Avec HyperSonic puis HyperSonic 2, Steinberg avait accouché il y a quelques années de boîtes à outils assez fabuleuses pour le songwritter : des sons à foison, de belles possibilités en terme de traitement et d'édition, le tout dans une interface très simple d'utilisation. On n'est donc pas mécontent de voir Halion Sonic reprendre le flambeau de la 'Workstation' virtuelle, avec suffisamment de nouveautés et d'améliorations pour nous faire oublier ses glorieux aînés.
Des affres de la sous-traitance : parce que, durant des années, Steinberg avait confié la réalisation de ses banques de sons à Wizoo, le papa de Cubase se trouva fort dépourvu lorsque son petit prestataire fut racheté par Avid, et il dut alors entreprendre un sérieux ménage au sein de sa gamme d’instruments virtuels. Si certains softs ont purement et simplement disparu du catalogue (Virtual Guitarist et Virtual Bassist), d’autres ont fait l’objet d’une refonte totale : c’est le cas de The Grand qui, dans sa troisième version, s’est vu doté d’une toute nouvelle banque de sons, mais c’est aussi le cas de la workstation virtuelle HyperSonic qui nous revient aujourd’hui sous le nom d’Halion Sonic.
Si la filiation est évidente dans le concept (une boîte de 1232 sons ou boucles avec de nombreuses possibilités tant en traitement qu’en édition ou programmation) et dans le design de l’interface graphique, c’est bien d’un logiciel complètement nouveau qu’il s’agit puisqu’il combine un nouveau moteur audio (vraisemblablement une préversion de celui d’Halion 4) et une toute nouvelle banque d’une dizaine de Go, le tout ayant été réalisé en collaboration avec Yamaha, et plus précisément avec les sound designers ayant bossé sur les claviers MOTIF. Rien que ça…
Dissipons à ce stade un premier malentendu : HALion Sonic n’est pas une version logicielle du MOTIF, sans quoi il porterait ce nom auréolé de gloire. Convenons qu’il est un cousin logiciel du clavier de Yamaha, qui en reprend bien évidemment certains sons et certaines idées tout en les projetant dans le concept de base d’HyperSonic : le couteau suisse pour songwritter…
Ceci étant précisé, passons maintenant à l’installation avant de détailler l’anatomie du bébé.
Céteupe
Squattant deux DVD, le logiciel s’installe en version 32 ou 64 bits sur Mac OS X, Windows Vista ou Seven. La boîte n’indique pas de compatibilité avec Windows XP, même s’il semble toutefois qu’il n’y ait pas d’incompatibilité non plus, aux dires de certains utilisateurs sur les forums de Cubase.net. Si la config minimum est relativement raisonnable puisqu’elle fait état d’un processeur Dual Core cadencé à 2 GHz et de 2 Go de RAM, notons tout de même qu’on est très loin des modestes besoins d’HyperSonic. Tout augmente, ma bonne dame et si je n’ai eu aucun problème de stabilité ni de performance sur ma machine de test (un Core 2 Quad à 2,40 GHz avec 6 Go de RAM sous Windows Seven 64 bits), je ne mettrais pas ma main au feu que le logiciel soit à son aise sur un Netbook. Soyez prévenus.
L’installation est sans histoire, tout comme l’enregistrement sur la clé Synchrosoft protégeant le soft du piratage. Le seul petit bémol vient du fait que certains éléments doivent être installés à la main : ça se comprend pour les projets de démo fournis, très accessoires, mais c’est moins compréhensible pour ce qui concerne les fichiers VSTexpression Map, qu’il faudra copier/coller soi-même depuis le disque dur pour pouvoir les retrouver ensuite sous Cubase…
Retrouvailles
Steinberg n’a pas cherché à remettre en question les grands principes ergonomiques d’HyperSonic et c’est tant mieux. À l’ouverture, vous êtes ainsi accueilli par l’onglet Load qui vous permet de charger immédiatement un son dans un des 18 slots disponibles, via un gestionnaire de presets évolué comme on en trouve désormais dans tous les softs Native Instruments et Spectrasonics, ou encore dans Cubase avec le MediaBay : nom, catégorie et sous-catégorie, genre et sous-genre, notation, commentaires, ce sont là autant de paramètres qui vous permettent de filtrer les sons disponibles, un moteur de recherche en temps réel restant disponible. Évidemment, vous pouvez choisir de ne voir que les presets d’usine ou vos presets perso, les patchs, les layers utilisés dans les patchs ou encore les multis qui disposent de leur onglet dédié : dans ce dernier, vous pourrez assembler jusqu’à 16 instruments, en ajustant volume et panoramique pour chaque et sauvegarder le tout dans un preset rappelable en un clin d’oeil. Même si l’on aurait aimé disposer d’un mode Aperçu des patchs ou des boules depuis cette fenêtre, c’est complet et, tout comme les différents panneaux du logiciel, bien organisé en un minimum de place, ce qui permet à Steinberg d’améliorer ce qui était déjà un des points forts du logiciel : les contrôleurs Quick Control.
