Dans cet épisode, nous allons discuter d’une application ô combien subjective de l’égalisation, à savoir la coloration.
L’EQ et les couleurs
Au stade actuel, vous devriez avoir des pistes nettoyées s’articulant bien les unes avec les autres. Les pièces de votre puzzle sonore s’emboîtent naturellement d’un point de vue fréquentiel. Moralité, si les enregistrements ont été effectués de façon cohérente par rapport au résultat final attendu, cette étape de « coloriage sonore » n’est pas vraiment nécessaire. Seulement voilà, avec cette mauvaise habitude trop répandue consistant à faire des choix tranchés le plus tard possible dans la chaîne de production — le duo infernal « on verra au mix » et « on verra au mastering », ça ne vous dit rien ? — il y a de fortes chances pour que ce ne soit pas le cas.
Du coup, il convient de s’attarder un instant sur cette question de la coloration. Le but ici est de donner à vos instruments de la chaleur, du corps, de la brillance, de l’air, etc. Tout un tas de termes purement subjectifs dont il m’est impossible de donner une véritable définition scientifique tant leur signification dépend du ressenti de tout un chacun. Cependant, on trouve sur le net une multitude de pages web expliquant que pour booster le corps de tel ou tel instrument, il faut chercher entre telle et telle fréquence. Loin d’être parfaites, ces indications ont au moins le mérite de donner un point de départ. Et comme vous êtes des petits malins, je suis sûr que vous avez déjà remarqué la présence de ces indications sur le tableau des fréquences interactif que nous avons utilisé précédemment. Inutile donc de vouloir réinventer la roue en redonnant une liste de ces fréquences par instrument et concentrons-nous plutôt sur des conseils en regard de l’approche à adopter.
Tout d’abord, n’oubliez pas que vous avez un plan ! Cette étape de coloration se doit donc de le respecter. Pour parler concrètement, il serait totalement contreproductif d’accentuer la présence d’une nappe de synthé ayant pour vocation d’être en fond de mix.
D’autre part, soyez logique. Tous les instruments ne peuvent pas avoir du corps, de la présence et de la brillance en même temps, sous peine d’obtenir une bouillie sonore. Pensez ici à la notion de contraste et utilisez-la à votre avantage. Pour prendre une analogie visuelle, un noir paraît plus profond lorsqu’il est entouré de blanc. Au niveau sonore, c’est la même chose. Un instrument sera par exemple plus brillant s’il est entouré par des instruments qui ne le sont pas.
Dans le même ordre d’idée, un instrument ne doit pas à lui tout seul être brillant, aérien, charnu et présent, à moins que vous ne travailliez sur un titre n’impliquant qu’un seul et unique instrument.
En ce qui concerne l’aspect pratique des choses, sachez que, comme d’habitude, il est inutile d’y aller à la hache. Une amplification de 2 ou 3 dB fait souvent une différence énorme. Pour ce qui est du facteur Q, notez que plus la largeur de bande est grande, moins il y a besoin de gain, et plus cela sonne naturel.
Enfin, contrairement aux étapes précédentes d’égalisation où un plug-in neutre est conseillé, ici un EQ typé fera souvent des merveilles. En effet, les plug-ins d’égalisation à la sauce « vintage » apportent souvent un surplus de « caractère » pour le moins intéressant lors de l’amplification par le biais de l’ajout de distorsion harmonique.
Dans le prochain épisode, nous verrons comment l’égalisation peut, dès à présent, être utilisée afin de travailler la sensation d’espace d’un mix.