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Test écrit

Test du PCR-1 d'Edirol - Le clavier ultra-portable est né

8/10

Avec le PCR-1, Edirol redéfinit la notion de clavier MIDI/Audio portable comme Sony l'avait fait avec ses minuscules VAIO. Le clavier maître nomade, le vrai, est né et le bébé, du haut de ses 25 touches, pèse 1,5 kg pour 3 cm d'épaisseur.

Depuis que nos socié­tés séden­taires se sont inven­tées des désirs nomades, les construc­teurs infor­ma­tiques riva­lisent d’in­gé­nio­sité pour propo­ser des équi­pe­ments toujours plus petits et toujours plus fonc­tion­nels. Du télé­phone à l’or­di­na­teur portable en, passant par le PDA ou le laptop ultra-portable, toute une gamme de produits a vu le jour pour permettre à quiconque, où qu’il soit, de commu­niquer ou de travailler.

L’in­for­ma­tique musi­cale n’a pas échappé au phéno­mène : tirant parti des nouvelles normes de connec­tiques Fire­Wire et USB, les grands construc­teurs audio ont d’abord mis en boîte les inter­faces MIDI et audio­nu­mé­riques, puis se sont attaqués au cas des surfaces de contrôle MIDI et des claviers maîtres pour enfin réunir tous ces péri­phé­riques en un seul : le clavier de contrôle doté d’une inter­face MIDI/Audio.

 

De l’usine à gaz à l’es­sen­tiel

Dans la concep­tion de ce dernier, on distingue nette­ment deux démarches. La première consiste à concen­trer un maxi­mum de fonc­tion­na­li­tés au sein d’un même appa­reil pour couvrir le maxi­mum de besoins, de sorte que si le clavier reste trans­por­table car rela­ti­ve­ment compact, il n’est pas à propre­ment parler porta­ble… C’est la démarche rete­nue par Nova­tion avec sa gamme Remote Extreme Audio.

En vis-à-vis de ce type de produit, la seconde démarche privi­lé­gie juste­ment la porta­bi­lité du péri­phé­rique, en accor­dant une atten­tion parti­cu­lière à sa taille, à son poids et en ne gardant sur le plan fonc­tion­nel que le strict néces­saire : 25 touches et quelques switchs et potars de rigueur. C’est le cas du PCR-1 d’Edi­rol qui nous occupe aujour­d’hui.

 

 

Tout est mini dans notre vie

Edirol PCR-1, vue de dessus.

Dire qu’avec ce dernier la divi­sion infor­ma­tique de Roland a mis l’ac­cent sur la porta­bi­lité est un doux euphé­misme. Le pari fait par le construc­teur avec ce produit est en effet sans équi­voque : propo­ser le clavier de contrôle MIDI/Audio le plus léger et le plus compact du marché. Or, le moins qu’on puisse dire, c’est que le contrat est rempli puisque le PCR-1 ne pèse qu’1,5 kg pour des mensu­ra­tions de top modèle anorexique : 45 cm de long sur 22 cm de large et surtout une épais­seur record de 2,8 cm.

Dit comme ça avec des chiffres, ça n’a l’air de rien mais le PCR-1 est pour le moins éton­nant une fois déballé. A titre d’info, on se repor­tera aux carac­té­ris­tiques des produits concur­rents même si la compa­rai­son n’est pas tout à fait de mise dans la mesure où ces derniers proposent rela­ti­ve­ment plus de fonc­tion­na­li­tés.

Nom du clavier
Longueur
Largeur
Epais­seur
Poids
Ozone (M-Audio)
42 cm
24,5 cm
8,3 cm
1,6 kg
Remote 25 Audio Extreme (Nova­tion)
46,8 cm
27,8 cm
6,8 cm
2,5 kg
PCR-1 (Edirol)
45 cm
22 cm
2,8 cm
1,5 kg

On le voit avec ce tableau, Edirol sort avec le PCR-1 le clavier le plus léger et le moins large du marché mais a surtout réussi de manière spec­ta­cu­laire à réduire l’épais­seur de son produit : 2,8 cm ! Un diffé­rence très sensible dès lors qu’on trans­porte le clavier : j’ai pu me bala­der une heure en le trim­bal­lant à bout de bras sans avoir la désa­gréable impres­sion de faire de la muscu ou d’être encom­bré.

