Voilà, je viens de recevoir ce que j'attendais depuis longtemps : l'un des logiciels de synthèse modulaire et de sampling les plus puissants du marché : Reaktor 4.0 ! Le logiciel qui devrait m'ouvrir de nouveaux horizons... Voyons à présent ce qu'il en est après plusieurs semaines d'utilisation intense.
Voilà, je viens de recevoir ce que j’attendais depuis longtemps : l’un des logiciels de synthèse modulaire et de sampling les plus puissants du marché : Reaktor 4.0 ! Le logiciel qui devrait m’ouvrir de nouveaux horizons… Voyons à présent ce qu’il en est après plusieurs semaines d’utilisation intense.
Machine de test :
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Je vous passe les traditionnelles ouvertures du carton. L’installation sur Mac est, comme souvent, sans problème; les autorisations ne nécessitent pas de clé physique et se font donc en partie en ligne sur le site de Native. Reaktor s’installe en Standalone et plugins (AU, Dxi, RTAS, VST).
« Ghostrider 1.1, this is Tower Control you’re cleared for takeoff »
Check list achevé, mon reakteur en chauffe, je lance ma première session. J’ouvre un premier ensemble (quelle belle interface comparée à celle de Reaktor 3.0), j’appuie sur la touche C3 de mon clavier maître. Silence… Zut, flûte, je n’ai pas fini mon check list. Audio, MIDI tout est configuré, je suis maintenant opérationnel, et sors le premier son du monstre.
Qualité sonore
Première impression : je suis soufflé par la grosseur du son, si chère aux newbies de nos forums. Le vrombissement de la puissante machine est à faire pâlir. J’hasarde mes doigts sur le clavier, l’inspiration qui me fait parfois carence me revient miraculeusement. Chaque nouveau preset est source d’inspiration, chaque ensemble (instrument) est un fleuve d’univers sonores différents.
Afin de vérifier cette « obésité » sonore, je me permets de couper tous les effets par défaut, ceux dont certains créateurs de sons ne se privent pas, enrobant ainsi facilement d’un peu de miel des sons trop cheap. Bien qu’un peu sec, le son garde toutes les caractéristiques qui lui donnent son ampleur.
La qualité des interfaces varie d’un instrument à l’autre, certaines sont très complexes et laissent présager les possibilités de l’ensemble. On y trouve aussi bien les boutons de contrôle habituels (LFO, ADSR, etc…) que des champs XY qui permettent (à l’image d’un touchpad) de contrôler deux paramètres à la fois.
Contrôleurs graphiques
Ce qui m’a impressionné le plus en premier lieu, ce sont les moyens de vérification des signaux… qui sont des plus utiles aux plus folkloriques, sous forme de simples voyants lumineux qui s’allument lorsqu’un signal passe, de crête-mètres traditionnels, d’oscilloscope… On trouve aussi le fameux indicateur X/Y permettant des affichages extraordinaires. Par exemple, on peut mettre sur l’axe vertical (Y) le signal sortant, et sur l’axe horizontal (X) une rampe synchronisée sur le tempo. Ceci permet d’obtenir un signal correspondant à la forme d’onde qui se promène suivant X, dont la trace s’atténue avec le temps, et dont le rafraîchissement se fait en rythme avec le tempo (cf visuel à droite). |
Plus fort encore (et encore moins utile), il est possible de mettre en X un modulateur, et en Y un résonateur. Le résultat est un spectre, incompréhensible pour le commun des mortels… On sent bien pourtant que ce visuel est asservi au son… Mais rien de plus compréhensible !
Après la découverte sensorielle, je passe à la découverte théorique : j’ouvre le manuel. Là, les choses sont claires : dès la première page, on sait qu’on est face à du gros gibier « Complexe », « Exotiques », « Conception », « A coeur vaillant rien d’impossible ». J’en avale ma salive. Malgré les plus de 500 pages du pavé, pas un mot sur les principes des différents types de synthèse, tout au plus un « granulaire » par ici, un « FM » par là, « Soustractive », « Additive » de temps à autre. Tout cela est considéré comme acquis, voir inné. Hum… mon premier synthé fait maison attendra peut-être un peu !
Reaktor 4 & User Libraries
Reaktor 4 Library
Heureusement pour les néophytes (et mêmes les amateurs éclairés), Reaktor est livré avec une série d’ensembles, divisés en cinq catégories.
Synthés
C’est probablement ce pour quoi Reaktor est le plus connu, la « partie émergée de l’iceberg ».
