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Test de HALion Sonic de Steinberg - ROM arrangée

8/10

Avec HyperSonic puis HyperSonic 2, Steinberg avait accouché il y a quelques années de boîtes à outils assez fabuleuses pour le songwritter : des sons à foison, de belles possibilités en terme de traitement et d'édition, le tout dans une interface très simple d'utilisation. On n'est donc pas mécontent de voir Halion Sonic reprendre le flambeau de la 'Workstation' virtuelle, avec suffisamment de nouveautés et d'améliorations pour nous faire oublier ses glorieux aînés.

Des affres de la sous-trai­tance : parce que, durant des années, Stein­berg avait confié la réali­sa­tion de ses banques de sons à Wizoo, le papa de Cubase se trouva fort dépourvu lorsque son petit pres­ta­taire fut racheté par Avid, et il dut alors entre­prendre un sérieux ménage au sein de sa gamme d’ins­tru­ments virtuels. Si certains softs ont pure­ment et simple­ment disparu du cata­logue (Virtual Guita­rist et Virtual Bassist), d’autres ont fait l’objet d’une refonte totale : c’est le cas de The Grand qui, dans sa troi­sième version, s’est vu doté d’une toute nouvelle banque de sons, mais c’est aussi le cas de la works­ta­tion virtuelle Hyper­So­nic qui nous revient aujour­d’hui sous le nom d’Ha­lion Sonic.

Steinberg HALion Sonic

Si la filia­tion est évidente dans le concept (une  boîte de 1232 sons ou boucles avec de nombreuses possi­bi­li­tés tant en trai­te­ment qu’en édition ou program­ma­tion) et dans le design de l’in­ter­face graphique, c’est bien d’un logi­ciel complè­te­ment nouveau qu’il s’agit puisqu’il combine un nouveau moteur audio (vrai­sem­bla­ble­ment une préver­sion de celui d’Halion 4) et une toute nouvelle banque d’une dizaine de Go, le tout ayant été réalisé en colla­bo­ra­tion avec Yamaha, et plus préci­sé­ment avec les sound desi­gners ayant bossé sur les claviers MOTIF. Rien que ça…

Dissi­pons à ce stade un premier malen­tendu : HALion Sonic n’est pas une version logi­cielle du MOTIF, sans quoi il porte­rait ce nom auréolé de gloire. Conve­nons qu’il est un cousin logi­ciel du clavier de Yamaha, qui en reprend bien évidem­ment certains sons et certaines idées tout en les proje­tant dans le concept de base d’Hy­per­So­nic : le couteau suisse pour song­writ­ter…

Ceci étant précisé, passons main­te­nant à l’ins­tal­la­tion avant de détailler l’ana­to­mie du bébé.

Céteupe

Steinberg HALion Sonic

Squat­tant deux DVD, le logi­ciel s’ins­talle en version 32 ou 64 bits sur Mac OS X, Windows Vista ou Seven. La boîte n’in­dique pas de compa­ti­bi­lité avec Windows XP, même s’il semble toute­fois qu’il n’y ait pas d’in­com­pa­ti­bi­lité non plus, aux dires de certains utili­sa­teurs sur les forums de Cubase.net. Si la config mini­mum est rela­ti­ve­ment raison­nable puisqu’elle fait état d’un proces­seur Dual Core cadencé à 2 GHz et de 2 Go de RAM, notons tout de même qu’on est très loin des modestes besoins d’Hy­per­So­nic. Tout augmente, ma bonne dame et si je n’ai eu aucun problème de stabi­lité ni de perfor­mance sur ma machine de test (un Core 2 Quad à 2,40 GHz avec 6 Go de RAM sous Windows Seven 64 bits), je ne mettrais pas ma main au feu que le logi­ciel soit à son aise sur un Netbook. Soyez préve­nus.