Notez d’ailleurs que si le PCR-1 est trop long pour rentrer dans un sac à dos stan­dard, il est toute de même fourni avec une housse de trans­port en mousse, hélas dépour­vue de sangle…

Bref, le clavier-maître d’Edi­rol ne vole pas son quali­fi­ca­tif de portable et c’est bien là sa première qualité. Voyons main­te­nant ce qu’im­plique cette porta­bi­lité au niveau fonc­tion­nel, en commençant par inspec­ter la connec­tique de l’ap­pa­reil.

 

Où je me branche ?

Située à l’ar­rière du clavier, cette dernière joue la carte du mini­ma­lisme : outre la prise USB 1.1 qui permet de connec­ter le PCR-1 à un ordi­na­teur et de l’ali­men­ter en élec­tri­cité par la même occa­sion, il faudra se conten­ter ici d’une entrée et d’une sortie stéréo au format RCA, et d’une prise minijack qui, selon ce qu’on branche dedans, fera office de sortie casque ou de sortie S/PDIF.

La connectique du PCR-1 ne garde que l'essentiel.

Premier regret : on aurait aimé béné­fi­cier d’un minijack simi­laire en entrée. Si vous êtes guita­riste ou si vous dési­rez faire une prise de son quel­conque, il faudra en effet vous débrouiller pour que votre instru­ment ou votre micro sorte en RCA…

Notez égale­ment qu’on ne dispose d’au­cune connec­tique MIDI IN ou OUT, ce qui se comprend aisé­ment vu que la taille des prises DIN aurait augmenté signi­fi­ca­ti­ve­ment l’épais­seur de l’ap­pa­reil.

 

Under control

Puisqu’on parle MIDI, voyons à présente la partie 'contrô­leur’ du clavier, avec de haut en bas et de droite vers la gauche :

  • 8 petits potars assi­gnables avec un cran à la posi­tion médiane (un peu trop marqué à mon goût mais la chose, proba­ble­ment due au fait que l’ap­pa­reil est neuf, devrait s’as­sou­plir au fil du temps) et pouvant chan­ger d’as­si­gna­tion dans le contexte de la touche SHIFT.

Les 8 potentiomètres rotatifs librement assignables du PCR-1

 

  • 1 affi­cheur LED à 3 chiffres, 4 switchs de fonc­tion pour passer en mode SHIFT, EDIT et gérer les presets et les canaux MIDI, ainsi qu’un potar de volume géné­ral.

Commandes principales du clavier PCR-1 d'Edirol

Pavé de touches sur le PCR-1 d'Edirol (Les 6 du haut sont assignables)
  • 6 switchs assi­gnables pouvant chan­ger d’as­si­gna­tion en mode SHIFT ou servir à l’édi­tion pour certains en mode EDIT.
  • 3 switchs dédiés à la trans­po­si­tion, ou à l’édi­tion dans le contexte du mode EDIT.
  • 2 simili-switch pour la modu­la­tion et le pitch bend et sur lesquels nous revien­drons.

Indu­bi­ta­ble­ment, les ingé­nieurs d’Edi­rol ont bien pensé leur produit. Grâce aux modes SHIFT et EDIT, la plupart des switchs, potars, ou des touches du clavier, peuvent cumu­ler les fonc­tions. Du coup, en plus des contrôles géné­riques, on peut assi­gner jusqu’à 25 para­mètres aux contrô­leurs du PCR-1, ce qui couvre la plupart des besoins…

Le PCR Editor, un moyen simple sur Mac ou PC pour assigner les contrôleurs du PCR-1 d'Edirol.

Préci­sons-le : on peut sauve­gar­der jusqu’à 16 configs dans l’ap­pa­reil cepen­dant que le labo­rieux travail d’as­si­gna­tion est faci­lité par un éditeur entiè­re­ment graphique tour­nant sous Windows, Mac OS9 & OSX.

Très intui­tif, ce dernier n’a en défi­ni­tive qu’un seul défaut : il repré­sente l’in­ter­face du PCR-30 et non celle du PCR-1 de sorte qu’on retrouve des faders à l’écran, en lieu et place des potars de la machine dont on dispose. Gageons qu’une prochaine mise à jour du soft devrait cepen­dant corri­ger ce petit désa­gré­ment.

Vous l’au­rez compris : le rapport taille/poids/fonc­tion­na­lité est indé­nia­ble­ment un point fort du dernier bébé d’Edi­tol. Reste à évoquer à présent son aspect le plus nova­teur : les touches de son clavier.