On trouve par exemple Carbon, un synthétiseur soustractif, avec quatre oscillateurs, modulateurs et filtres. Green Matrix est l’un de mes préférés, qui n’a rien à envier à un instrument virtuel vendu seul pour plus de la moitié du prix de Reaktor, avec deux oscillateurs à forme d’ondes multiples, deux filtres multimodes, distortion, delay, chorus… Bref, un bon petit jouet, avec une qualité de son au rendez-vous. P-Bass est un petit générateur de basse bien sympathique.
Synthés séquencés
Dans la continuité, on dispose de versions plus complexes et plus spécialisées comme Waveweaver, basé sur la synthèse wavetable, avec un oscillateur utilisant de petits fichiers audio pour forme d’onde. On trouve également DSQ-32, une drumbox avec 7 éléments permettant de créer des séquences montant jusqu’à 32 pas.
Sampleurs et Transformers
Après la synthèse, on se retrouve dans le sampling. On a à disposition des outils aux objectifs divers. BeatSlicer permet d’utiliser une boucle afin d’en extraire des petits bouts indépendants, pour les réexploiter dans une nouvelle ligne rythmique. GrainStates va, lui, générer des paysages sonores granulaires en temps réel (il faut l’entendre pour le comprendre, on est loin de taper sur deux morceaux de bois). On notera la possibilité d’importer des CD Akai.
Live Tools
Bien que tous les types d’instruments présentés jusqu’à présent puissent être utilisés en live, on a ici deux outils spécialement copnçus pour une telle utilisation : Go Box et Scenario. Le premier est un sampleur avec des contrôleurs bi-dimentionnels (imaginez le résultat en live avec le contrôleur d’une Novation Remote 25), et une interface claire, pour faciliter la lisibilité en live. Le second est un lecteur de boucles (4 en l’occurence) qui permet entre autres d’appeler des presets (on peut en créer plus 16000) les uns après les autres, tout en gardant le contrôle sur le travail en cours.
Effets
Pour finir, nous trouvons les effets, probablement la partie la plus submergée de notre iceberg. Oui, Reaktor peut être utilisé en plugin, en insert. On y trouvera aussi bien des réverbes surround, comme Space Master, qu’un simulateur d’amplis tel Banaan Electrique (rien à voir avec une obscure boisson chimique), du plus convainquant effet, ou encore un vocoder bien rétro : Classic Vocoder.
Users Library
Si treize synthés, deux machines pour du live, quatre sampleurs-transformeurs vous semblent insuffisants (imaginez le prix pour les mêmes en hard), plus de 1400 autres ensembles sont disponibles.
Et c’est la grande force de Reaktor : une communauté active, avec 40 000 utilisateurs [autaunt que de membres d’AudioFanzine le 1er janvier 2004, NDLR ;) ], un forum bien présent, et surtout, les généreuses contributions qui donnent une autre dimension à l’outil, en en décuplant les possibilités.
On trouve dans la bibliothèque en ligne (en libre accès pour les utilisateurs enregistrés de Reaktor et Reaktor Session) les rayons attendus : Synthétiseurs, Sampleurs, Séquenceurs, Studios, Effets, une Section spéciale, des Macros, et des Presets.
Et là, il y en a pour tous les goûts. On trouve aussi bien des versions virtuelles de synthés légendaires que des effets en surround, en passant par des outils de sound design, les plus délirants.
Ce qui est vraiment plaisant avec ce principe de librairie en ligne, c’est la possibilité d’utiliser les ensembles créés, de les modifier, de les améliorer à sa convenance, car à l’image de l’open source du monde libre, toutes les structures sont complètement libres. On peut donc trouver différentes versions d’un même instrument évoluant d’une version de Reaktor à l’autre, changeant de look, de processeur, ou bien le retrouver tout simplement dans un nouvel ensemble plus vaste.
Le coté obscur de la force – La Structure
L’objectif de Reaktor reste au final de permettre de créer ses propres synthés, ses propres effets, bref, ses propres outils de travail.
C’est en forgeant qu’on devient forgeron. Mais je complèterai en précisant qu’avant de forger, mieux vaut regarder faire un vrai forgeron. Car je ne vous cache pas que j’espérais pouvoir épater la galerie, dans le cadre de ce test, en créant une réverbe à convolution. Faute de temps, je n’ai pu m’y atteler sérieusement. Suffisamment cependant pour me rendre compte que créer un instrument complexe est loin d’être simple.
Pour vous faire découvrir le bestiau, j’ai décidé de vous présenter un des instruments livrés par Native, des plus simples, P-Bass.
Et vous allez voir, il ne paye pas de mine, mais il est… structuré. Sur la barre d’outils, je clique donc sur le bouton Structure, et là m’apparaît cette petite fenêtre.