L’ins­tal­la­tion est sans histoire, tout comme l’en­re­gis­tre­ment sur la clé Synchro­soft proté­geant le soft du pira­tage. Le seul petit bémol vient du fait que certains éléments doivent être instal­lés à la main : ça se comprend pour les projets de démo four­nis, très acces­soires, mais c’est moins compré­hen­sible pour ce qui concerne les fichiers VSTex­pres­sion Map, qu’il faudra copier/coller soi-même depuis le disque dur pour pouvoir les retrou­ver ensuite sous Cuba­se…

Retrou­vailles

Steinberg HALion Sonic

Stein­berg n’a pas cher­ché à remettre en ques­tion les grands prin­cipes ergo­no­miques d’Hy­per­So­nic et c’est tant mieux. À l’ou­ver­ture, vous êtes ainsi accueilli par l’on­glet Load qui vous permet de char­ger immé­dia­te­ment un son dans un des 18 slots dispo­nibles, via un gestion­naire de presets évolué comme on en trouve désor­mais dans tous les softs Native Instru­ments et Spec­tra­so­nics, ou encore dans Cubase avec le Media­Bay : nom, caté­go­rie et  sous-caté­go­rie, genre et sous-genre, nota­tion, commen­taires, ce sont là autant de para­mètres qui vous permettent de filtrer les sons dispo­nibles, un moteur de recherche en temps réel restant dispo­nible. Évidem­ment, vous pouvez choi­sir de ne voir que les presets d’usine ou vos presets perso, les patchs, les layers utili­sés dans les patchs ou encore les multis qui disposent de leur onglet dédié : dans ce dernier, vous pour­rez assem­bler jusqu’à 16 instru­ments, en ajus­tant volume et pano­ra­mique pour chaque et sauve­gar­der le tout dans un preset rappe­lable en un clin d’oeil. Même si l’on aurait aimé dispo­ser d’un mode Aperçu des patchs ou des boules depuis cette fenêtre, c’est complet et, tout comme  les diffé­rents panneaux du logi­ciel, bien orga­nisé en un mini­mum de place, ce qui permet à Stein­berg d’amé­lio­rer ce qui était déjà un des points forts du logi­ciel : les contrô­leurs Quick Control.

Steinberg HALion Sonic

De quoi s’agit-il? De huit molettes (soit deux de plus que dans Hyper­so­nic) qui surplombent le clavier au bas  de la fenêtre et qui peuvent être affec­tées à n’im­porte quel para­mètre d’un patch : attaque, déclin, relâ­che­ment, mais aussi niveau ou para­mé­trage d’un effet, mixage entre les layers, etc. Là où Stein­berg fait fort, c’est qu’on dispose d’un jeu de 8 molettes assi­gnables au niveau du patch, mais aussi de 8 molettes pour chacun des 4 layers suscep­tibles de le consti­tuer. Et comme si cette débauche de contrôles acces­sibles ne suffi­sait pas, on a aussi droit, en plus des habi­tuelles molettes de modu­la­tion et de Pitch Bend, à 8 pads pour trig­ger n’im­porte quelle note ou accord et à un track­ball virtuel faisant office de pad X/Y. Autant dire qu’au prix d’un peu de MIDI Learn et à la faveur d’un clavier maître bardé de contrôles, vous devriez pouvoir para­mé­trer n’im­porte quel son sans avoir à jouer de la souris : un aspect inté­res­sant pour une poten­tielle utili­sa­tion en Live.

Que ceux que la program­ma­tion rebute ne soient pas effrayés : chaque preset dispose d’un mapping des Quick Controls prêt à l’em­ploi, toujours rela­ti­ve­ment judi­cieux. Bref, on peut tout à fait s’écla­ter avec Halion Sonic sans aller plus loin dans le logi­ciel, même s’il serait dommage de ne pas mettre les mains sous le capot pour voir ce qui s’y passe.

