Surfant sur la mode des guitares pour filles, déjà initiée par des fabricants comme Daisy Rock, Gibson propose ici une guitare SG ‘Goddess’, censée séduire la gent féminine par un look très travaillé, et une multitude de coloris fun ainsi qu’un poids raisonnable. Les rockeuses tomberont-elles sous le charme de cette déesse ?
Surfant sur la mode des guitares pour filles, déjà initiée par des fabricants comme Daisy Rock, Gibson propose ici une guitare SG ‘Goddess’, censée séduire la gent féminine par un look très travaillé, et une multitude de coloris fun ainsi qu’un poids raisonnable. Les rockeuses tomberont-elles sous le charme de cette déesse ?
Gibson annonce cet instrument comme étant adapté à la morphologie des femmes, idée qui peut paraître assez saugrenue sachant que considérer que les femmes soient plus petites et menues que les hommes est discutable et bien souvent erroné. D’autre part, les guitares SG sont déjà connues pour être légères, peu épaisses et facilement manipulables par des personnes de petite taille (rappelons qu’Angus Young d’AC/DC mesure 1,63m seulement !).
La SG Goddess est livrée en étui rigide, avec une décoration extérieure « black reptile » comme bon nombre de Gibsons actuellement. À noter que les étuis de la marque sont en général assez solides dans le temps, et que leur fourrure intérieure protège vraiment bien l’instrument des variations climatiques et des chocs. Le modèle testé ici possède une finition ‘Rose Burst’ de toute beauté. Ce look Goddess est complété par des micros au carénage transparent, laissant entrevoir les bobinages teintés en rose. Même le logo Gibson se voit peint en rose ! La SG Goddess est proposée en diverses finitions dont le ‘violet burst’, le ‘Sky burst’, ‘Ice burst’, ‘Rose burst’ et ‘Ebony’. On est loin ici des standards du modèle SG, popularisés avec les couleurs ‘cherry’ et ‘brown’. Les temps changent…
Mensurations
Cette SG Goddess respecte tout de même les proportions qui ont fait le succès du modèle et Gibson s’est bien gardé de modifier la forme de l’instrument. Les seules adaptations proposées par ce modèle concernent le manche et le corps, qui ont été affinés (très légèrement). C’est sur ces spécifications que Gibson justifie son orientation féminine. Le manche de la SG est typé 60’, donc peu épais, ce qui est censé faciliter la jouabilité pour les petites mains, même si dans les faits, tous les goûts sont dans la nature en ce domaine.
Le corps de l’instrument est doté d’un acajou très léger, et cela se ressent sur le poids total, environ 3,4 Kg seulement. Au niveau de la touche, nous avons droit à de l’ébène de Madagascar de toute beauté, très dense et agréable au toucher. La touche est agrémentée d’inserts perloïdes de forme trapézoïdale, renforçant le caractère de l’instrument. Le manche, doté de 22 cases est en acajou et ne présente, en tant que tel, pas d’originalité (il est dans le standard de la marque).
À l’origine conçue comme une évolution de la Les Paul (si si !) la SG se caractérise par un faible poids, doublé d’un équilibre corps/manche quasi parfait offrant une prise en main facile, et rendant ainsi l’instrument super agréable à jouer debout. L’accès aux aigus, typique aux Gibson SG est vraiment aisé pour les guitaristes solistes. Cette version Goddess, avec un manche plus fin, offre aux petites mains un confort supplémentaire non négligeable (que l’on soit un homme ou une femme d’ailleurs !). Le corps fin de l’instrument accentue encore plus les bonnes sensations, on sent l’instrument vibrer et c’est vraiment un grand moment pour un guitariste…
Accastillage et finition
Sur la partie accastillage, il faut noter la présence de mécaniques Grover à blocage. Cette technologie offre la possibilité de visser la tête de la mécanique pour serrer la corde afin de garantir une meilleure tenue d’accord. Le chevalet, de bonne qualité (assez lourd) offre quant à lui un design assez sympa et un système de retenue de cordes très différent de celui d’une SG standard (les cordes doivent être enfichées sur la partie avant de l’instrument, ce qui demande un peu d’entraînement au début !).
Les potentiomètres, aux nombres de deux n’offrent pas de réglage séparé pour les deux micros, contrairement à la SG standard qui dispose de deux volumes et de deux tonalités. Ce choix est contestable, d’autant plus que les micros, des Gibsons 490R et 498T Alnico, sont les mêmes que ceux de la standard ! Cette simplification de l’électronique est incompréhensible et déroutante pour un habitué de la marque. Peut-être que Gibson a souhaité privilégier l’efficacité à la modularité pour ce modèle, qui sait… En, tout cas les deux potards, chromés, sont assez sympa et faciles à prendre en main (ils sont vraiment adaptés à l’instrument en terme de look) et à l’instar de la SG standard, la Goddess dispose d’un switch 3 positions toujours idéalement placé.