De quoi s’agit-il? De huit molettes (soit deux de plus que dans Hypersonic) qui surplombent le clavier au bas de la fenêtre et qui peuvent être affectées à n’importe quel paramètre d’un patch : attaque, déclin, relâchement, mais aussi niveau ou paramétrage d’un effet, mixage entre les layers, etc. Là où Steinberg fait fort, c’est qu’on dispose d’un jeu de 8 molettes assignables au niveau du patch, mais aussi de 8 molettes pour chacun des 4 layers susceptibles de le constituer. Et comme si cette débauche de contrôles accessibles ne suffisait pas, on a aussi droit, en plus des habituelles molettes de modulation et de Pitch Bend, à 8 pads pour trigger n’importe quelle note ou accord et à un trackball virtuel faisant office de pad X/Y. Autant dire qu’au prix d’un peu de MIDI Learn et à la faveur d’un clavier maître bardé de contrôles, vous devriez pouvoir paramétrer n’importe quel son sans avoir à jouer de la souris : un aspect intéressant pour une potentielle utilisation en Live.
Que ceux que la programmation rebute ne soient pas effrayés : chaque preset dispose d’un mapping des Quick Controls prêt à l’emploi, toujours relativement judicieux. Bref, on peut tout à fait s’éclater avec Halion Sonic sans aller plus loin dans le logiciel, même s’il serait dommage de ne pas mettre les mains sous le capot pour voir ce qui s’y passe.
Motorisation allemande
Côté moteur, c’est donc Halion qui a été mis à contribution, Halion qui sait faire de la lecture en streaming depuis le disque dur, et dont vous pouvez affiner les réglages pour gagner en performance depuis l’onglet Options (Pourcentage de CPU maximum alloué, nombre de voix maximum, balance entre l’utilisation de la RAM et du disque dur, mode éco pour les oscillateurs). J’en profite pour le souligner de nouveau : en chargeant de gros multis, je n’ai pas eu de problèmes de stabilité ou de performances sur ma machine, même si, bien évidemment, les possibilités d’édition et de traitement, que nous détaillerons plus tard, sont telles qu’il est tout à fait possible de mettre votre PC à genoux sur des programmations complexes.
Commençons pour l’heure à détailler les paramétrages basiques du logiciel qui nous attendent dans les onglets MIDI, Mix et Effects.
Dans MIDI, vous retrouverez sans surprise tout ce qui vous permet de gérer le mapping et le paramétrage MIDI des instruments. C’est ici que vous définirez pour chacun le canal utilisé, la polyphonie maximum, l’éventuelle transposition des notes, mais c’est également depuis ce panneau que vous pourrez assigner à un programme telle ou telle plage de notes ou de vélocités : avoir un violon sur les attaques faibles et un piano sur les attaques fortes par exemple, ou encore, placer un orgue sur les octaves basses et une guitare doublée d’un saxophone sur les octaves hautes.
Dans le sillage de cet onglet, Mix reprend en partie les options de l’onglet Multis en vous permettant de régler le volume et le panoramique pour chaque instrument chargé, mais aussi sa sortie audio (à choisir parmi 16) et surtout le niveau d’envoi dans les 4 bus d’effets proposés par le logiciel.
Direction l’onglet Effects donc, où nous attendent 4 bus proposant chacun 4 slots d’effets (avec, ce qui sera très pratique au mixage, la possibilité de définir la sortie audio de chaque bus) plus un cinquième bus Master de 4 slots lui aussi.
Dans chaque slot, vous pourrez au choix charger un des 17 effets proposés par le logiciel : un panner stéréo, un gate, un expandeur, un limiteur, un compresseur, un vibrato, une Leslie, un trémolo, un phaser, un flanger, un chorus, un simulateur d’ampli, un EQ graphique 10 bandes, un EQ paramétrique 4 bandes, un delay stéréo, une réverbe algorithmique et enfin REVerence, une réverbe à convolution ne permettant pas hélas de charger ses propres réponses à impulsion, mais offrant tout de même une vaste collection de presets. Bref, en dehors d’un effet pensé pour le Lo-FI (Bit-Crusher/Donwsampler/Disto) que pourra éventuellement remplacer le simulateur d’ampli et peut-être d’un module permettant de bidouiller les formants du son, rien ne manque à l’appel. Et comme tous ces effets disposent d’une foule de paramètres et de presets qui ne demandent qu’à maltraiter la sympathique banque de sons du logiciel, on a déjà un bel aperçu de la puissance d’Halion Sonic.
