L'épisode du jour aurait pu s'insérer dans la section précédente puisqu'il s'agit encore une fois d'une question de confort pour l'interprète. Ceci étant, j'ai préféré l'inclure au sein d'une nouvelle section beaucoup plus large consacrée à la gestion du retour dans le cadre de vos prises de chant. En voiture Simone !
Le choix du casque
Dans la série « cela va sans dire mais ça va tout de même beaucoup mieux en le disant », permettez-moi de commencer en vous rappelant l’importance du retour pour les musiciens. Un musicien jouant sans retour pourrait être comparé à un peintre que l’on priverait de ses yeux au moment d’exécuter une toile… Le résultat final risquerait fortement d’être pour le moins surprenant dans le mauvais sens du terme. De même, jouer avec un retour de piètre qualité reviendrait à vouloir peindre avec de sérieux problèmes de vue. Bonjour l’infâme gribouillage ! Bref, vous saisissez l’idée : la qualité d’exécution du geste musical dépend énormément de la capacité du musicien à s’entendre correctement tout en entendant également le reste de l’instrumentation de façon claire. Cela est vrai pour tout musicien mais c’est à mon sens d’autant plus crucial lorsqu’il s’agit d’un donneur de voix. En effet, la nature extrêmement intime de l’instrument vocal que nous avons déjà évoqué lors d’un précédent article rend le chanteur particulièrement dépendant du retour. C’est là que les choses se gâtent…
Dans l’idéal, pour un retour en condition d’enregistrement, il convient d’équiper l’interprète d’un casque fermé afin de limiter au maximum les problèmes de diaphonie. Or, entendre sa propre voix au travers d’un tel casque peut s’avérer particulièrement étrange… Si vous n’en avez jamais fait l’expérience, je vous invite à essayer de chanter dans un micro tout en vous écoutant en direct au travers d’un casque fermé. Vous devriez constater que cela n’a absolument rien de naturel, c’est même assez désagréable, un peu comme lorsque l’on entend sa propre voix sur l’enregistrement d’un répondeur et que l’on ne se reconnait pas. Cette situation inconfortable au possible n’est vraiment pas propice à l’obtention d’un résultat optimal, surtout si votre interprète n’a pas l’habitude des conditions de travail en studio. Mais alors, comment faire pour remédier à cela ? Comme nous allons le voir, plusieurs options s’offrent à vous…
La première, et la meilleure selon moi, consiste à concocter un retour aux oignons pour votre chanteur. Le problème, c’est que cela demande un certain savoir-faire ainsi qu’un parc matériel adapté. Je ne vais pas m’attarder plus que ça sur cette option aujourd’hui tant le sujet est vaste mais ne vous en faites pas, nous verrons cela en détail lors d’un prochain article.
La deuxième possibilité se résume tout simplement à inviter le chanteur à sortir l’une de ses oreilles du casque utilisé. Ainsi, cette oreille libre lui permettra d’entendre sa voix au naturel, ce qui devrait lui faciliter la vie. Attention, la manoeuvre peut paraître bête comme chou mais elle implique certaines choses pour que tout se passe pour le mieux. Tout d’abord, veillez à ne pas inclure la voix du chanteur dans le retour casque afin de ne pas induire une fort désagréable schizophrénie vocale chez celui-ci. De plus, pensez à lui envoyer le retour en mono dans l’oreillette qu’il utilise de façon à ce qu’il ne perde pas la moitié des informations musicales. Enfin, il peut être judicieux de couper complètement le son de l’oreillette non utilisée pour que cette dernière ne soit pas source de diaphonie lors de la prise.
La troisième solution tient à l’utilisation d’un casque ouvert ou semi-ouvert en lieu et place d’un casque fermé. Ce genre de casque est généralement beaucoup plus confortable que les versions closes et le simili-naturel de l’écoute pourrait suffire au bonheur de votre chanteur. Bien sûr, un tel casque entrainera forcément de la repisse mais c’est toujours mieux que rien et nous verrons qu’il est possible de « vivre » avec une prise de voix malgré une diaphonie plus ou moins prononcée sous certaines conditions.
Enfin, vous devez bien vous en douter, la dernière possibilité repose tout bonnement sur l’ablation pure et simple du casque audio et l’utilisation d’un moniteur en guise de retour. Ici, la diaphonie atteint son paroxysme mais comme je vous le disais il y a moins de dix secondes, ce n’est pas forcément si problématique que ça lorsque l’on sait comment la gérer…
C’est sur ce beau mais terrible « cliffhanger » que je vous laisse aujourd’hui ! En attendant la délivrance du prochain épisode, je vous invite à consulter, si ce n’est pas déjà fait, l’excellent guide d’achat des casques de studio concocté par notre ami Los Teignos qui devrait vous aider à trouver le ou les casques de vos rêves…