de la relier au rack, ainsi que trois mini jacks permettant, sans passer par le rack, de fournir une entrée micro, une entrée et une sortie ligne de qualité « carte son multimédia de base ».
Sur la carte même, on trouve une multitude de connecteurs. Ceux-ci permettent la connexion de cette carte sur la carte fille, sur un câble MIDI optionnel (entendez par là l’équivalent d’une autre carte fille fournissant la connectique de prises MIDI). Enfin, les derniers connecteurs internes permettent d’utiliser en plus de la DSP 24 la carte « SoundTrack Digital Audio », de connecter le lecteur de CD-ROM en numérique et analogique, de brancher une source externe quelconque (une sortie audio TV, par exemple, dixit le manuel), ou encore la XG DB I (la carte fille proposant les entrées sorties numériques).
Enfin, le rack lui-même – sans doute le plus intéressant pour les musiciens que nous sommes – est plutôt complet : en face avant se trouvent les 8 entrées analogiques asymétriques, dont deux peuvent être désactivées au profit de deux autres, symétriques quant à elles. Ces dernières, au format XLR, peuvent être alimentées en Phantom pour les micros compatibles. Enfin, on trouve une prise casque avec un potentiomètre pour régler le volume.
C’est « déjà » fini ? Eh bien non, il reste l’arrière du rack, qui ressemble à la face avant : 8 sorties asymétriques en jack 6"35 et 2 symétriques en XLR. Le rack ADDA 2000 fait aussi dans le MIDI, avec un IN et 2 OUT, pour un total de 32 canaux en sortie. Point important concernant l’évolutivité de la carte : sur cette même face arrière, outre la prise sub D qui permet de connecter le rack à la carte principale, se trouve une seconde prise sub D pour chaîner un second rack (et ce jusqu’à 4).
Vous l’avez compris après cette longue énumération, STAudio n’a pas fait dans la demi-mesure, et a pensé sa carte comme un bon compromis entre la carte son multimedia de base et la carte son professionnelle. Certains puristes rétorqueront qu’il vaut encore mieux avoir une Sound Blaster de base à côté de la carte son pro plutôt que de mélanger les deux types au sein même de la carte (je pense en particulier aux petites prises jack de la carte principale et à leur rapport signal bruit relativement faible). D’autres y trouveront leur bonheur : une carte qui rassemble tout ce dont ils ont besoin. Enfin, toutes ces options et fonctionnalités potentielles rassurent : on se dit que l’on pourra certainement faire évoluer sa carte en fonction de ses besoins.
Installation
Le manuel en français est un peu moins dense que ses confrères asiatique et anglophone. Il reste néanmoins suffisamment détaillé pour apprendre à utiliser la carte correctement.
Au niveau matériel, l’installation est des plus simples. Le rack se branche sur la carte principale via un câble blindé assez long, la carte fille en interne via un petit câble. A ce propos, pensez qu’il vous faudra deux emplacements libres au niveau du boîtier, un pour la carte principale, un pour la carte fille.
L’installation des drivers se fait sans trop de déboires, malgré un début difficile sous Windows 2000. Sous Windows 98, en revanche, aucun problème ne se pose et la carte est rapidement opérationnelle. Le panneau de configuration s’installe également sans problème. Nous allons d’ailleurs le découvrir tout de suite.
Panneau de configuration & routing
Lors du lancement de l’« External Link », le logiciel qui permet le routing des entrées et sorties, on se dit a priori que tout ceci va être un jeu d’enfant, lorsque l’on voit l’interface graphique qui permet de relier les entrées aux sorties en un clic. Après coup, des difficultés apparaissent. On a beau triturer les entrées et sorties, les câbles virtuels entre le rack et la carte, réussir à faire marcher le rack s’avère laborieux et moins intuitif qu’il n’y paraît. Le plus dur étant le routing des entrées, on arrive rapidement, après avoir jeté un coup d’oeil au manuel, à affecter les 8 sorties du rack à des bus séparés de Cubase, de telle sorte que 4 pistes stéréos jouent sur les 8 sorties jack 6"35. Cependant, je pense que certains vont se tirer les cheveux avant d’arriver à bien saisir comment configurer la carte : là où d’autres cartes audio sont très intuitives et transparentes (on branche, on installe, tout fonctionne dès le premier instant), la DSP2000 C-port donne un peu de fil à retordre. Un exemple très simple est le jeu d’un son dans Sound Forge : on veut router vers une sortie analogique ? Aller dans Options > Preferences > Wave et choisir la sortie ne suffit pas, selon la configuration de l’External Links.