Or, on n’a encore rien vu puisque la partie la plus impressionnante du logiciel se trouve dans ce petit onglet qui piaffe d’impatience qu’on lui clique dessus. Et qui s’appelle Edit.
Edit piaffe
Alors on clique. Et là, c’est l’extase : 6 nouveaux onglets nous attendent. Le premier, baptisé Program, permet de régler les réglages globaux du patch et des layers qui le constituent : Activation/Désactivation, Mute, Solo, Niveau, Pan mais aussi le niveau d’envoi de chaque layer dans l’un des 4 bus d’effet du logiciel et la sortie audio à laquelle il est assigné.
Dans la partie basse, QC permet de gérer les assignations des Quick Control dont nous parlions précédemment, Ranges de définir les zones de clavier ou de vélocité attribuées à chaque layer et FlexP d’accéder à la partie Arrangeur d’Halion Sonic… Évidemment, il serait tentant de parler de cela tout de suite, mais parlons d’abord des 5 autres sous-onglets de l’onglet Edit, à commencer par L1, L2, L3 et L4 qui donnent accès à l’édition de chaque Layer composant le patch.
Et là, c’est la boucherie façon poupée russe parce qu’en cliquant sur un de ces sous-onglets, on découvre encore une sous-couche de sous sous onglets. Pour un même layer, vous pouvez ainsi vous balader :
- dans le panneau Voice où vous attendent les réglages de polyphonie, de trigging mais aussi l’unisson ou le glide
- dans le panneau Pitch où se gère la zone de débattement du pitch bend et l’accordage fin du layer
- dans le panneau Filter où vous pouvez mettre en série ou en parallèle jusqu’à 4 filtres à choisir parmi 24, avec possibilité de morpher entre les filtres via un pad X/Y et réglage pour chacun de la fréquence de coupure, de la résonance et de la réactivité de ces paramètres à la vélocité
- dans le panneau Amplifier où vous pouvez définir l’impact de la vélocité sur le niveau du layer, mais aussi bricoler un auto pan avec un soupçon d’aléatoire répondant lui aussi à la vélocité.
C’est tout? Ah ben non, même pas, vu qu’en dessous de tout ça, on a encore droit à toute la partie modulation et une dizaine de nouveaux onglets : 4 enveloppes multipoints pour le pitch, le volume, le filtre ou un paramètre utilisateur (en gros ce que vous voulez), 4 LFOs synchronisables ou pas et un Step Modulator, tout ce petit monde étant soumis au routage d’une bonne vieille matrice de modulation à 32 colonnes…
Comme dirait un orque dans un jeu massivement multijoueur : WoW! Après ça, on se méfierait presque en cliquant sur le dernier onglet du panneau Edit : Insert. Et on a bien raison de se méfier car là encore, Halion Sonic fait fort : Insert, c’est tout bonnement une nouvelle occurrence de la section d’effets que nous avons décrite plus haut, cette dernière permettant d’insérer jusqu’à 4 effets sur chacun des 4 layers (à choisir parmi 17), et quatre effets à la globalité du patch. Je résume donc : un patch peut contenir 4 layers avec 4 effets pour chaque, en plus des 4 effets d’inserts communs à tous les layers. On en est déjà à pouvoir utiliser 20 effets différents rien qu’au niveau des patchs, lesquels pourront être envoyés dans la section d’effet principale où 20 slots vous attendent encore…
Rien qu’entre la section d’effet et la section de modulation du soft, vous avez donc de quoi vous occuper pendant une vingtaine d’années. Or, il reste encore un énorme morceau à évoquer : Flex-P.
