Vous en rêviez ? Warm Audio l’a fait ! Fidèle à sa ligne de conduite, la marque américaine sort sa propre version du célèbre compresseur à lampe danois pour un tarif bien plus abordable. Ce WA-1B est-il à la hauteur de nos espérances ? Tentatives de réponses dans ce test !
Le nouveau compresseur à lampes de chez Warm Audio vous fait terriblement penser à l’un des plus grands classiques du monde audio pro ? C’est tout à fait normal. Après Neve, Pultec, Urei, SSL et consorts, la marque américaine s’est cette fois-ci tournée du côté du Danemark et du fameux compresseur bleu, classique des classiques, le Tubetech CL-1B.
Le compresseur
Outre le clin d’œil à son nom (WA-1B en lieu et place de CL-1B), WarmAudio ne semble pas avoir fait les choses à moitié et si « copie » il y a, il ne fait aucun doute à la réception du colis que les concepteurs du WA-1B ont le sens du détail ! La célèbre couleur bleue si facilement reconnaissable de la marque danoise est ici reprise à l’identique et bien que Warm ait opté pour un format 2U plus compact (l’original se porte sur 3U), nous retrouvons bien en façade le même type de potentiomètres noirs et toutes les fonctionnalités du CL-1B. Celles-ci peuvent paraître de prime abord assez habituelles pour un compresseur, mais il est assez pertinent de se pencher un peu plus sur les multiples possibilités sous-jacentes qu’elles offrent à l’utilisateur.
Tout d’abord, nous trouvons un réglage de gain. Attention, ne vous y trompez pas, il s’agit d’un gain de sortie et non d’entrée. Placé après la section de réduction de gain, le gain n’a aucune influence sur l’étage d’entrée ni sur le réglage de seuil et sa plus grande utilité est bien de compenser cette réduction de gain (jusqu’à 30 dB de gain tout de même !) et/ou de jouer avec la façon dont travaillera la lampe de sortie.
Vient ensuite le réglage de ratio, de 2:1 à 10:1, pour passer d’une compression douce à un limiteur plus drastique.
Puis, le réglage de threshold, ajustable de –40 dB à « Off ». Le « Off » est très utile et n’est en aucun cas un doublon du switch « bypass » (true bypass d’ailleurs !) puisqu’il permet de garder la couleur de la machine et le travail des lampes sur votre signal audio sans appliquer la moindre compression.
Nous retrouvons ensuite toute une partie concernant les contrôles d’attack et de release, assez habituels pour tout compresseur digne de ce nom. Cette partie est sans aucun doute l’un des gros atouts du WA1B (comme du CL1B… vous l’aurez compris). En effet, un switch propose de passer d’un réglage « manual » à « fixed » ou à un intriguant « fixed/manual ». En « manual », les temps d’attack/release sont réglables manuellement et sont conformes à l’original : ils reprennent exactement les mêmes valeurs, à savoir de 0,5 msec à 300 msec pour le temps d’attaque et de 0,05 sec à 10 secondes pour le temps de relâchement. En « fixed », les potentiomètres deviennent inactifs. Les temps sont alors sur des réglages d’usine, plutôt rapides avec 1msec pour l’attaque et 50msec pour le relâchement. Enfin le plus obscur « fixed/manual » est un « entre-deux » pour lequel l’attack et le release sont toujours sur un réglage d’usine, mais le relâchement peut également être modulé par son réglage manuel. Si sur le papier, cette option combinant réglages fixes et manuels peut paraître un brin alambiquée, elle reste instinctive à l’utilisation et ouvre la machine à des compressions bien plus fines et plus délicates.
Autre switch : le sidechain/bus. Cette fonction peut vous servir de link si par exemple vous souhaitez connecter deux WA-1B pour tout travail sur des pistes stéréophoniques, sur un bus de sortie voire même sur votre master. Une machine prendra alors le pas sur l’autre et vous garderez une belle image stéréo stable et maitrisée. Mais ce n’est pas tout : ce switch servira aussi pour tous les amateurs de compression en sidechain : si vous désirez compresser votre basse en fonction de votre kick, envoyez ce dernier dans l’entrée dédiée (en jack, à l’arrière du rack) et votre compression suivra l’impact de votre grosse caisse.
Pour finir, nous retrouvons toute la section affiliée au VU-mètre avec son commutateur d’affichage pour visualiser niveaux d’entrée, de sortie ou de compression. Il est à noter que le vu-mètre est rapide, très réactif et n’a rien à envier à celui du Tubetech. Lors du test, nous nous sommes toutefois aperçus qu’il n’appréciait pas beaucoup les déplacements et avait tendance à se « dé-calibrer » assez rapidement. Heureusement, WarmAudio a eu la malicieuse idée d’adjoindre en façade un potentiomètre « Meter Cal » qui permet justement d’ajuster votre aiguille en quelques secondes. Sachez d’ailleurs qu’une fois rackée, la machine restait stable et la calibration n’a alors plus posé aucun problème.
