Bluetooth, tactile, de toutes les couleurs, à annulation de bruit, dessiné par Philippe Starck, doté d’effets, de présets d'artistes et d’une appli mobile iOS et Android, le nouveau Zik 2.0 de Parrot semble tout avoir pour appâter le chaland. Mais qu’en est-il du son ? C’est ce que nous allons voir…
Avant de commencer déballer l’engin, précisons que le Zik 2.0 est à ranger dans la catégorie des casques nomades, prêts à vous accompagner partout et à se connecter à votre smartphone, et si vous pouvez vous en servir pour mixer, ce n’est pas son utilisation première.
Le Zik 2.0 est donc un casque utilisant la technologie Bluetooth, permettant de le connecter sans fil à votre smartphone. Première bonne nouvelle, il est compatible iOS et Android. Deuxième bonne nouvelle, il est livré avec un câble trois points de 1,30 m permettant de le brancher sur n’importe quel appareil audio.
Le perroquet hors de sa cage
Au déballage, le Zik 2.0 fait bonne impression, avec un design soigné (bravo, Mr Starck) et une finition exemplaire. Le casque est d’ailleurs disponible en 6 couleurs différentes : noir, blanc, vert, marron, bleu et orange. Il y en a donc pour tous les goûts, même les mauvais. Un téléchargement d’appli sur le store et un appariement Bluetooth plus tard, nous sommes prêts à utiliser la bête.
L’application mobile permet en premier lieu d’afficher la batterie restante du casque, le constructeur annonçant 18 h en mode voyage (filaire et mode antibruit activé) 7 h en mode éco (la même chose avec l’effet « Parrot Concert Hall » — une réverbe — activé) et enfin 6 h en Bluetooth. L’autonomie est donc plutôt bonne, sachant qu’il se recharge en 2 h 30 via un câble micro USB standard et qu’il peut de toute façon être utilisé en filaire lorsque que la batterie est vide (mais sans le mode antibruit, du coup).
On pourra ensuite activer et désactiver le contrôle du bruit, l’égaliseur et la réverbe « Concert Hall ». Le contrôle du bruit est réglable via un curseur afin d’atténuer plus ou moins les bruits provenant de l’extérieur. L’isolation fonctionne plutôt bien et permet de profiter de sa musique même dans les transports bruyants. L’égaliseur permet de se déplacer librement entre différents présets aux noms évocateurs : pop, vocal, cristal, club, punchy et deep. La page de la réverbe permet à la fois de choisir le type du traitement (Concert Hall, Jazz Club, Living Room et Silent Room) et la largeur stéréo de l’effet. Même si nous ne sommes pas fans de ce genre de traitements, certains utilisateurs pourront y trouver leur bonheur. Enfin, on pourra télécharger des présets d’artistes plus ou moins connus. Pourquoi pas, même si on n’est pas fans non plus de ce genre de choses. Plus intéressant, le mode producteur permettra de faire sa propre sauce en accédant à l’égaliseur 5 bandes paramétriques. OK, c’est déjà un peu plus intéressant et moins opaque.
Parrot nous propose donc la totale, entrée, plat et dessert, mais à l’utilisation, est-il plaisant ?
Zik Machine
Tout d’abord, il faut avouer que le Zik 2.0 est assez léger et confortable. En revanche, on aurait aimé qu’il soit pliable, ce qui est toujours plus pratique quand on veut le ranger dans un sac. Les oreillettes peuvent se tourner à 90 degrés, ce qui permet tout de même de le mettre à plat. Petit coup de gueule sur le bouton de mise sous tension : il est mal placé et il nous arrive d’appuyer dessus par mégarde lorsque l’on chausse le casque. De plus, le témoin lumineux est trop faible à notre goût, et il est difficile de voir si le casque est allumé en pleine journée.
Pour avoir testé le mode Bluetooth dans la rue, il faut avouer que nous avons été conquis par le fait de pouvoir s’affranchir de câble en marchant ou dans les transports. On manipule son smartphone avec une certaine aisance, et le câble ne s’accroche jamais à une poignée de porte ou un poteau (oui, c’est du vécu). En revanche, ce système facilite forcément le vol à l’arraché… Aussi, nous avons pu constater quelques décrochages en croisant certaines personnes dans la rue utilisant elles aussi leur smartphone. Cela ne nous est pas arrivé si souvent que ça, mais nous tenions à le signaler.
Un petit mot aussi sur le pavé tactile situé sur l’oreillette droite. L’idée est plutôt bonne : pas besoin de sortir son smartphone pour gérer le volume ou changer de chanson. Dans les faits, les commandes sont plutôt simples : une glissade vers le haut/bas ou gérer le volume et vers l’avant/arrière pour changer de chanson. Une tape au milieu de l’oreillette permet de mettre sur pause. En pratique, nous avons trouvé que la gestion du volume n’était pas assez précise et nous préférons avoir recours au volume du smartphone. Pour le reste, cela fonctionne plutôt bien, même s’il faudra faire attention aux manipulations involontaires. Dernier petit détail sympathique : lorsque nous enlevons le casque, il s’éteint automatiquement, et lorsqu’on le repose sur la tête, il se rallume. Cool !
Enfin, sachez que vous pourrez prendre les appels avec le Zik 2.0, que ce soit en Bluetooth ou avec le câble fourni, ce qui est toujours une bonne nouvelle pour les possesseurs de smartphones. Autre chose importante si jamais vous comptez faire des prises avec : une fois le Zik 2.0 allumé, il y a une légère latence. En revanche, éteint, rien à signaler.
