Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
Test écrit
169 réactions

Test de la Gibson Les Paul Faded Blue Stain - Gringo, elle est bonne ta Les Paul

La firme Gibson a fait un gros buzz sur le Net et dans la presse papier suite à leur démêlé avec la justice Américaine et du coup, on a tous oublié de regarder les nouveautés au catalogue. Sortie discrètement pour Noël dernier, la Les Paul Faded Blue munie d'une touche en érable torréfié a attiré notre attention. Médiator au poing, il est temps d'aller à sa rencontre.

FBI parte­naire offi­ciel de Gibson ?

Quand Jack Malone (pardon­nez ma culture télé­vi­sée du mercredi soir) a débarqué chez Gibby, on pouvait penser qu’il s’agis­sait d’un contrat d’en­dor­se­ment. Nous avions tort, car John M. Rayfield (sa réelle iden­tité) était accom­pa­gné de plusieurs agents « spéciaux », lour­de­ment armés pour cette grande occa­sion contre la contre­bande de bois. Pour retrans­crire parfai­te­ment le spec­tacle, la presse améri­caine était conviée en trans­met­tant au monde entier le show­case privé. Pneus qui crissent, arse­nal anti­ter­ro­riste (en cas de riposte des luthiers de Nash­ville), cris de guerre, bref l’in­tro d’un nouveau film d’ac­tion façon US. Malgré l’ab­sence complète de textes de loi pour se justi­fier et mettre en cause les docu­ments d’achat et d’ex­por­ta­tion de bois en règle, l’enquê­teur Rayfield empor­tera quand même avec lui une partie des stocks de palis­sandre, d’ébène, quelques guitares ainsi que les données infor­ma­tiques. 

Torré­fié ? Comme le café ?

Pour pallier le manque de palis­sandre et d’ébène, la firme a dû impro­vi­ser de façon peu ortho­doxe, car l’unique bois à leur dispo­si­tion fut l’érable. Imagi­nez une Les Paul Custom avec une touche en érable… Nos confrères de Nash­ville diraient que cela n’a pas quelque chose de Tennes­see. Pour leur donner un côté plus Gibson que cali­for­nien, ils ont décidé de torré­fier les touches (les mettre au four tout simple­ment). Cela leur donne un aspect proche du palis­sandre, mais avec une texture sèche. Scep­tique, mais ouvert d’es­prit, il est l’heure de débal­ler le carton et de tester cette nouvelle US affi­chée à un prix « friendly ». 

L’heure du débal­lage

Gibson Les Paul Faded Blue Stain

On ouvre le carton et on découvre qu’elle est livrée dans un clas­sieux Gigbag estam­pillé Gibson USA. Une forme de carquois en robe noire accom­pa­gné d’une ferme­ture blanche imma­cu­lée. L’in­té­rieur en mousse blanche (très doux au passage) proté­gera la guitare de tous les chocs de la vie courante. Première surprise, son nouveau corps évidé lui confère un poids proche de la SG (nos factures de kiné vont enfin dimi­nuer). Côté bois on reste dans le tradi­tion­nel, un corps (cham­be­red) et manche en acajou, une table en érable et la fameuse touche en érable torré­fié. Pour ce qui est des carac­té­ris­tiques on reste dans le tradi­tion­nel : un diapa­son de 628,6mm, une largeur en sillet de tête de 42,8mm, 22 frettes ainsi qu’un profil de manche type '59. Pour le domaine élec­tro­nique, on a deux micros Burst­bu­ckers Pro, un sélec­teur trois posi­tions, deux volumes et leurs tona­li­tés respec­tives. La belle est vêtue d’une robe bleue inté­grale lais­sant entre­voir les veines du bois et sa table en érable. La fini­tion « Faded » lui donne un petit aspect vieilli qu’on appré­ciera ou non. 

Premier pas sous vide

Gibson Les Paul Faded Blue Stain

En tête-à-tête, elle sonne, résonne et c’est beau ! C’est impor­tant de voir si une guitare vous comble en acous­tique, car toutes ses perfec­tions et imper­fec­tions sont suscep­tibles d’être encore présentes une fois bran­chée. Son corps creux permet d’avoir une belle réso­nance (pour une élec­trique) ainsi qu’un excellent sustain. Côté sono­rité, on reste dans une philo­so­phie assez médium, que l’on doit au duo table et touche en érable. Pour ma part, j’ai eu beau­coup de plai­sir à jouer avec elle pendant des heures. La guitare est facile à prendre en main, le manche au profil type '59 est agréable à jouer. N’étant pas habi­tué aux manches non vernis, j’avais quelques frayeurs concer­nant le confort, mais mes doutes furent vite balayés, on a un toucher doux qui n’ac­croche pas comme on pour­rait le penser. L’ac­tion est assez basse (merci aux luthiers délinquants) contrai­re­ment à certains réglages d’usines. J’en vois au fond qui commencent à s’im­pa­tien­ter, il est temps de la bran­cher, voyons voir comment va se débrouiller cette belle demoi­selle. 

