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Test du Blue Microphones Mo-Fi - Mo-Fi, ma bataille

6/10

Blue Microphones est une marque que les AFiens connaissent bien et certains de leurs micros ont connu un franc succès. Alors quand cette même marque ajoute pour la première fois un casque à son catalogue, forcément, cela attise notre curiosité…

Lorsque l’on surfe sur la page offi­cielle du Mo-Fi, on voit clai­re­ment que le casque veut manger à tous les râte­liers : celui des audio­philes (son nom est d’ailleurs un clin d’œil à la Hi-Fi), des utili­sa­teurs nomades, mais aussi des musi­ciens/home-studistes. On voit un homme assis tranquille­ment devant sa collec­tion de vinyles, un autre dehors devant un mur taggué, une femme devant son clavier maître et son MacBook et une autre personne dans son studio. Mais un seul et unique casque peut-il conve­nir à tout ce beau monde ? Ces personnes, dont le rapport à la musique et les attentes sont diffé­rents, peuvent-elles se satis­faire du même produit ? Quand certains recherchent le plai­sir simple, d’autres se soucient de la trans­pa­rence et de la fidé­lité. Le Mo-Fi réus­sira-t-il son pari ? C’est ce que nous allons tenter de voir.

I’m Blue, da ba di da ba da

À l’ou­ver­ture de la boite, le Mo-Fi est assez inti­mi­dant. Son look ne lais­sera personne indif­fé­rent, certains aime­ront et d’autres non, ques­tion de goût person­nel, mais la qualité de construc­tion est en revanche indis­cu­table. Le casque a l’air très solide, entiè­re­ment en métal, et son poids consé­quent (466 g) rajoute à cette sensa­tion de robus­tesse.

Blue Microphones Mo-Fi

Une fois sur la tête, le Mo-Fi ne se fera pas oublier et son poids se fait toujours sentir, même s’il reste assez confor­table et qu’un réglage existe au sommet du crâne afin de s’adap­ter à toutes les morpho­lo­gies. L’iso­la­tion passive est assez bonne, ce qui sera utile dans certaines situa­tions, mais les personnes claus­tro­pho­biques pour­ront être gênées. Enfin, il est à noter que le Mo-Fi ne se plie que très peu et qu’il prend une certaine place, même une fois complè­te­ment rabattu (21 cm x 14 cm x 12 cm).

Dans la boîte, on découvre une pochette permet­tant d’y glis­ser son précieux ainsi que les câbles. Concer­nant ces derniers, le Mo-Fi en propose deux : un de 3 mètres pour une utili­sa­tion séden­taire et un plus court (1,2 m) doté d’une télé­com­mande (trois boutons) pour une utili­sa­tion nomade. Ajou­tez à cela un adap­ta­teur pour avion et vous obte­nez la confi­gu­ra­tion parfaite pour s’adap­ter à toutes les situa­tions et éven­tuel­le­ment pouvoir chan­ger de câble en cas de casse. On retrouve aussi le câble micro-USB permet­tant de rechar­ger la bête. Une recharge complète dure entre 3 et 4 h, pour une auto­no­mie totale de 12 h. Plutôt pas mal, sachant que le casque pourra quand même fonc­tion­ner avec la batte­rie à plat : l’am­pli sera juste désac­tivé. De plus, le Mo-Fi s’éteint auto­ma­tique­ment quand il est fermé. Côté tech­nique, sachez que le Mo-Fi a une impé­dance de 42 Ohms.

Get you love drunk off my amp

Blue Microphones Mo-Fi

Car l’une des parti­cu­la­ri­tés du Mo-Fi est d’in­té­grer un ampli. On retrouve au niveau de la prise pour le câble une petite bague à trois posi­tions permet­tant de choi­sir un mode en fonc­tion de ses besoins. Le premier mode Off fonc­tionne sans batte­rie et reste donc passif. Le construc­teur le recom­mande pour une utili­sa­tion studio, et si vous possé­dez déjà un ampli casque de qualité. Le mode On active l’am­pli, afin de déli­vrer tout le poten­tiel du casque, et un son, d’après le construc­teur, natu­rel et détaillé. Le dernier mode On+ améliore la repro­duc­tion des basses fréquences, pour que ces dernières soient plus « douces et profondes », toujours d’après Blue. Le construc­teur recom­mande ce dernier mode pour l’écoute de vieux enre­gis­tre­ments pouvant éven­tuel­le­ment béné­fi­cier de basses supplé­men­taires. Pourquoi pas. Il est tout de même à signa­ler que le Mo-Fi n’in­tègre aucun DSP et que tout le trai­te­ment est analo­gique.

Écoute

Afin de tester le casque, nous avons fait une écoute compa­ra­tive avec les AKG K 702 et Parrot Zik 2.0 (dont le test sera publié demain), tous les trois reliés à notre PreSo­nus Moni­tor Station v2, elle-même reliée à notre Metric Halo ULN-8. Nous avons utilisé des titres non compres­sés.