Chtites touches

Si le construc­teur nippon est en effet parvenu à obte­nir un clavier de moins de 3 cm d’épais­seur, c’est parce qu’au terme de recherches tech­no­lo­giques, il a réussi à mettre au point un nouveau type de touches qui, en dépit d’une hauteur et d’une course extrê­me­ment réduites (deux fois plus courte que celle des touches stan­dards), se montrent suffi­sam­ment précises pour jouir des 128 niveaux de vélo­cité permis par la norme MIDI. Résul­tat : tout en gardant une longueur et une largeur stan­dard, les touches du PCR-1 ne sont pas plus hautes que des mini-touches mais offrent les nuances d’un 'vrai’ clavier.

Dans les faits, une fois l’ins­tal­la­tion passée (on branche le câble USB, on insère le CD et Windows fait le reste), la pilo­tage de BFD sous Cubase à partir du PCR-1 s’est ainsi révélé extrê­me­ment convain­cant : même si la faible course des touches déroute au départ, force est de consta­ter que le clavier est des plus sensibles et permet d’ac­cé­der à toutes les nuances de l’ins­tru­ment virtuel pour faire, par exemple, des roule­ments de caisse claire plus vrais que nature.

De fait, après un temps d’adap­ta­tion qui variera selon les utili­sa­teurs, on oublie vrai­ment la spéci­fi­cité du clavier pour se concen­trer plei­ne­ment sur le jeu. Sur ce point capi­tal, Edirol a donc réussi son pari.

 

Le Pitch Bend m’a tuer…

Pitch bend et modulation sur la PCR-1 : à oublier...

Là où l’on se montrera moins enthou­siaste en revanche, c’est sur les commande de modu­la­tion et surtout de Pitch Bend : dans la mesure où les concep­teurs ne dispo­saient pas de suffi­sam­ment de profon­deur pour équi­per le PCR-1 des molettes ou joys­ticks tradi­tion­nels, ils ont opté pour de simples boutons qui ne permettent aucu­ne­ment de doser les effets avec la préci­sion qui convien­drait.

Si la chose est gênante pour la modu­la­tion, elle rend le pitch bend tota­le­ment inuti­li­sable. Dès que vous pres­sez la commande, vous attei­gnez presque immé­dia­te­ment la valeur la plus haute ou la plus basse du bend, sans pouvoir inter­ve­nir sur le dérou­le­ment de la tran­si­tion et sans avoir accès aux tona­li­tés inter­mé­diaires.

En gros, le pitch bend ici présent évoque plus un porta­mento rustique qu’autre chose, ce qui n’a rien de très pratique lorsqu’on veut jouer en live des sons de guitares, de cordes, de cuivres, etc. A coup sûr, même s’il aurait augmenté signi­fi­ca­ti­ve­ment le prix du PCR-1, un touch­pad aurait bien mieux fait l’af­faire sans prendre pour autant plus de place.


Côté Audio

Du côté audio, le PCR-1 fait son boulot sans trop de surprise dans la mesure où l’on retrouve ici les tech­no­lo­gies utili­sées dans les autres produits Edirol.

Latence de l'Edirol PCR-1 sous Cubase SX 2

Le péri­phé­rique est bien évidem­ment livré avec des drivers ASIO qui m’ont permis, sous Cubase SX, d’ob­te­nir une latence tout à fait jouable en 16 comme en 24 bits : 13,3 ms en entrée / 17, 8 ms en sortie en réglant de buffer audio sur une valeur moyenne, et 6,7 ms en entrée / 4,2 ms en sortie pour un buffer réglé au mini­mum.

Le réglage de l’échan­tillon­nage se fait quant à lui à partir du clavier même au moyen de savantes combi­nai­sons de touches : on presse Edit, System, Enter puis la touche corres­pon­dant à la réso­lu­tion souhai­tée qu’on vali­dera avec Enter pour enfin débran­cher / rebran­cher le clavier afin que le chan­ge­ment de para­mètres soit effec­tif. Un tanti­net labo­rieuse, cette démarche n’a rien de vrai­ment compliquée mais un bon vieux menu dérou­lant dans le panneau de contrôle logi­ciel du PCR-1 aurait été autre­ment plus intui­tif.