Show Time !

Open back

Poin­tilleux sur le câblage des instru­ments, je décide de retour­ner la belle et de reti­rer sa plaque de protec­tion. Point de fils enrou­lés autour des poten­tio­mètres ou autre barba­rie du genre. Gibson nous grati­fie d’une belle plaque PCB (circuit imprimé) où viennent se clip­ser les fiches des micros, du sélec­teur et du jack. La présence des conden­sa­teurs céra­miques efface le rêve d’avoir les mêmes Orange Drop que ses aînés. (Les Oranges Drop sont des conden­sa­teurs en Poly­pro­py­lène de la marque Sprague et repré­sentent le choix idéal rapport qualité/prix pour le rempla­ce­ment des conden­sa­teurs en céra­mique, si vous voulez obte­nir un rendu sonore très propre et poly­va­lent). Aussi jolie que soit la plaque, on compren­dra vite que chan­ger les micros sera labo­rieux, car il faudra dessou­der les fiches pour les remettre sur les nouveaux micros. 

Le temps est venu de faire chauf­fer les lampes. J’al­lume donc mon petit JTM 45 (étran­ge­ment je n’ai pas de bonnes rela­tions avec mes voisins) relié à un petit baffle Vox équipé de Celes­tion Green­back. Pendant le temps de chauffe régle­men­taire, j’at­tache une sangle à la guitare pour faire un test en condi­tion live. Une fois debout, le poids ne corres­pond pas vrai­ment aux Les Paul avec lesquelles j’ai l’ha­bi­tude de jouer. Elle est suffi­sam­ment légère pour pouvoir sauter dans tous les sens. Son poids doit être entre une SG et une LP stan­dard. N’étant pas d’une carrure de body­buil­der metal­leux façon Slayer, je pour­rais tenir un set de scène sans avoir le dos bloqué. L’am­pli est chaud et prêt à crier.

On commence avec un peu de gain. Pour toute la série de tests, je garde­rai l’éga­li­sa­tion de la tête à midi. Les Burst­bu­ckers resti­tuent assez bien les nuances de notre jeu avec un petit côté vintage. En posi­tion manche, on regret­tera le manque de basse, ce qui n’est guère courant sur ce modèle de guitare, en lui confé­rant un léger manque de chaleur. Par contre, sur la posi­tion cheva­let, le micro respec­tera la brillance et le claquant des médiums que l’on avait en acous­tique. Le niveau de sortie des « BB » me suggère de monter le gain à fond. On est en plein son Rock/Hard Rock des années 80, je me suis surpris à jouer du Asia (ne riez pas).

Gibson Les Paul Faded Blue Stain

Le micro manche reste brillant en satu­ra­tion, il lui manquera quand même une bonne dose de gras pour frap­per du blues. En cheva­let, il mordra à souhait, quoiqu’un peu trop criard à mon goût. L’uti­li­sa­tion la plus plai­sante avec mon ampli mono canal poussé à fond est de mettre le volume du micro manche proche de zéro et son frère à fond. De cette manière, on garde un son clean/crunch pour le couplet et un son saturé pour les solos/refrains.  Le set de micro reste quant à lui cohé­rent à la luthe­rie, esprit vintage jusqu’au bout des ongles. 

 


Le juge­ment dernier

Gibson Les Paul Faded Blue Stain

Une LP studio de plus au cata­logue de la firme améri­caine, mais pour une fois en dessous de 1 000€. Suivant les maga­sins on la trouve entre 635 et 699 €. Livrée en gigbag deluxe, cette jeune demoi­selle comblera les attentes de guita­ristes amateurs de son vintage, voulant s’of­frir une véri­table Améri­caine. Elle possède une énorme palette de nuances sonores orien­tée médium que l’on doit au combo corps évidé et touche en érable et qui ne plaira pas à tout le monde. Par ailleurs, après avoir consulté plusieurs luthiers sur cette touche torré­fiée, aucun n’a pu me prédire comment le bois vieilli­rait ou encore si la touche survi­vrait un à un refret­tage futur. La fini­tion « old school » ne plaira pas non plus aux adeptes de beaux vernis brillants. Sur les deux modèles que j’ai pu aper­ce­voir, les fini­tions étaient inégales d’une guitare à l’autre. Donc je vous conseille de la choi­sir direc­te­ment en rayon.

Si l’his­toire de la Gibson Les Paul vous inté­resse, n’hé­si­tez pas à lire cet article !

  • Ergonomie
  • Son Poids
  • Le son vintage
  • Finitions inégales
  • Manque de basses

Vous souhaitez réagir à cet article ?

Se connecter
Devenir membre