Pour ce qui concerne les composants internes, Warm Audio a une fois de plus pris le parti d’aller vers la qualité en intégrant en entrée comme en sortie des transformateurs Lundahl ainsi que deux lampes de qualité (12AX7 Tung-Sol et JJ 12AU7). Ainsi équipée, la machine est censée recréer la transparence et la chaleur mythiques de la machine originale.
Le seul et unique point sur lequel le WA-1B se détache de son prédécesseur est sur ces fameux potentiomètres noirs. Si sur le Tubetech ceux-ci sont linéaires, Warm Audio a fait le choix d’une version crantée. Est-ce mieux ? Est-ce moins bien ? Vaste débat… Le crantage induit forcément une flexibilité un peu moindre, mais à l’heure où les recalls sont devenus monnaie courante, ce choix n’est pas totalement étonnant et vous retrouverez très aisément vos réglages de compression, que cela soit pour de la prise comme pour du mix.
Du son, du son, du son !!!
petite mise en garde
Afin de pouvoir tester au mieux le WA-1B, nous l’avons comparé au Tubetech CL-1B. Mais avant de passer aux tests proprement dits, il est important de signaler que malgré tous nos efforts pour effectuer des tests les plus rigoureux possibles, il est toutefois impossible avec les mêmes réglages, de faire réagir les deux compresseurs de façon exactement identique. D’abord, car il s’agit d’un matériel récent totalement neuf et sorti d’usine face à un autre bien plus ancien avec un grand nombre d’heures d’utilisation derrière lui. Les lampes et autres composants de l’un ont donc vécu et ne sonneront jamais comme les composants neufs et plus modernes de l’autre. Ensuite, les différences de gain entre les deux machines nous ont forcés à jouer avec le gain de sortie, et donc avec la façon dont la lampe de sortie travaillait… Pour chaque extrait audio, nous avons essayé de retrouver la même réactivité sur chaque machine et les mêmes niveaux de compression via des réglages forcément un peu différents. Le principe de ces tests n’est pas de savoir réellement quel compresseur est le meilleur, mais surtout de comparer leur couleur sonore comme la couleur de la compression appliquée.
La Voix
L’un des domaines de prédilection du CL-1B est sa gestion des voix et de leur dynamique. Et ce n’est pas un hasard si nombre de musiciens affectionnent ce compresseur. Alors, allons-y gaiement en testant le WA-1B sur plusieurs timbres de voix, masculines et féminines.
« Armstrong »
Setup
Warm Audio : gain +10dB, ratio 2:1, threshold @-10dB, fixed attack/release
Tubetech : gain +8dB, ratio 2 :1, threshold @-15dB; fixed attack/release
À peine appliqué et malgré un ratio et un taux de compression assez bas, le WA-1B éclaircit de suite la voix du chanteur qui s’ouvre d’un seul coup. Le rendu est très beau et la dynamique est très bien contrôlée. On entend bien cette compression à la fois très transparente et si chaleureuse recherchée pour ce compresseur. La prise de son s’en trouve magnifiée. Les différences avec le Tubetech sont assez fines et le rendu sonore des deux machines est très très proche. Le WarmAudio semble un peu plus médium-haut médium quand le Tubetech se montre un peu plus généreux dans le grave et ouvre un peu plus le haut du spectre, de façon un peu plus soyeuse. La compression est très légèrement plus naturelle avec le CL1B, mais cela se joue à vraiment peu de choses et dans les deux cas le résultat est très agréable et prouve combien le WA-1B est un sérieux outsider.
- 01 Armstrong DRY00:31
- 01 Armstrong WA1B00:31
- 01 Armstrong CL1B00:31
« Amelia »
Setup 1 (cover pop) – fichier audio « 02a »
Warm Audio : gain +5dB, ratio @midi, threshold @0dB, fixed attack/release
Tubetech : gain +8dB, threshold @-10dB, fixed attack/release
Sur cette prise, nous avons volontairement poussé la compression afin de voir comment réagissait le compresseur en réglage « fixed ». Comme pour le test précédent, nous sommes face à une très belle gestion de la dynamique, quasi indispensable au vu de la grande dynamique de la chanteuse. La compression reste toujours assez transparente, le besoin de suivis de volume devient quasi nulle : la voix trouve un équilibre très agréable.
