Quelle relation entretenez-vous avec votre instrument?
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C'est tres joliment ecrit
Bravo
sonicsnap
85253
AF, je suis ton père
Membre depuis 18 ans
*ARNO*
132
Posteur·euse AFfiné·e
Membre depuis 16 ans
sonicsnap
85253
AF, je suis ton père
Membre depuis 18 ans
LumBiBalo
6
Nouvel·le AFfilié·e
Membre depuis 5 ans
Bonsoir à tous,
Une petite musique, pour se mettre dans l'ambiance.
https://www.youtube.com/watch?v=UQk_YyoQ5gg
Aujourd'hui, il s'agit de parler de l'instrument qui décrit au mieux toute ma folie musicale, et m'a permis de m'émanciper davantage du conservatoire de musique. Il se cache dans les cartables des écoliers, bénéficie d'une réputation de saigneur d'oreille auprès de ses novices, mais à qui sait contrôler son souffle, la flûte à bec saura lui dévoiler ses mélodies intérieures.
Tout a débuté un dimanche, le genre de dimanche où on récupère de la veille, où on a pas encore les idées tout à fait en place.
J'ai dégoté une flûte égarée dans les cartons de la coloc des copains. Je ne savais pas en jouer, alors je faisais la comédie en leur cassant les pieds, du coup ils m'ont enfermé au balcon.
Ne lâchant toujours pas l'affaire, sans l'aide d'aucune documentation, j'explorais ce petit tuyau taillé dans le bois. J'en déduisais les doigtés correspondant aux notes et j'arrivais après une à deux heures d'entraînement, à reproduire les mélodies que j'avais en mémoire.
Mais c'est devenu sérieux quand je suis parti en Thaïlande. Ne pouvant embarquer de piano dans la soute, j'ai du me résigner à ne pas faire de musique là-bas.
Sauf que, en fouillant dans des vieux tiroirs, je suis tombé sur une flûte qui devait appartenir à ma grande sœur. Elle était tellement vieille qu'il y était gravé : MADE IN R.F.A.
Elle n'est pas d'une facture exceptionnelle, mais au moins, ça m'a permis de me faire les doigts dessus.
J'apprenais d'un instrument pour la première fois seul. Pas de partitions, juste l'oreille et la mémoire. Pas d'exercices, juste de l'improvisation pour la technique. Construisant ainsi mon répertoire, où figurais aussi bien des mélodies irlandaises que des reprises de rock comme The Wind of change de Scorpion, j'ai atteint un assez bon niveau pour deux mois de pratiques. Ça m'a conforté dans ma pédagogie.
Petit à petit, ce compagnon de voyage s'est trouvé fort utile à m'exprimer par la musique dans un pays dont je ne connaissais pas la langue. Il était mon traducteur dans toutes les situations, pour accompagner la guitare du voisin, à donner vie aux fantômes du temple devant les enfants, à inspirer les méditations d'élèves yogi ou encore de sortir un air de Star Wars quand je roulais avec un thaïlandais sur son humble scooter.
De retour en France, j'ai bien entendu embarqué cet enjoliveur au festival le Cabaret Vert. Attachée à ma ceinture, prête à être dégainée à tous moments, je ne ratais pas une occasion, même dans le blablacar pour aller à Charleville-Maizières. Quand j'ai récupéré un bonnet à clochette de Chouffe, habillé d'un pantalon coloré, j'avais le costume d'un ménestrel.
Puis énorme coïncidence, une fille du groupe de tente d'à côté a aussi rapportée la sienne. Elle en faisait depuis plus de 10 ans, elle m'a donnée quelques conseils, on a joué ensemble, j'ai eu une chance incroyable de la rencontrer.
Depuis cet été, ma flûte ne me quitte plus. Grâce à elle, j'ai développé de nouveaux talents, en jouer sur un vélo
, souffler dedans comme dans une trompette (le son est vraiment hilarant). En ce moment, je m'attaque à du beatbox avec du chant à double voix sifflé fluté. 4 voix distinctes avec juste une bouche, il faut l'entendre et le voire pour le croire. Mais je sais qu'il s'agit d'une flûte d'étude et qu'une autre viendra. En attendant, quel régal d'avoir redonner vie à un instrument oublié, et qui m'a tellement apporté en retour.
Jouer de la flûte à bec seule, ça passe pas inaperçu, il faut pouvoir l'assumer. D'autant plus quand j'étais dans une école d'ingénieur, un milieu pas vraiment artistique. Alors quand la plupart faisait leur pause clope, on pouvait entendre une mélodie qui venait suspendre la routine.
C'est aussi grâce à elle que je pourrai construire mon personnage de scène, elle m'a permis de l'identifier, de lui donner forme et de l'accepter. La flûte incarne pour moi un esprit libre et festif, une philosophie d'allégresse et de légèreté.
