Avec le PCR-1, Edirol redéfinit la notion de clavier MIDI/Audio portable comme Sony l'avait fait avec ses minuscules VAIO. Le clavier maître nomade, le vrai, est né et le bébé, du haut de ses 25 touches, pèse 1,5 kg pour 3 cm d'épaisseur.
Depuis que nos sociétés sédentaires se sont inventées des désirs nomades, les constructeurs informatiques rivalisent d’ingéniosité pour proposer des équipements toujours plus petits et toujours plus fonctionnels. Du téléphone à l’ordinateur portable en, passant par le PDA ou le laptop ultra-portable, toute une gamme de produits a vu le jour pour permettre à quiconque, où qu’il soit, de communiquer ou de travailler.
L’informatique musicale n’a pas échappé au phénomène : tirant parti des nouvelles normes de connectiques FireWire et USB, les grands constructeurs audio ont d’abord mis en boîte les interfaces MIDI et audionumériques, puis se sont attaqués au cas des surfaces de contrôle MIDI et des claviers maîtres pour enfin réunir tous ces périphériques en un seul : le clavier de contrôle doté d’une interface MIDI/Audio.
De l’usine à gaz à l’essentiel
Dans la conception de ce dernier, on distingue nettement deux démarches. La première consiste à concentrer un maximum de fonctionnalités au sein d’un même appareil pour couvrir le maximum de besoins, de sorte que si le clavier reste transportable car relativement compact, il n’est pas à proprement parler portable… C’est la démarche retenue par Novation avec sa gamme Remote Extreme Audio.
En vis-à-vis de ce type de produit, la seconde démarche privilégie justement la portabilité du périphérique, en accordant une attention particulière à sa taille, à son poids et en ne gardant sur le plan fonctionnel que le strict nécessaire : 25 touches et quelques switchs et potars de rigueur. C’est le cas du PCR-1 d’Edirol qui nous occupe aujourd’hui.
Tout est mini dans notre vie
Dire qu’avec ce dernier la division informatique de Roland a mis l’accent sur la portabilité est un doux euphémisme. Le pari fait par le constructeur avec ce produit est en effet sans équivoque : proposer le clavier de contrôle MIDI/Audio le plus léger et le plus compact du marché. Or, le moins qu’on puisse dire, c’est que le contrat est rempli puisque le PCR-1 ne pèse qu’1,5 kg pour des mensurations de top modèle anorexique : 45 cm de long sur 22 cm de large et surtout une épaisseur record de 2,8 cm.
Dit comme ça avec des chiffres, ça n’a l’air de rien mais le PCR-1 est pour le moins étonnant une fois déballé. A titre d’info, on se reportera aux caractéristiques des produits concurrents même si la comparaison n’est pas tout à fait de mise dans la mesure où ces derniers proposent relativement plus de fonctionnalités.
Nom du clavier |
Longueur
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Largeur
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Epaisseur
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Poids
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Ozone (M-Audio) |
42 cm
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24,5 cm
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8,3 cm
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1,6 kg
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Remote 25 Audio Extreme (Novation) |
46,8 cm
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27,8 cm
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6,8 cm
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2,5 kg
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PCR-1 (Edirol) |
45 cm
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22 cm
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2,8 cm
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1,5 kg
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On le voit avec ce tableau, Edirol sort avec le PCR-1 le clavier le plus léger et le moins large du marché mais a surtout réussi de manière spectaculaire à réduire l’épaisseur de son produit : 2,8 cm ! Un différence très sensible dès lors qu’on transporte le clavier : j’ai pu me balader une heure en le trimballant à bout de bras sans avoir la désagréable impression de faire de la muscu ou d’être encombré.
Notez d’ailleurs que si le PCR-1 est trop long pour rentrer dans un sac à dos standard, il est toute de même fourni avec une housse de transport en mousse, hélas dépourvue de sangle…
Bref, le clavier-maître d’Edirol ne vole pas son qualificatif de portable et c’est bien là sa première qualité. Voyons maintenant ce qu’implique cette portabilité au niveau fonctionnel, en commençant par inspecter la connectique de l’appareil.
Où je me branche ?
Située à l’arrière du clavier, cette dernière joue la carte du minimalisme : outre la prise USB 1.1 qui permet de connecter le PCR-1 à un ordinateur et de l’alimenter en électricité par la même occasion, il faudra se contenter ici d’une entrée et d’une sortie stéréo au format RCA, et d’une prise minijack qui, selon ce qu’on branche dedans, fera office de sortie casque ou de sortie S/PDIF.