Blue Microphones Mo-Fi

Johnny Cash — Hurt

Le Blue Mo-Fi est bien moins brillant que les Zik 2.0 et K 702, notam­ment sur l’at­taque de la guitare acous­tique. Il a aussi un bas assez déve­loppé, bien plus que l’AKG et à peu près autant que le Zik 2.0, et on ressent une sensa­tion d’en­fer­me­ment due au côté très fermé du casque et à son rela­tif manque d’air par rapport à l’AKG. Le médium et le bas sont clai­re­ment mis en avant sur le Blue, ce qui donne une certaine chaleur au son, au détri­ment de l’air, et du détail par moment. Un autre bon point pour le Blue : il n’est jamais agres­sif. Le morceau, qui commence avec la guitare Martin de Johnny Cash, nous permet de détec­ter sur le Zik 2.0 un surplus vers 7/8 kHz qui a tendance à rendre l’at­taque de la guitare avec le média­tor un peu trop présente. Du coup, la voix de Cash passe un peu derrière, et c’est bien dommage. S’il le tout est bien détaillé, il y a une présence trop accen­tuée sur l’at­taque des cordes de la guitare qui peut deve­nir gênante. La voix, en revanche, n’est jamais trop agres­sive, sauf lorsque la compres­sion et satu­ra­tion du morceau commencent à s’ac­cen­tuer, mais c’est un effet voulu. Sur notre AKG K702, l’équi­libre entre la voix et la guitare nous semble meilleur, et la guitare, bien que détaillée et précise, n’est jamais agres­sive.

Gorillaz – Feel Good Inc

Blue Microphones Mo-Fi

Cette chan­son va nous permettre d’écou­ter un peu plus atten­ti­ve­ment le bas du spectre. Le Zik 2.0 se défend bien, avec un bas présent qui descend bien, agréable, mais pas bour­sou­flé. On aime bien l’équi­libre du bas du spectre avec le reste. La bosse vers 7/8 kHz se fait toujours ressen­tir, même si c’est un peu moins gênant sur ce morceau. Une fois le Mo-Fi chaussé, on tombe sur un son toujours un peu plus boxy, dû à la gestion du haut du spectre plus en retrait, donnant un senti­ment de manque d’air compa­ra­ti­ve­ment aux deux autres casques. Le bas est assez présent (en mode normal), sans pour autant trop trai­ner et masquer le reste du spectre : c’est plutôt sec. En mode On +, les basses sont compa­rables au Zik 2.0 et ça descend assez bas. Avec le Blue, on est dans une écoute « in the face », avec une gestion très « physique » des basses. L’AKG reste très diffé­rent des deux autres casques, avec un bas beau­coup moins déve­loppé, lais­sant la part belle aux détails dans le milieu et le haut du spectre. Sa concep­tion ouverte renforce bien évidem­ment ce senti­ment.

Blue Microphones Mo-Fi

Michael Jack­son — Libe­rian Girl

On termine avec ce morceau de l’al­bum « Bad » de Bambi. La nappe de l’in­tro­duc­tion est retrans­crite très diffé­rem­ment sur les trois casques, leurs bosses respec­tives mettant en avant certaines parties spec­trales de la très riche nappe. Notam­ment un souffle à droite, qui ressort très bien sur le Zik 2.0 et l’AKG, et beau­coup moins sur le Mo-Fi. Le fait que les haut-médiums et les aigus soient un peu en retrait sur le casque Blue atté­nue quelques détails sur cette chan­son. Le couple grosse caisse/basse sonne très plein sur le Blue, mais sans jamais masquer le reste. On reste quand même sur un son un peu claus­tro­pho­bique et on aurait aimé avoir un peu plus d’air. Le Zik laisse le couple grosse caisse/basse un peu plus creux, avec toujours ce haut-médium/aigus en avant. Sur certaines sibi­lances, on ressent à cause de cela un peu d’agres­si­vité, et à force, ça fatigue un peu. Compa­ra­ti­ve­ment, l’AKG ne donne aucune rondeur à la grosse caisse et à la basse, c’est très analy­tique : on peut aimer pour le mix, mais cela peut être un peu frus­trant pour une écoute « plai­sir ». Le haut du spectre de l’AKG est en revanche clai­re­ment au-dessous : c’est détaillé et aéré sans jamais être agres­sif. Toujours un must à ce niveau. Côté image stéréo, nous avons trouvé le Zik 2.0 assez étroit, surtout vis-à-vis de l’AKG. En revanche rien à signa­ler du côté de la dyna­mique, c’est du tout bon pour les trois casques.

Pour résu­mer, nous avons trouvé que le Blue Mo-Fi avait un bas du spectre plutôt bien géré, descen­dant assez bas sans pour autant masquer le reste du spectre. La chose qui nous a moins convain­cus est le haut du spectre, nette­ment en retrait par rapport à nos deux autres réfé­rences, donnant un son plus terne, moins d’air et de détails dans certaines circons­tances. Cela peut-être gênant en situa­tion de mix, moins en écoute « plai­sir », d’au­tant que le Mo-Fi a le bon goût de ne jamais être agres­sif.

Conclu­sion

Le Mo-Fi a quelques avan­tages pour lui, à commen­cer par un look qui ne laisse pas de marbre et une qualité de construc­tion excel­lente. Il est fait pour durer. Inté­grer un ampli sur mesure dans le casque est bonne idée initiale, et permet de pouvoir gérer d’une manière analo­gique les basses fréquences. C’est plus dans le haut du spectre que le Mo-Fi nous a moins convain­cus, manquant clai­re­ment de détail et de niveau dans cette partie du spectre pour une écoute en situa­tion de mix. Néan­moins, en écoute « plai­sir », certaines personnes pour­ront appré­cier sa non-agres­si­vité et son isola­tion.

Tarif : 369 € 

  • Blue Microphones Mo-Fi
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Notre avis : 6/10

  • Le look
  • Robustesse et qualité de fabrication
  • Ampli intégré, modes On et On+
  • Bonne isolation passive
  • Deux câbles fournis
  • Batterie intégrée, bonne autonomie
  • Pas donné
  • Haut du spectre trop en retrait pour du mix
  • Ne se fait pas oublier une fois sur la tête

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