A la semaine prochaine,
musicalement
Une petite musique, pour se mettre dans l'ambiance.
https://www.youtube.com/watch?v=UQk_YyoQ5gg
Aujourd'hui, il s'agit de parler de l'instrument qui décrit au mieux toute ma folie musicale, et m'a permis de m'émanciper davantage du conservatoire de musique. Il se cache dans les cartables des écoliers, bénéficie d'une réputation de saigneur d'oreille auprès de ses novices, mais à qui sait contrôler son souffle, la flûte à bec saura lui dévoiler ses mélodies intérieures.
Tout a débuté un dimanche, le genre de dimanche où on récupère de la veille, où on a pas encore les idées tout à fait en place.
J'ai dégoté une flûte égarée dans les cartons de la coloc des copains. Je ne savais pas en jouer, alors je faisais la comédie en leur cassant les pieds, du coup ils m'ont enfermé au balcon. Ne lâchant toujours pas l'affaire, sans l'aide d'aucune documentation, j'explorais ce petit tuyau taillé dans le bois. J'en déduisais les doigtés correspondant aux notes et j'arrivais après une à deux heures d'entraînement, à reproduire les mélodies que j'avais en mémoire.Mais c'est devenu sérieux quand je suis parti en Thaïlande. Ne pouvant embarquer de piano dans la soute, j'ai du me résigner à ne pas faire de musique là-bas.
Sauf que, en fouillant dans des vieux tiroirs, je suis tombé sur une flûte qui devait appartenir à ma grande sœur. Elle était tellement vieille qu'il y était gravé : MADE IN R.F.A. Elle n'est pas d'une facture exceptionnelle, mais au moins, ça m'a permis de me faire les doigts dessus.J'apprenais d'un instrument pour la première fois seul. Pas de partitions, juste l'oreille et la mémoire. Pas d'exercices, juste de l'improvisation pour la technique. Construisant ainsi mon répertoire, où figurais aussi bien des mélodies irlandaises que des reprises de rock comme The Wind of change de Scorpion, j'ai atteint un assez bon niveau pour deux mois de pratiques. Ça m'a conforté dans ma pédagogie.
Petit à petit, ce compagnon de voyage s'est trouvé fort utile à m'exprimer par la musique dans un pays dont je ne connaissais pas la langue. Il était mon traducteur dans toutes les situations, pour accompagner la guitare du voisin, à donner vie aux fantômes du temple devant les enfants, à inspirer les méditations d'élèves yogi ou encore de sortir un air de Star Wars quand je roulais avec un thaïlandais sur son humble scooter.
De retour en France, j'ai bien entendu embarqué cet enjoliveur au festival le Cabaret Vert. Attachée à ma ceinture, prête à être dégainée à tous moments, je ne ratais pas une occasion, même dans le blablacar pour aller à Charleville-Maizières. Quand j'ai récupéré un bonnet à clochette de Chouffe, habillé d'un pantalon coloré, j'avais le costume d'un ménestrel.
Puis énorme coïncidence, une fille du groupe de tente d'à côté a aussi rapportée la sienne. Elle en faisait depuis plus de 10 ans, elle m'a donnée quelques conseils, on a joué ensemble, j'ai eu une chance incroyable de la rencontrer.Depuis cet été, ma flûte ne me quitte plus. Grâce à elle, j'ai développé de nouveaux talents, en jouer sur un vélo
, souffler dedans comme dans une trompette (le son est vraiment hilarant). En ce moment, je m'attaque à du beatbox avec du chant à double voix sifflé fluté. 4 voix distinctes avec juste une bouche, il faut l'entendre et le voire pour le croire. Mais je sais qu'il s'agit d'une flûte d'étude et qu'une autre viendra. En attendant, quel régal d'avoir redonner vie à un instrument oublié, et qui m'a tellement apporté en retour. Jouer de la flûte à bec seule, ça passe pas inaperçu, il faut pouvoir l'assumer. D'autant plus quand j'étais dans une école d'ingénieur, un milieu pas vraiment artistique. Alors quand la plupart faisait leur pause clope, on pouvait entendre une mélodie qui venait suspendre la routine.
C'est aussi grâce à elle que je pourrai construire mon personnage de scène, elle m'a permis de l'identifier, de lui donner forme et de l'accepter. La flûte incarne pour moi un esprit libre et festif, une philosophie d'allégresse et de légèreté.
A la semaine prochaine,
musicalement[ Dernière édition du message le 31/01/2021 à 23:56:33 ]
sonicsnap
85253
AF, je suis ton père
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LumBiBalo
6
Nouvel·le AFfilié·e
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sonicsnap
85253
AF, je suis ton père
Membre depuis 18 ans
zan33
1054
AFicionado·a
Membre depuis 19 ans
Marmande. Gamin 17 ans, dans la rue d'Onzac où ma grand-mère habitait, une famille d'artistes vivait à quelques mètres. Famille Affre. Ou plutôt, ce qu'il en restait vu que le sort ne les avait pas épargnés. Le grand-père passait le clair de son temps dans une pièce sous les combles et ne descendait jamais. Ils avaient un piano Thersen qu'ils m'autorisaient à jouer quand j'allais là-bas en vacances, et aussi plus tard quand on a déménagé dans le coin. Il avait un son chaud, bien à lui, avec des défauts, mais disons : d'aimables défauts, aucun qui ne soit repoussant. J'aimais ces moments.