Premier regret : on aurait aimé bénéficier d’un minijack similaire en entrée. Si vous êtes guitariste ou si vous désirez faire une prise de son quelconque, il faudra en effet vous débrouiller pour que votre instrument ou votre micro sorte en RCA…
Notez également qu’on ne dispose d’aucune connectique MIDI IN ou OUT, ce qui se comprend aisément vu que la taille des prises DIN aurait augmenté significativement l’épaisseur de l’appareil.
Under control
Puisqu’on parle MIDI, voyons à présente la partie 'contrôleur’ du clavier, avec de haut en bas et de droite vers la gauche :
- 8 petits potars assignables avec un cran à la position médiane (un peu trop marqué à mon goût mais la chose, probablement due au fait que l’appareil est neuf, devrait s’assouplir au fil du temps) et pouvant changer d’assignation dans le contexte de la touche SHIFT.
- 1 afficheur LED à 3 chiffres, 4 switchs de fonction pour passer en mode SHIFT, EDIT et gérer les presets et les canaux MIDI, ainsi qu’un potar de volume général.
- 6 switchs assignables pouvant changer d’assignation en mode SHIFT ou servir à l’édition pour certains en mode EDIT.
- 3 switchs dédiés à la transposition, ou à l’édition dans le contexte du mode EDIT.
- 2 simili-switch pour la modulation et le pitch bend et sur lesquels nous reviendrons.
Indubitablement, les ingénieurs d’Edirol ont bien pensé leur produit. Grâce aux modes SHIFT et EDIT, la plupart des switchs, potars, ou des touches du clavier, peuvent cumuler les fonctions. Du coup, en plus des contrôles génériques, on peut assigner jusqu’à 25 paramètres aux contrôleurs du PCR-1, ce qui couvre la plupart des besoins…
Précisons-le : on peut sauvegarder jusqu’à 16 configs dans l’appareil cependant que le laborieux travail d’assignation est facilité par un éditeur entièrement graphique tournant sous Windows, Mac OS9 & OSX.
Très intuitif, ce dernier n’a en définitive qu’un seul défaut : il représente l’interface du PCR-30 et non celle du PCR-1 de sorte qu’on retrouve des faders à l’écran, en lieu et place des potars de la machine dont on dispose. Gageons qu’une prochaine mise à jour du soft devrait cependant corriger ce petit désagrément.
Vous l’aurez compris : le rapport taille/poids/fonctionnalité est indéniablement un point fort du dernier bébé d’Editol. Reste à évoquer à présent son aspect le plus novateur : les touches de son clavier.
Chtites touches
Si le constructeur nippon est en effet parvenu à obtenir un clavier de moins de 3 cm d’épaisseur, c’est parce qu’au terme de recherches technologiques, il a réussi à mettre au point un nouveau type de touches qui, en dépit d’une hauteur et d’une course extrêmement réduites (deux fois plus courte que celle des touches standards), se montrent suffisamment précises pour jouir des 128 niveaux de vélocité permis par la norme MIDI. Résultat : tout en gardant une longueur et une largeur standard, les touches du PCR-1 ne sont pas plus hautes que des mini-touches mais offrent les nuances d’un 'vrai’ clavier.
Dans les faits, une fois l’installation passée (on branche le câble USB, on insère le CD et Windows fait le reste), la pilotage de BFD sous Cubase à partir du PCR-1 s’est ainsi révélé extrêmement convaincant : même si la faible course des touches déroute au départ, force est de constater que le clavier est des plus sensibles et permet d’accéder à toutes les nuances de l’instrument virtuel pour faire, par exemple, des roulements de caisse claire plus vrais que nature.
De fait, après un temps d’adaptation qui variera selon les utilisateurs, on oublie vraiment la spécificité du clavier pour se concentrer pleinement sur le jeu. Sur ce point capital, Edirol a donc réussi son pari.
Le Pitch Bend m’a tuer…
Là où l’on se montrera moins enthousiaste en revanche, c’est sur les commande de modulation et surtout de Pitch Bend : dans la mesure où les concepteurs ne disposaient pas de suffisamment de profondeur pour équiper le PCR-1 des molettes ou joysticks traditionnels, ils ont opté pour de simples boutons qui ne permettent aucunement de doser les effets avec la précision qui conviendrait.
Si la chose est gênante pour la modulation, elle rend le pitch bend totalement inutilisable. Dès que vous pressez la commande, vous atteignez presque immédiatement la valeur la plus haute ou la plus basse du bend, sans pouvoir intervenir sur le déroulement de la transition et sans avoir accès aux tonalités intermédiaires.