Meuh? ya rien !!! Hem… Si, déjà, on voit qu’il n’y a pas d’entrée audio. C’est un générateur pur. On notera au passage que 16 entrées ne font pas peur à Reaktor (il est simple de passer de 16 à 32, il suffit de rajouter un « Audio in »). On découvre au milieu de l’écran notre structure P-Bass, que l’on va explorer tout de suite. On se rend alors compte qu’il est monophonique, mais qu’il a pour vocation de travailler en stéréo, puisque la sortie unique est reliée sur les pistes 1 et 2 du stéréo out. A nouveau on réalise qu’on peut laisser libre cours à son imagination quant au nombre de sorties audio.
Double click (même sur Mac) sur la structure P-Bass.
Les choses sérieuses commencent. Je sens que j’ai perdu quelques lecteurs déjà. On le voit, P-Bass est divisé en plusieurs parties, la section Midi, qui va gérer, je vous le donne dans le mille, les entrées et sorties midi.
(C’est amusant, j’ai l’impression que vous êtes de moins en moins nombreux). On peut constater que la gestion des informations Midi, même pour un instrument aussi simple, n’est pas une mince affaire.
On fait appel à des relais, à des racines carrées, à des opérateurs logiques, à des filtres… C’est de l’électronique embarquée !
Continuons à mettre les mains dans le cambouis, et regardons un peu comment est générée notre corde.
Aïe, aïe, aïe, des fonctions exponentielles, des rapports, des corrections d’enveloppe, des filtres, des sélecteurs…
Jetons un oeil à la section de filtrage et d’amplification.
Bon, là encore, on trouve un panel de fonctions utilisées dans tous les sens. Mais pour vous prouver que lorsqu’il n’y en a plus, il y en a encore, j’ai double-cliqué sur le module de normalisation (celui avec la barre marron, en haut à droite), et voici ce qu’on découvre.
Il en va ainsi pour les différentes sous-structures d’une structure.
Allez, un petit dernier pour la route, histoire de compléter le tableau, la zone d’effet et d’oscillateurs.
On se rend compte qu’on est face à un paradoxe comme je les aime : un instrument en apparence simple peut s’avérer en réalité complexe. Un instrument complexe n’est qu’une succession d’éléments simples, car tout au long de cette page, j’ai fait comme si tout était d’une atroce complexité, mais si on y regarde bien de plus près, cela reste compréhensible (« A coeur vaillant rien d’impossible »).
Il ne reste plus qu’à mettre la main à la pâte (après tout, forgeron peut être un noble métier). Il n’empêche, lorsqu’on voit à quoi ressemble la structure d’un petit synthé de basse, on ne peut être qu’admiratif devant la complexité de certains instruments, et je n’ose imaginer le nombre d’heures passées à leur création. Car décortiquer un instrument est une chose, mais partir d’une page blanche est une autre paire de manches.
A titre d’information, on trouve des modules de Midi, de math, de signal, d’oscillateurs, d’échantillonneur, de séquenceur, de LFO, d’enveloppe, de filtre, de delay, de modification audio, de processeur d’evénements, etc… mais également des macros toutes faites exploitant ces modules.
Pour ceux qui connaissent, le principe utilisé par Native est celui du Langage-G (graphique) qu’utilise National-Instruments (rien à voir avec Native-Instruments) avec son logiciel de programmation Labview, qui est utilisé dans certains laboratoires scientifiques. Ce langage permet de développer des exécutables sans rien connaître aux langages complexes, en ayant décrit simplement la structure (tiens, comme on se retrouve). Avec ce type de système, on définit en fait simplement l’algorithme du programme. Grâce à ce principe de câblage entre modules, au final, utilisateurs du Langage-G peuvent contrôler des appareils de laboratoire, analyser des mesures, remplir des bases de données… ou construire un synthétiseur virtuel !
Comparativement, je reprocherais à Reaktor ses modules trop austères, tous identiques, et qui empêchent une distinction aisée. Je regrette qu’il soit impossible de faire du pas à pas, en suivant les flux de données (distingués suivant le type) au fur et à mesure. Si bien que si on est face à la situation où aucun son ne sort du module… Il faut ramer pour trouver où notre cognition a fait défaut.
Conclusion
Il y a un détail qui ne trompe pas… Je l’estime révélateur : cela fait plusieurs semaines que j’ai reçu Reaktor et qu’on me met la pression pour rédiger ce test… Et au-delà de la phase d’apprentissage qui est probablement plus longue que pour un instrument virtuel plus classique, je me rends compte qu’à chaque fois que je lance Reaktor, je ne peux m’empêcher de jouer avec pendant dix minutes, un quart d’heure d’affilée avant d’écrire une ligne. Le seul remède est de débrancher mon clavier maître.