Steinberg HALion Sonic

Moto­ri­sa­tion alle­mande

Côté moteur, c’est donc Halion qui a été mis à contri­bu­tion, Halion qui sait faire de la lecture en strea­ming depuis le disque dur, et dont vous pouvez affi­ner les réglages pour gagner en perfor­mance depuis l’on­glet Options (Pour­cen­tage de CPU maxi­mum alloué, nombre de voix maxi­mum, balance entre l’uti­li­sa­tion de la RAM et du disque dur, mode éco pour les oscil­la­teurs). J’en profite pour le souli­gner de nouveau : en char­geant de gros multis, je n’ai pas eu de problèmes de stabi­lité ou de perfor­mances sur ma machine, même si, bien évidem­ment, les possi­bi­li­tés d’édi­tion et de trai­te­ment, que nous détaille­rons plus tard, sont telles qu’il est tout à fait possible de mettre votre PC à genoux sur des program­ma­tions complexes.

Commençons pour l’heure à détailler les para­mé­trages basiques du logi­ciel qui nous attendent dans les onglets MIDI, Mix et Effects.

Steinberg HALion Sonic

Dans MIDI, vous retrou­ve­rez sans surprise tout ce qui vous permet de gérer le mapping et le para­mé­trage MIDI des instru­ments. C’est ici que vous défi­ni­rez pour chacun le canal utilisé, la poly­pho­nie maxi­mum, l’éven­tuelle trans­po­si­tion des notes, mais c’est égale­ment depuis ce panneau que vous pour­rez assi­gner à un programme telle ou telle plage de notes ou de vélo­ci­tés : avoir un violon sur les attaques faibles et un piano sur les attaques fortes par exemple, ou encore, placer un orgue sur les octaves basses et une guitare doublée d’un saxo­phone sur les octaves hautes.

Steinberg HALion Sonic

Dans le sillage de cet onglet, Mix reprend en partie les options de l’on­glet Multis en vous permet­tant de régler le volume et le pano­ra­mique pour chaque instru­ment chargé, mais aussi sa sortie audio (à choi­sir parmi 16) et surtout le niveau d’en­voi dans les 4 bus d’ef­fets propo­sés par le logi­ciel.

Direc­tion l’on­glet Effects donc, où nous attendent 4 bus propo­sant chacun 4 slots d’ef­fets (avec, ce qui sera très pratique au mixage, la possi­bi­lité de défi­nir la sortie audio de chaque bus) plus un cinquième bus Master de 4 slots lui aussi.

Steinberg HALion Sonic

Dans chaque slot, vous pour­rez au choix char­ger un des 17 effets propo­sés par le logi­ciel : un panner stéréo, un gate, un expan­deur, un limi­teur, un compres­seur, un vibrato, une Leslie, un trémolo, un phaser, un flan­ger, un chorus, un simu­la­teur d’am­pli, un EQ graphique 10 bandes, un EQ para­mé­trique 4 bandes, un delay stéréo, une réverbe algo­rith­mique et enfin REVe­rence, une réverbe à convo­lu­tion ne permet­tant pas hélas de char­ger ses propres réponses à impul­sion, mais offrant tout de même une vaste collec­tion de presets. Bref, en dehors d’un effet pensé pour le Lo-FI (Bit-Crusher/Donw­sam­pler/Disto) que pourra éven­tuel­le­ment rempla­cer le simu­la­teur d’am­pli et peut-être d’un module permet­tant de bidouiller les formants du son, rien ne manque à l’ap­pel. Et comme tous ces effets disposent d’une foule de para­mètres et de presets qui ne demandent qu’à maltrai­ter la sympa­thique banque de sons du logi­ciel, on a déjà un bel aperçu de la puis­sance d’Ha­lion Sonic.

Or, on n’a encore rien vu puisque la partie la plus impres­sion­nante du logi­ciel se trouve dans ce petit onglet qui piaffe d’im­pa­tience qu’on lui clique dessus. Et qui s’ap­pelle Edit.