Un petit air de MOTIF
On l’a dit : il y a un peu du Motif de Yamaha dans Halion Sonic et c’est dans la fonction Flex-P que cela est le plus manifeste. Flex-P, c’est la partie Arrangeur du logiciel, qui vous permet d’accéder à une coquette bibliothèque de patterns prêts à l’emploi. C’est ici que l’on trouvera différents motifs d’arpégiateurs pour les synthés, mais aussi un grand nombre de séquences pour les principaux instruments du logiciel : guitare, piano, cordes, cuivres, batterie, etc. Or, il y a dans ces motifs quantité de choses extrêmement intéressantes pour se bâtir un arrangement vite fait bien fait : pompe blues ou rythmiques flamenco pour les guitares, lignes de basses toutes prêtes, accompagnements de cuivres Rythm’n’Blues, pianos électriques funkys, grooves de batterie dans tous les styles : tout est là, parfaitement programmé pour tirer le meilleur de la banque de sons et pour pouvoir jeter les bases d’une compo vite fait bien fait et en un minimum de doigts, avec une souplesse extraordinaire.
Comme nous avons en effet à faire à des séquences MIDI et non à des boucles audio bêtement transposées et comme ce module est à mi-chemin entre l’arrangeur et l’arpégiateur, vous pouvez en effet faire coller chaque motif à votre grille harmonique, si complexe soit-elle, mais aussi jouer sur différents paramètres : swing de la séquence, plage de sustain et de vélocité des notes, tempo relatif, etc. Du coup, on se retrouve avec un instrument relativement original dans le secteur logiciel et qui ravira ceux qui veulent pouvoir réaliser des programmations crédibles en un minimum d’effort, avec un petit côté ‘boîte à idées’ très pertinent.
Bien évidemment, si vous ne voulez pas sonner comme tous les autres possesseurs du logiciel, vous aurez intérêt à modérer le recours à cette partie du soft et à travailler à l’ancienne, dans le piano roll du séquenceur. On regrette à ce sujet le fait que la matière brute de cette bibliothèque de motifs ne soit pas accessible à l’utilisateur : on ne peut pas éditer la partition des séquences depuis Halion Sonic ni même les récupérer comme de simples conteneurs dans le séquenceur, comme on le fait par exemple avec les grooves d’EZdrummer via un simple cliquer/glisser. Il faudra donc se débrouiller tout seul dans le Piano Roll, Steinberg nous facilitant tout de même les choses via la norme VST Expression, exclusivité de Cubase (depuis l’éditeur, vous disposez grâce au Mapping VST Expression d’un contrôleur Articulations qui permet de programmer relativement intuitivement vos séquences).
Tant qu’on est au chapitre des reproches, on trouvera dommage que le module Flex-P soit remisé dans le gargantuesque onglet Edit, ce qui fait qu’au moindre changement de son, l’utilisateur perd les réglages de cette section : il est ainsi fastidieux de comparer les sons de différents presets de guitare sur un même motif de strumming par exemple.
Enfin, on regrettera que la bibliothèque de motifs n’ait pas bénéficié d’un navigateur un peu plus évolué, comme pour les presets : impossible de se faire une liste de favoris, ni même d’annoter les séquences, cependant que les sous-menus de sous-menus rendent la sélection pénible. Et vu que les noms des motifs ne sont pas toujours explicites…
Bref, pas mal de petites choses qu’on espère voir corrigées dans la prochaine mise à jour du logiciel. Car oui, Steinberg a d’ores et déjà annoncé l’arrivée d’un update, dont le principal objectif sera de combler le plus gros défaut d’Halion Sonic : sa banque de sons.
Faîtes sauter la banque
Commençons en effet tout de suite avec les détails qui fâchent : le soft a beau se vanter d’aligner 1200 et quelques presets, sa banque compte quelques sections hypertrophiées au détriment de quelques autres : on dispose ainsi d’une belle collection de boucles électroniques, de quantité de saxophones, clavinets, pianos acoustiques et électriques, d’une énorme masse de synthés, mais en marge de cela, pas de harpe et quasiment pas d’instruments ethniques : ni Sitar, si Shamisen, ni Koto, etc.
De fait, le logiciel ne peut prétendre à la compatibilité General MIDI, ce qui était pourtant le cas des anciens HyperSonic et qui gênera plus d’un utilisateur. Cela est d’autant plus étrange que dans le gestionnaire de presets, certaines catégories sont vides (Other dans Vocal et dans Woodwinds), laissant présager qu’un son aurait dû s’y trouver, mais qu’il n’a pas fait partie de la version finale du logiciel. Bref, ça ternit un peu l’image l’ensemble, même si, je vous rassure, la qualité du reste et sa variété permettent déjà de faire quantité de choses.
On ne sera pas surpris de ce côté : les Sound Designers de Yamaha ne sont pas des débutants et ils livrent une banque à la fois extrêmement homogène dans sa qualité et dans la façon dont les instruments interagissent entre eux, au niveau de celles que l’on trouve dans les meilleures workstations hardware du marché, avec toutes les qualités et les défauts que cela suppose.
