L'Ozone de M-Audio n'est pas seulement un clavier MIDI avec port USB. C'est aussi une surface de contrôle, un préampli pour microphone avec alimentation 48 V, une interface audionumérique et une interface MIDI. Le tout dans un mini clavier dont le design est calqué sur l'Oxygen 8 de la marque. Voyons donc ce qu'il en est à l'utilisation…
L’ordinateur utilisé pour le test de l’Ozone est un PC Athlon 1700 + avec 512 Mo de RAM et Windows XP en tant que système d’exploitation. Notez que le service Pack 1 de Windows XP doit être installé pour que l’Ozone fonctionne correctement. J’ai utilisé pour le test le séquenceur Steinberg Cubase SX, avec quelques synthétiseurs virtuels (Arturia Moog Modular et Native Instruments Pro-53 pour ne pas les nommer).
Utilisation du MIDI
Les tests ont été effectués en USB et en MIDI (sur l’une des entrées de l’interface MOTU Midi Express XT). Notons au passage la possibilité d’utiliser la prise MIDI appelée « USB » comme sortie MIDI de l’ordinateur puisque celle-ci duplique le signal entrant dans l’Ozone via l’USB.
Au niveau des contrôleurs MIDI, l’Ozone est plutôt bien fourni : huit potentiomètres rotatifs assignables aux contrôleurs de son choix, les classiques pitch bend et modulation, ainsi qu’un fader « data entry » lui aussi assignable. Les autres potentiomètres étant réservés à l’audio, nous en reparlerons dans la section suivante.
Chaque déplacement d’un contrôleur donne l’affichage de sa valeur MIDI, ce qui s’avère assez pratique lorsque l’on veut initialiser un contrôleur MIDI avec précision. Un astucieux bouton « MIDI / Select » permet d’accéder en trois « clics » au changement de valeurs courantes de contrôleurs MIDI comme le volume, l’aftertouch, la panoramique, la profondeur de réverbération etc. (voir nos FAQs sur ce produit). En pratique, il faudra un petit temps d’adaptation pour mémoriser les séquences de touches permettant de faire les modifications, étant donné l’afficheur un peu spartiate de l’Ozone (3 caractères numériques et c’est tout).
Le clavier MIDI fait 2 octaves. Il est possible de changer rapidement la tessiture de ce dernier à l’aide des deux boutons « Down / Up » ce qui permet de passer instantanément du solo le plus aigu à une ligne de basse la plus grave. A noter, enfin, la présence d’une prise pour pédale de sustain. Seul regret en tant que puriste bidouilleur de son : j’aurais bien aimé une entrée pour pédale d’expression pour compléter les évolutions que l’on peut faire avec les potentiomètres rotatifs.
Utilisation de l’audio
Au niveau de l’audio, il y a plusieurs aspects à tester : l’enregistrement au niveau ligne, l’enregistrement au niveau microphone et instrument via le préampli intégré, et la latence. Comme pour la plupart des produits M-Audio en USB, le réglage de la latence se fait en dehors lorsque le driver n’est pas bloqué par un logiciel comme Cubase (le pilote de l’Ozone refuse de changer la latence lorsque Cubase est lancé). Il semblerait que ce « problème » soit dû aux périphériques USB, puisque l’on retrouve ce même phénomène dans plusieurs cartes audionumériques USB toutes marques confondues.
Enregistrement via l’entrée microphone
L’Ozone fournit un gain maximum de 60 dB sur l’entrée micro. A l’utilisation, c’est un chiffre honorable comparé à la moyenne des gains des préamplis les plus répandus.
Quelques exemples :
- FMR RNP8380 : 66 dB,
- dbx Minipre et dbx 386 : 60 dB.
Ce gain s’avère en outre supérieur à celui de certaines cartes audio concurrentes comme la Hoontech DSP24 + ADDA 2000 qui affiche 50 dB.
L’enregistrement test est fait avec un « petit » microphone dynamique, le Shure 656SD (pas de TLM 103 sous la main, hélas), et le résultat est plus qu’honorable. Le préampli fait donc bien son travail avec un tel microphone et se trouvera adéquat dans la plupart des situations de home studio, le son n’étant pas « maigre » comme avec une entrée audio classique de carte son à faible gain.