Edit piaffe

Steinberg HALion Sonic

Alors on clique. Et là, c’est l’ex­tase : 6 nouveaux onglets nous attendent. Le premier, baptisé Program, permet de régler les réglages globaux du patch et des layers qui le consti­tuent : Acti­va­tion/Désac­ti­va­tion, Mute, Solo, Niveau, Pan mais aussi le niveau d’en­voi de chaque layer dans l’un des 4 bus d’ef­fet du logi­ciel et la sortie audio à laquelle il est assi­gné.

Dans la partie basse, QC permet de gérer les assi­gna­tions des Quick Control dont nous parlions précé­dem­ment, Ranges de défi­nir les zones de clavier ou de vélo­cité attri­buées à chaque layer et FlexP d’ac­cé­der à la partie Arran­geur d’Ha­lion Sonic… Évidem­ment, il serait tentant de parler de cela tout de suite, mais parlons d’abord des 5 autres sous-onglets de l’on­glet Edit, à commen­cer par L1, L2, L3 et L4 qui donnent accès à l’édi­tion de chaque Layer compo­sant le patch.

Et là, c’est la bouche­rie façon poupée russe parce qu’en cliquant sur un de ces sous-onglets, on découvre encore une sous-couche de sous sous onglets. Pour un même layer, vous pouvez ainsi vous bala­der :

  • dans le panneau Voice où vous attendent les réglages de poly­pho­nie, de trig­ging mais aussi l’unis­son ou le glide
  • dans le panneau Pitch où se gère la zone de débat­te­ment du pitch bend et l’ac­cor­dage fin du layer
  • dans le panneau Filter où vous pouvez mettre en série ou en paral­lèle jusqu’à 4 filtres à choi­sir parmi 24, avec possi­bi­lité de morpher entre les filtres via un pad X/Y et réglage pour chacun de la fréquence de coupure, de la réso­nance et de la réac­ti­vité de ces para­mètres à la vélo­cité
  • dans le panneau Ampli­fier où vous pouvez défi­nir l’im­pact de la vélo­cité sur le niveau du layer, mais aussi brico­ler un auto pan avec un soupçon d’aléa­toire répon­dant lui aussi à la vélo­cité.
Steinberg HALion Sonic 

C’est tout? Ah ben non, même pas, vu qu’en dessous de tout ça, on a encore droit à toute la partie modu­la­tion et une dizaine de nouveaux onglets : 4 enve­loppes multi­points pour le pitch, le volume, le filtre ou un para­mètre utili­sa­teur (en gros ce que vous voulez), 4 LFOs synchro­ni­sables ou pas et un Step Modu­la­tor, tout ce petit monde étant soumis au routage d’une bonne vieille matrice de modu­la­tion à 32 colon­nes…

 

Steinberg HALion Sonic

Comme dirait un orque dans un jeu massi­ve­ment multijoueur : WoW! Après ça, on se méfie­rait presque en cliquant sur le dernier onglet du panneau Edit : Insert. Et on a bien raison de se méfier car là encore, Halion Sonic fait fort : Insert, c’est tout bonne­ment une nouvelle occur­rence de la section d’ef­fets que nous avons décrite plus haut, cette dernière permet­tant d’in­sé­rer jusqu’à 4 effets sur chacun des 4 layers (à choi­sir parmi 17), et quatre effets à la globa­lité du patch.  Je résume donc : un patch peut conte­nir 4 layers avec 4 effets pour chaque, en plus des 4 effets d’in­serts communs à tous les layers. On en est déjà à pouvoir utili­ser 20 effets diffé­rents rien qu’au niveau des patchs, lesquels pour­ront être envoyés dans la section d’ef­fet prin­ci­pale où 20 slots vous attendent enco­re…

Rien qu’entre la section d’ef­fet et la section de modu­la­tion du soft, vous avez donc de quoi vous occu­per pendant une ving­taine d’an­nées. Or, il reste encore un énorme morceau à évoquer : Flex-P.