Si d’un côté, la programmation des patches n’offre aucun défaut flagrant (pas de sauts de vélocités, pas d’aberration dans la prise de son) et quelques franches réussites (un Warm Piano autrement plus plaisant que ceux des anciens Hyper Sonic, et très polyvalent), on se retrouve vite, cependant, devant les défauts d’une « petite » banque de sons de 10 Go.
De fait, avec 4 couches de vélocités seulement, un nombre très limité d’articulations et pas de Round Robin, Halion Sonic montre vite ses limites en termes de réalisme. S’il peut rivaliser avec des claviers 10 fois plus chers, un Cakewalk Dimension Pro, lui aussi doté de belles possibilités de traitements, ou encore un Sampletank dont la plupart des sons, en dehors des cuivres solos toujours sympathiques, ont énormément vieilli, il ne fera donc aucune ombre à un BFD, à une Vienna, un Trilian ou à un Ivory Grand Piano, entre autres. Et il aura du mal à s’imposer devant les 90 Go de sons livrés avec une Komplete 7, certes deux fois plus chère.
D’un côté, les claviers acoustiques, électriques ou électroniques sont ainsi très bien foutus, mais les basses, bien que très exploitables et soignées, sonnent un peu raide, et les cordes ou les cuivres un peu trop artificiels. Quant aux batteries, elles ont vite fait de payer le manque de couches de vélocité : c’est vite grillé sur des cymbales à la double croche, et du coup, les rythmes accessibles dans Flex-P sonnent très boîte à rythmes.
Profitons d’ailleurs de l’occasion pour évoquer les très nombreuses boucles audio intégrées à la banque et qui sont pour l’essentiel des grooves électro ou hip-hop. Chaque boucle est transposée sur deux octaves et découpée façon Rex sur une autre : ça sonne bien et c’est toujours bon à prendre, même si ça reste, selon moi, l’un des aspects les plus anecdotiques du logiciel…
Bref, côté banque, Halion Sonic fait la blague pour peu qu’on n’en attende pas trop de lui car, si je puis dire, il a le son « cheap de qualité » qu’on trouve sur un clavier à 2000 €. De fait, ceux qui trouvent qu’un Motif, un Fantom ou un Oasys sonnent super bien se sentiront tout à fait à l’aise avec les sons proposés. Quant aux autres dont je fais partie, ils devront garder à l’esprit la vocation du logiciel : être une boîte à sons polyvalente qui permette de maquetter vite et bien une idée, quitte à effectuer les rendus définitifs avec des logiciels plus pointus, ou mieux, avec de vrais instrumentistes.
Dans tous les cas, la banque proposée par le logiciel est très supérieure en termes de qualité à celle d’HyperSonic. Et vu les possibilités offertes par le soft en terme de traitement ou d’édition, on aurait vraiment tort de crier au scandale : il y a vraiment de quoi faire, comme l’illustrent les exemples suivants qui piochent allégrement dans les motifs Flex-P…
- epiano00:29
- classic00:36
- guitareac00:36
- flexballad00:24
- flamencoelectro00:32
- piano00:29
- testhalionsynth00:48
- strings00:24
- flexfunk00:40
- drums00:32
- brass00:24
- guitareelec00:36
Conclusion
Certes, on le voudrait plus ouvert, plus complet et doté de sons d’encore meilleure qualité, mais considérant les apports de cette version par rapport aux anciens HyperSonic, HALion Sonic est à n’en pas douter une des plus brillantes réussites de Steinberg. En bénéficiant du savoir-faire de Yamaha en matière de Sound Design ou d’algorithmes d’arrangement, et à la faveur d’énormes possibilités côté traitement et édition, le logiciel réussit à se démarquer de la concurrence des romplers généralistes par sa richesse globale.
À qui le conseiller ? Aux songwritters en premier lieu, parce qu’il est un formidable compagnon pour écrire des chansons, et que son module Flex-P stimule véritablement la créativité. À ceux aussi qui veulent retrouver, à la scène ou en studio, le feeling d’une workstation hardware dans un plug-in. À ceux enfin qui cherchent juste une énorme boîte à sons homogènes avec un juste équilibre entre sophistication et ergonomie, et un paquet de séquences bien foutues pour réaliser des lignes crédibles en deux coups de cuillère à pot…
Bref, un très bon plug dont on espère qu’il fera l’objet d’un suivi assidu de la part de Steinberg…