La finition générale de l’instrument est très bonne, le binding (simple pli) est très réussi et le vernis nitrocellulosique est assez épais, mais également de bonne qualité (il donne une impression assez ‘roots’ par rapport aux vernis acryliques, à la finition plus propre et plus brillante). Au niveau frettage également rien à redire, on est dans du Gibson de très bonne facture, et on a vraiment la sensation d’avoir en main un instrument ‘Made in USA’ haut de gamme.
Ca sonne?
À vide, la SG sonne redoutablement bien : à la fois précise et ronde, la résonance de l’instrument laisse augurer le meilleur. Elle a déjà un son massif, typique des guitares taillées pour le rock (comme la Telecaster par exemple) et avant même de brancher la belle on a envie d’envoyer le bois…
Pour commencer, voici un exemple du son clair de base que l’on obtient avec la SG sur le micro chevalet (498T). Pour information, ce micro a été conçu (d’après Gibson), dans le but d’offrir un très gros niveau de sortie, tout en rehaussant les médiums et les aigus. Nous sommes complètement dans ce registre, il sonne très précis, avec un spectre équilibré dans les aigus et les basses. Le son de la SG alliée à ce micro est très intéressant pour des rythmiques funk, et l’addition d’une légère distorsion au signal apporte de l’épaisseur. La puissance du niveau de sortie du micro est impressionnante !
En position intermédiaire (avec le 498T et le 490R enclenchés), on gagne encore en niveau et en rondeur. Cette position donne un grain supplémentaire sans pour autant nuire à la précision de l’attaque. Le micro grave offre un son très vintage en son clair, avec à la fois des basses rondes et moelleuses et des aigus claquants à souhait. Gibson a conçu ce micro (490R) sur la base des classic 57’ dans le but d’apporter un son plus moderne, avec plus de médium. Là encore, c’est super exploitable en son clair. Le haut niveau de sortie de ces micros apporte un son toujours à la limite de la saturation. L’amplitude dynamique de ces micros est vraiment adaptée à un usage avec ampli à lampes, que je vous recommande fortement, ..
Mais c’est au niveau des sons saturés que la SG Goddess offre tout son potentiel, en position chevalet, les crunchs sont rock, comme le montre l’extrait audio, on obtient un son plein, à la fois agressif et rond, précis et riche en harmoniques. Le caractère de ces micros se ressent quelque soient les réglages que l’on peut faire de l’ampli : vous aurez toujours plus ou moins le même son : agressif et épais.
Dès que l’on monte le gain, on peut constater que le son se tient et reste très audible. La polyvalence de l’instrument peut vous permettre d’aller jusqu’au métal sur le micro chevalet. En position intermédiaire, le son est assez crunchy ce qui apporte une couleur un peu différente, plus roots, mais aussi un peu moins précise. La position micro manche offre, à l’instar du micro chevalet, un son très présent sur des grosses saturations, idéal pour riffer ou pour des rythmiques lourdes. Les harmoniques sortent toutes seules et on a le sentiment de contrôler vraiment le son qui sort, certainement la marque commune des instruments haut de gamme. Dans l’ensemble cette SG sonne vraiment très bien, et c’est un vrai plaisir de manipuler un instrument aussi puissant !
Conclusion
La Gibson SG est un des instruments les plus célèbres au monde, et sa réputation s’est bâtie avec des artistes de légende (The Doors, AC/DC, et plus récemment Placebo…) qui ont marqué à jamais l’histoire du rock. Le son est excellent même si ce modèle n’apporte aucune originalité, car les micros sont exactement les mêmes que sur les autres modèles de SG (490R & 498T) et la différence de lutherie est tellement faible qu’elle n’influe pas vraiment sur la résonance de l’instrument. Gibson a décidé déjà depuis un certain temps d’apporter des variantes à ses modèles standards afin de diversifier sa clientèle, telles la SG menace, SG GT, etc. Mais fort est de constater qu’une SG sonnera toujours dans le même registre. Seul le modèle 61’ apporte une différence assez nette de sonorité, par la présence de micros 57’, plus précis et moins gras.
Le vrai plus de cet instrument réside dans la présence de la touche ébène, qui donne un confort de jeu et une précision supplémentaire dans l’attaque. Le look de l’instrument, avec ses micros aux capots transparents et ses coloris inédits peut plaire aussi bien aux femmes qu’aux hommes et pour être franc j’ai un peu de mal à trouver ce qui féminise cet instrument. Après c’est une affaire de goût, certains n’aimeront pas, d’autres adhèreront, reste que cette guitare vaut quand même 1 650 € (prix public généralement constaté) et que cela fait quand même près de 300 € de plus qu’une SG Standard qui sonnera tout aussi bien. Le modèle ultime en termes de SG, la reissue 61’, ne coûtant que 300 € de plus seulement, on peut vraiment se demander si les musiciens en quête d’une guitare de ce niveau vont vouer un culte à cette déesse sans légende.