Un petit air de MOTIF

On l’a dit : il y a un peu du Motif de Yamaha dans Halion Sonic et c’est dans la fonc­tion Flex-P que cela est le plus mani­feste. Flex-P, c’est la partie Arran­geur du logi­ciel, qui vous permet d’ac­cé­der à une coquette biblio­thèque de patterns prêts à l’em­ploi. C’est ici que l’on trou­vera diffé­rents motifs d’ar­pé­gia­teurs pour les synthés, mais aussi un grand nombre de séquences pour les prin­ci­paux instru­ments   du logi­ciel : guitare, piano, cordes, cuivres, batte­rie, etc. Or, il y a dans ces motifs quan­tité de choses extrê­me­ment inté­res­santes pour se bâtir un arran­ge­ment vite fait bien fait : pompe blues ou ryth­miques flamenco pour les guitares, lignes de basses toutes prêtes, accom­pa­gne­ments de cuivres Rythm’n’­Blues, pianos élec­triques funkys, grooves de batte­rie dans tous les styles : tout est là, parfai­te­ment programmé pour tirer le meilleur de la banque de sons et  pour pouvoir jeter les bases d’une compo vite fait bien fait et en un mini­mum de doigts, avec une souplesse extra­or­di­naire.

Steinberg HALion Sonic

Comme nous avons en effet à faire à des séquences MIDI et non à des boucles audio bête­ment trans­po­sées et comme ce module est à mi-chemin entre l’ar­ran­geur et l’ar­pé­gia­teur, vous pouvez en effet faire coller chaque motif à votre grille harmo­nique, si complexe soit-elle, mais aussi jouer sur diffé­rents para­mètres : swing de la séquence, plage de sustain et de vélo­cité des notes, tempo rela­tif, etc. Du coup, on se retrouve avec un instru­ment rela­ti­ve­ment origi­nal dans le secteur logi­ciel et qui ravira ceux qui veulent pouvoir réali­ser des program­ma­tions crédibles en un mini­mum d’ef­fort, avec un petit côté ‘boîte à idées’ très perti­nent.

Bien évidem­ment, si vous ne voulez pas sonner comme tous les autres posses­seurs du logi­ciel, vous aurez inté­rêt à modé­rer le recours à cette partie du soft et à travailler à l’an­cienne, dans le piano roll du séquen­ceur. On regrette à ce sujet le fait que la matière brute de cette biblio­thèque de motifs ne soit pas acces­sible à l’uti­li­sa­teur : on ne peut pas éditer la parti­tion des séquences depuis Halion Sonic ni même les récu­pé­rer comme de simples conte­neurs dans le séquen­ceur, comme on le fait par exemple avec les grooves d’EZ­drum­mer via un simple cliquer/glis­ser. Il faudra donc se débrouiller tout seul dans le Piano Roll, Stein­berg nous faci­li­tant tout de même les choses via la norme VST Expres­sion, exclu­si­vité de Cubase (depuis l’édi­teur, vous dispo­sez grâce au Mapping VST Expres­sion d’un contrô­leur Arti­cu­la­tions qui permet de program­mer rela­ti­ve­ment intui­ti­ve­ment vos séquences).

Tant qu’on est au chapitre des reproches, on trou­vera dommage que le module Flex-P soit remisé dans le gargan­tuesque onglet Edit, ce qui fait qu’au moindre chan­ge­ment de son, l’uti­li­sa­teur perd les réglages de cette section : il est ainsi fasti­dieux de compa­rer les sons de diffé­rents presets de guitare sur un même motif de strum­ming par exemple.

Enfin, on regret­tera que la biblio­thèque de motifs n’ait pas béné­fi­cié d’un navi­ga­teur un peu plus évolué, comme pour les presets : impos­sible de se faire une liste de favo­ris, ni même d’an­no­ter les séquences, cepen­dant que les sous-menus de sous-menus rendent la sélec­tion pénible. Et vu que les noms des motifs ne sont pas toujours expli­ci­tes…

Bref, pas mal de petites choses qu’on espère voir corri­gées dans la prochaine mise à jour du logi­ciel. Car oui, Stein­berg a d’ores et déjà annoncé l’ar­ri­vée d’un update, dont le prin­ci­pal objec­tif sera de combler le plus gros défaut d’Ha­lion Sonic : sa banque de sons.