Panneau de contrôle ASIO du PCR-1 d'Edirol

Cela est d’au­tant plus vrai que ce dernier ne croule pas sous les fonc­tion­na­li­tés : on y trouve un réglage du buffer au moyen d’une réglette, la possi­bi­lité d’ac­ti­ver/désac­ti­ver le moni­to­ring direct ASIO et une fonc­tion MIDI IN Light Load permet­tant d’al­lé­ger le flux de données MIDI. USB 1.1 oblige, on ne dispose du full duplex qu’en 44 et 48 kHz. En 24/96, il faudra choi­sir entre la lecture ou l’en­re­gis­tre­ment.

 

Ques­tion de prio­ri­tés

En terme de qualité audio, rien de parti­cu­lier à signa­ler si ce n’est qu’il faudra, si vous tenez à préser­ver vos oreilles, vous méfier de la sortie casque dont le niveau est réglé par le volume géné­ral. Atten­tion donc si vous utili­sez un casque à basse impé­dance !

Avec ce genre d’écoute, il vaudra mieux d’ailleurs ne pas trop monter le volume si l’on ne veut pas se trou­ver face à certaines limites audio du PCR-1 tel ce bruit de tension qu’on met faci­le­ment en valeur en enre­gis­trant puis maxi­mi­sant quelques secondes de silence. Sous peine de se retrou­ver avec un souffle gênant, on veillera aussi, lorsqu’on ne s’en sert pas, à mettre sur zéro le potar réglant le niveau des entrées RCA droite et gauche.

Bref, l’in­ter­face audio n’est pas sans défaut, vous l’au­rez compris. La chose n’a cepen­dant rien de rédhi­bi­toire car d’une part, le PCR-1 ne laisse entendre aucun bruit para­site lorsqu’on travaille à volume normal, et de l’autre, il est une solu­tion d’ap­point en la matière.

Vue de 3/4 du PCR-1 d'Edirol

Il ne s’agit donc pas d’hur­ler au scan­dale en compa­rant la partie audio ci-présente avec les réfé­rences du marché mais plutôt de rela­ti­vi­ser en pensant bien au but premier que s’est fixé Edirol avec le PCR-1 : four­nir une solu­tion MIDI/Audio portable la plus versa­tile et la plus compacte qui soit, un tout-en-un qu’on puisse trim­ba­ler sous le bras sans se faire une hernie et qu’on puisse utili­ser dans un bus, un avion ou une chambre d’hô­tel pour maquet­ter à l’en­vie…

De ce point de vue, on n’aura pas grand chose à repro­cher au constr­cu­teur qui, recon­nais­sons-le, a accou­ché avec son PCR-1 du seul clavier maître Audio/MIDI vrai­ment portable qui existe à l’heure actuelle. Certes, il manque une entrée Jack et des choses sont à opti­mi­ser, tels les contrôles du pitch bend et de la modu­la­tion, mais ces défauts sont contre­ba­lan­cés par un clavier vrai­ment réussi et une machine plutôt bien pensée en défi­ni­tive. Si vous êtes un vrai nomade qui dési­rez faire de la musique sur vos genoux avec votre Vaïo ultra-portable, vous devriez être comblé.

[+]Enfin un clavier MIDI/Audio vrai­ment portable !
[+]Simpli­cité d’ins­tal­la­tion et d’uti­li­sa­tion
[+]Clavier réussi même s’il demande un temps d’adap­ta­tion
[+]Pas mal de possi­bi­li­tés pour un lili­pu­tien
[+]PCR-Editor qui simpli­fie gran­de­ment l’as­si­gna­tion des contrô­leurs

[-]Le pitch bend et la modu­la­tion, quasi-inuti­li­sables
[-]On aurait aimé une entrée jack pour pouvoir bran­cher faci­le­ment une guitare ou un micro
[-]Partie audio perfec­tible

 

Notre avis : 8/10

  • Enfin un clavier MIDI/Audio vraiment portable !
  • Simplicité d'installation et d'utilisation
  • Clavier réussi même s'il demande un temps d'adaptation
  • Pas mal de possibilités pour un liliputien
  • PCR-Editor qui simplifie grandement l'assignation des contrôleurs
  • Le pitch bend et la modulation, quasi-inutilisables
  • On aurait aimé une entrée jack pour pouvoir brancher facilement une guitare ou un micro
  • Partie audio perfectible
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