Comme nous l’avons vu lors d’un précédent article, le confort du musicien est un facteur clé pour obtenir une bonne performance, et donc une condition préalable essentielle à tout bon enregistrement. Or, ce confort dépend grandement du sujet que nous allons aborder aujourd’hui : le retour casque.
J’attendrai, le jour et la nuit…
Afin de pouvoir fournir à l’interprète un retour au casque idéal selon ses propres critères de confort tout en gardant la main sur ce que vous, le technicien son, avez besoin d’entendre au cours de l’enregistrement, je vous propose une méthode relativement simple à mettre en œuvre qui offrira toute la souplesse nécessaire.
Tout d’abord, commencez par régler le tempo de la session de votre STAN en fonction du morceau à enregistrer, même si certains musiciens n’aiment pas jouer au clic, ce sera toujours utile pour plus tard (édition, mix, etc.). Ensuite, importez la musique qui servira de référence. Si vous avez suivi les recommandations de l’épisode consacré à la pré-production, vous devriez pouvoir importer les différents « stems » sur des pistes différentes et bien entendu nommées en regard de leur contenu. Regroupez alors ces pistes au sein d’une piste de type « dossier » afin de pouvoir les afficher/masquer à l’envi au cours de la séance, car après tout, ce n’est pas foncièrement utile de les avoir sous les yeux en plein enregistrement.
Maintenant, créez un bus auxiliaire pour chaque musicien à enregistrer simultanément et envoyez l’ensemble des pistes « stems » vers chacun des bus. Attention ! Prenez garde à bien configurer ces envois en mode « pré-fader » de façon à ce que la manipulation des faders de piste de chaque stem n’influe pas sur le signal reçu par ces bus. Pour plus de clarté dans votre STAN, je vous invite au passage à renommer chacun de ces bus auxiliaires du nom du musicien auquel il servira de retour.
Passons à présent au routage vers le monde extérieur. Les bus de retour que vous venez de créer ont pour vocation d’être uniquement entendus par le musicien qu’il concerne. Par conséquent, configurez chacun d’eux de façon à ce que le signal audio ne nourrisse que les sorties adéquates de votre carte audio. Notez que cela implique donc d’enlever ces retours du bus master puisque c’est celui-ci que vous utiliserez pour votre propre écoute. Si vous avez la chance d’avoir une carte son équipée de plusieurs sorties casque indépendantes, c’est bien entendu ces dernières qu’il faut utiliser. En revanche, si tel n’est pas le cas, il vous faudra utiliser des sorties « ligne » autres que la paire principale, ce qui nécessite de fait l’utilisation d’un préampli casque en sus pour rendre le signal audible via une paire d’écouteurs. Petite astuce pour les moins fortunés, si vous possédez de petites enceintes multimédias munies d’une sortie casque, cela peut faire la blague même si c’est loin d’être idéal.
Dernière étape, et pas des moindres, pensez à envoyer directement le signal du musicien vers la sortie physique assignée à son retour pour qu’il puisse s’entendre jouer convenablement. La majorité des cartes d’acquisition audio permettent cela via un logiciel de gestion maison, par exemple le fabuleux Total Mix de RME. À défaut, votre STAN propose certainement ce genre d’option qu’il suffit d’activer sur la piste qui servira à enregistrer le musicien. Prenez cependant garde à travailler alors avec une taille de buffer faible pour minimiser le décalage sonore induit par la latence de votre interface.
Tout ce beau monde étant ainsi configuré, vous pouvez alors réaliser un mix en fonction des desiderata de chacun des musiciens via les réglages d’envoi des pistes stems tout conservant la main sur ce que vous souhaitez personnellement entendre dans votre casque lors de l’enregistrement grâce aux faders, « solos » et « mutes » de chaque piste.
Dernier conseil avant de passer à la suite, la mise en œuvre de cette méthode peut être plus ou moins longue et fastidieuse suivant le séquenceur utilisé. Du coup, je vous conseille d’utiliser les fonctions de modèle/gabarit/template de votre STAN en amont afin de faciliter la manœuvre lors de chaque nouvelle séance d’enregistrement.
Talkback
Pour conclure cet article, un mot sur le talkback. Si vous avez la chance de disposer de deux pièces distinctes chez vous pour vos enregistrements, l’une pour votre station de travail en guise de « control room », et l’autre pour la captation à proprement parler, il est alors fort intéressant d’utiliser une solution de talkback. Mais de quoi s’agit-il ? Tout simplement d’un micro captant les sons de la control room pour les envoyer vers le casque des musiciens, permettant ainsi une communication plus aisée entre vous lors des séances. Certains appareils (interface audio, ampli casque, etc.) intègrent directement un micro avec un bouton pour activer/désactiver le talkback. Mais si ce n’est pas votre cas, il suffit de placer un micro quelconque à proximité de vous dans la control room, de le raccorder à l’un des préamplis de votre carte son et de router son signal de façon à ce qu’il ne soit audible que dans le réseau casque et surtout pas sur les sorties principales sous peine d’obtenir d’odieux larsens. Pour gérer l’activation de ce talkback, utilisez le mute du logiciel de gestion de votre interface, ou, à défaut, celui d’une tranche dédiée dans votre séquenceur. Enfin, sachez qu’un plug-in gratuit signé Sound Radix permet d’automatiser cette activation en fonction de l’état du transport de votre STAN : il ouvrira ainsi le micro lorsque le STAN arrête d’enregistrer et le mutera lorsque le séquenceur est en mode de lecture ou d’enregistrement. Pratique, non ?