J’ai vraiment été agréablement surpris par les possibilités de Reaktor, par la qualité des sons que l’on peut obtenir avec un simple ordinateur, en génération totale (ie sans sample à l’origine).
Personnellement, je connaissais il y a encore quelques temps uniquement les grands principes de la synthèse. Grâce à Reaktor, j’ai appris bon nombre de choses en regardant « derrière » (chose impossible avec un instrument hardware, car même en l’ouvrant et faisant sauter par la même occasion la garantie, on n’y comprendrait rien).
Ayant un peu testé Csound et JMax (la version gratuite de Max) qui jouent dans la même catégorie, je dirais que la grande force de Reaktor, c’est une interface, quoi que j’en dise, agréable à programmer pour un créateur plus musicien qu’informaticien. Et je crois l’avoir déjà trop dit, l’un des atouts majeurs est la communauté relativement importante (par rapport à la niche dont nous parlons), car avec un éditeur comme Native, les réponses arrivent rapidement sur les forums, y compris de la part des modérateurs et des développeurs. Des petits défis sont même lancés comme par exemple des comparatifs Mac/PC, étant donné que les ensembles sont cross-plateforme.
Citons à présent les petits bémols. Bien que pour ce test je parle essentiellement de la version Stand Alone, ou simplement des instruments, je me sers principalement de Reaktor comme d’un plugin dans Logic.
Et là, les choses se corsent, car si l’utilisation en plugin est simple (pas besoin d’avoir une version tournant en application extérieure, comme avec Absynth par exemple), la version sur Mac en plugin pose problème. Et ce également avec les toutes dernières mises à jour de l’OS, de Logic, et de Reaktor. Les ensembles, même ceux livrés avec, plantent aléatoirement avec Logic, lorsqu’on les appelle depuis leur répertoire original. La solution (proposée par un membre du forum Reaktor, car Native n’en touche mot officiellement) est de sauvegarder à partir de la version stand alone l’ensemble dans le répertoire où se trouve le projet sous Logic. Lorsqu’on sait ce que l’on veut, ça ne pose pas de problème, mais lorsque l’on scrute, que l’on cherche des idées, avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête engendre un manque de créativité.
Autre détail frustrant, Reaktor, véritable usine à gaz (à gaz ou nucléaire ?) peut s’avérer être un glouton friand de qui trouve que le CPU est un mets délicat et tout à son goût. Sachant cela, j’ai acheté un double-CPU, qui est malheureusement non géré par Reaktor (alors qu’il est possible d’utiliser les CPU d’autres machines en réseau, à condition d’avoir un Reaktor, donc une licence tournant sur chaque machine – une explication ?). Du coup, paradoxalement, pour pouvoir en faire plus avec mes CPU, je dois lancer une application supplémentaire, Logic, qui lui gère très bien les multiprocesseurs.
Bien que n’ayant pas testé Reakror sur PC, je tiens à préciser que ces problèmes ne semblent pas être rencontrés par les utilisateurs de la version VSTi sous Windows.
Point de vue subjectif
Commençons par l’interface. Bien qu’une grande amélioration ait été apportée depuis les versions antérieures, les interfaces restent un peu trop rustiques, version sous-marin nucléaire soviétique. Ce qui, pour un artiste, est parfois un facteur bloquant. Certaines interfaces sont vraiment lourdes, et l’information n’est pas facilement visible. D’autres au contraire sont magnifiques (je parle là aussi bien des ensembles Native que des ensembles Utilisateurs).
Ceci s’explique selon moi de la façon suivante et amène un autre sujet : trop de possibilités, tue ses possibilités. Reaktor est capable de faire tellement de choses que chacune d’entre elles semble parfois sous-exploitée. Du moins, les presets ne laissent pas transparaître toutes les possibilités d’un instrument. Et comme on a souvent tendance à vouloir essayer tous les instruments tout de suite, on essaye deux ou trois preset, et s’ils ne nous convainquent pas, l’instrument tombe aux oubliettes, alors qu’il aurait la potentialité d’un plugin à 300 EUR (ou trouve parfois de véritables perles dans la bibliothèque en ligne).
A mes yeux donc, cette avalanche de possibilités d’ensemble est un bien comme un mal pour qui ne sait être patient. Il faut des heures et des heures de manipulation pour aller dans tous les recoins de la bête.
Pour qui ?
La question que tout le monde se pose, c’est : à qui s’adresse Reaktor ? Bien prétentieux est celui qui voudrait apporter une réponse définitive.