Setup 2 (cover Jazz) – fichier audio « 02 b »
Même configuration que précédemment avec attack @13h et release @12h
Nous pouvons entendre avec ce réglage que la compression peut devenir plus fine et plus délicate tout en étant bien active. La voix est toujours parfaitement contrôlée, mais la compression se fait moins entendre et rééquilibre juste ce qu’il faut pour que le chant passe parfaitement au-dessus d’un mix. En comparant avec le Tubetech, on peut trouver le CL1B un poil plus gras, mais comme pour la prise précédente, le WarmAudio permet d’ouvrir juste comme il faut la voix et la rend plus précise. Les deux compresseurs agissent tous deux de manière très qualitative et je dois avouer que pour cette prise, je ne saurai vers lequel des deux me tourner…
- 02a Amelia DRY00:25
- 02a Amelia WA1B00:25
- 02a Amelia CL1B00:25
- 02b Amelia DRY00:29
- 02b Amelia WA1B00:29
- 02b Amelia CL1B00:29
« John »
Warm Audio : gain +10dB, ratio @10h, threshold @-10dB, attack @12h, release @9h
Tubetech : gain +8dB, ratio @10h, threshold @-12dB, attack @12h, release @9h
Sur cette voix bien profonde, le grain général obtenu avec le WA-1B est très beau et amplifie la présence du chanteur. Une fois de plus la dynamique de la voix est parfaitement maitrisée et les suivis deviennent superflus. Entre les deux compresseurs, le rendu est à nouveau assez proche, mais sur ce type de voix, on entend assez bien le timbre un poil plus resserré, légèrement moins gras sur le WA1B. Cela n’est pas forcément désavantageux, la voix pouvant s’insérer dès lors plus facilement dans un mix, sans rentrer en conflit avec d’autres instruments.
- 03 John DRY00:11
- 03 John WA1B00:11
- 03 John CL1B00:11
La Basse
Setup 1 – fichier audio « 04a »
Warm Audio : gain 0 dB, ratio @12h, threshold @-9dB, fixed attack/release
Tubetech : gain +5dB, ratio @12h, threshold @-15dB, fixed attack/release
Setup 2 – fichier audio « 04 b »
Warm Audio : gain 0dB, ratio @12h, threshold @-20dB, attack @13h, release minimum
Tubetech : gain +5dB, ratio @12h, threshold @-20dB, attack @13h, release minimum
Avec le premier setup, le WA1B équilibre très bien la basse et rajoute un beau claquant qui fait ressortir le médiator. Le son en ressort très bien tenu.
Sur le second réglage, en changeant juste le seuil de détection et avec une attaque plus lente, nous retrouvons évidemment beaucoup plus de bas et un rendu bien plus rond et toujours admirablement contrôlé.
Le Tubetech descend un peu plus bas et apporte un beau moelleux avec une belle assise. Avec un son un peu plus tranchant et ses beaux mediums, le Warm devrait quant à lui être plus facilement insérable dans un mix. Les deux compresseurs accomplissent à la perfection leur travail; en conséquence, le choix de l’un sur l’autre dépend énormément du goût de chacun comme du choix de couleur voulue.
- 04 Bass Dry00:17
- 04a Bass WA1B00:17
- 04a Bass CL1B00:17
- 04b Bass WA1B00:17
- 04b Bass CL1B00:17
La guitare
Setup 1 – Guitare rythmique – fichier audio « 05a »
Warm Audio : gain +8dB, ratio 2:1, threshold @-2dB, attack @3h, release minimum
Tubetech : gain +10dB, ratio 2:1, threshold @-18dB, attack @3h, release minimum
Setup 2 – Arpèges – fichier audio « 05b » et « 05c »
Warm Audio : gain 0dB, ratio 3:1, threshold @0dB, attack @13h, release minimum
Tubetech : gain +5dB, ratio 3:1, threshold @-5dB, attack @13h, release minimum
Setup 3 – Electrique – fichier audio « 06"
Warm Audio : gain 0dB, ratio 3:1, threshold @0dB, attack fixed, release manual @minimum
Tubetech : gain +5dB, ratio 3:1, threshold @-10dB, attack fixed, release manual @minimum
Sur une guitare acoustique comme électrique nous retombons sur le même constat : les deux compresseurs sont très proches et la différence se joue principalement sur le timbre général. Le WA1B est un peu plus médium là où le Tubetech accentue plus le côté boisé de la guitare en révélant un peu plus d’harmoniques. Via le WarmAudio, le signal est plus « nettoyé », plus tranchant et aucun bas ne vient déranger la prise de son (même si celui du CL-1B est splendide). Les différences sont toujours bien présentes, mais assez fines et une fois de plus le constat est là : les deux apportent une belle plus-value au signal.