On trouve en face avant un potentiomètre qui permet de régler le gain du microphone et deux LED indiquant respectivement le niveau du signal et si ce dernier sature à l’entrée du préampli. Enfin, le microphone peut être alimenté grâce à l’alimentation Phantom 48 V.
M-Audio continue sa politique d’aide à l’apprentissage de l’utilisateur débutant dans le domaine de l’audio. Les débutants seront ainsi ravis de pouvoir s’initier à l’utilisation des microphones grâce à de nombreux conseils présents dans le manuel (en français sur le site de M-Audio France).
Enregistrement via les entrées instrument et ligne
L’Ozone dispose d’une entrée mono symétrique « instrument » en jack 6,35 dont le gain est réglable ainsi que d’une entrée auxiliaire stéréo (ou 2 x mono) en plus de l’entrée microphone dont nous venons de parler. A l’instar de cette dernière, il est possible de régler le gain de l’entrée ligne grâce à un potentiomètre en façade et de vérifier le niveau en entrée à l’aide des LED de signal et de saturation.
Le gain est limité à 40 dB pour l’entrée « instrument » au lieu de 60 dB pour l’entrée microphone. Du coup, si par exemple vous branchez votre guitare à l’entrée « instrument » de l’Ozone, il faudra de préférence utiliser une boîte de direct ou un préampli plus « musclé » (c’est à dire avec un gain supérieur).
L’enregistrement en niveau ligne n’a pas posé plus de problème qu’avec le microphone (c’est-à-dire aucun) et la qualité sonore s’est avérée très honorable. Attention par contre : si vous voulez enregistrer un instrument stéréophonique, vous devez impérativement utiliser les entrées auxiliaires (voir encadré ci-contre) qui sur le papier ont un rapport signal / bruit inférieur aux entrées dont nous avons parlé précédemment. En pratique, pour un instrument en niveau ligne type synthétiseur, on n’entend pas la différence théorique de qualité. Par contre il faudra une fois de plus utiliser un préampli externe pour les micros et instruments acoustiques.
Latence & performances
La latence est réglable sur le panneau de configuration, aucune valeur chiffrée n’étant donnée sur ledit panneau. On trouve à la place des dénominations plus « qualitatives » comme « very low », « low », « medium » etc. En pratique, la latence est assez faible sur la machine de test pour être quasi imperceptible.
En 24 bits / 96 KHz, l’USB 1 limitant le débit, vous ne pourrez pas enregistrer sur les deux pistes et écouter la sortie audio simultanément. La seule possibilité sera alors d’enfoncer le bouton « direct monitoring » afin d’écouter l’entrée audio sans passer par le circuit USB. Personnellement, j’ai une solution simple : enregistrer en 44,1 ou 48 KHz, là où la course au marketing à laquelle se livrent toutes les marques sans exception nous pousseraient à enregistrer dans des définitions et des fréquences d’échantillonnage qui génèrent de gros fichiers sur le disque dur plutôt que de générer un son dont la supériorité de la qualité est audible.
Pour finir, l’Ozone n’était livré avec aucun CD de logiciels, contrairement à l’habitude de M-Audio de fournir le pack « Maximum Audio Tools ». Il s’agit certainement d’un oubli sur les premiers arrivages de l’Ozone, parce qu’il n’y a aucune raison que le pack « Maximum Audio Tools » soit livré avec tous les produits M-Audio sauf avec l’Ozone. On attend plus d’informations de la part du constructeur.
Conclusion
M-Audio a réussi le pari osé de faire cohabiter en un appareil aussi petit qu’esthétique une carte audionumérique 24 bits / 96 KHz, un préampli avec alimentation Phantom, une surface de contrôle MIDI et un petit clavier dynamique. Le tout pour un prix public TTC de 424 €, prix assez faible si l’on compte tout ce que rassemble l’Ozone en une seule machine… Il ne manquerait plus qu’un mode autonome et une version USB2 et l’Ozone s’avèrerait… Parfait ? En tous les cas, M-Audio nous a concocté un produit d’un excellent rapport qualité / prix qui risque de rendre heureux pas mal de homestudistes.