Comptant, avec MOTU, parmi les premiers à proposer des interfaces audio FireWire, M-Audio démocratise l'offre en la matière avec la FireWire 410. 4 entrées, 10 sorties pour 579 €. Reste à voir si la qualité est au rendez-vous...
Apparu avec la technologie USB, le concept d’interface MIDI/Audio externe a rencontré un grand succès auprès des musiciens en raison de sa simplicité d’installation et de sa portabilité. Reste qu’avec un débit ne pouvant excéder 12 Mbits par secondes (à peu près 1,5 Mo par seconde), les interfaces USB ont bien du mal à rivaliser avec les traditionnelles cartes PCI (Débit théorique de 133 Mo par seconde) dès lors qu’il s’agit de gérer simultanément l’enregistrement et la lecture de plusieurs pistes dans des résolutions supérieures au bon vieux 16 bits / 44 kHz. De fait, à l’heure où le 24/96 est à la mode, les constructeurs se sont naturellement tournés vers une technologie qui a fait ses preuves dans le monde de la vidéo numérique : le FireWire. Développée par Apple, cette norme, appelée aussi IEEE-1394, offre les mêmes avantages que l’USB en terme de simplicité d’utilisation tout en proposant des débits théoriques nettement plus élevés (de 12,5 Mo à 800 Mo par seconde selon les versions de l’interface).
Vue de trois-quarts, de face et de profil
L’ouverture de la boîte est plutôt une bonne surprise dans ce sens où la FireWire 410 est beaucoup plus petite que ne le laissait suggérer le carton. Mesurant 23,5 × 17,8 × 4,8 cm, la belle peut tout à fait être utilisée dans le contexte d’une config nomade. Certes, avec ces dimensions et un poids de 1,3 kilos, on est loin de l’ultra-portabilité de la Transit USB du même constructeur, mais on dispose d’autrement plus de possibilités que sur cette dernière. Bref, à ce qu’il me semble, le rapport fonctionnalités/taille de la FireWire 410 est excellent.
Tant qu’on est dans le carton, notons la présence d’un câble FireWire classique et d’un adaptateur FireWire 1394a-1995 > FireWire 1394a-2000, une délicate intention dans la mesure où la plupart des ordinateurs portables embraque une connectique miniature. Outre les CDs contenant les drivers et le bundle logiciel sur lequel nous reviendrons, on trouve enfin une notice d’installation multilingue (Avec 2 pages et demie consacrée à chaque langue, on ne peut décemment pas parler de manuel, ce dernier étant en fait au format PDF). Bref, l’ensemble est plutôt engageant. Voyons maintenant ce qu’il en est précisément de la FireWire 410.
Au format rack 1/2 U, cette dernière offre une finition alu en façade avec des potars en plastiques gris qui, s’ils font un peu « cheap », semblent solides et sont agréables à manipuler. Tout cela respire le sérieux, et force est de constater qu’à l’avant comme à l’arrière de la bête, les contrôles et la connectiques sont remarquablement agencés : aucune place ne semble gâchée sans qu’on ait non plus trop l’impression que tout se chevauche.
Dans la partie droite, on dispose d’abord de trois switchs : le premier pour allumer/éteindre la FireWire 410 avec une LED bleue témoin (Bien puissante et qui clignote lorsque la carte est sous tension sans être allumée, ce qui peut être gênant si, comme moi, votre Home Studio est dans votre chambre…), le second pour activer/désactiver l’alim fantôme commune aux deux entrées Micro de la face avant (LED rouge témoin), et le troisième pour activer la fonction MIDI Thru. 2 LEDs supplémentaires témoignent enfin de l’activité des entrées/sorties numériques S/PDIF.
Viennent ensuite les deux sorties casques avec leurs volumes respectifs et un potar de contrôle de niveau assignable et 8 LEDs signalant l’activité éventuelle de chacune des 8 sorties analogiques. La moitié gauche de la façade est enfin dédiée aux 2 entrées micros préamplifiées sur embases hybrides XLR/Jack, chacune disposant de son potar de gain, d’un switch pour commuter entre Micro et Ligne, d’un autre pour activer un atténuateur de 20dB et de deux LEDs, l’une attestant du signal, l’autre s’éclairant pour prévenir toute saturation.
A l’arrière, pas de potar ou de switch mais que de prises ! Outre l’arrivée de l’alim, on dispose ainsi de 2 entrées et de 8 sorties analogiques asymétriques sur Jack 6,35, de 2 entrées/sorties numériques S/PDIF en coaxial ou en TOSLink, de deux prises FireWire (pour brancher un autre périphérique ou une autre FireWire 410) et des incontournables MIDI IN et OUT aux formats DIN 5 broches. Notez que les 2 entrées analogiques sont parallèles aux 2 entrées de la façade et ne seront actives que si les switchs Mic/Line sont enfoncés à l’avant.
Vous aurez compté comme moi : on a donc deux entrées analogiques, 2 entrées numériques, 8 sorties analogiques et 2 sorties numériques, soit 4 entrées, 10 sorties d’où le nom de la carte : FireWire 4–10.
Y a-t-il un pilote dans la carte ?
Pour sûr. Une fois installé, ce dernier ajoute d’ailleurs une Tray Icon qui vient se loger à côté de la pendule de Windows : un clic dessus et on accède au paramétrage logiciel de la carte, au sein d’un interface qui, avec son gris béton et ses couleurs primaires, n’est pas sans évoquer le design du séquenceur Live d’Ableton. Qu’on aime où qu’on n’aime pas, il est indubitable que les différentes fenêtres et options du logiciel sont extrêmement lisibles, ce qui facilite grandement le paramétrage de la FW410.