- 05a Gtr Ac DRY00:21
- 05a Gtr Ac WA1B00:21
- 05a Gtr Ac CL1B00:21
- 05b Gtr Ac DRY00:11
- 05b Gtr Ac WA1B00:11
- 05b Gtr Ac CL1B00:11
- 05c Gtr Ac DRY00:22
- 05c Gtr Ac WA1B00:22
- 05c Gtr Ac CL1B00:22
- 06 Gtr Elec DRY00:23
- 06 Gtr Elec WA1B00:23
- 06 Gtr Elec CL1B00:23
La Batterie
Setup 1 – fichier audio « 07"
Warm Audio : gain –2dB, ratio 4:1, threshold @-13dB, attack @14h, release @9h
Tubetech : gain +2dB, ratio 4:1, threshold @-20dB, attack @14h, release @9h
Setup 2 – fichier audio « 08a », « 08b » et « 08c »
Warm Audio : gain +10dB, ratio maximum, threshold @-22dB, attack @minimum, release @minimum
Tubetech : gain +10dB, ratio maximum, threshold @-22dB, attack @minimum, release @minimum
Drums « 08a » attack et release fixed
Drums « 08 b » attack et release fixed/manual
Drums « 08c » attack et release manual
Sur le setup 1, la compression est un peu appuyée afin de bien entendre la couleur de chacun. Nous sentons bien le travail sur l’attaque, la caisse claire devient plus percutante. La caisse claire est un peu plus contrôlée sur le Tubetech, mais le côté plus agressif et clinquant du Warm n’est pas inintéressant. Les deux propositions se tiennent parfaitement.
Le setup 2 est assez étonnant, car il permet de voir comment réagit le WA-1B avec des réglages extrêmes et ce qu’apporte de « switcher » entre fixed, fixed/manual et manual. Le test devient alors plus parlant sur la différence de réactivité des machines. Les deux offrent une compression très utile pour donner un effet « roomy » à une batterie, mais le rendu sonore de chacune devient totalement clivant. Il est assez amusant d’entendre le côté plus nerveux et sec du Warm Audio qui malgré l’effet de pompage reste assez propre face au CL-1B qui offre instantanément un effet « squashy » très très appuyé, plus rock, plus sale. Cette fois-ci chaque compresseur nous emmène dans une direction qui lui est propre, très vite identifiable, mais les deux restent totalement efficaces et utilisables en mix.
- 07 Drums DRY00:10
- 07 Drums WA1B00:10
- 07 Drums CL1B00:10
- 08 Drums DRY00:10
- 08a Drums WA1B00:10
- 08a Drums CL1B00:10
- 08b Drums WA1B00:10
- 08b Drums CL1B00:10
- 08c Drums WA1B00:10
- 08c Drums CL1B00:10
La Boîte à Rythmes (TR808)
Setup
Warm Audio : gain 0 dB, ratio 2:1, threshold @-5dB, fixed attack/release
Tubetech : gain +5dB, ratio 2:1, threshold @-10dB, fixed attack/release
Les couleurs délivrées par le Warm sur la batterie nous ont poussés à le tester plus en profondeur avec une TR808. Et cette fois, le test fut criant de vérité et expliquait beaucoup de choses : deux sons bien distincts sont alors obtenus. Le Tubetech sature dès le premier coup de kick, mais quelle saturation ! D’une musicalité folle ! Ce à quoi le Wa1B répond par une compression moins typée, mais bien plus clinique et elle aussi très agréable et surtout bien plus polyvalente.
Les deux compresseurs tirent leur carte du jeu et bien difficile de les partager tant leur couleur part dans deux directions opposées. La question du goût et de la direction sonore recherchée deviennent alors prédominantes.
- 09 TR808 DRY00:10
- 09a TR808 WA1B00:10
- 09a TR808 CL1B00:10
Conclusion
Tester un produit inspiré d’un autre est toujours un peu contraignant. Doit-on le tester face à l’original ou doit-on le considérer comme un nouveau produit à part ? Toutes ces questions se posent, mais les résultats obtenus par le WA-1B sont dans tous les cas très convaincants. En fonction de la source sonore et des différents timbres des voix et des instruments, les résultats face au CL1B sont parfois bluffants, parfois moins (pour les réglages extrêmes) ou apportent juste une tout autre couleur sonore, au final plus personnelle et assez complémentaire au compresseur original (cf. avec la TR808).
Au regard du délai d’attente de fabrication (de plusieurs mois – voire années ? – pour le CL1B) et de la différence de prix (plus du triple pour le Tubetech, voire encore plus sur le marché de l’occasion), les quelques différences entre les deux compresseurs peuvent paraitre anodines. Le jeu en vaut-il la chandelle ? J’ouvre le débat. Qu’en pensez-vous ?