Plus tard, j'appris que le grand-père descendait pour m'écouter discrètement et en silence dans un coin de l'escalier, je ne l'ai jamais vu. Puis cette famille s'est éparpillée. Le piano est parti chez une voisine (Mauricette) qui a appris à jouer sur le tard.
Bien des années après, ma grand-mère nous appelle : le piano était en vente. Mon sang n'a fait qu'un tour. Mauricette: "J'ai arrêté de jouer, le piano t'intéresse ?"
Avec ma jeune femme, on est allé l'essayer, ou plutôt renouer le lien. Et bingo, la chaleur des mediums était toujours là, c'était émouvant, il était prédestiné à m'accompagner. On l'a déménagé trois fois, il est à trois mètres de mon bureau, le capot toujours ouvert prêt à chanter, tous les jours un peu ou beaucoup. Maintenant, j'ai deux enfants, ma fille a appris à jouer dessus. Mon fils a 18 ans, il joue Supertramp et plein d'autres choses sans avoir jamais pris de cours. Ma femme entend toujours le même piano, avec d'autres mains... et le meuble lui plait toujours !
Le bonheur c'est pas compliqué, quand on a trouvé son copain en bois.
Plus tard, j'appris que le grand-père descendait pour m'écouter discrètement et en silence dans un coin de l'escalier, je ne l'ai jamais vu. Puis cette famille s'est éparpillée. Le piano est parti chez une voisine (Mauricette) qui a appris à jouer sur le tard.
Bien des années après, ma grand-mère nous appelle : le piano était en vente. Mon sang n'a fait qu'un tour. Mauricette: "J'ai arrêté de jouer, le piano t'intéresse ?"
Avec ma jeune femme, on est allé l'essayer, ou plutôt renouer le lien. Et bingo, la chaleur des mediums était toujours là, c'était émouvant, il était prédestiné à m'accompagner. On l'a déménagé trois fois, il est à trois mètres de mon bureau, le capot toujours ouvert prêt à chanter, tous les jours un peu ou beaucoup. Maintenant, j'ai deux enfants, ma fille a appris à jouer dessus. Mon fils a 18 ans, il joue Supertramp et plein d'autres choses sans avoir jamais pris de cours. Ma femme entend toujours le même piano, avec d'autres mains... et le meuble lui plait toujours !
Le bonheur c'est pas compliqué, quand on a trouvé son copain en bois.
[ Dernière édition du message le 01/07/2022 à 16:56:05 ]
Fyl MorningStar
250
Posteur·euse AFfamé·e
Membre depuis 21 ans
Citation de zan33 :
Marmande. Gamin 18 ans, dans la rue d'Onzac où ma grand-mère habitait, une famille d'artistes vivait à quelques mètres. Famille Affre. Ou plutôt, ce qu'il en restait vu que le sort ne les avait pas épargnés. Le grand-père passait le clair de son temps dans une pièce sous les combles et ne descendait jamais. Ils avaient un piano Thersen qu'ils m'autorisaient à jouer quand j'allais là-bas en vacances, et aussi plus tard quand on a déménagé dans le coin. Il avait un son chaud, bien à lui, avec des défauts, mais disons : d'aimables défauts, aucun qui ne soit repoussant. J'aimais ces moments.
Plus tard, j'appris que le grand-père descendait pour écouter dans un coin de l'escalier, je ne l'ai jamais vu. Puis cette famille s'est éparpillée. Le piano est parti chez une voisine (Mauricette) qui a appris à jouer sur le tard.
Bien des années après, le piano était en vente. "J'ai arrêté de jouer, le piano t'intéresse ?"
Avec ma jeune femme, on est allé l'essayer, ou plutôt renouer. Et bingo, la chaleur des mediums était toujours là, c'était émouvant, il était prédestiné à m'accompagner. On l'a déménagé trois fois, il est à trois mètres de mon bureau, le capot toujours ouvert prêt à chanter. Mon fils a 18 ans, il joue Supertramp et plein d'autres choses sans avoir jamais pris de cours. Ma femme entend toujours le piano, et le meuble lui plait.
Le bonheur c'est pas compliqué, quand on a trouvé son copain en bois.
C'est tres joliment ecrit
Bravo
sonicsnap
85253
AF, je suis ton père
Membre depuis 18 ans
C'est très bien que ce joli piano ait trouvé à être adopté par une nouvelle famille qui l'aime et lui fait honneur!
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