Comme le dit le manuel, « La compréhension de ce programme [l’External Links] est essentielle à la bonne utilisation du système ». Vous serez prévenu, sans lui, rien ne pourra être fait. Avis aux paresseux qui n’aiment pas lire les manuels et se creuser la tête…
Internal et External mixers
Les tables de mixage interne et externe permettent d’accéder respectivement aux connectiques de la carte principale et du rack externe. Le beau design de ces tables a une contrepartie, celle de prendre de la place sur l’écran, et on regrettera que l’external mixer ne soit totalement affichable qu’à partir d’une résolution de 1152*864 pixels, petit détail que STAudio s’empressera certainement de corriger dans la prochaine version des pilotes.
On accède aux fonctions principales par ces deux tables, et on dispose notamment de mute et de solo sur chaque piste, ainsi que de bargraphs par canal.
Enregistrement
Le rack possède 8 entrées analogiques, dont deux sont commutables vers des entrées XLR (plutôt que jack), et dont la sensibilité peut se régler via des potentiomètres en face avant. Il est ainsi possible d’enregistrer deux micros simultanément. Notez cependant que dans certains cas, la sensibilité des entrées sera un peu juste pour certain micros. Enfin, les micros peuvent être alimentés en 48 V phantom.
Notez que Cubase a repéré à la fois les entrées du rack (8 analogiques), de la carte principale (2 numériques), ainsi que l’entrée virtuelle du digital Mixer, qui mixe l’ensemble des entrées. Au total, cela fait 10 entrées physiques séparées enregistrables simultanément.
Latence
Dans Cubase, le jeu de 5 instruments VST ajoutés à 2 pistes audio stéréos a été possible avec une latence réglée à 8 ms, sans avoir de clics ou de craquements. C’est une latence très faible et quasi inaudible. Grâce à ses drivers GSIF, la STAudio est compatible avec Gigasampler / Gigastudio et affiche également de faibles latences.
Offre logicielle
On est agréablement surpris par l’offre logicielle, qui possède un atout de poids : Logic Audio d’Emagic, version complète spécifique à cette carte son. Les moins fortunés verront ainsi dans le pack proposé par ST Audio un ensemble matériel + logiciel intéressant, sans se ruiner.
Extensions
Il est possible de cumuler jusqu’à 4 cartes Hoontech DSP 24, pour un total de 32 entrées / sorties analogiques. Cependant, au niveau du routing, des limites interviendront : par exemple, si l’on utilise deux racks en série, router la sortie interne 1&2 sur la sortie externe 1&2 aura pour effet d’envoyer le signal sur les deux racks et par conséquent de jouer le son sur les sorties 1&2 des deux racks. Les 4 cartes pourront en outre se partager un seul IRQ – une bonne nouvelle pour nos PC dont les IRQ sont de moins en moins disponibles.
Avis personnel
Une carte plutôt prometteuse pour beaucoup de musiciens qui ont des besoins proches de ceux d’une petite table de mixage : plusieurs entrées analogiques, un préampli intégré, une entrée / sortie numérique, une interface MIDI… tout cela à un prix plutôt abordable. Les puristes (dont je fais peut-être partie, finalement) regretteront que le mélange « grand public / professionnel » alourdisse la gestion des entrées sorties tout en n’apportant pas grand chose au musicien averti (qui, n’est ce pas, n’utilise pas son PC musique pour faire des jeux ?), sachant que, si l’on achète une carte son à ce prix, on n’a, a priori, pas besoin de prises « type Sound Blaster » sur la carte même. Ne pas avoir ces entrées sorties aurait peut-être rendu la gestion des E/S totalement intuitive et directe.
Fiche technique et bilan
Nombre total d’E/S : | 10 entrées, 10 sorties 24-bit/96kHz Full-Duplex |
Entrées analogiques : | 2 entrées XLR symétriques avec - préampli intégré (-24 à +50 dB) - alimentation phantom 48 V commutable 8 entrées asymétriques Jack 6"35 |
Sorties analogiques : | 2 sorties symétriques XLR 8 sorties asymétriques Jack 6"35 |
Entrées / sorties numériques : | S/PDIF coaxiales et optiques / AES/EBU |
Autres sorties analogiques : | Sortie casque en face avant avec potentiomètre sur le rack |
MIDI : | 2 OUT (32 canaux MIDI), 1 IN |
Cumul de cartes : | Jusqu’à 4 cartes peuvent être mises en série, pour un total de 40 pistes audio |
Synchronisation numérique : | interne / externe sur S/PDIF ou AES/EBU |
Fréquences d’échantillonnage : | 22 à 99 kHz |
Direct monitoring: | supporté (latence nulle en cas de recopie des entrées sur les sorties) |
Routing : | Via le panneau de configuration |
Logiciels fournis : | Emagic Logic Soundtrack 24 (compatible 24 bit / 96 kHz) |
Plateformes : | Windows 9x, ME, NT, 2000 |
Drivers spécifiques: | ASIO 2.0 (latence minimale : 2 ms) GSIF (Gigasampler / Gigastudio) |