L’interface est en effet un modèle de clarté qui s’organise en 4 onglets :
En complément des 4 onglets, la partie droite de l’interface permet de définir à quel paramètre est assigné le potar 'Level Controller’ disposé en façade : au choix, ce dernier pourra servir à définir le niveau de retour des pistes virtuelles, celui des entrées physiques, celui des sorties, celui des sorties auxiliaires ou encore celui des casques : c’est aussi simple que pratique car ça évite dans bien des cas d’avoir à ouvrir l’interface du driver pour pousser un bête fader de souris.
Et pour faire tourner tout ça ?
Tant qu’on en est à parler logiciel, il convient d’évoquer le sympathique bundle offert avec la carte : en marge de quelques freewares de qualité (Linplug FreeAlpha, SampleTank Free), d’une version allégée d’Arkaos VJ (un mixeur vidéo) et de RTPlayer Express (un rack virtuel signé DSound), réunis dans le package Maximum Audio Tools, on dispose ainsi des versions bridées de Reason 2.5 et du Live 2 d’Ableton.
Renommé Reason Adapted pour l’occasion, le studio virtuel de Propellerhead est limité en ceci que les modules embarqués dans son rack virtuels sont fixés d’avance et que certains effets et instruments répondent aux abonnés absents (La plupart des effets, le sampler NN-XT et le synthé granulaire Maëlstrom). Toutefois, rien qu’avec les modules présents (La table de mix, 2 synthés Subtractor, 1 sampler NN-19, 1 séquenceur Matrix, 1 boîte à rythme Redrum, 1 lecteur de fichier .REX dr:rex, 1 réverb, 1 delay et 1 compresseur) et les quelques 185 Mo de samples contenus dans le fichier ReFill, il y a déjà de quoi faire.
Même constat du côté de Live Delta, qui se voit ici livré avec près de 410 Mo de boucles Electro/Techno et qui, malgré ses limitations (10 pistes au lieu de l’infinité proposée par la version complète, 2 départs d’effets au lieu de 4, 5 plug-ins d’effets, pas de ReWire, etc.), pourra vous permettre de faire pas mal de choses. Un seul reproche à ce sujet : l’ensemble est très orienté Electro, que ce soit au niveau des samples ou de la vocation des programmes. Du coup, si vous avez acheté la FireWire 410 pour faire du Rock, du Jazz ou pire, du classique, vous ne pourrez pas faire longtemps l’économie d’un séquenceur plus généraliste de type Cubase/Logic/Sonar…
Crash Test
La carte a été testée avec plusieurs séquenceurs sans poser de problème : que ce soit avec les softs du bundle (Reason Adapted, Live Delta) ou avec Cubase SX 2, elle permet d’obtenir une latence suffisamment faible pour permettre un usage confortable des instruments virtuels et pour monitorer vos pistes depuis le séquenceur.
En 44 kHz, on descend ainsi jusqu’à 2,540 ms en entrée et 4,354 ms en sortie sous Cubase pour un buffer fixé à 64 samples. Vu qu’une telle valeur de tampon multiplie les risques de décrochages audio, on préférera toutefois régler le buffer sur 256 samples, ce qui permet d’obtenir une latence de 6,893 ms en entrée et de 8,707 ms en sortie. En tout logique, en 24/96, les chiffres baissent encore : on peut ainsi bénéficier 3,167 ms en entrée et de 5,25 ms en sortie avec un buffer de 256 samples… Bref, de ce côté, la FireWire 410 fait parfaitement son job. Reste à parler de la qualité audio…
Pour l’occasion, l’interface a été testée avec un micro statique Superlux CM-H8CH sous Cubase SX 2 dans le contexte d’une prise de guitare acoustique + voix. Et elle s’est parfaitement comportée en offrant un excellent rapport signal/bruit. Côté préamplis, rien à redire : on dispose d’une bonne réserve en terme de dynamique et, si le signal est parvenu à saturer lors de « pêches vocales » un peu violentes, c’est aussi parce qu’aucun atténuateur n’avait été mis en service sur le micro ou sur la carte. Bref, la FireWire 410 semble tenir le coup de ce côté, faisant montre d’une remarquable qualité audio dans cette gamme de prix. Ne manquons pas non plus d’adresser une mention spéciale aux sorties Casques : testées avec plusieurs casques (Sony MDR CD750 à très faible impédance et AKG K240 Monitor), elle se sont révélées excellentes, restituant un silence quasi parfait lors de la lecture à plein volume d’un « enregistrement vierge » (silence).
Alors ?
Il faut l’avouer : M-Audio a bien réussi son coup avec cette FireWire 410 tant du côté de la qualité audio que de celui des fonctionnalités. Proposée à un prix public de 579 € et vendue par la plupart des revendeurs sous la barre des 500 €, la FW410 se paye en plus le luxe d’être très abordable au vu des possibilités, de sorte qu’on devrait la retrouver au cœur de plus d’un Home Studio dans les mois qui viennent. Le seul vrai regret concerne en fait le déséquilibre entre le nombre d’entrées et de sorties proposées par la carte. En effet, si l’on exclut les entrées numériques, on ne dispose que de deux entrées physiques. Cela suffira certes pour enregistrer une guitare, un saxophone ou encore un chanteur. Mais pour une batterie par exemple, il faudra forcément passer par une petite console. C’est d’autant plus regrettable que la plupart des utilisateurs n’auront pas l’utilité des 8 sorties analogiques qui prennent (dans ce cas) de la place pour rien à l’arrière du rack. Et qu’on ne nous parle pas de la diffusion 7.1 qui n’a d’intérêt que pour le Home Cinema ! (et encore…). Bref, une FireWire 68 serait la bienvenue, histoire de trouver le chaînon manquant entre cette excellente 410 et la série 18/14. A bon entendeur…