En gros, le pitch bend ici présent évoque plus un portamento rustique qu’autre chose, ce qui n’a rien de très pratique lorsqu’on veut jouer en live des sons de guitares, de cordes, de cuivres, etc. A coup sûr, même s’il aurait augmenté significativement le prix du PCR-1, un touchpad aurait bien mieux fait l’affaire sans prendre pour autant plus de place.
Côté Audio
Du côté audio, le PCR-1 fait son boulot sans trop de surprise dans la mesure où l’on retrouve ici les technologies utilisées dans les autres produits Edirol.
Le périphérique est bien évidemment livré avec des drivers ASIO qui m’ont permis, sous Cubase SX, d’obtenir une latence tout à fait jouable en 16 comme en 24 bits : 13,3 ms en entrée / 17, 8 ms en sortie en réglant de buffer audio sur une valeur moyenne, et 6,7 ms en entrée / 4,2 ms en sortie pour un buffer réglé au minimum.
Le réglage de l’échantillonnage se fait quant à lui à partir du clavier même au moyen de savantes combinaisons de touches : on presse Edit, System, Enter puis la touche correspondant à la résolution souhaitée qu’on validera avec Enter pour enfin débrancher / rebrancher le clavier afin que le changement de paramètres soit effectif. Un tantinet laborieuse, cette démarche n’a rien de vraiment compliquée mais un bon vieux menu déroulant dans le panneau de contrôle logiciel du PCR-1 aurait été autrement plus intuitif.
Cela est d’autant plus vrai que ce dernier ne croule pas sous les fonctionnalités : on y trouve un réglage du buffer au moyen d’une réglette, la possibilité d’activer/désactiver le monitoring direct ASIO et une fonction MIDI IN Light Load permettant d’alléger le flux de données MIDI. USB 1.1 oblige, on ne dispose du full duplex qu’en 44 et 48 kHz. En 24/96, il faudra choisir entre la lecture ou l’enregistrement.
Question de priorités
En terme de qualité audio, rien de particulier à signaler si ce n’est qu’il faudra, si vous tenez à préserver vos oreilles, vous méfier de la sortie casque dont le niveau est réglé par le volume général. Attention donc si vous utilisez un casque à basse impédance !
Avec ce genre d’écoute, il vaudra mieux d’ailleurs ne pas trop monter le volume si l’on ne veut pas se trouver face à certaines limites audio du PCR-1 tel ce bruit de tension qu’on met facilement en valeur en enregistrant puis maximisant quelques secondes de silence. Sous peine de se retrouver avec un souffle gênant, on veillera aussi, lorsqu’on ne s’en sert pas, à mettre sur zéro le potar réglant le niveau des entrées RCA droite et gauche.
Bref, l’interface audio n’est pas sans défaut, vous l’aurez compris. La chose n’a cependant rien de rédhibitoire car d’une part, le PCR-1 ne laisse entendre aucun bruit parasite lorsqu’on travaille à volume normal, et de l’autre, il est une solution d’appoint en la matière.
Il ne s’agit donc pas d’hurler au scandale en comparant la partie audio ci-présente avec les références du marché mais plutôt de relativiser en pensant bien au but premier que s’est fixé Edirol avec le PCR-1 : fournir une solution MIDI/Audio portable la plus versatile et la plus compacte qui soit, un tout-en-un qu’on puisse trimbaler sous le bras sans se faire une hernie et qu’on puisse utiliser dans un bus, un avion ou une chambre d’hôtel pour maquetter à l’envie…
De ce point de vue, on n’aura pas grand chose à reprocher au constrcuteur qui, reconnaissons-le, a accouché avec son PCR-1 du seul clavier maître Audio/MIDI vraiment portable qui existe à l’heure actuelle. Certes, il manque une entrée Jack et des choses sont à optimiser, tels les contrôles du pitch bend et de la modulation, mais ces défauts sont contrebalancés par un clavier vraiment réussi et une machine plutôt bien pensée en définitive. Si vous êtes un vrai nomade qui désirez faire de la musique sur vos genoux avec votre Vaïo ultra-portable, vous devriez être comblé.
[+]Enfin un clavier MIDI/Audio vraiment portable !
[+]Simplicité d’installation et d’utilisation
[+]Clavier réussi même s’il demande un temps d’adaptation
[+]Pas mal de possibilités pour un liliputien
[+]PCR-Editor qui simplifie grandement l’assignation des contrôleurs
[-]Le pitch bend et la modulation, quasi-inutilisables
[-]On aurait aimé une entrée jack pour pouvoir brancher facilement une guitare ou un micro
[-]Partie audio perfectible