Faîtes sauter la banque

Steinberg HALion Sonic

Commençons en effet tout de suite avec les détails qui fâchent : le soft a beau se vanter d’ali­gner 1200 et quelques presets, sa banque compte quelques sections hyper­tro­phiées au détri­ment de quelques autres : on dispose ainsi d’une belle collec­tion de boucles élec­tro­niques, de quan­tité de saxo­phones, clavi­nets, pianos acous­tiques et élec­triques, d’une énorme masse de synthés, mais en marge de cela, pas de harpe et quasi­ment pas d’ins­tru­ments ethniques : ni Sitar, si Shami­sen, ni Koto, etc.

De fait, le logi­ciel ne peut prétendre à la compa­ti­bi­lité Gene­ral MIDI, ce qui était pour­tant le cas des anciens Hyper­So­nic et qui gênera plus d’un utili­sa­teur. Cela est d’au­tant plus étrange que dans le gestion­naire de presets, certaines caté­go­ries sont vides (Other dans Vocal et dans Wood­winds), lais­sant présa­ger qu’un son aurait dû s’y trou­ver, mais qu’il n’a pas fait partie de la version finale du logi­ciel. Bref, ça ternit un peu l’image l’en­semble, même si, je vous rassure, la qualité du reste et sa variété permettent déjà de faire quan­tité de choses.

On ne sera pas surpris de ce côté : les Sound Desi­gners de Yamaha ne sont pas des débu­tants et ils livrent  une banque à la fois extrê­me­ment homo­gène dans sa qualité et dans la façon dont les instru­ments inter­agissent entre eux, au niveau de celles que l’on trouve dans les meilleures works­ta­tions hard­ware du marché, avec toutes les quali­tés et les défauts que cela suppose.

Si d’un côté, la program­ma­tion des patches n’offre aucun défaut flagrant (pas de sauts de vélo­ci­tés, pas d’aber­ra­tion dans la prise de son) et quelques franches réus­sites (un Warm Piano autre­ment plus plai­sant que ceux des anciens Hyper Sonic, et très poly­va­lent), on se retrouve vite, cepen­dant, devant les défauts d’une « petite » banque de sons de 10 Go.

Steinberg HALion Sonic

De fait, avec 4 couches de vélo­ci­tés seule­ment, un nombre très limité d’ar­ti­cu­la­tions et pas de Round Robin, Halion Sonic montre vite ses limites en termes de réalisme. S’il peut riva­li­ser avec des claviers 10 fois plus chers, un Cake­walk Dimen­sion Pro, lui aussi doté de belles possi­bi­li­tés de trai­te­ments, ou encore un Sample­tank dont la plupart des sons, en dehors des cuivres solos toujours sympa­thiques, ont énor­mé­ment vieilli, il ne fera donc aucune ombre à un BFD, à une Vienna, un Trilian ou à un Ivory Grand Piano, entre autres. Et il aura du mal à s’im­po­ser devant les 90 Go de sons livrés avec une Komplete 7, certes deux fois plus chère.

D’un côté, les claviers acous­tiques, élec­triques ou élec­tro­niques sont ainsi très bien foutus, mais les basses, bien que très exploi­tables et soignées, sonnent un peu raide, et les cordes ou les cuivres un peu trop arti­fi­ciels. Quant aux batte­ries, elles ont vite fait de payer le manque de couches de vélo­cité : c’est vite grillé sur des cymbales à la double croche, et du coup, les rythmes acces­sibles dans Flex-P sonnent très boîte à rythmes.

