Depuis le début des années quatre-vingt, Vigier s’est forgé une réputation hors norme dans la fabrication d’instruments de musique. Ainsi, la marque, plutôt qu’une production de masse, fade et sans saveur, privilégie au contraire une qualité hors norme grâce à un processus de fabrication dont chaque étape est soigneusement contrôlée et estampillée « Made in France ». Le choix des essences de bois, dont la période de séchage s’étend de 3 à 7 ans, est une étape clé dans la fabrication de chaque instrument.
La G.V Wood 90 est livrée dans un magnifique flight case à l’effigie de la marque. La guitare est disponible en cinq coloris : amber, burgundy fade, ebony fade, purple fade et enfin stowash blue. Attention aux photographies sur le site du constructeur qui ne rendent absolument pas justice au superbe vernis de l’instrument admiré à la lumière du jour !
Un réservoir à innovations !
Une fois le flight case ouvert, les yeux s’écarquillent devant la beauté de l’instrument. Sa forme générale est très inspirée de la fameuse Les Paul. L’instrument, d’une masse de 3,3 kilogrammes, possède un corps en aulne massif. La table d’harmonie, en érable, est quant à elle rapportée. Même si on est très loin des merveilleuses tables d’harmonie ondées des Les Paul Standard, on appréciera néanmoins la beauté du veinage du bois sous le vernis épais, mais transparent. Le corps et le dos du manche ont la même finition brillante.
Le manche, dont la tête est estampillée du « V » de Vigier en nacre, possède un diapason de 630 mm et comporte 22 frettes. Il a été renforcé avec une petite excroissance au dos de la tête qui permettra une résistance accrue en cas de chute. On note la présence de la fameuse frette « zéro » (signature de la marque) qui permet d’obtenir le même timbre d’une corde à vide qu’en position frettée. Les mécaniques de la marque Schaller sont à blocage et réparties 3 + 3 de part et d’autre de la tête. Autant dire que la chaîne mécaniques, sillet en téflon et l’ensemble cordier/chevalet permet une très bonne tenue de l’accord. Le manche a un profil en D. Son épaisseur va de 19,5 mm jusqu’à 23 mm au niveau de la 12e case. Il est fixé au corps grâce à quatre vis. Une des nombreuses trouvailles de Vigier est le renforcement du manche avec du carbone (90 % d’érable pour 10 % de carbone) lui assurant une résistance optimale aux changements d’hydrométrie. Il est en érable massif avec une touche rapportée en phenowood.
Pour le profane, ce dernier n’est pas une essence de bois naturelle, mais un agglomérat de bois compressé et mélangé à de la résine phénolique. On obtient ainsi une matière synthétique très dense, à l’épreuve du temps et de l’usure digitale. La couleur noire brillante est sublime. Le contact des doigts avec la touche de l’instrument est très particulier. On a davantage l’impression de passer ses doigts sur du carrelage que sur la touche d’un instrument, mais, une fois le contact établi, la communion avec l’instrument est divine. Un petit bémol quant au vieillissement de ce type de touche dans le temps … Quel prix pour le refrettage d’un tel instrument ? Les frettes sont de type médium et les repères de type rond et sont présents uniquement sur la tranche. On le parcourt sans aucune difficulté et l’accès à l’extrême aigu du manche se fait sans effort.
L’accastillage, de type chromé, possède un design moderne avec des formes très arrondies. L’électronique est relativement simple : un potentiomètre de volume général, un autre de tonalité et enfin un sélecteur 5 positions. Le cordier et le chevalet (réglables en hauteur) sont tous les deux de conception originale Vigier. Ils sont fichés dans le corps grâce à deux vis chacun. Le cordier est de type « top loader », c’est-à-dire que les cordes ne traversent pas le corps de l’instrument. Les attaches courroies sont sécurisées grâce à deux chevilles qui pénètrent très profondément dans le bois du corps.
Manichéisme ancien/moderne
Une des particularités de cet instrument est le mélange d’une lutherie très moderne avec des micros dont la conception originelle remonte à 1947…
Les deux micros sont des P-90 de type « soap-bar » Alnico V de la marque suédoise Lundgren. Le bobinage de ces derniers entièrement fait à la main contribue à donner à chaque micro une couleur unique. Chacun des six pôles de chaque micro est réglable un à un ce qui permet un ajustement extrêmement précis du timbre émis par chaque corde. Les cavités de la guitare sont blindées. Étant de simples bobinages, les P-90 produisent un son plus brillant, plus fin « et moins sourd » que sur les humbuckers d’une Les Paul, mais on est en même temps très loin du son cristallin, claquant et étincelant des simples bobinages de chez Fender. Une plaque de visite fixée avec 4 vis au dos de l’instrument permet un accès rapide au cœur de l’électronique. Le sélecteur à 5 positions propose des possibilités sonores très distinctes les unes des autres. Le son qui sort de l’instrument est pur comme du cristal ! Les micros sont typés rock, mais vont pouvoir faire sans problème des incursions dans d’autres styles musicaux grâce aux différentes associations de micros proposées par le sélecteur.
Après une description sous toutes les coutures de notre top model, passons à ses capacités expressives les plus secrètes…
En position 1, le micro chevalet est seul. Le son est rond, puissant, carnassier et tranchant sans être trop claquant en son clair. Parfait pour le crunch !
En position 2, les deux micros sont en opposition de phase. Cela signifie que les deux sources annulent le signal commun et ne laissent passer que les différences. Le timbre est creusé dans le registre médium, avec l’adjonction d’harmoniques dans le registre aigu. Cette position est intéressante et fait penser à une couleur « aquatique » quoique difficilement utilisable … Avis aux amateurs !
En position 3, les deux micros sont mélangés. Le résultat sonore est très claquant et funky !
En position 4, les deux bobines des micros sont en série. Il en résulte un niveau de sortie imposant avec un son puissant, chargé dans le registre grave aussi bien en son clair que crunch ou encore saturé gommant légèrement l’attaque.
En position 5, le micro manche est seul. La couleur est chaude et d’une rondeur parfaite.
Voici les sons enregistrés avec notre ampli The Valve et notre Torpedo :
- milieu clean00:24
- chevalet disto00:20
- chevalet clean00:24
- position 2 clean00:25
- position 4 disto00:11
- manche disto00:08
- position 4 clean00:23
- manche clean00:24
Conclusion
Vigier nous propose donc une guitare avec une esthétique et une conception moderne qui vise à se démarquer des marques « grand public » en veillant à toujours innover, sans oublier les valeurs sûres du passé : les micros P-90s. On pourra reprocher l’absence de réglage du volume de chaque micro qui permettrait un dosage plus progressif pour la mise hors phase des micros. Ainsi, pour une somme certes importante (2800 € prix public) mais justifiée, vous aurez la possibilité de faire l’acquisition d’une guitare haut de gamme entièrement fabriquée en France. Rock, jazz, blues, métal, cette guitare vous permettra de tout faire, mais attention elle est tellement précise que la moindre imperfection s’entend !
- Polyvalence sonore
- Finition
- Design
- Non disponible en gaucher