Pour ma part voici la mienne : à tous ceux qui ne sont pas de simples consommateurs, et qui savent que ce qu’ils savent n’est rien comparé à ce qui leur reste à savoir, à apprendre et à découvrir. Hem… Essayons d’être plus précis. Les cibles de Reaktor sont nombreuses. La première qui vient à l’esprit, c’est les musiciens de l’électro. Cela parait évident, mais devant les possibilités créatives, on ajoutera les sound designers, les ingénieurs du son, qui veulent se créer leur propres effets. Soyons fous, ajoutons aussi les scientifiques qui veulent rendre plus ludiques leurs lourdes théories (et là, je ne parle pas dans le vide, puisque je connais un professeur de traitement du signal d’une école supérieure réputée qui est très intéressé par les possibilités de Reaktor dans son domaine, comme présentation à ses étudiants).
En revanche je déconseille Reaktor à celui qui veut tout, tout de suite. Même s’il ne veut pas créer ses outils. Je l’orienterais plutôt vers un Reason, par exemple, qui demeure plus accessible.
Et Reaktor Session ? Mon avis reste mitigé sur ce point. Car pour celui qui ne veut pas se prendre le choux, une fois de plus, qu’il passe son chemin. Celui qui se dit « j’achète Session, puis je passerai à la version complète », ne passera jamais à la version complète. Pourquoi ? Car il devra payer plus pour se retrouver avec le même outil, et n’aura pas le courage de s’y mettre sérieusement. Il préfèrera continuer à utiliser ce que les autres feront pour lui, or pour moi, la philosophie de Reaktor, c’est la potentialité. Avec un tel outil « il est possible de… » l’utilisateur Lambda (vous, moi) a, avec Reaktor 4, les outils pour matérialiser un jour une idée qui germera. Mais cette idée ne germera jamais s’il n’y a pas une terre fertile pour l’accueillir. Reaktor Session s’adresse selon moi plus à quelqu’un qui possède déjà Reaktor et qui veut pouvoir exploiter des ensembles sur une autre [def]DAW[/def], ou bien à quelqu’un qui a repéré des ensembles qui lui conviennent, et ne tient pas à dépenser une fortune.
Quel « niveau d’études » pour la création d’un ensemble ?
Dire qu’une telle entreprise est à la portée de tout le monde est faux. Il ne faut pas se leurrer, cela reste tout de même un réel travail. Moi même, pour m’y être essayé, je peux vous dire qu’obtenir un son d’une exceptionnelle nullité est on ne peut plus simple, mais qu’obtenir quelque chose de convenable et d’exploitable (j’entends par là un bontempi – noel 1983) nécessite un investissement lourd, surtout pour celui qui n’a aucune connaissance en synthèse, en mathématique, en physique ou en programmation informatique. A moins de s’essayer à la bidouille hasardeuse, mais là, rares sont les succès retentissants.
Une fois de plus, celui qui n’a pas peur de faire l’effort d’apprendre, de lire 550 pages d’un manuel, de faire preuve d’un peu de jugeote, peut finir par créer quelque chose de potable. La première fois, l’instrument ainsi créé sera certainement rustique, puis la fois suivante, ça le sera moins, puis de fil en aiguille on finira par créer un instrument magnifique, optimisé pour consommer le moins de CPU possible, tout en donnant une ampleur sans précédant au son. Bref, c’est comme la composition : plus on travaille et plus le résultat est satisfaisant.
La grosse limitation de Reaktor c’est nous même. Il est théoriquement possible de tout faire. Créer toutes sortes d’instruments d’effets, de la même facture que les plus grands outils qui valent parfois de petites fortunes, est du domaine du possible avec Reaktor. Le prix de ces applications est généralement justifié, non pas par la taille du programme, non pas par leur application, mais par toutes les connaissances, et l’intelligence, les détails, qui ont été mis en oeuvre pour arriver à ce résultat.
Je tiens enfin à signaler que cet article n’est qu’une partie de ce qui peut être dit sur Reaktor. Il a pour but de présenter, dans un premier temps, cet instrument virtuel singulier, tel que je l’ai découvert. Je veillerai à ce qu’il soit complété par la suite. Car à l’image de ses instruments, Reaktor est un outil complexe et vaste; il y a donc de nombreuses possibilités que je n’ai pas abordées ici. On trouve par exemple la possibilité de passer d’un snapshot à un autre par morphing sonore, ou encore, la possibilité de créer une sorte de cluster Reaktor, via l’OSC, sur un réseau IP.
Viendront également les possibilités que l’on peut en attendre, avec par exemple les effets exploités dans un séquenceur grâce à Reaktor FX, avec certains effets tout simplement magnifiques.