Steinberg HALion Sonic

Profi­tons d’ailleurs de l’oc­ca­sion pour évoquer les très nombreuses boucles audio inté­grées à la banque et qui sont pour l’es­sen­tiel des grooves élec­tro ou hip-hop. Chaque boucle est trans­po­sée sur deux octaves et décou­pée façon Rex sur une autre : ça sonne bien et c’est toujours bon à prendre, même si ça reste, selon moi, l’un des aspects les plus anec­do­tiques du logi­ciel…

Bref, côté banque, Halion Sonic fait la blague pour peu qu’on n’en attende pas trop de lui car, si je puis dire, il a le son « cheap de qualité » qu’on trouve sur un clavier à 2000 €. De fait, ceux qui trouvent qu’un Motif, un Fantom ou un Oasys sonnent super bien se senti­ront tout à fait à l’aise avec les sons propo­sés. Quant aux autres dont je fais partie, ils devront garder à l’es­prit la voca­tion du logi­ciel : être une boîte à sons poly­va­lente qui permette de maquet­ter vite et bien une idée, quitte à effec­tuer les rendus défi­ni­tifs avec des logi­ciels plus poin­tus, ou mieux, avec de vrais instru­men­tistes.

Dans tous les cas, la banque propo­sée par le logi­ciel est très supé­rieure en termes de qualité à celle d’Hy­per­So­nic. Et vu les possi­bi­li­tés offertes par le soft en terme de trai­te­ment ou d’édi­tion, on aurait vrai­ment tort de crier au scan­dale : il y a vrai­ment de quoi faire, comme l’illus­trent les exemples suivants qui piochent allé­gre­ment dans les motifs Flex-P… 

epiano
00:0000:29
  • epiano00:29
  • clas­sic00:36
  • guita­reac00:36
  • flex­bal­lad00:24
  • flamen­coe­lec­tro00:32
  • piano00:29
  • testha­lion­synth00:48
  • strings00:24
  • flex­funk00:40
  • drums00:32
  • brass00:24
  • guita­ree­lec00:36

Conclu­sion

Certes, on le voudrait plus ouvert, plus complet et doté de sons d’en­core meilleure qualité, mais consi­dé­rant les apports de cette version par rapport aux anciens Hyper­So­nic, HALion Sonic est à n’en pas douter une des plus brillantes réus­sites de Stein­berg. En béné­fi­ciant du savoir-faire de Yamaha en matière de Sound Design ou d’al­go­rithmes d’ar­ran­ge­ment, et à la faveur d’énormes possi­bi­li­tés côté trai­te­ment et édition, le logi­ciel réus­sit à se démarquer de la concur­rence des romplers géné­ra­listes par sa richesse globale.

À qui le conseiller ? Aux song­writ­ters en premier lieu, parce qu’il est un formi­dable compa­gnon pour écrire des chan­sons, et que son module Flex-P stimule véri­ta­ble­ment la créa­ti­vité. À ceux aussi qui veulent retrou­ver, à la scène ou en studio, le feeling d’une works­ta­tion hard­ware dans un plug-in. À ceux enfin qui cherchent juste une énorme boîte à sons homo­gènes avec un juste équi­libre entre sophis­ti­ca­tion et ergo­no­mie, et un paquet de séquences bien foutues pour réali­ser des lignes crédibles en deux coups de cuillère à pot…

Bref, un très bon plug dont on espère qu’il fera l’objet d’un suivi assidu de la part de Stein­berg…

 

Notre avis : 8/10

  • Interface très claire et ergonomie aux petits oignons
  • Les Quick Controls, bien pratiques
  • Section d’effets plus que complète
  • Possibilités d’édition très poussées
  • L’arpégiateur/arrangeur Flex-P : un vrai bonheur
  • Qualité et homogénéité de la banque de sons
  • Un parfait couteau suisse pour musicien
  • Une vraie et belle refonte du concept d’HyperSonic
  • Rapport qualité/prix
  • Ni bugs ni instabilité
  • Certains instruments aux abonnés absents d’où l’incompatibilité GM
  • Flex-P mériterait un grand onglet à lui tout seul et un navigateur de presets
  • Impossibilité d’éditer en MIDI les arrangements Flex-P
  • Une banque à la hauteur des workstations hardware… mais loin d’être au niveau des instruments virtuels de référence de nos jours

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