Écoute
Afin de tester le casque, nous avons fait une écoute comparative avec les AKG K 702 et Blue Mo-Fi, tous les trois reliés à notre PreSonus Monitor Station v2, elle-même reliée à notre Metric Halo ULN-8. Nous avons utilisé des titres non compressés.
Johnny Cash — Hurt
Le morceau, qui commence avec la guitare Martin de Johnny Cash, nous permet de détecter un surplus vers 7/8 kHz qui a tendance à rendre l’attaque de la guitare avec le médiator un peu trop présente. Du coup, la voix de Cash passe un peu derrière, et c’est bien dommage. Si le tout est bien détaillé, il y a une présence trop accentuée sur l’attaque des cordes de la guitare qui peut devenir gênante. La voix, en revanche, n’est jamais trop agressive, sauf lorsque la compression et saturation du morceau commencent à s’accentuer, mais c’est un effet voulu. Sur notre AKG K 702, l’équilibre entre la voix et la guitare nous semble meilleur, et la guitare, bien que détaillée et précise, n’est jamais agressive. Le Blue Mo-Fi est moins brillant que les Zik 2.0 et K 702, notamment sur l’attaque de la guitare acoustique. Il a aussi un bas développé, bien plus que l’AKG et à peu près autant que le Zik 2.0, et on ressent une sensation d’enfermement due au côté très fermé du casque et à son relatif manque d’air par rapport à l’AKG. Le médium et le bas sont clairement mis en avant sur le Blue, ce qui donne une certaine chaleur au son, au détriment de l’air, et un peu du détail. Un autre bon point pour le Blue : il n’est jamais agressif.
Gorillaz – Feel Good Inc
Cette chanson va nous permettre d’écouter un peu plus attentivement le bas du spectre. Le Zik 2.0 se défend bien, avec un bas présent qui descend bien, agréable, mais pas boursouflé. On aime bien l’équilibre du bas du spectre avec le reste. La bosse vers 7/8 kHz se fait toujours ressentir, même si c’est un peu moins gênant sur ce morceau. Une fois le Mo-Fi chaussé, on tombe sur un son toujours un peu plus boxy, dû à la gestion du haut du spectre plus en retrait, donnant un sentiment de manque d’air comparativement aux deux autres casques. Le bas est assez présent (en mode normal), sans pour autant trop trainer et masquer le reste du spectre : c’est plutôt sec. En mode On +, les basses sont comparables au Zik 2.0 et ça descend assez bas. Avec le Blue, on est dans une écoute « in the face », avec une gestion très « physique » des basses. L’AKG reste très différent des deux autres casques, avec un bas beaucoup moins développé, laissant la part belle aux détails dans le milieu et le haut du spectre. Sa conception ouverte renforce bien évidemment ce sentiment.
Michael Jackson — Liberian Girl
On termine avec ce morceau de l’album « Bad » de Bambi. La nappe de l’introduction est transcrite très différemment sur les trois casques, leurs bosses respectives mettant en avant certaines parties spectrales de la très riche nappe. Notamment un souffle à droite, qui ressort très bien sur le Zik 2.0 et l’AKG, et beaucoup moins sur le Mo-Fi. Le fait que les haut-médiums et les aigus soient un peu en retrait sur le casque Blue atténue quelques détails sur cette chanson. Le couple grosse caisse/basse sonne très plein sur le Blue, mais sans jamais masquer le reste. On reste quand même sur un son un peu claustrophobique et on aurait aimé avoir un peu plus d’air. Le Zik laisse le couple grosse caisse/basse un peu plus creux, avec toujours ce haut-médium/aigus en avant. Sur certaines sibilances, on ressent un peu d’agressivité, et à force, ça fatigue. Comparativement, l’AKG ne donne aucune rondeur à la grosse caisse et à la basse et c’est très analytique. On peut aimer pour le mix, mais cela peut-être un peu frustrant pour une écoute « plaisir ». Le haut du spectre de l’AKG est en revanche clairement au-dessus : c’est détaillé et aéré sans jamais être agressif. Toujours un must à ce niveau. Côté image stéréo, nous avons trouvé le Zik 2.0 assez étroit, surtout vis-à-vis de l’AKG. En revanche rien à signaler du côté de la dynamique, c’est du tout bon pour les trois casques.
Pour résumer, nous avons trouvé que le Zik 2.0 avait un son plutôt bien équilibré dans l’ensemble, avec des basses présentes pour une écoute « plaisir », sans être trop masquantes pour le reste du spectre. Le seul élément gênant concerne cette bosse vers 7/8 kHz qui peut être fatigante sur certains morceaux et certains instruments (charley, sibilances…).
Conclusion
Pour 349 €, le Zik 2.0 veut tout offrir : la connexion sans fil Bluetooth, les contrôles tactiles, un joli design, une appli mobile, un système antibruit actif, des effets et traitements, des presets d’artistes… Un véritable casque nomade et moderne. Évidemment, on paie tout ça et le prix nous semble un peu exagéré si on ne prend en compte que le côté purement sonore du produit. Néanmoins, le casque, s’il n’est pas exempt de défauts, reste tout à fait honnête et pourra combler les musiciens technophiles voulant écouter de la musique de manière « casual » et pratique sur leur smartphone. Si vous recherchez la qualité sonore à tout prix et que le Bluetooth, le tactile et le côté look « branchouille » ne vous intéressent pas, nul doute que vous trouverez mieux à ce prix-là.